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sur 329 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bandar Seri Begawan.
Au jeu des capitales, celui ou celle ou ça, qui est capable de sortir d'un air détaché le chef-lieu du sultanat de Brunéi lors d'un diner pour frimer mérite vraiment quelques pétrodollars et son poids en fécule de sagou (ne me demandez pas ce que c'est, je suis pas Brunéien ! )
Jean-Christophe Rufin, dont le passeport doit être plus tamponné que le corps de n'importe quel joueur de foot, a décidé de ne pas envoyer son petit consul jouer dans la niche dorée à Sultan mais de faire appel cette fois à l'Agence tous risques pour un plan presque sans accroc.
Un baroudeur à col blanc qui a trop lu de SAS de Gérard de Villiers, décide de proposer à un géant du numérique l'organisation d'un petit coup d'Etat pépère pour que le milliardaire puisse s'affranchir des lourdeurs administratives, impôts, lois d'éthique et tac, quotas et autres calamités paperassières du même genre, qui brident les profits. C'est quand même la classe à Dallas et plus tendance que des virées dans l'espace ou de s'afficher avec des amazones nées sous X.
Le sultanat coche toutes les cases et comme le temps des coups d'état avec des mercenaires à treillis et cigare un peu bedonnant est un peu démodé, une campagne de déstabilisation sauce fake news est montée à distance par une petite agence privée. Elle ne ressemble pas à ces consultants à Power point payés pour vous écrire ce que vous savez déjà mais que vous ne voulez pas trop assumer. L'agence est ici composée de petits génies de l'informatique, d'un théoricien du putsch et d'un faux couple dépareillé envoyé sur place, avec une ex championne de plongée et d'un gitan à guitare. Il ne manque que Looping et Barracuda. Je caricature à peine.
Dans sa construction, ce techno-thriller rappelle un peu « le parfum d'Adam », avec ce mélange d'aventures, de compote de complot et de prédictions avisées autour d'un globe que l'ancien « French Doctor » utilise comme une boule de cristal. L'horoscope n'est pas très engageant : les poissons barbotent en eaux troubles, les vierges peuvent craindre pour leur vertu, les balances perdent toute mesure, les scorpions apprécient le climat et les Sagittaires… j'en sais rien.
Comme je ne savais pas borner Bornéo sur une carte, la description du pays dans le roman est plus enrichissante qu'un voyage en auto-stop avec les têtes à claques de Pékin Express qui me font aimer les platanes, mais à l'exception de Flora (et non Carla à Brunéi...) la nageuse droguée à l'action, j'ai trouvé que les autres personnages manquaient d'épaisseur. J'aura ainsi aimé en savoir plus sur Ronald, le chef de bande et tacticien, mieux sapé que Deschamps mais que le récit laisse trop sur le banc de touche au fil des pages.
Ce scénario distrayant pourrait rejoindre les planches d'un bon Largo Winch et je me dis qu'avec de tels récits en tête, Jean-Christophe Rufin doit s'ennuyer ferme à l'Académie. Pendant que deux lettrés qui n'ont de vert que la tenue, sortent les épées pour un zeugma déplacé, j'imagine l'ex diplomate lever les yeux vers la Coupole et rêver de contrées lointaines.
Bézos muské.
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Le sultanat de Brunei, jouit d'un or pétrolier qui offre à ses 500 000 habitants un PIB enviable. Membre du Commonwealth, sa monarchie a conclu avec le Royaume Uni un accord de défense concrétisé par la présence d'un régiment de Gurkhas qui le protège de la Malaisie et de l'Indonésie, ses voisins sur l'ile de Bornéo, et de la Chine. La doctrine Melayu Islam Beraja (MIB) qui définit l'identité brunéienne comme « malaise, musulmane et monarchique », est érigée en idéologie d'État. L'état d'urgence instauré en 1962 est toujours en vigueur et le Sultan de cet état indépendant depuis 1984 dirige par décrets.

Ses habitants sont à 80% musulmans, les religions animistes, bouddhistes et chrétiennes se partageant le solde.
La famille régnante profite de sa richesse sans toujours tenir compte des préceptes de l'Islam… alcool, débauche, jeu, orgies alimentent les rumeurs.
Les gisements d'hydrocarbures ne sont pas éternels ; la transition climatique menace leur exploitation.
La répression policière a contraint les opposants à s'exiler vers l'Australie, le Canada, etc. sans se désintéresser de leur patrie natale.

En jetant un peu de sel sur les plaies, en semant le doute sur la santé du Sultan, en opposant habilement les communautés religieuses et les identités culturelles, en inquiétant sur la pérennité de la manne pétrolière, il est possible de créer un climat de tension à l'intérieur du pays. En dénonçant la corruption et les crimes du régime et sa répression homophobe, il est envisageable de neutraliser toute intervention britannique et d'ouvrir des perspectives à une « alternative démocratique ».

C'est vieux comme le monde et l'histoire, ces dernières années, est riche d'exemples : révolution des Roses en Géorgie en 2003, révolution orange en Ukraine en 2004, révolution des Tulipes au Kirghizistan, révolution en jean en Biélorussie et révolution du Cèdre au Liban en 2005, « printemps arabe » tunisien en 2010, égyptien et syrien en 2011. Mouvements qui ont révélé la puissance subversive de Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux.

Les géants du net, les GAFAM, sont contraints par les régulations votées par les états … d'où leur rêve de se doter d'un état indépendant … et, pourquoi pas, de conquérir Brunei pour y créer une Silicon Valley libre de toute contrainte ?

C'est ce projet que Jean-Christophe Rufin met en scène avec talent dans une intrigue quasi cinématographique qui coordonne des investisseurs californiens, des mercenaires coordonnés depuis notre cote d'azur, des exilés brunéiens, et déroule toute la palette des outils 2.0 : fake news (videos créées avec l'IA ; faux check up santé ; rumeurs financières) + influenceurs postant leurs révélations sur TikTok, Instagram, Youtube, Pinterest + intrusions dans les erreurs informatiques pour bloquer les infrastructures stratégiques ou en prendre le contrôle.

Le Sultan est renversé sans coup férir à la fin du Ramadan… et c'est alors que le romancier révèle son talent et sa connaissance des arcanes du pouvoir avec un twist final vraiment diabolique !

Chapeau l'artiste, et merci pour cette plongée dans les profondeurs opaques du Web qui nous alerte sur les risques que l'IA et les médias sociaux font peser sur nos démocraties, nos états de droit, et nos libertés.
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Deux points forts, la présentation du sultanat de Brunei et les techniques actuelles de déstabilisation d'un pays.

Brunei, 500 000 habitants de différentes confessions, est une des plus grosses productions pétrolières, bordée d'un côté par la mer de Chine méridionale et de l'autre par la Malaisie. le lieu se veut à la fois paisible et charismatique, voire onirique pour nous autres pauvres européens qui ne l'avons pas encore approché. Cela n'est pas le cas de Jean-Christophe Rufin ; il connait précisément ce sultanat ainsi que quelques uns de ses secrets. Il partage avec nous ses connaissances et son érudition. Et j'avoue que lorsque je peux approcher ainsi une nouvelle contrée, j'en suis enchantée. Donc un point fort en faveur de ce roman.

Avec autant de richesse, on conçoit facilement les velléités qu'un petit Etat tel que Brunei peut générer. Les GAFAM ne peuvent qu'en baver, eux aussi. Il est donc plus que plausible de concevoir que des dirigeants du numérique rêvent de conquérir ce petit coin du globe afin d'y installer une nouvelle Silicon Valley, plus libre que l'originelle. L'auteur s'engouffre dans cette brèche et installe quelques français dans une prise de pouvoir à Brunei. Ce « petit confetti » sur la carte géographique ainsi que la géopolitique de la mer de Chine, sont exposés sans lourdeur mais avec assez de minutie pour comprendre les enjeux des uns et des autres, réfléchir et s'amuser à l'égal des personnages.
Les rois de la tech californienne choisissent presque à l'aveugle une agence française privée dirigée par un de leur pote d'enfance. Ils mandatent ces « agents secrets » afin qu'ils fomentent un coup d'Etat clefs en main dans le sultanat de Brunei.

Jean-Christophe Rufin déroule une palette de personnages travaillée à la perfection. Tel un peintre, il les dessine méticuleusement, trait après trait. Il les taille sur mesure. Ils sont à eux seuls déjà l'histoire.
Une des personnalités phares est Flora, trente deux ans, pleine de peps, adorant l'action et le danger, un physique en or mais qu'elle camoufle sous des vêtements qui sont loin de la mettre en valeur. Côté tempérament, elle a de qui tenir ; Antoine, son grand-père, mort peu après sa naissance, était un célèbre mercenaire.
L'autre personnage piquant est Ronald Daume, la cinquantaine, baroudeur et embobineur de première. Il arrive toujours à ses fins, quelque soit son interlocuteur ou son objectif.
Ces deux personnages, comme le grand-père d'ailleurs, avait au fond d'eux « cette ambition de changer l'ordre du monde, de défier des pouvoirs en place, défier des gouvernements, former des guérilleros », qu'on pourrait cependant appeler « des gestes picaresques et poétiques. »
L'originalité de l'équipe que Ronald va constituer, est pareillement plaisante.
Autour de ce noyau actif, gravitent des personnalités très, très haut placés du monde du numérique ; elles aussi éclectiques. Ces personnages sont intelligents, indécemment riches mais finalement ni méfiants, ni réalistes.
Bref, un savant cocktail d'hommes et de femmes laissant augurer qu'il va y avoir du rififi dans les chaumières.

Le rythme du livre est régulier, pas de dialogues inutiles, on avance dans une intrigue bien menée, une version très contemporaine, à l'image de quelques autres romans comme « Le Parfum d'Adam » en 2011, ou Chenck-Point en 2015. On a le son et surtout les images … un producteur pourrait bien s'approcher de Rufin afin d'en tirer le scénario d'un film. Divertissement assuré.

On conçoit aisément que l'auteur se soit amusé lors du montage de l'énigme et qu'il se soit fait plaisir à l'écriture de ce roman plus récréatif, plus contemporain ; c'est ce qu'il a dit lors d'une émission littéraire.

Le parcours professionnel rend Jean-Christophe Rufin légitime lorsqu'il aborde les enjeux de demain. Sa force narrative est une nouvelle fois présente et rend la lecture fluide et captivante. Brunei et ses multiples civilisations m'ont captivée. Par contre, en ce qui me concerne les quelques moments que je qualifierais de clichés ainsi que l'emballement dans les dix dernières pages m'ont un peu déçu de la part de cet auteur dont j'ai admiré pas mal d'ouvrages. Mais ce n'est qu'un petit bémol.
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Ma curiosité avait-elle besoin d'être titillée , le sujet en effet interroge , un coup d'état 2.0 ? mais traité par Jean-Christophe Rufin, je ne pouvais pas faire l'impasse sur son nouveau roman ...

En fait, c'est d'abord un roman d'aventures et non un traité de géopolitique , passionnant jusqu'à la fin.

Le point de départ est la volonté des patrons des GAFAM de s'affranchir d'un état trop gourmand . Les solutions envisagées interpellent : déclarer l'indépendance de la Californie ou s'approprier un état pour s'y installer .
C'est cette dernière solution qui est proposée par Harvey, un ancien d'une agence spéciale Providence, qui sort de prison pour mission ratée à Madagascar .

Pour cela il a besoin de trouver ce fameux état et de s'entourer de toute une équipe de spécialiste en particulier dans les technologies les plus récentes et performantes ainsi qu'un homme d'expérience théorique, ce sera le professeur Delachaux, un vieil universitaire plutôt excentrique.

L'état de Brunei semble être le pays idéal, encore faut-il se rendre sur place et c'est Flora, une jeune femme attachante, ancienne militaire , plongeuse de combat, qui va s'y rendre pour prendre le pouls de ce sultanat, chercher les failles, observer les caractéristiques humaines et géographiques , un rôle essentiel !
Elle est accompagnée de Jo qu'elle prend immédiatement en grippe.

Je ne savais rien sur ce pays, situé sur l'ile de Bornéo , gouverné par un sultan qui a été l'homme le plus riche du monde, détrôné justement par les patrons des GAFAM .

On découvre avec Flora ce drôle de pays , membre du Commonwealth, à la population en partie malaise, où la charia intégrale a été proclamée , où beaucoup de chinois travaillent et entourée de jungle dans laquelle vivent des peuples autochtones .

L'attention est maintenue tout au long du récit avec la préparation de l'événement puis la mise en place selon la technique de l'ébranlement chère au professeur avec toutes les incertitudes que cela entraine , un pari plutôt risqué ...

On pense , bien sur aux romans de John le Carré mais avec un coté plus détendu car on y retrouve l'humour et la finesse de Jean-Christophe Rufin et également plus humain, car il y a forcément des personnes vivant à Brunei qui vont être prises comme boucs émissaires .

Les personnages sont attachants, en particulier celui de Flora , la véritable héroïne de cette histoire .

Vous l'aurez compris, j'ai bien aimé cette histoire d'aventures originale et tant pis pour les grincheux ...
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Le coup d'État clés en main

Dans son nouveau roman, Jean-Christophe Rufin nous offre le mode d'emploi du coup d'État moderne. Ce faisant, il souligne la fragilité de nombreux pays, la volonté des Gafam de s'affranchir de pouvoirs qui restreignent leur champ d'action et nous sert de guide à Brunei. Un formidable roman d'anticipation et d'espionnage.

C'est après Valparaiso, du côté des Galapagos, que débute ce formidable roman. Sur un paquebot de croisière où des personnes âgées entretiennent le mythe des aventuriers, sous la houlette de Flora, une spécialiste de la plongée. Elle part avec son petit groupe à la découverte de la riche flore et faune sous-marine. Mais l'expédition ne va pas tout à fait se dérouler comme prévu. Fascinée par un monstrueux requin rose, elle va laisser ses clients se débrouiller pour batifoler avec la bête. Et se voir débarquer.
À des milliers de kilomètres de là, Ronald a rendez-vous avec Marvin. Des retrouvailles qu'il a soigneusement préparées afin de mettre toutes les chances de convaincre son interlocuteur de le suivre dans son projet. Il faut dire qu'en quelques années son ami est devenu l'un des hommes les plus influents de la planète.
Ce grand sportif est passé à la postérité pour avoir créé le moteur de recherche Golhoo et engrangé des millions de dollars, comme ses collègues des Gafam. En 1995, il a épousé Kathleen, prof à Stanford. le couple a deux enfants, Sandy et Matthew. Aujourd'hui, Marvin «régnait sur un empire de la tech, qui employait des centaines de milliers de personnes à travers le monde et avait transformé la vie des milliards d'individus devenus ses clients, était un des personnages les plus puissants et les plus respectés non seulement de Californie, mais du monde entier.»
Autour d'un verre, Ronald tente d'amadouer son ami en lui racontant quelques-uns de ses exploits, lui qui après avoir travaillé pour l'armée s'était retrouvé au sein d'une agence privée de mercenaires. Grand spécialiste du renseignement, il cache soigneusement à son interlocuteur qu'il sort de prison après une opération qui a tourné au fiasco à Madagascar. En revanche, il lui dévoile qu'il a désormais sa propre entreprise et qu'elle pourrait fort bien se mettre au service des géants du numérique. Car si jusqu'à présent les Gafam avaient pu prospérer à l'ombre ou même avec le soutien des États, elles avaient désormais atteint des limites, tant en termes de puissance qu'en termes de limites éthiques. C'est notamment le cas dans le domaine de la biotechnologie, de l' "homme augmenté", la nouvelle marotte de Marvin après le décès d'Edward, son cousin schizophrène, suicidé à 22 ans.
Ronald lui explique alors que la meilleure façon de contourner un État, c'est d'en créer un. Ou, ce qui sera moins compliqué, de prendre le contrôle d'un État existant. C'est l'objectif qu'il s'était fixé avec un groupe de libertariens.
Fasciné autant qu'ébahi par le projet, Marvin va donner à son ami les moyens de ses ambitions.
C'est là que nous retrouvons Flora, engagée par Marvin pour mener à bien l'opération autour de spécialistes en géostratégie, d'un groupe de hackers et de mercenaires triés sur le volet.
Après avoir soigneusement étudié les cibles possibles, ils ont fini par désigner le sultanat de Brunéi comme la cible idéale.
C'est sur ce petit confetti au nord de Bornéo qu'un petit groupe de touristes débarque pour les premiers repérages. L'occasion aussi pour le lecteur de découvrir ce coin d'Asie du Sud-Est et la famille qui y règne sans partage depuis des années.
Alors que s'enclenchent les phases de ce coup d'État préparé avec de la haute technologie plutôt qu'avec des armes et des troupes, on constate avec un certain effroi combien un pays, même riche, peut être fragile.
Jean-Christophe Rufin est ici au meilleur de sa forme. Il peut s'appuyer sur une solide documentation, mais aussi sur son expérience de diplomate et de médecin humanitaire, sans oublier ses voyages à Brunei. le tout rend ce roman très vraisemblable. du coup, derrière cet habile scénario – quasiment le mode d'emploi du coup d'État 2.0 – on peut lire ce roman d'anticipation comme une mise en garde. Attention à l'appétit des grandes entreprises dont le budget dépasse de loin celui de nombreux États, attention aussi aux fake news qui se multiplient avec l'amélioration des technologies et l'utilisation accrue de l'intelligence artificielle. Si l'on n'y prend pas garde, la réalité dépassera bientôt la fiction!
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

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Jean-Christophe Rufin retrouve avec D'or et de jungle sa forme romanesque, celle qui révèle les vraisemblances de notre monde tout en nous divertissant. Apprendre et alerter sur les dangers que nous vivons est une des grandes qualités de cet écrivain.

Dans ce roman documenté et précis, ce sont les vérités alternatives et les diverses manipulations qui sont décrites. Leurs nocivités y sont démontrées, même si le roman reprend les codes du récit d'aventures et que le plaisir de lecture est au rendez-vous.

Il y a dix ans, Flora participait à des championnats de plongée. Sa constitution physique est exceptionnelle. Malgré tout, elle se fait licencier de l'entreprise de découverte des fonds marins pour inaptitude à gérer la sécurité des personnes dont elle a la charge. Elle veut vivre dans le sillage de son ascendant espion !

Martin Glowic créateur d'un moteur de recherche, fait partie, avec son entreprise dans l'élite de la technologie que l'on nomme les GAFAM. Non seulement, il dirige l'entreprise mais s'occupe plus particulièrement d'orienter vers de nouveaux chantiers. Car, les autres départements l'ennuient.

Ronald Daume, ancien directeur de l'agence de renseignements situé en France, est un séducteur machiavélique, celui qui sait se fondre chez les puissants en distillant suffisamment de mensonges avec un aplomb à défier toute réserve. Il crée une agence de sécurité privée, spécialiste de sécurité intérieure et de défense.

Seulement, les Etats même s'ils sous-traitent à des services privés, leur budget n'est pas élastique. Alors, Ronald cherche d'autres partenaires. Les GAFAM sont devenus des entreprises extrêmement riches. de plus, ils maîtrisent parfaitement ce que leurs algorithmes ont réussi à mettre en place avec leurs réseaux sociaux, les bulles de filtre.

Les nouveaux maîtres du monde, des libertariens, rêvent de gouverner un pays, L'agence Providence de Ronald le rend possible.

Le sultanat de Brunei, au coeur de l'île de Bornéo, est un état qui vit du pétrole, de ses plages paradisiaques avec sa forêt tropicale. Alors, cette enclave devient la première qui, avec un coup d'État, clefs en mains et sans violence, va asservir une population, ses institutions et son gouvernement avec quelques manipulations et fausses nouvelles.

Quel plaisir de retrouver l'écriture de Jean-Christophe Ruffin dans un thriller d'anticipation politique et social à la fois. On avait oublié le plaisir de ces grandes fresques comme Rouge Brésil (2001), Katiba (2010) et Check-point (2015).

L'écrivain maîtrise les codes géopolitiques et les relations internationales. Son talent pour raconter des histoires reste inchangé dans ce roman de politique-fiction, qui est parfaitement documenté. La lecture devient rapidement additive et les pages s'enchaînent d'elle-même.

Non seulement D'or et de jungle est une fresque romanesque très réussie, mais il possède, également, un aspect didactique puissant en décrivant et en expliquant les enjeux, les idées et les fragilités exploitables dans notre monde contemporain.

Tout est réuni dans D'or et de jungle, roman d'anticipation de géopolitique et de relations internationales, pour passer un excellent moment de lecture. Merci Jean-Christophe Rufin !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Les GAFAM ivres de puissance voudraient bien s'émanciper de toutes le règles plus ou moins contraignantes auxquelles ils sont soumis de la part des Etats ou de la morale et qui les empêchent de lâcher les chevaux qui sommeillent en eux ! Jean Christophe Ruffin leur suggère une solution dans ce roman bien construit et très richement documenté sur le Brunei, cible du coup d'état envisagé. Une fiction qui s'inscrit dans notre monde, bâtie sur une solide connaissance des réalités et des enjeux géopolitiques et numériques actuels et à venir. On suit avec intérêt et gourmandise la mise en oeuvre diabolique de ce coup d'état et on apprécie la qualité d'une intrigue bien ficelée, portée par le talent habituel de l'auteur.
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Il y a quelques jours, je regardais une vidéo d'une humoriste sur Instagram.
Et alors que le sujet de la vidéo n'avait (absolument) rien à voir,
J'ai flashé sur la doudoune portée par la protagoniste.
Et entre un commentaire qui disait qu'elle est « pas drôle du tout et même carrément gênante 😒 ».
Un autre qui disait qu'elle est « à mourir de rire 😂😂😂».
Il y avait mon sauveur.
Qui avait réponse à la question existentielle : mais d'où vient donc cette doudoune ?!

J'avais oublié cette information,
Même pas pris le temps d'aller voir.
Mais c'était sans compter sur Instagram.
Qui m'a poussé la publicité de ladite doudoune au moins 20 fois depuis.
Comment a-t-il su ?!
Comment peut-il mieux comprendre les sous-entendus que mon conjoint quand je lui dis elles-sont-quand-même-jolies-ces-boucles-d'oreilles-tu-trouves-pas ?

On pourrait conclure de cette expérience que les géants du numérique, ils sont (vraiment) forts.
Et qu'ils ont tout.
Ou presque.

Tout tient à ce « presque ».
Si je vous disais qu'il leur manque quelque chose ?
Qu'ils convoitent tous ?
Et qu'ils sont même prêts à s'unir pour l'obtenir, car cela les met en péril de ne pas l'avoir ?

À la manière de la célèbre série le bureau des légendes,
Jean-Christophe Rufin imagine une agence privée capable de leur donner ce qu'ils souhaitent.
Et la force du livre tient du fait que oui,
C'est de la fiction,
Mais tout repose sur de vrais éléments.
C'est plausible.
Aussi plausible que Musk qui veut un T3 avec vue sur Mars.

Est-ce qu'ils mettront un jour ce plan à exécution ?
Je n'en ai pas la moindre idée.
Si avant, en revanche, ils pouvaient diffuser des publicités de produits qui ne sont pas en rupture de stock depuis des semaines, cela m'arrangerait. (Oui, j'ai fini par abdiquer à la 13ème pub).

Mais vous savez ce qu'il y a en stock ?
Ce livre, à partir du 7 février !


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Comment qualifier ce roman ? Anticipation ? que non , puisqu'il est question de l'Ukraine et de Gaza nous dirons donc présent alternatif… Ce coup d'état fomenté par un agence privée à l'instigation d'un membre des GAFAM ,pour s'assurer un espace où ils pourraient ,sans contraintes, développer leurs projets fous est basé sur des réalités (Rufin l'atteste en postface) . La documentation sur le sultanat de Brunei semble solide . Ce scénario ,un peu effrayant, est raconté avec maîtrise même si les personnages manquent un peu de profondeur . Cela donne un thriller de bon niveau à la lecture prenante.
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-Le monde d'aujourd'hui ne manque pas de pays vulnérables qu'un coup d'État « clefs en main » pourrait livrer à des entreprises mille fois plus puissantes qu'eux. C'est l'aventure dans laquelle va nous entraîner Flora, jeune championne de plongée, fascinée par l'image de son grand-père, célèbre mercenaire qui a passé sa vie à renverser des pouvoirs établis.
Le sultanat de Brunéi, pays d'or (noir) et de jungle, sera sa destination. Entraîné par Flora et d'innombrables personnages, vous allez vivre pas à pas la prise de contrôle d'un pays que rien, en apparence, ne destinait à se trouver projeté au coeur de l'actualité mondiale. Très, trop, vraisemblable : l'auteur, comme il le précise dans la postface, s'appuie sur des sources solides et ce qu'il dit sur les coups d'état, les pays, les ambitions des GAFAM ne sont pas inventés ( ça fait froid dans le dos ! ).
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