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Critique de ODP31


Bandar Seri Begawan.
Au jeu des capitales, celui ou celle ou ça, qui est capable de sortir d'un air détaché le chef-lieu du sultanat de Brunéi lors d'un diner pour frimer mérite vraiment quelques pétrodollars et son poids en fécule de sagou (ne me demandez pas ce que c'est, je suis pas Brunéien ! )
Jean-Christophe Rufin, dont le passeport doit être plus tamponné que le corps de n'importe quel joueur de foot, a décidé de ne pas envoyer son petit consul jouer dans la niche dorée à Sultan mais de faire appel cette fois à l'Agence tous risques pour un plan presque sans accroc.
Un baroudeur à col blanc qui a trop lu de SAS de Gérard de Villiers, décide de proposer à un géant du numérique l'organisation d'un petit coup d'Etat pépère pour que le milliardaire puisse s'affranchir des lourdeurs administratives, impôts, lois d'éthique et tac, quotas et autres calamités paperassières du même genre, qui brident les profits. C'est quand même la classe à Dallas et plus tendance que des virées dans l'espace ou de s'afficher avec des amazones nées sous X.
Le sultanat coche toutes les cases et comme le temps des coups d'état avec des mercenaires à treillis et cigare un peu bedonnant est un peu démodé, une campagne de déstabilisation sauce fake news est montée à distance par une petite agence privée. Elle ne ressemble pas à ces consultants à Power point payés pour vous écrire ce que vous savez déjà mais que vous ne voulez pas trop assumer. L'agence est ici composée de petits génies de l'informatique, d'un théoricien du putsch et d'un faux couple dépareillé envoyé sur place, avec une ex championne de plongée et d'un gitan à guitare. Il ne manque que Looping et Barracuda. Je caricature à peine.
Dans sa construction, ce techno-thriller rappelle un peu « le parfum d'Adam », avec ce mélange d'aventures, de compote de complot et de prédictions avisées autour d'un globe que l'ancien « French Doctor » utilise comme une boule de cristal. L'horoscope n'est pas très engageant : les poissons barbotent en eaux troubles, les vierges peuvent craindre pour leur vertu, les balances perdent toute mesure, les scorpions apprécient le climat et les Sagittaires… j'en sais rien.
Comme je ne savais pas borner Bornéo sur une carte, la description du pays dans le roman est plus enrichissante qu'un voyage en auto-stop avec les têtes à claques de Pékin Express qui me font aimer les platanes, mais à l'exception de Flora (et non Carla à Brunéi...) la nageuse droguée à l'action, j'ai trouvé que les autres personnages manquaient d'épaisseur. J'aura ainsi aimé en savoir plus sur Ronald, le chef de bande et tacticien, mieux sapé que Deschamps mais que le récit laisse trop sur le banc de touche au fil des pages.
Ce scénario distrayant pourrait rejoindre les planches d'un bon Largo Winch et je me dis qu'avec de tels récits en tête, Jean-Christophe Rufin doit s'ennuyer ferme à l'Académie. Pendant que deux lettrés qui n'ont de vert que la tenue, sortent les épées pour un zeugma déplacé, j'imagine l'ex diplomate lever les yeux vers la Coupole et rêver de contrées lointaines.
Bézos muské.
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