🏠Chronique🏠
« Le calme est revenu dans Ridge Road. Autour des lampadaires s'enroulent des filets de brume.
Comme des halos. »
Qu'est-ce que le calme? le calme est-il provisoire ou idéal? Ridge Road, qui pourrait croire que ce nom de rue serait le théâtre des pires horreurs? Je ne voudrais pas spoiler mais rien n'est plus alarmant que le calme d'une rue. Les gens sont toujours trop bruyants, trop expansifs, veulent voir et être vu, font et défont toutes sortes d'activités. le calme d'une rue ne laisse présager qu'un danger, passé ou futur, mais danger réel…En fait, le calme est alarmant, notamment quand il est introduit par
Stephen King….Meme s'il y met des mots comme « halo » , même s'il invite la poésie, tu sais même épidermiquement que ça va basculer. C'est une constante chez cet auteur, et c'est pour cela qu'on l'adore. le calme lasse vite, finalement, alors place à l'horreur! Et dieu merci, je ne cours pas dans cette rue! Mais revenons à Ridge Road, puisque c'est là, que nous allons passer un temps, avec la brume et les halos, et quelques réminiscences qui ont laissé des traces partout dans le monde…
« Je m'appelle
Holly Gibney. Je suis détective privée… »
Parce que nous la connaissons déjà, on ne va pas refaire les présentations.
Holly, est cette héroïne que le King aime bien faire revenir, évoluer, mettre en scène. Et comme nous l'adorons, ça tombe bien, ce tome lui est entièrement consacré! Dans ce nouveau roman, elle vient de perdre sa mère, de ce virus tristement célèbre maintenant, le Covid. Partagée entre son chagrin, sa colère, sa peur, nous la suivons en pleine crise sanitaire, dans une enquête de kidnapping pour le moins étrange. Faire des interrogatoires, avec ou sans le masque, avec ou sans geste barrière, vaccinés ou pas, ne facilite pas ses affaires, et par-dessus le marché, elle se retrouve surtout, bien seule. Et bien que le doute l'assaille, elle ne m'a que, plus étonnée, par sa force de caractère et sa ténacité sans faille. Malgré l'atmosphère asphyxiante de cette période politico-sociale très stressante, elle ne lâche pas son objectif de retrouver quoi qu'il arrive Bonnie Dahl. Même quand l'horreur se fait monstre, elle est encore là, à collecter mille et un détails pour résoudre une enquête encore plus retorse que prévue…
« Oui, très bien, donnez-leur le temps de digérer tout ça. »
C'est un thriller non seulement efficace, mais mortellement addictif. Je l'ai dévoré comme on dévore de la crème glacée…
Stephen King réussit, encore, le prodige de nous surprendre en plongeant dans les entrailles de la psychologie humaine. Sans même de fantastique. L'homme est à ce point, effrayant de cruauté, que même sans artifices, il poussera chaque fois plus loin, dans les limites du possible et de l'imaginable. Et
Stephen King nous confirme qu'il n'y a pas d'âge pour s'y embourber jusqu'au cou. Mais malgré cet effet anxiogène, ce tome-ci, aura ma préférence sur toute la saga, parce que la poésie rehausse l'horreur. Elle est partout, tout aussi sensorielle, tout aussi affamée. Elle ne se contente pas de faire des halos, des petits effets de lumière. Non, elle transcende la peur. Elle est puissance et vocation. Elle est nécessaire pour dépasser l'intolérance, le désordre, le mal à l'état pur. Et rien que pour cela, c'est purement exaltant! Merci au King pour avoir troubler l'épouvante par la magie de la poésie. Elle prend encore plus de sens, et de courage à s'enhardir contre le terrible qui habite certains…Grandiose!
« Parfois, l'univers vous lance une corde. »
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