Citations les plus appréciées
Eviter les emmerdes, ça faisait aussi partie du métier… Mais avec l’âge on devient moins complaisant avec les abrutis.
Nous avons parfois honte de notre dignité
que parfois les veilleurs
de Mega Image.
les veilleurs de la même ethnie
pensent que la dignité
serait un torchon pour la vaisselle.
et comme ils lâchent leurs yeux. quelques chiots
pour nous suivre des haillons. nous allons
dans une allée
ils sont déjà devant nous. nous sommes les moins bien habillés.
le costume de gens intelligents en train de sécher. pour ne
surtout pas sous
l’âme que nous cachions quelques canettes de bière
ou peut-être une baguette. ils pensent que nous sommes des collectionneurs d’orge liquide
et de restes de
porc ou volaille dans des sacs en nylon
dont on recouvre les meubles à l’extérieur
quand il pleut
et comme ils se penchent
vers cette cavité thoracique rouge les caissiers. ils
exigent de voir nos vestes déboutonnées nous enlèvent tout
des poches placées sur la poitrine avec un sentiment de culpabilité bien que
notre sang soit d’un rouge pur.
nous ferions mieux de demander
au pain d’être moins cher
de demander aux canettes de bière d’être moins chères
de demander au saucisson d’être moins cher
mega image a des veilleurs avec la même couleur
de sang. veilleurs pour le veilleur
seuls les T-shirts jaunes nous séparent du même esclavage
quand on nous mettait des cornes
et des muselières pour ne pas manger les raisins de la vigne
nous nous demandons parfois si la dignité de l’appartenance ethnique
se termine chez Mega Image ou chez les veilleurs roms
qui se font passer pour des veilleurs gadjé.
(p. 12)
L’inscription sur une pierre tombale constitue le résumé le plus lapidaire de l’existence de quelqu’un. Puissant ou misérable, lors du jour dernier, l’unique différence n’est plus qu’arithmétique : la durée du passage.
Mimosa est certes sobre – ce qui est, en soi, une sacrée performance –, mais il garde ses réflexes de soûlard. Il retient son pantalon trop grand pour lui d’une main fiévreuse et s’essuie machinalement le nez sur le revers de l’autre. Son tricot déchiqueté et crasseux flotte sur son torse famélique telle une vieille serpillière. Il est pieds nus, avec une épaisse croûte craquelée sur les talons, et ses yeux rongés rappellent deux incisions maladroites dans sa face de spectre.
Les amitiés poussent dans le jardin du temps.
(p.26)
Dès qu’il a su tenir une bêche, Stanislas, comme ses frères et sœurs, a aidé ses parents (pour qui l’expression « temps libre » relevait de la science-fiction) au potager. Ça ne lui plaisait pas plus qu’à son père, mais il fallait bien. Toute la famille travaillait. Ils étaient pauvres mais mangeaient tous les jours à leur faim, le père ne travaillait que pour ça.
(page 15)
Le but utile que je me propose est d'éteindre une flamme cruelle et d'affranchir les coeurs d'un honteux esclavage.
Amour,but du poète.
Puis je fourrai tout cela sous les vêtements de mon oncle étendu dans son cercueil, le coiffai de sa casquette de cheminot encore suspendue à son clou et lui glissai entre les doigts ce si beau texte d'Emmanuel Kant, ce texte qui m'émouvait toujours... "Deux objets emplissent ma pensée d'une admiration sans cesse nouvelle et croissante... le firmament étoilé au-dessus de moi et la loi morale qui est en moi..." Mais, changeant d'avis, je feuilletai le livre du jeune Kant pour y trouver des phrases encore plus belles ... "Quand la lueur frémissante d'une nuit d'été est pleine d'étoiles clignotantes, quand la lune est à son apogée, je suis lentement projeté dans un état de haute sensibilité, faite d'amitié et de mépris du monde, et de l'éternité..."
,c'est l'Italie que les oracles de Lycie m'ont ordonné de chercher à atteindre :voilà mon amour, voilà ma patrie.
Livre IV
J'ai si grand deuil que je voudrais ne plus vivre.
Plutôt que savoir, il faudrait dire que je connais cette histoire, qui est aussi celle de ma famille. Savoir impliquerait qu’on me l’ait racontée, transmise. Mais une histoire à laquelle il manque des paragraphes entiers ne peut être racontée. Et l’histoire que je connais est un récit troué de silences, dont la troisième génération après la Shoah, la mienne, a hérité.
Toutes les vraies commodités qu'ont les Princes leur sont communes avec les hommes de moyenne fortune. (...) Ils n'ont point d'autre sommeil et d'autre appetit que le nostre, leur acier n'est pas de meilleure trempe que celui dequoy nous nous armons; leur couronne ne les couvre ny du soleil ny de la pluie.
(P.258)
LE GOLEM
Dans « Cratyle », le Grec - et se tromperait-il - ?
Dit que le mot est l’archétype de la chose :
Dans les lettres de « rose » embaume la fleur rose,
Et le Nil entre en crue aux lettres du mot « Nil ».
Cher voisin, le dicton est faux. Les semelles du KGB ne sont pas si propres que ça, à force de les essuyer sur les traîtres.
Les hommes ressemblent plus à leur temps qu'à leurs pères (proverbe arabe).
Maintenant ce sont eux qui possèdent ton visage,
les mots; et pas seulement le visage :
le sexe et la tremblante joie
qu'il y avait toujours à le sentir en éveil.
Sans mots nous ne sommes plus rien;
ils sont maintenant de profil, observe
comme ils reflètent ce que de jeune
toujours il y eut en toi, le même sourire
seulement un peu moins fatigué
et la démarche à peine moins lente.
Vous pouvez monter. Tout est sécurisé. Heureusement que nous avions notre bouclier, parce qu'ils se sont bien lâchés, fit le lieutenant Foury, apparaissant en haut de l’escalier.
Rhino et son équipier rangèrent leurs armes et gravirent les étages pour rejoindre les cibles. Julien en profita pour décrocher les deux mini caméras installées par Romuald. Sous l’effet du souffle, des morceaux de la porte s'étaient fichés dans les murs en placoplâtre. De l'eau était répandue au sol.
Les deux hommes étaient immobilisés, joues contre le carrelage, complètement nus. Deux beaux bébés... Plus de 100 kilos de muscles. L'un d'entre eux avait le dos entièrement tatoué. On pouvait y déceler la tête de Poutine, un sous-marin lanceur de missiles nucléaires, des hélicoptères d'attaque et la carte de la Crimée.
C'est fou, tout ce que l’on peut dessiner sur le dos d'un connard !
PROLOGUE
John Smith avait grandi. Il était devenu étudiant et n'avait plus aucun souvenir de la mauvaise chute qu'il avait faite un jour de janvier 1953. Dès le lycée, il avait eu du mal à se la rappeler. Quant à ses parents, ils n'en avaient jamais rien su.
C'était un jour de l'hiver 1953, on patinait sur l'étang de Durham. Les grands jouaient au hockey en s'aidant de bâtons et en utilisant deux paniers de pommes de terre en guise de buts. Les petits jouaient la mouche du coche, s'amusant comme ils savent le faire en se tordant les chevilles, en s'essoufflant, en se tenant mal et de façon comique sur leurs patins. Dans un coin, des pneus brûlaient en laissant échapper une fumée âcre et noire. Les parents, assis non loin de là, surveillaient leur progéniture. Les scooters de neige étaient encore inconnus et l'hiver, pour tout divertissement, on devait se contenter des exercices corporels.
Johnny, ses patins pendus au cou, était venu lui aussi jusqu'à l'étang. À six ans, il était déjà bon patineur.
Pas assez sans doute pour se joindre aux joueurs de hockey, mais suffisamment pour rivaliser avec ceux qui faisaient tournoyer leurs bras telles des ailes de moulin afin de conserver leur équilibre.
Augustin est contemporain du sac de Rome en 410. Cet événement le décide à écrire La Cité de Dieu, un chantier qui l'occupe pendant une quinzaine d'années. Son monumental ouvrage, fondateur du judéo-christianisme, est donc la réponse intellectuelle, philosophico-politique, à ce qu'il est convenu d'appeler la «chute de Rome».
D'où l'intérêt de lire aujourd'hui ces textes sur la fin de Rome, alors que notre époque ressemble comme une goutte d'eau ressemble à une autre à celle d'Augustin : nous nous trouvons en effet dans un moment de tuilage entre la fin d'une civilisation, celle qu'à rendue possible l'évêque d'Hippone justement, et la suivante, dont je pose l'hypothèse qu'elle sera califomienne et transhumaniste - mais cela est une autre histoire...
C'est dès mes toutes premières plongées, dans les fonds rocheux de la Méditerranée, que je découvris avec émerveillement la diversité de la vie sous-marine : je voyais les girelles et les sars planer au-dessus des mousses et des rochers, et j'étais fasciné, comme devant un spectacle.