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Critiques de Salman Rushdie (473)
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Shalimar le clown

Avec ce roman, Salman Rushdie nous plonge dans un tourbillon extrêmement maîtrisé de personnages, d'aventures et d'intrigues. En enracinant son récit dans les contes, les légendes et les somptueux paysages du Cachemire, cette région âprement disputée entre le Pakistan et l'Inde depuis 70 ans, l'auteur nous parle d'amour et de haine, de terrorisme et de résistance, d'incroyables beautés et d'horreurs ignobles, d'aventures cocasses et d'événements tragiques... Si l'histoire s'étale sur toute la seconde moitié du vingtième siècle, la trame reste très serrée autour d'un quatuor de personnages : on apprend (des conflits géopolitiques peu médiatisés), on comprend (les ramifications du terrorisme international), bref on a l'impression de devenir intelligent tout en voulant découvrir les ressorts romanesques de cette belle et tragique histoire d'amour aux épices indiennes, aux accents californiens mais avec une petite touche gustative française...
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Les enfants de minuit

Je m'attendais à bien mieux que cela lorsque j'ai lu le résumé du livre. Je m'attendais à une critique plus acerbe des régimes politiques de l'Inde. L'auteur aurait peut être mieux fait de rester à une seule période de l'Inde plutôt qu'en prendre aussi large.



Le livre m'a fait penser par moment à Candide de Voltaire mais écrit d'une façon plus décousue. Je vois beaucoup de ressemblance entre Candide et Saleem mais Rushdie n'est pas aussi efficace que Voltaire.



En fait, pour moi ce livre souffre d'un gros problème. C'est celui d'avoir été lu après l'Équilibre du monde de Rohinton Mistry. Sans être mauvais, il n'est pas excellent non plus.
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Les versets sataniques

Rêve ou réalité ?



Le livre commence sur une étrange scène : deux Indiens - Chamcha et Gibril - tombent d'un avion qui explose en plein vol : ils s'en sortent, sans que l'on ne sache jamais s'ils ont échappé à la mort ou s'ils sont passés dans l'au-delà. On pencherait pour la deuxième hypothèse puisque le plus honnête des deux, Chamcha, se trouve transformé en démon sous l'apparence d'un bouc. Il n'en guérira qu'en se livrant à la plus effrayante crise de haine destructrice. Tant qu'il veut rester calme et doux, il reste prisonnier de son apparence démoniaque. Dès qu'il se livre à la rage... il redevient humain. En passant dans cet au-delà, nos deux héros sont entrés, dans une dimension où le mal et le bien sont interchangeables, et où Satan, les démons et les anges ne se distinguent plus les uns des autres.



Gibril, acteur indien communiant peut-être avec l’archange Gabriel, remonte dans le temps et se souvient de sa rencontre avec le prophète. Salman Rushdie va parler de l'Islam, de la religion en général et de Mohammed en particulier en disant que tout cela n'est qu'un rêve fait par un acteur indien. Dérision à la clé. L’atmosphère est à la rigolade, à la moquerie pour suggérer que les versets révélés ne seraient que fabrication humaine.



Ne sont-ils pas humains les versets du Coran qui semblent n'exprimer que les désirs de Mohammed et les pulsions de son subconscient ? Humains les versets qui l'autorisent à épouser Zaynab, la femme qu'il désire (33,36-40) ?



Un autre épisode du livre évoque les fameux versets dits sataniques, connus des musulmans, dans lesquels Satan aurait fait dire à Mahomet « des paroles de compromission et de réconciliation » en parlant de trois divinités mecquoises. Cette révélation aurait été rectifiée et abrogée par celle du verset 52 de la sourate 22. Rushdie remet ici en cause l’image infaillible du prophète.



Le livre s’attaque au propre fondement de la religion musulmane selon laquelle Dieu aurait parlé à Mohamed et que le Coran est la transcription de ces révélations. Même si l’ange Gabriel, Gibril, est décrit comme le seul capable de distinguer les paroles de Dieu et les pensées qui venaient de Mohamed ; l’islam rejette tout discernement autre que celui du Prophète lui-même. Ma théologie classique a postulé pour un prophète infaillible.



Rushdie met ainsi le doigt sur le nerf le plus sensible du dogme islamique : comment une Parole divine peut-elle devenir Livre humain sans être conditionnée par les limites du langage humain, les pensées du Prophète qi la transmet ? Alors que cela est nié par les théologiens, Rushdie, au contraire, trouve le Livre trop humain, trop imbriqué dans les circonstances de la vie du Prophète.



Cela n’est pas s’en rappeler la crise que les chrétiens ont connu il y a plus d’un siècle où il était reproché une interprétation trop figée, trop statique mais qui aura permis de redécouvrir le milieu historique dans lequel s’est faite la révélation.







L’islam se retrouve dans cette crise mais à force d’un travail qui demandera à la fois patience et beaucoup de temps naîtra tôt ou tard à une nouvelle théologie de la révélation, ce qui permettra in fine d’affiner le message coranique.





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Les versets sataniques

D'un ennui abyssal. Repris plusieurs fois, je ne dépasse pas la 20e page. Trop "oriental" ? Mais je VEUX le lire, même si cela doit me prendre un temps fou, pour savoir pourquoi des milliers de musulmans, qui ne l'ont certainement pas lu, crient au blasphème et que l'un d'eux, qui avait 4 ans lors de la fatwa, a tenté de le tuer,hier, le 12/08/2022. Il est vrai qu'il y a une forte "récompense" à la clé.
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Quichotte

C’est une histoire bizarre écrite par un écrivain d’origine indienne vivant à New York City, appelé Brother. Sa sœur, Sister, et son fils, Son, ne font plus partie de sa vie depuis fort longtemps. Le récit qu’il imagine « s’enracine profondément dans une nécessité personnelle et dans la souffrance », la sienne tout d’abord et celle de son personnage, Ismaïl Smile, bien nommé Quichotte, à la recherche de l’Amour absolu et qui, dans cette quête chevaleresque, s’invente l’existence d’un fils imaginaire, Sancho, en qui il espère un dévouement total. Leur parcours sur le territoire américain connaîtra maintes embûches, la plus importante étant la prise de conscience d’une entité supérieure qui les fait exister en dehors de leur volonté.

Salman Rushdie étonne encore avec ce roman picaresque, sorte de conte moderne sur la condition humaine. J’ai trouvé le début laborieux, l’impression de lire une histoire sans gouvernail, mais une fois lancée, j’ai apprécié grandement ma lecture.

Même si certaines références télévisuelles américaines et cinématographiques indiennes me sont restées obscures, l’écriture de Salman Rushdie demeure celle du conteur des mille et une nuits, entraînant son lecteur dans une chevauchée littéraire en laquelle on reconnaît son érudition et son panache. Et derrière l’intrigue, se dessine toute une pensée philosophique et une critique sans conteste de nos sociétés issues de la deuxième moitié du siècle passé, dont la devise pourrait être « Éteignez votre esprit, relaxez-vous et laissez-vous porter par le courant. » Un auteur qui m’est devenu cher depuis La Maison Golden et que je place dans mon panthéon personnel des écrivains à lire absolument.

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La maison Golden

10 Le Hibook a lu « La maison Golden » de Salman Rushdie. Pour moi , Rushdie est le Voltaire de notre époque . Ce dernier promenait Candide dans des aventures débridées à travers le monde pour en relever les travers . Rushdie fait de son héros ,René Unterliden , le chroniqueur d’une famille d’Indiens émigrés à New York ,les Golden . Le père nabab dont la fortune est aussi grande que suspecte, sa femme ,vamp russe à l’affut de sa fortune , ses trois enfants tous dysfonctionnels . Le tout pendant la dernière année d’Obama et l’arrivée au pouvoir de Trump (qu’il ne nomme que le Joker) . Passent aussi les interrogations , sur le genre ,l’identité, l’art, les fractures de la société … Avec toujours une richesse de références culturelles mêlant Orient et Occident avec une insistance particulière sur le cinéma .C’est étourdissant de virtuosité , presque trop foisonnant .
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Les enfants de minuit

Ce fut mon deuxième roman de Salman Rushdie (après les « Versets sataniques ». Et il me confirma dans l’opinion que cet homme devenu célèbre par la malédiction d’un théocrate dément méritait la gloire pour son remarquable talent de romancier . Personnellement je le considère comme une sorte de Voltaire du XXème siècle . De plus , j’ai failli être un enfant de minuit ( bon à 6 mois près et en France mais ne mégotons pas…) ! J’aime beaucoup le réalisme magique (à la Garcia Marquez) qu’il utilise pour raconter avec une ironie féroce les naissances de l’Inde et du Pakistan , mêlant sa double culture indienne et anglaise de manière jubilatoire . Un grand livre.



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Le dernier soupir du Maure

Si vous aimez la richesse de l'univers de Salman Rushdie et la beauté de son style, n'hésitez pas et lisez le !



Au fil de la généalogie de la dynastie des Gama-Zogoiby, Salman Rushdie nous emporte dans son délire d'artiste.



En toile de fond, il défend l'Art, la Culture et le Métissage.



Chapeau l'Artiste !



Axel Roques
Lien : http://axelroques.blogspot.fr/
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Les versets sataniques

L'autobiographie de l'auteur a été publiée il y a peu de temps. Avant de la lire, je me devais de connaître le roman pour lequel nous savons tous qui est Salman Rushdie. Et je suis bien contente de m'être plongée dans la lecture des Versets sataniques, sans quoi j'aurais pu rester encore longtemps dans l'aveuglement médiatique qui entoure cette œuvre.



Non, Les versets sataniques ne sont pas une lecture commentée du Coran, comme on peut le lire sur le résumé du site professionnel Electre.com - phrase on ne peut plus réductrice, simpliste et limitative pour parler du roman.

Il s'agit plutôt de plusieurs récits entremêlés, à travers lesquels l'auteur questionne le rapport des êtres humains à la croyance, quelle soit d'ordre religieux, d'ordre social, d'ordre philosophique.



A quoi se raccrocher ? Comment vivre ? Qui croire et qui suivre ? Comment se positionner dans le monde et dans la société par rapport à notre naissance, par rapport à notre éducation ?

La vie est-elle une question de choix, ou bien sommes-nous pré-destinés à vivre des choses sans que notre libre arbitre puisse en influer le cours ?



Telles sont les questions qui sous-tendent les récits des Versets sataniques. On suit les (més)aventures de Saladin Chamcha (figure représentative de l'auteur, personnage issu de la haute société indienne exilé à Londres et furieusement enclin à s'intégrer à tout prix dans la société anglaise) et celles de son acolyte Gibreel Farishta (indien lui aussi, au parcours "inversé" et néanmoins houleux). On découvre aussi la naissance de la religion islamique, on lit aussi les conflits socio-culturels dans les banlieues londoniennes entre les communautés immigrés, mais ce n'est pas tout.

Salman Rushdie livre un roman dense, qui bouscule la conception linéaire du récit et ouvre au contraire de multiples voies à son lecteur - à l'image de son personnage Saladin, plus connu comme étant "l'homme aux mille voix".
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Le dernier soupir du Maure

Comme il l'explique dans son autobiographie, "Le dernier soupir du Maure" est le premier roman (pour adulte) que Salman Rushdie a écrit après l'affaire des Versets Sataniques. Au delà des conditions complexes dues à son itinérance forcée, ce roman est un tour de force, un tourbillon qui prend le lecteur par la main et l'entraîne des ruelles de Cochin aux plantations de poivre de Goa, en passant par les immeubles de la finance internationale de Bombay. C'est pimenté, coloré, étourdissant, souvent drôle et toujours passionnant.

Ecrire ce roman était pour Rushide l'occasion de rendre hommage à ses parents, sa famille, et au delà, à la grande nation indienne, en retraçant un siècle de son histoire : depuis sa libération de l'empire britannique, en passant par l'état d'urgence des années 70 jusqu'à nos jours. Au détour des péripéties de ses personnages de fiction, on découvre (et on comprend !) l'histoire de l'Inde, avec les grandes figures que furent Nehru et Indira Gandhi. Un vrai régal.
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Le Couteau : Réflexions suite à une tentative d..

Je n’ai jamais vraiment lu les précédents livres de Rushdie. Son univers, ses références culturelles, sa fantasmagorie ne m’intéressent pas vraiment, mais même si je ne suis pas un lecteur assidu de cet écrivain, je crois reconnaitre le talent lorsque je le croise, et, indubitablement, c’est un auteur de talent, un grand, même s’il ne me « parle » guère.

Et puis, un soir, je l’ai entendu parler à la radio de son livre « le couteau ». Pas une fiction, hélas, le récit d’une improbable survie. La sienne. Alors je l’ai lu, et j’ai apprécié.

Rappelons les faits, le 12 aout 2022, accomplissant la Fatwa de Khomeini plus de trente ans après qu’elle ait été prononcée, un musulman fanatique porte quinze coups de couteau à Salman Rusdie, qui va survivre. De justesse. Ce livre, c’est l’histoire de cette survie, mais c’est aussi bien plus que cela.



Le livre comporte deux parties : la première, l’ange de la mort, raconte l’attaque, les soins, la guérison lente du corps, et les réactions de la famille et de l’entourage de l’écrivain. La seconde, l’ange de la vie, est une description du retour à la vie, à la cette vie publique qui dépasse l’individu devenu symbole de la liberté d’expression.



L’auteur raconte, et fort bien, ce qui l’avait amené, ce jour-là, dans l’amphithéâtre de Chautauqua, dans l’état de New York, pour une conférence consacrée, ô ironie, à la protection des écrivains menacés. Nous partageons sa vie quotidienne, quelques souvenirs, et ses réactions lors de l’attaque. Vingt-sept secondes de terreur. Ensuite, c’est l’histoire d’une reconstruction, celle du corps, ce corps meurtri, lacéré, endommagé et diminué, mais qui renferme toujours un esprit invaincu. L’esprit d’un homme, aussi, qui apprécie les plaisirs de la vie, de l’amour : un très beau chapitre est consacré à sa femme Eliza, et aux relations avec ses enfants. Un homme qui ne cache rien des soins qu’il doit recevoir, de sa guérison à sa rééducation, et de ses craintes (dont celle, très Américaine, de se demander dès qu’il le peut si le montant de ses soins est bien couvert par son assurance santé). Nous pénétrons aussi, au fil des pages, et entre les lignes, dans la vie quotidienne d’un auteur reconnu, et dans le petit monde des intellectuels dont il fait partie (j’oserai confesser que je ne connaissais aucun des auteurs célèbres ou célébrés qui sont ses proches). C’est un monde bien évidemment très éloigné de celui des auteurs qui resteront à jamais inconnus, dont je suis, mais dont la description est éclairante.

Dans la seconde partie, Rushdie imagine un dialogue impossible entre lui et son agresseur, qu’il ne nomme qu’une fois. Le reste du temps, il sera « A », car il refuse

d’en faire un moderne Erostrate. Qu’il retourne au néant, et c’est tant mieux. Ces trois entretiens imaginaires sont bien menés, intéressants, et permettent à l’auteur de préciser ses pensées, même si (p. 216) « c’est bien là que nous sommes, un lieu où le professeur ne peut enseigner et l’élève ne peut apprendre. Et il n’est même pas évident de déterminer qui est l’élève et qui est le professeur. »

Nous suivons aussi, progressivement, comment le survivant redevient l’écrivain, puis, à son corps défendant, le symbole renouvelé de la liberté d’expression, même si « la religion, forme médiévale de l’irrationalité, associée à l’arsenal moderne devient une menace réelle pour nos libertés »(P. 259).



L’expression est claire, le contenu puissant, la traduction, de Gérard Meudal, habitué de l’auteur (et courageux, car Hitoshi Igarashi, le traducteur japonais de Rushdie, a été assassiné à Tokyo en 1991, peu après l’agression de Ettore Capriolo, son traducteur italien, à Milan), excellente.



Ce livre n’est pas une réplique, ni une réponse, mais une volonté et un chemin. Le chemin trouvé par la vie malgré la volonté de mort. Comme l’écrit l’auteur (P. 118) : « le langage aussi était un couteau capable d’ouvrir le monde, d’en révéler le sens, les mécanismes internes, les secrets, les vérités. Il pouvait trancher dans une réalité pour passer dans une autre ». Ce livre est le couteau de Rushdie. Littéralement. C’est l’arme qu’il retourne contre l’esprit de celui qui visait sa chair. Et ce couteau ne manque pas sa cible.

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Victory City

Au XIVème dans le Sud de l'Inde, une ville fut subitement construite sur les cendres de la précédente mais surtout grâce à des graines semées par deux frères mais surtout grâce au pouvoir de Pampa Kampana reçu par une bénédiction céleste.

Pendant 300 ans, une succession de rois gouvernèrent à Bisnaga sous l'oeil de Pampa Kampana qui livra son histoire dans le "Jayaparajaya" et qui sera découvert lors de fouilles archéologiques.



"La Cité de la Victoire" n'est autre que le récit du "Jayaparajaya" conté par un narrateur que le lecteur peut aisément imaginer être Salman Rushdie. Ecrit sous forme d'épopée, il reprend les grands moments de cette cité fictive, que l'on peut bien imaginer qu'elle a existé.

Salman Rushdie signe un roman où il mélange de façon brillante, réalité et fantastique. Dès les premières pages, vous êtes happés par cette magnifique histoire rapidement prenante.


Lien : https://www.inde-en-livres.f..
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La Cité de la victoire

Dans son dernier livre "la Cité de la Victoire" Salman Rushdie déroule un conte, un très long conte, très très long, lassant comme une logorrhée sans fin. Son histoire se situe au XVIème siècle, dans le royaume de Vijayanaga, inspirée de celui-ci en tout cas.

Le tout est sans véritable surprise quand, au fil des pages, on a compris qu'après un long passage suivra un autre long récit de luttes intestines pour conquérir le pouvoir sur ce pays créé de toutes pièces par une certaine Pampa Kampana.

Cette dernière est dotée d'immenses pouvoirs surnaturels puisque c'est à partir d'un sac de graines que la ville de Busnaga est sortie de terre.

Ce début féerique promettait beaucoup; on était dans un conte de fée qui allait s'épanouir.

Comme dans la mythologie grecque des Atrides (mais c'est un affront fait à Euripide de comparer ces textes) l'histoire est faite de luttes de pouvoir à n'en plus finir; et comme cette Pampa Kampana vit quelque deux cent quarante sept ans elle passe son existence à  compter le nombre de ces conflits sans attrait, de pouvoirs volés, de ces exils et des retours en grâce...

Et malgré cela et la promesse d'un beau conte, rien de captivant, ni d'envoûtant, ni de merveilleux dans ce livre. Il me tardait de le finir...Ouf !

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L'enchanteresse de Florence

Nous commençons par un voyage. Celui d'un homme qui se fait appeler Mogor dell'Amor ou encore Niccolo Vespucci. le but, est la cour du grand Moghol, Akbar. Nous sommes au XVI siècle et le monde est encore vaste, et rempli de mystères. Niccolo n'hésite pas sur les méthodes qui doivent lui permettre d'arriver à son but, il vole, et usurpe le titre d'ambassadeur de la reine d'Angleterre pour approcher le monarque, à qui il veut raconter une curieuse histoire. Celle d'une princesse, tante d'Akbar qui a aussi beaucoup voyagé, jusqu'à Florence.



Au début totalement incrédule, Akbar découvre qu'une femme de sa famille dont il n'a jamais entendu parlé a réellement existé. Elle devient la princesse cachée, qui suscite les rêves, attise les convoitises. le peintre chargé de fixer son histoire avec son pinceau disparaît dans un de ses tableaux pour la rejoindre. Akbar lui-même qui aime plus les femmes qu'il imagine que celles qui peuplent son harem, succombe à son charme. La vie chatoyante de l'enchanteresse se déroule sous nos yeux, mais certaines choses devraient mieux rester dans l'ombre.



Un très beau livre, qui prend un peu l'aspect d'un conte, avec des récits enchâssés les uns dans les autres, où on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est rêve, le rêve étant parfois plus solide que le réel. Entre l'orient et l'occident, un récit fastueux et magique se déroule, dans lequel rien n'est complètement vrai ni complètement faux, ni complètement certain. Un joli voyage dans le temps, l'espace et l'imaginaire.
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Les versets sataniques

J'ai commencé le livre hier soir, il trainait sur une étagère, ayant un a priori sur son contenu et sur le nombre de pages. Il n'en est rien. Je lance une fatwa sur ces 800 pages de pur bonheur littéraire et non religieux…
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Les enfants de minuit

Super roman, un de mes livre préférés.

Impossible à resumer tellement l'histoire est riche et complexe. Les premières 60 pages sont d'ailleurs très confuses (à l'image d'un début de série HBO); je ne comprenais quasi rien et j'ai failli abandonner. Mais soudain, par magie (ou grâce au style de Rushdie) tout s'assemble et on est porté par un mélange de fantastique, histoire de l'Inde et aventures personnelles.

Ce livre m'a vraiment impressionné !
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Les versets sataniques

Je ne connais pas assez la religion musulmane pour pérorer sur un prétendu blasphème contenu dans ce livre. Et à dire vrai, je m'en fous. Je m'en fous parce que je méprise l'intégrisme sous toutes ses formes, des plus insidieuses aux plus ostentatoires, que cet intégrisme se planque à l'ombre d'une croix, d'une étoile de David ou d'un croissant de lune, il aura finalement toujours le même visage, celui de la haine. Parce que Rushdie a choisi, dans ce qui ne constitue qu'une infime partie de son roman, de parler de Mahomet, comme d'autres plus tard choisiront de le représenter, déclarant en larmes que "c'est dur d'être aimé par des cons", il s'est exposé à subir l'ire de fanatiques qui, j'en reste persuadé, n'ont même pas pris la peine d'ouvrir son ouvrage. On ne touche pas au Prophète ! Mais au juste, de quoi parle donc ce livre ? Ni plus ni moins que du profane et du sacré, du bien et du mal tapi en chacun de nous, niché entre nos désirs, nos aspirations, nos regrets. Ce roman est une valse endiablée au bord d'un précipice, d'une érudition et d'une richesse vertigineuses, un voyage à travers le temps, l'amour et la violence, dans lequel deux personnages, l'un pourvu d'attributs angéliques, l'autre d'apparence démoniaque, vont se livrer un combat métaphorique entre la lumière et les ténèbres. Ces hypothétiques versets sataniques n'apparaissent que brièvement dans le roman, prétendûment soufflés par Satan à l'oreille du prophète. Or, la religion musulmane interdit toute représentation écrite, dessinée ou filmé de Mahomet. Doit-on pour autant en appeler au meurtre ? Est-il seulement besoin de poser la question ? Au-delà de son sujet et de l'indéniable talent d'écrivain de Rushdie, la lecture de cet ouvrage s'avère d'utilité publique parce qu'elle représente un poing rageusement levé en forme de refus à la face de l'obscurantisme et de l'archaïsme religieux, et qu'à l'heure où j'écris ces quelques lignes, Salman Rushdie doit toujours vivre caché pour préserver sa vie.



"Trop de démons à l'intérieur de ceux qui croient en Dieu."

(Salman Rushdie)
Lien : http://territoirescritiques...
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Joseph Anton

Ouvrage copieux, de prime abord, Joseph Anton fait un peu peur. En réalité, il se lit facilement, grâce à une plume agréable, un style accessible (précision utile, je n’avais jamais lu Salman Rushdie), et un bon découpage de l’ouvrage.



Joseph Anton, c’est sous ce pseudonyme que Salman Rushdie a vécu caché durant de nombreuses années, ne relate que les années noires de Salman Rushdie à partir du jour où sa tête fut mise à prix par les religieux islamistes iraniens.

Cette autobiographie limitée fourmille de détails, et de précisions ; l’auteur semble avoir tenu des carnets minutés tant ses faits et gestes ainsi que ceux de son entourage, semble avoir consigné ses émotions, états d’âmes.



Ce qui frappe, c’est avant tout la machine infernale qui se met en branle dès l’annonce de sa mise à mort. Les services de protection fondent sur lui, pour le mettre sous cloche quasi hermétique. Toute sortie fera l’objet d’âpres négociations pour (parfois) parvenir à (relative) satisfaction, ou le plus souvent aboutir à renoncement ou résignation. Il mènera une vie d’errance qui aurait fait craquer plus d’un être humain. Lui, en dépit de ses découragements, de ses moments de doute, de maladresse dont tout homme aux abois est capable, n’a en réalité jamais baissé les bras. Est-ce la dureté de l’exil dès l’âge de 14 ans qui l’a préparé à lutter, est-ce ses profondes convictions pour la liberté d’expression, de penser, de prier, de croire ou non? Est-ce l’amour de ce petit bonhomme, Ahar, son fils, supportant tout sans broncher.

La lutte pour la liberté est un souci de tous les instants. Chaque moment acquis est une victoire.

Salman Rushdie va devoir faire avec les amis fidèles qui seront nombreux, les écrivains engagés qui jamais le laisseront à son triste sort ; il connaîtra aussi les traitres, la presse anglaise qui lui sera hostile, les politiques plus soucieux de la diplomatie que de la liberté d’expression, les éditeurs ou traducteurs courageux qui paieront parfois de leur vie pour que l’auteur puisse être lu par le plus de personnes possible.

Pas simple d’être un écrivain, un homme, un mari, et un père quand il faut se cacher en permanence…



Curieusement cette autobiographie est écrite à la troisième personne, comme pour bien se démarquer de celui qui sous les traits de Joseph Anton, était lui, mais pas tout à fait lui …



L’ouvrage est très prenant, et difficile à lâcher. Et si parfois quelques longueurs se font sentir, elles se feront vite oublier…car j’ai eu la liberté de les lire !!!






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Joseph Anton

Voilà un livre essentiel! Long certes bien qu'il ne couvre qu'une période relativement courte (14 février 1989~ septembre 2001) mais c'est un autobiographie de Salman Rushdie en même temps qu'une histoire parallèle de notre temps, un essai sur l'obscurantisme et la façon d'en sortir, une histoire d'amours, un ouvrage important pour comprendre l'oeuvre de Salman Rushdie, le témoignage d'un homme de qualité, lucide, philosophe, drôle et franc dans notre époque de faux semblants.

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Le dernier soupir du Maure

Roman de Salman Rushdie. Lettre R de mon Challenge ABC.



Moares Gama-Zogoiby est le narrateur d'une surprenante histoire: la sienne et celle de sa famille. Son récit commence bien avant sa naissance. Il se réclame, ainsi que son ascendance, de l'illustre Vasco de Gama. Dans une famille où l'excès et la différence sont monnaie courante, il trouve sa juste place. Biographe familial cynique, tendre, ingrat, révolté ou désabusé, il dresse aussi un portrait vitriolé de l'Inde, avant et après la domination anglaise, dans laquelle des personnages comme Gandhi ou Nehru ont des rôles bien moins grands que ceux qu'ils jouent dans la famille Gama-Zogoiby.



Malchanceux, le Maure l'est dès sa naissance. Fils d'Aurora,une héritière et artiste de génie mais femme de peu de coeur et d'Abraham, juif de Cochin, escroc et soumis à son épouse, Moares, dit le Maure, se distingue à plus d'un titre. Né très largement avant terme, affublé d'une main difforme, il est soumis à un vieillissement deux fois supérieur à la norme. Malchanceux par son nom, malchanceux par son ascendance, il fait aussi des choix malheureux. Il semblerait qu'il s'entête à suivre la voie barrée pour mieux se fourrer dans des situations impossibles. Il échappe de peu au contrat malhonnête que son père passe avec sa grand-mère, mais c'est pour mieux devenir la créature de sa mère, à la fois adorée et détestée, réclamée et repoussée.



Aurora de Gama est belle, impertinente, gourmande et dynamique. Fille adorée d'un père faible et brisée par la mort de sa femme, elle a grandi sans autorité, et a gardé de son enfance une insouciance, une liberté et une volonté à toute épreuve. Elle attire les regards et les convoitises des hommes et des femmes. Entourée d'artistes, dont le peintre Vasco de Miranda qu'elle rendra désespérement fou d'amour, elle gravite au centre d'un univers où tout lui est consacré. Son fils n'est qu'un joyau de plus dans son coffre aux trésors.



Dernier-né d'une fatrie de filles, Moares grandit entouré de trois soeurs dont les prénoms tronqués ou déformés tendent à se confondre pour créer une seule entité sororale, polymorphe et inquiétante. Ina, Minnie et Mynah connaissent des destins sublimes et décadents. Toutes les femmes que fréquentent le Maure portent en elles un germe d'auto-destruction. Entre Dilly Hormuz, sa préceptrice et première amante, et sa fiancée perdue, la superbe et courageuse Nadia Wadia, le Maure connaît l'éblouissement des sens et du coeur auprès d'Uma Sarasvati. La jeune femme, sculpteur au talent naissant, est passionnément attirée et obsédée par Aurora, la pétulante et charismatique maman du Maure. Entre les deux femmes commencent malgré tout un combat dont l'enjeu est Moares.



Moares est aussi un boxeur surprenant même s'il utilise sur le tard son talent destructeur. Pendant des années, il travaille dans l'entreprise parternelle, prétendument la vente de talc pour bébés, même s'il est de notoriété publique qu'Abraham Zogoiby est un magnat de la drogue indienne.



Que cette lecture a été ardue! Voilà un livre qui ne se laisse pas faire! Les cent premières pages, loin d'être déplaisantes, riches d'un humour caustique et de détails savoureux, m'ont cependant parues interminables. Il est absolument insupportable d'attendre aussi longtemps pour arriver au coeur du sujet. Avant d'en venir au personnage principal, il faut d'abord faire connaissance - et en profondeur! - avec deux générations d'aïeux dont les aventures picaresques nous entraînent bien loin du sujet principal. A moins que le sujet principal ne soit qu'un prétexte pour dessiner une saga familiale qui ne se comprend que dans l'ampleur et la démesure!



Le motif récurrent du dernier soupir du Maure, traité par le texte et par l'image, est intelligemment disséminé au fil des pages. Ca donne envie de relire Chateaubriand! Aurora est un personnage fabuleux mais il aurait été encore plus fabuleux qu'elle ait existé et qu'elle ait peint les toiles dont les descriptions accompagnent chaque épisode de l'histoire de la vie de Moares. Les représentations qu'elle fait d'elle et de son fils sont allégoriques, psychédéliques, iconoclastes, blasphématoires. Cela aurait un délice de les avoir sous les yeux!



Je suis toujours très sensible à la synesthésie d'un texte. J'avais beaucoup apprécié la lecture du Parfum de Patrice Süskind, pour le talent dont l'auteur a fait preuve pour convertir les mots en odeurs. Dans le texte de Salman Rushdie, j'ai retrouvé le même talent. De la première étreinte enivrante entre Aurora et Abraham sur des sacs de poivre, de cardamome et de cumin aux promenades dans les dédales de Bombay, on respire l'Inde onirique de l'explorateur Vasco de Gama, pays merveilleux d'épices et de tissus éblouissants. "De grands arbres généalogiques issus de petites graines: il convient, n'est-ce-pas, que mon) histoire personnelle, l'histoire de la création de Moares Zogoiby, ait son origine dans le retard d'un chargement de poivre?" (p.85) Une petite graine de poivre comme un grain de sable qui change le fonctionnement classique de la machine.



Superbe hommage à l'Inde, portrait à l'acide également. L'auteur n'épargne pas son pays d'origine! "L'Inde Mère avec son faste criard et son mouvement inépuisable, l'Inde Mère qui aimait, trahissait, mangeait et dévorait ses enfants puis qui les aimait de nouveau, ses enfants dont les relations passionnées et les querelles sans fin allaient bien au-delà de la mort; elles s'étendaient dans les immenses montagnes comme des exclamations de l'âme, et le long des larges fleuves charriant miséricorde et maladie, et sur les plateaux arides ravagés par la sécheresse sur lesquels des hommes entamaient la terre stérile à la pioche; l'Inde Mère avec ses océans, ses palmiers, ses rizières, ses buffles aux trous d'eau, ses grues aux cous comme des portemanteaux perchées sur la cime des arbres, et des cerfs-volants tournant hauts dans le ciel, et les mainates imitateurs, la brutalité des corbeaux au bec jaune, une Inde Mère protéenne qui pouvait devenir monstrueuse, qui pouvait n'être qu'un ver sortant de la mer [...], qui pouvait devenir meurtrière, qui dansait avec la langue de Kali et le regard qui louche pendant que mourraient les multitudes; mais au-dessus de tout, au centre exact du plafond, au point où convergeaient les lignes de toutes les cornes d'abondance, l'Inde Mère avec le visage de Belle." (p. 77)



L'Orient et l'Inde, ce ne sont pas des zones géographiques vers lesquelles mes pas se porteraient naturellement, encore moins ma curiosité. Je n'y connais pas grand choses, que ce soit en terme de culture, de religion, de spiritualité, d'histoire, et que ne sais-je pas encore! Je pense sans aucun doute que de grandes choses m'ont échappées pendant la lecture, des finesses culturelles, des anecdotes, des traits d'humour, des vitupérations politiques et historiques, ... Devant une telle oeuvre, on se sent humble. Moi, je me suis sentie toute petite. Le texte foisonne, se développe, bondit et repart en arrière, entre analepses fulgurantes et digressions labyrinthiques. Il y a un peu du récit de Shéhérazade, un peu des Mille et une nuits dans ce texte qui semble ne pas vouloir finir. Et les cent dernières pages, bijou du livre, révèlent les conditions de narration de cette saga rocambolesque et justifient les extrapolations et récits parasites dont on se demandait ce qu'ils apportaient vraiment au récit.



Entre le conte d'Andersen La reine des neiges et Le marchand de Venise de Shakespeare, le texte se nourrit et regurgite tout un palimpseste littéraire et baroque. Les érudits parlent de réalisme magique pour qualifier l'écriture de Salman Rushdie. Pour faire simple, c'est quand le fantastique du conte ou de la légende se même au réel pour donner une nouvelle réalité dans laquelle on retrouve des éléments concrets mais qui offre aussi des anomalies parfaitement acceptées. Un des derniers exemples de textes de ce genre qui m'a renversé est Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Le dernier soupir du Maure est tout aussi renversant!

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