AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Salman Rushdie (482)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Joseph Anton

Ouvrage copieux, de prime abord, Joseph Anton fait un peu peur. En réalité, il se lit facilement, grâce à une plume agréable, un style accessible (précision utile, je n’avais jamais lu Salman Rushdie), et un bon découpage de l’ouvrage.



Joseph Anton, c’est sous ce pseudonyme que Salman Rushdie a vécu caché durant de nombreuses années, ne relate que les années noires de Salman Rushdie à partir du jour où sa tête fut mise à prix par les religieux islamistes iraniens.

Cette autobiographie limitée fourmille de détails, et de précisions ; l’auteur semble avoir tenu des carnets minutés tant ses faits et gestes ainsi que ceux de son entourage, semble avoir consigné ses émotions, états d’âmes.



Ce qui frappe, c’est avant tout la machine infernale qui se met en branle dès l’annonce de sa mise à mort. Les services de protection fondent sur lui, pour le mettre sous cloche quasi hermétique. Toute sortie fera l’objet d’âpres négociations pour (parfois) parvenir à (relative) satisfaction, ou le plus souvent aboutir à renoncement ou résignation. Il mènera une vie d’errance qui aurait fait craquer plus d’un être humain. Lui, en dépit de ses découragements, de ses moments de doute, de maladresse dont tout homme aux abois est capable, n’a en réalité jamais baissé les bras. Est-ce la dureté de l’exil dès l’âge de 14 ans qui l’a préparé à lutter, est-ce ses profondes convictions pour la liberté d’expression, de penser, de prier, de croire ou non? Est-ce l’amour de ce petit bonhomme, Ahar, son fils, supportant tout sans broncher.

La lutte pour la liberté est un souci de tous les instants. Chaque moment acquis est une victoire.

Salman Rushdie va devoir faire avec les amis fidèles qui seront nombreux, les écrivains engagés qui jamais le laisseront à son triste sort ; il connaîtra aussi les traitres, la presse anglaise qui lui sera hostile, les politiques plus soucieux de la diplomatie que de la liberté d’expression, les éditeurs ou traducteurs courageux qui paieront parfois de leur vie pour que l’auteur puisse être lu par le plus de personnes possible.

Pas simple d’être un écrivain, un homme, un mari, et un père quand il faut se cacher en permanence…



Curieusement cette autobiographie est écrite à la troisième personne, comme pour bien se démarquer de celui qui sous les traits de Joseph Anton, était lui, mais pas tout à fait lui …



L’ouvrage est très prenant, et difficile à lâcher. Et si parfois quelques longueurs se font sentir, elles se feront vite oublier…car j’ai eu la liberté de les lire !!!






Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
Commenter  J’apprécie          81
Joseph Anton

Voilà un livre essentiel! Long certes bien qu'il ne couvre qu'une période relativement courte (14 février 1989~ septembre 2001) mais c'est un autobiographie de Salman Rushdie en même temps qu'une histoire parallèle de notre temps, un essai sur l'obscurantisme et la façon d'en sortir, une histoire d'amours, un ouvrage important pour comprendre l'oeuvre de Salman Rushdie, le témoignage d'un homme de qualité, lucide, philosophe, drôle et franc dans notre époque de faux semblants.

Commenter  J’apprécie          80
Le dernier soupir du Maure

Roman de Salman Rushdie. Lettre R de mon Challenge ABC.



Moares Gama-Zogoiby est le narrateur d'une surprenante histoire: la sienne et celle de sa famille. Son récit commence bien avant sa naissance. Il se réclame, ainsi que son ascendance, de l'illustre Vasco de Gama. Dans une famille où l'excès et la différence sont monnaie courante, il trouve sa juste place. Biographe familial cynique, tendre, ingrat, révolté ou désabusé, il dresse aussi un portrait vitriolé de l'Inde, avant et après la domination anglaise, dans laquelle des personnages comme Gandhi ou Nehru ont des rôles bien moins grands que ceux qu'ils jouent dans la famille Gama-Zogoiby.



Malchanceux, le Maure l'est dès sa naissance. Fils d'Aurora,une héritière et artiste de génie mais femme de peu de coeur et d'Abraham, juif de Cochin, escroc et soumis à son épouse, Moares, dit le Maure, se distingue à plus d'un titre. Né très largement avant terme, affublé d'une main difforme, il est soumis à un vieillissement deux fois supérieur à la norme. Malchanceux par son nom, malchanceux par son ascendance, il fait aussi des choix malheureux. Il semblerait qu'il s'entête à suivre la voie barrée pour mieux se fourrer dans des situations impossibles. Il échappe de peu au contrat malhonnête que son père passe avec sa grand-mère, mais c'est pour mieux devenir la créature de sa mère, à la fois adorée et détestée, réclamée et repoussée.



Aurora de Gama est belle, impertinente, gourmande et dynamique. Fille adorée d'un père faible et brisée par la mort de sa femme, elle a grandi sans autorité, et a gardé de son enfance une insouciance, une liberté et une volonté à toute épreuve. Elle attire les regards et les convoitises des hommes et des femmes. Entourée d'artistes, dont le peintre Vasco de Miranda qu'elle rendra désespérement fou d'amour, elle gravite au centre d'un univers où tout lui est consacré. Son fils n'est qu'un joyau de plus dans son coffre aux trésors.



Dernier-né d'une fatrie de filles, Moares grandit entouré de trois soeurs dont les prénoms tronqués ou déformés tendent à se confondre pour créer une seule entité sororale, polymorphe et inquiétante. Ina, Minnie et Mynah connaissent des destins sublimes et décadents. Toutes les femmes que fréquentent le Maure portent en elles un germe d'auto-destruction. Entre Dilly Hormuz, sa préceptrice et première amante, et sa fiancée perdue, la superbe et courageuse Nadia Wadia, le Maure connaît l'éblouissement des sens et du coeur auprès d'Uma Sarasvati. La jeune femme, sculpteur au talent naissant, est passionnément attirée et obsédée par Aurora, la pétulante et charismatique maman du Maure. Entre les deux femmes commencent malgré tout un combat dont l'enjeu est Moares.



Moares est aussi un boxeur surprenant même s'il utilise sur le tard son talent destructeur. Pendant des années, il travaille dans l'entreprise parternelle, prétendument la vente de talc pour bébés, même s'il est de notoriété publique qu'Abraham Zogoiby est un magnat de la drogue indienne.



Que cette lecture a été ardue! Voilà un livre qui ne se laisse pas faire! Les cent premières pages, loin d'être déplaisantes, riches d'un humour caustique et de détails savoureux, m'ont cependant parues interminables. Il est absolument insupportable d'attendre aussi longtemps pour arriver au coeur du sujet. Avant d'en venir au personnage principal, il faut d'abord faire connaissance - et en profondeur! - avec deux générations d'aïeux dont les aventures picaresques nous entraînent bien loin du sujet principal. A moins que le sujet principal ne soit qu'un prétexte pour dessiner une saga familiale qui ne se comprend que dans l'ampleur et la démesure!



Le motif récurrent du dernier soupir du Maure, traité par le texte et par l'image, est intelligemment disséminé au fil des pages. Ca donne envie de relire Chateaubriand! Aurora est un personnage fabuleux mais il aurait été encore plus fabuleux qu'elle ait existé et qu'elle ait peint les toiles dont les descriptions accompagnent chaque épisode de l'histoire de la vie de Moares. Les représentations qu'elle fait d'elle et de son fils sont allégoriques, psychédéliques, iconoclastes, blasphématoires. Cela aurait un délice de les avoir sous les yeux!



Je suis toujours très sensible à la synesthésie d'un texte. J'avais beaucoup apprécié la lecture du Parfum de Patrice Süskind, pour le talent dont l'auteur a fait preuve pour convertir les mots en odeurs. Dans le texte de Salman Rushdie, j'ai retrouvé le même talent. De la première étreinte enivrante entre Aurora et Abraham sur des sacs de poivre, de cardamome et de cumin aux promenades dans les dédales de Bombay, on respire l'Inde onirique de l'explorateur Vasco de Gama, pays merveilleux d'épices et de tissus éblouissants. "De grands arbres généalogiques issus de petites graines: il convient, n'est-ce-pas, que mon) histoire personnelle, l'histoire de la création de Moares Zogoiby, ait son origine dans le retard d'un chargement de poivre?" (p.85) Une petite graine de poivre comme un grain de sable qui change le fonctionnement classique de la machine.



Superbe hommage à l'Inde, portrait à l'acide également. L'auteur n'épargne pas son pays d'origine! "L'Inde Mère avec son faste criard et son mouvement inépuisable, l'Inde Mère qui aimait, trahissait, mangeait et dévorait ses enfants puis qui les aimait de nouveau, ses enfants dont les relations passionnées et les querelles sans fin allaient bien au-delà de la mort; elles s'étendaient dans les immenses montagnes comme des exclamations de l'âme, et le long des larges fleuves charriant miséricorde et maladie, et sur les plateaux arides ravagés par la sécheresse sur lesquels des hommes entamaient la terre stérile à la pioche; l'Inde Mère avec ses océans, ses palmiers, ses rizières, ses buffles aux trous d'eau, ses grues aux cous comme des portemanteaux perchées sur la cime des arbres, et des cerfs-volants tournant hauts dans le ciel, et les mainates imitateurs, la brutalité des corbeaux au bec jaune, une Inde Mère protéenne qui pouvait devenir monstrueuse, qui pouvait n'être qu'un ver sortant de la mer [...], qui pouvait devenir meurtrière, qui dansait avec la langue de Kali et le regard qui louche pendant que mourraient les multitudes; mais au-dessus de tout, au centre exact du plafond, au point où convergeaient les lignes de toutes les cornes d'abondance, l'Inde Mère avec le visage de Belle." (p. 77)



L'Orient et l'Inde, ce ne sont pas des zones géographiques vers lesquelles mes pas se porteraient naturellement, encore moins ma curiosité. Je n'y connais pas grand choses, que ce soit en terme de culture, de religion, de spiritualité, d'histoire, et que ne sais-je pas encore! Je pense sans aucun doute que de grandes choses m'ont échappées pendant la lecture, des finesses culturelles, des anecdotes, des traits d'humour, des vitupérations politiques et historiques, ... Devant une telle oeuvre, on se sent humble. Moi, je me suis sentie toute petite. Le texte foisonne, se développe, bondit et repart en arrière, entre analepses fulgurantes et digressions labyrinthiques. Il y a un peu du récit de Shéhérazade, un peu des Mille et une nuits dans ce texte qui semble ne pas vouloir finir. Et les cent dernières pages, bijou du livre, révèlent les conditions de narration de cette saga rocambolesque et justifient les extrapolations et récits parasites dont on se demandait ce qu'ils apportaient vraiment au récit.



Entre le conte d'Andersen La reine des neiges et Le marchand de Venise de Shakespeare, le texte se nourrit et regurgite tout un palimpseste littéraire et baroque. Les érudits parlent de réalisme magique pour qualifier l'écriture de Salman Rushdie. Pour faire simple, c'est quand le fantastique du conte ou de la légende se même au réel pour donner une nouvelle réalité dans laquelle on retrouve des éléments concrets mais qui offre aussi des anomalies parfaitement acceptées. Un des derniers exemples de textes de ce genre qui m'a renversé est Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Le dernier soupir du Maure est tout aussi renversant!

Commenter  J’apprécie          80
Le Couteau : Réflexions suite à une tentative d..

Ils ont finalement mis leur menace à exécution ; ils, les fanatiques islamiques, ces fous de Dieu qui n’ont sans doute jamais lu une ligne de cet auteur, et l’ont condamné à la suite de la publication d’un roman (que je n’ai pas lu, et à propos duquel je ne me permettrai aucun commentaire).

Trente- trois après cette fatwa, durant l’été 2022, Salman Rushdie a été violemment agressé à coups de couteau alors qu’il s’apprêtait à donner une conférence dans une toute petite ville du nord de l’Etat de New-York.

″Le langage était aussi un couteau, capable d’ouvrir le monde, d’en révéler le sens, les mécanismes internes, les secrets, la vérité. Il pouvait trancher dans une réalité pour passer dans une autre. Il pouvait dénoncer la bêtise, ouvrir les yeux des gens, créer de la beauté. Le langage était mon couteau. Si j’étais pris à l’improviste dans une attaque au couteau que je n’avais pas souhaitée, peut-être est-ce là le couteau que j’allais utiliser pour riposter. ″

Salman Rushdie a senti le besoin de témoigner, une bonne fois pour toute sur ce qui s’est passé, mais surtout, et c’est l’objet d’une magnifique seconde partie, sur sa réhabilitation, son retour à la vie au sens propre et figuré, et d’une profonde mutation dans sa perception du monde et de son chemin de vie.

″Une question se posait à présent : quand on vous donne une deuxième chance, qu’est-ce que vous en faites ? Quel usage en faites-vous ? Qu’allez-vous faire de la même façon ? Qu’allez-vous faire différemment ? ‶

Avec son épouse, il allait désormais faire de sa vie un régal, de ne plus se projeter trop loin pour vivre chaque journée aussi pleinement que possible.

‶Ma seconde chance dans la vie devait être consacrée à l’amour et à l’écriture ″

Et bien d’autres combats. Mais il exprimera dans cet opus, et ce pour la dernière fois, sa conception de la religion à savoir tolérance, laïcité et intimité !

Ainsi, Salman Rushdie souhaite tourner une page, et continuer !

J’ai lu ce récit presque d’une traite ; subjuguée par son optimisme et son humanisme. Salman Rushdie ne montre aucun esprit de revanche, ni rancœur. C’est lumineux et plein d’espoir et de sagesse ! Une ode à la liberté d’expression !


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
Commenter  J’apprécie          70
La Cité de la victoire

Cela me sera impossible d'écrire un billet de lecture à hauteur de l'expérience de lecture de ce très grand et réussi roman du grand Salman Rushdie.



Non seulement l'auteur réussit à faire revivre une épopée de l'histoire du sud de l'Inde, mais il la ré-écrit et nous emporte de façon flamboyante et vivante dans cette histoire d'hier, qui résonne encore aujourd'hui.



La capitale de l’empire de Vijayanagara où se déroule le récit, a réellement existé du XIVe au XVIe siècle, puis elle s’est éteinte, et son souvenir fut oublié. Dans cette cité, les hommes et les femmes vivaient à égalité, bien plus que de nos jours ( Y croyez-vous ?) au même endroit. De ce point de départ réel, Rushdie tire une odyssée puissante, racontant le destin de Pampa Kampana, mi-femme mi-déesse, qui murmure aux habitants leurs rêves et leur passé.



Après un traumatisme enfant, où elle est obligée d'assister au bûcher des veuves brûlées dont sa mère, Pampa Kampana, va vivre dans une grotte où un second traumatisme la guette.



Suite à cela, elle sera choisie par une déesse qui parlera par sa voix et elle fera naître une cité où les femmes pourront être prises au sérieux, et exercer les mêmes métiers que les hommes : Bisnaga naîtra de graines, et ses habitants deviendront des êtres vivants complets,en ayant mémoire et souvenirs qui leur seront chuchotés par Pampa Kampana.





Le reste de l'histoire il faut le lire.

Sachez que Pampa Kampana vivra plus de 200 ans, que l'auteur s'amuse à distiller des pointes de malice en évoquant le long poème de Pampa Kampana, disant que son récit à lui n'est pas si bon, que j'ai pleuré et ri, parfois, que même si Rushdie est trop intelligent pour être moraliste, il reste pourfendeur des intégristes de tout poil, et que cette histoire magnifique, est profondément féministe, humaniste, merveilleuse, imaginative et pourtant basée sur un fait qui fut.





Sachez aussi qu'il est impossible de s'ennuyer à cette lecture, que c'est très bien traduit, que beaucoup de thématiques y sont abordées, que beaucoup de symbolique j'y ai trouvé.





Sachez également que l'amour, l'amitié et l'amour maternel y sont fort bien évoqués, que la bêtise humaine aussi, que les pièges du pouvoir, et que les esprits religieux voulant contrôler le reste du monde, s'y trouvent aussi.





C'est une grande comédie humaine, intemporelle, universelle et magnifique.



À lire et faire lire, absolument.
Commenter  J’apprécie          74
Les enfants de minuit

Salman Rushdie est célèbre à cause de la fatwa qui a été prononcée contre lui par l’ayatollah Khomeini en 1989 suite à publication des Versets Sataniques. Au fil du temps, cette condamnation à mort qui le menaçait de par le monde avait été un peu oubliée, mais en août 2022, il fut victime d’une attaque au couteau qui le laissa grièvement blessé. Si cette fatwa l’a propulsé dans l’actualité, c’est cependant « Les Enfants de minuit » qui a établi sa réputation littéraire.

Le héros du roman, Saleem Sinai naît à minuit précise, le 15 août 1947, au moment où l’Inde accède à l’Indépendance. Ce hasard du destin lui donne des pouvoirs magiques, puisqu’il peut lire dans les pensées de tout le monde. Dans un pays aussi vaste, il n’est bien sûr pas le seul à être né alors que minuit annonçait la libération du joug colonial. Au même moment, d’autres enfants sont aussi nés avec certaines capacités hors du commun. Saleem, utilisant ses dons de télépathie parvient à les rassembler en pensée. Parmi ces enfants, on retrouve Shiva, qui deviendra l’ennemi juré de Saleem, et qui pourtant se révèlera on ne peut plus proche de lui, et une fille, Parvati, qu’il finira par épouser.

Le récit de Rushdie offre aussi une vaste fresque, brossée d’un point de vue critique et ironique, de l’histoire de l’Inde moderne. Des origines familiales au Cachemire, le lecteur suit Saleem et ses parents à Agra, à Delhi et à Bombay. Avec la partition du pays, la famille se retrouve au Pakistan, tandis que, plus tard, Saleem, devenu jeune adulte, doit combattre dans la jungle de Sundarban pendant la guerre qui débouchera sur la séparation du Bangladesh d’avec le reste du Pakistan au début des années 1970. A la fin du roman, il débarque à Delhi pendant la période de l’état d’urgence (1975-1977) décidé par Indira Gandhi. Il est témoin de la destruction des bidonvilles entourant la mosquée Jama Masjid ordonnée par Sajay Gandhi, le fils d’Indira.


Lien : http://www.lecturesdevoyage...
Commenter  J’apprécie          72
Grimus

Sir Ahmed Salman Rushdie, né en 1947 à Bombay, est un écrivain américano-britannique d'origine indienne. Objet en 1989 d'une fatwa de l'ayatollah Khomeini suite à la publication de son roman Les Versets sataniques, il est devenu un symbole de la lutte pour la liberté d'expression et contre l'obscurantisme religieux, principalement dans les médias occidentaux. Depuis la publication de cette fatwa, exigeant sa mise à mort, il fait l'objet d'une protection policière renforcée et utilise des pseudonymes. Cette protection est réduite au fil des ans, jusqu'au retrait de ses gardes du corps. Le 12 août 2022, il est poignardé et grièvement blessé aux Etats-Unis. L'agression lui laisse de graves séquelles mais il continue à écrire.

Premier roman de l'écrivain, Grimus introuvable en français depuis sa parution en 1977, vient d’être réédité.

Il était une fois, quelque part. Après avoir bu un élixir d'immortalité, Aigle Errant, un jeune Amérindien orphelin et vierge, passe sept cents ans à parcourir le monde. Mais le don de vie éternelle commence à lui peser car « l’éternité c’est long surtout vers la fin » comme disait Woody Allen. Lassé de l'existence, Aigle Errant gagne l'île du Veau, où il espère trouver l'homme capable de lui rendre sa mortalité. Il s'aperçoit vite qu'il n'est pas le bienvenu sur cette île étrange où sévit un mystérieux et corrosif effet Grimus...

J’aime autant vous le dire tout de suite, c’est le genre de bouquin qui vous tombe des mains à moins que…

Conte ? Science-fiction ? En tout cas, délire total c’est certain avec une portée philosophique sur ce qui est et ce qui n’est pas.

Outre l’immortalité de notre héros, l’île de Veau en Méditerranée, dominée par une haute montagne, mais dans une autre dimension, accueille d’autres personnages eux aussi immortels. Virgil Jones n’est pas le moins étonnant (« Enorme et droit comme un I ») même si sa compagne n’a rien à lui envier (« Petite et bossue »). D’autres couples comme Q.I. Gribb « érudit, maître à penser, théoricien de l’abstrait » et sa jeune épouse Elfrida. Au rayon dames, citons aussi Irina, les pensionnaires du bordel local ou la propre sœur d’Aigle Errant, Louve Ailée, toutes connaitront de « près » le rapace, car oui, Rushdie sait être un peu coquin.

Toute l’île semble figée et sous la coupe d’un certain Grimus dont Aigle Errant est bien décidé à faire la connaissance malgré les risques ou l’impossibilité théorique de le faire d’après ce qu’on lui dit, car il serait seul capable de mettre fin à son immortalité.

Le roman est foisonnant et dense, on n’y comprend pas vraiment grand-chose, l’écrivain fait dire par un autre, ses raisons : « J’aime les récits qui empruntent à la vie son côté imprévisible, un peu brouillon, avec des points d’interrogation à tous les tournants et des rencontres merveilleuses dues au hasard et non à un vaste plan soigneusement élaboré ». Dont acte. Pourtant dans ce bouillonnement narratif surgissent des questions très intéressantes en ponctuant la lecture comme : « Est-ce que l’absence de mort implique automatiquement l’absence de vie ? »





Donc, un bouquin qui vous tombera des mains, sauf si vous acceptez de lâcher prise, de le lire sans trop chercher à comprendre, de vous laisser emporter par la verve de Salman Rushdie et de vous y noyer comme dans un rêve hallucinant.

Commenter  J’apprécie          71
Quichotte

Dense, foisonnant...Il fallait une certaine audace pour aller chercher une des icônes de la littérature, Don Quichotte, et le faire "revivre" à notre époque, en pleine révolution numérique , dans la société américaine.

Un cocktail d'envolées lyriques, érudites, comme le précise très bien Creisifiction dans sa critique.

Le style se fait sérieux, précis pour dénoncer le scandale pharmaceutique, sans concession.

Un certain courage là aussi. le choix du héros, n'est pas ...anecdotique.

De l'intime, noyé dans un torrent d'humour!

Une lecture exigeante, qu'il faut savoir apprécier par petites pauses.

C'est peut-être le risque quand la pause se fait trop longue...

Du coup, cela me donne envie de me replonger dans ...l'original (back to the future!)
Commenter  J’apprécie          72
Haroun et la Mer des histoires

J’ai essayé d’aimer ce livre, hélas sans succès.

J’ai plongé dans « La mer des histoires », je me suis trempée dans l’eau salée, j’ai nagé un peu, j’ai perdu pied, je suis revenue sur le rivage, à plusieurs reprises j’ai tenté de m’immerger dans le récit en espérant y trouver un rafraichissement, du rêve, un chemin vers le merveilleux des contes.

Mais, je n’ai jamais ressenti la joie d’avancer, plutôt la déception d’une brasse laborieuse qui, telle l’absurdité du nonsense, me laisse sur place. Pourtant je voulais lire, raconter et soutenir Salman Rushdie que j’ai entendu nous enchanter en live lors d’une rencontre littéraire près de chez moi. Je n’ai pas réussi à m’aventurer avec lui dans cette histoire.
Commenter  J’apprécie          70
Les enfants de minuit

Je ne sais pas comment on fait pour arriver à terminer un livre pareil tellement ça part dans tous les sens, j'ai abandonné un peu avant 200 pages, impossible de donner un sens à cette lecture, trop de personnages, trop de lieux, de monstres, de dieux, de croyances....

J'ai compris grosso modo l'essentiel, mais que c'est long, mais que c'est long...... tout ça pour ça.

Pourtant je me faisais un plaisir, c'était mon premier livre de l'auteur, ouch, quelle déception, et dire que j'ai déjà commandé les versets sataniques..... j'espère que ça n'est pas dans le style de celui-ci.

Je vais laisser du temps avant de revenir vers cet auteur et lorsque je recevrai les versets, il risque de se passer un peu de temps avant que je me jette dans ses pages....

Grosse déception pour moi, je pense qu'il faut aimé ce genre, sinon il vaudra mieux passer son chemin.
Commenter  J’apprécie          72
Les enfants de minuit

Une lecture très intéressante où l'on va suivre le destin de Saleem et de sa famille dans l'Inde du 20eme siècle. Le roman se concentre évidement sur Saleem, narrateur de sa propre histoire, mais l'histoire commence dans la jeunesse de son grand-père en 1915, pour se finir avec un Saleem adulte au début des années 80. Saleem nait à minuit pile le 15 août 1947, à la seconde précise à laquelle l'Inde devient indépendante, date précise qui va donner des pouvoirs magiques à Saleem ainsi qu'à tous les enfants nés entre minuit et une heure. Le coté magique de cette histoire est évidement important, mais est en fait surtout un prétexte à une (re)visite de l'histoire de l'Inde de ces quelques décennies. Une histoire donc visitée avec plaisir et intérêt à travers les yeux de notre jeune héro, ou plutôt antihéros Saleem qui vivra plusieurs vies différentes en dépit de son jeune âge à la fin du livre, et dont les évènements importants de la vie seront en lien étroit avec les évènements importants du pays. Les multiples aller-retours dans le temps sont d'abord assez perturbants, mais on finit vite par s'y faire. Le coté réalisme magique n'est évidement pas sans rappeler ''Cent ans de solitude'' de Gabriel Garcia Marquez qui a beaucoup inspiré Salman Rushdie pour ce premier livre. J'ai très clairement préféré ''Cent ans de solitude'', mais ''Les enfants de minuit'' est une œuvre majeure que je ne peux que conseiller.
Commenter  J’apprécie          70
Les versets sataniques

Magistral, j'ai aimé la construction savante de ce roman, la fluidité de la narration qui permet de lire 550 pages sans ennuis, les jeux de mots (je l'ai lu en anglais ) mais surtout cette analyse pertinente des dérèglements psychologiques qu'entraînent les croyances et la célébrité. Toutefois, il ne s'agit pas d'un roman de plage et j'ai trouvé la mémorisation de tous les noms ainsi que leurs surnoms n'aidait pas à la compréhension. Rushdie est un excellent conteur d'histoires et son utilisation de la langue est incroyable.
Commenter  J’apprécie          71
Les versets sataniques

Déçue et perplexe...

Trop jeune à l'époque, je ne connaissais pas vraiment toute la violence et le fanatisme qui s'étaient déchaînés contre l'auteur après la publication de cette oeuvre, ne connaissant que le titre que je trouvais très beau avec sa construction en oxymore, mêlant Dieu et diable. Après avoir vu un passionnant documentaire sur Arte à l'occasion de l'automne littéraire, j'ai voulu enfin découvrir les Versets sataniques.

Et en terminant ce livre, je trouve que la vie de l'auteur est plus passionnante que celle de ses personnages, digne elle-aussi d'un sujet de roman. L'idée de départ est bonne, amener un ange du Bien et un combattant du Mal pour les faire s'affronter dans un Londres contemporain. Mais dans ce cas, pourquoi rajouter les longs passages sur Ayesha la prêtresse aux papillons, et Baal le poète ? Car si Gibreel y intervient (en rêve, dans son délire, ou dans des films), Chamcha ou une de ses incarnations en sont absents, ce qui empêche une véritable lutte. Et on comprend vite que l'idée est de montrer que le Bien et le Mal ne sont qu'une question de perception, Gibreel croit ainsi faire le bien en tuant des innocents.

De même, l'aspect fantastique en décalage avec le monde moderne n'est pas suffisamment creusé - là où j'adhère à tout, même aux papillons, dans Cent Ans de solitude, ou, en tout cas, il est toujours détruit par une explication rationnelle - délire dû à l'attitude, crise de schizophrénie...

J'ai donc trouvé de nombreuses longueurs, d'autant que le message est très appuyé : il faut se méfier de toutes paroles, elles sont détournées par des hommes sans scrupules dans leurs propres intérêts, ce ne sont pas les religions ou les croyances sincères qu'il faut critiquer, mais ceux qui les instrumentalisent. le passage sur les terroristes est d'ailleurs, dans notre monde post-11 septembre, dans la France d'après 2015, difficile à lire.

Finalement, les passages les plus intéressants ne sont pas ceux sur la religion ou sur la lutte entre le Bien et le Mal, mais ce sont ceux qui sont les plus actuels : racisme et discriminations, violences policières, difficulté d'intégration dans une société, transformations de la société indienne ; autres thèmes et passages passionnants, ceux sur les relations père/fils. C'est là où j'ai eu le plus d'émotions, les dernières pages.

J'en attendais donc plus, et reste sur ma faim. Quand on prend le temps de lire, Pas du blasphème ou une critique violente d'une religion, plus des passages grivois voire salaces, avec un humour gras.
Commenter  J’apprécie          70
Les versets sataniques

Tumultueux, burlesque, fougueux, inquiet, foisonnant, trivial et sophistiqué, réfléchi et primaire, savant, profond, indien, arabe, exotique mais familier, tout simplement humain.
Commenter  J’apprécie          70
La maison Golden

Je n'ai pas pu dépasser la page 76. Je n'ai pas du tout accroché. En théorie pourtant ce livre avait tout pour me plaire : la localisation de l'histoire dans une ville que j'aime beaucoup, l'aspect huis-clos en un lieu singulier, des personnages tout aussi singuliers... Mais pour moi la sauce n'a pas pris. Pourtant j'aime bien Rushdie dont j'ai lu une bonne partie des oeuvres.... Rendez-vous manqué pour moi.
Commenter  J’apprécie          72
La maison Golden

Le grand Salman Rushdie est de retour avec un excellent roman : La Maison Golden !



Tout commence à l'investiture de Barack Obama, un événement essentiel dans l'Histoire américaine mais aussi un événement qui signe le début de l'intrigue de ce livre.



Alors que les regards sont tournés vers le nouveau président, un mystérieux millionnaire débarque au cœur de Greenwich Village... Au travers du regard cinématographique du narrateur, Salman Rushdie met en place une histoire dramatique et passionnante !



J'aime énormément cette faculté qu'a Salman Rushdie de mêler drame et satire sociale, peinture fidèle de notre société au travers d'une plume vive et fluide. On sent et on ressent tout le savoir de ce grand écrivain, on prend plaisir à le lire et à voir les personnages se développer, prendre de l'ampleur et suivre une destinée toute tracée et tragique.



De nombreuses thématiques contemporaines sont mises en lumière, de même que le cadre politique de l'Amérique actuelle. Salman Rushdie mêle avec brio le réel et la fiction, l'Histoire et l'intrigue narrative, les différents cadres spatio-temporels. C'est un conteur fantastique qui nous offre encore un très bon moment de littérature !



En définitive, Salman Rushdie est un des écrivains les plus importants de notre temps comme le souligne son nouveau roman !


Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          70
Les enfants de minuit

C'est dans la douleur et la lassitude que j'ai fini ma lecture…



Pourtant, l'idée de base était bonne : lier l'histoire d'un jeune garçon avec celle de la jeune Inde, en mêlant historique et fantastique.



Mais il aurait fallu éviter les phrases trop longues et alambiquées, les digressions qui partent dans tous les sens, éviter les métaphores et allusions obscures…

J'ai lu certains passages avec beaucoup de plaisir, mais la plupart du temps, tout était juste trop lourd...

J'ai donc lu les cent dernières pages en diagonale, quelque chose qui ne m'arrive jamais mais je n'en pouvais juste plus !



Il faut dire que le format de mon édition n’a pas aidé : en plus d’exiger de la concentration, la typographie était petite et serrée, ce qui, accentué par le fait que c’était un grand format, fait que les pages se tournent trèèès lentement et donne vraiment un sentiment de frustration (et pourtant habituellement, ce n’est pas quelque chose auquel je fais attention).



Je suis vraiment déçue, mais ce sont des choses qui arrivent !

Commenter  J’apprécie          70
Deux Ans, Huit Mois et Vingt-Huit Nuits

En l'an 1195, le grand philosophe Ibn Rushd, autrefois juge de Séville puis médecin personnel du calife fut officiellement discrédité et envoyé en exil. C'est dans les bras de la très jeune Dunia, sans savoir qui elle est vraiment, qu'il ira se consoler.

Dunia, princesse jinnia, a quitté son royaume où vivent les djinns, créatures surnaturelles faites de feu et sans fumée pour visiter l'autre monde, la terre des humains. De son union avec Ibn Rushd, une horde d'enfants naîtront, reconnaissable à leurs oreilles sans lobes et nommée "Les Dunnia-zat". Neuf siècles plus tard, quand des djinns maléfiques, tenants du radicalisme religieux de Ghazali, grand adversaire d'Ibn Rushd profitant d'une brèche spacio-temporelle, envahissent le monde afin de l'anéantir. Dunia revient alors dans le monde d'en-bas pour réunir quelques uns de sa descendance, réveiller leurs pouvoirs pour engager une lutte cosmique.



Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits" est une fable des temps modernes écrite par le très controversé Salman Rushdie. Comme ses précédents livres, le lecteur retrouve dans ce nouveau roman le style "rushdien", le réalisme magique mêlant fantastique et vie réelle. C'est un style bien particulier, je vous l'accorde, et il n'est pas forcément donné à tous de venir à bout de ce roman. J'y suis arrivée mais non sans mal, question de genre.

Au jour où j'écris cette critique, et presque un mois après ma lecture , il se révèle que ce roman est très médiatisé à l'occasion de la rentrée littéraire. Est-ce l'effet Salman Rushdie ou réellement pour le roman, à savoir ... Attendons de savoir ce que pense d'autres lecteurs.
Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
Commenter  J’apprécie          70
Furie

Furie est un condensé d'émotions, de folie et de lucidité. C'est aussi un témoignage spectaculaire sur le New York pré-11 septembre et sur l'imminence d'une catastrophe. Les furies rôdent autour de la ville telles des vautours. Les trois femmes qui aiment et qui détruisent le personnage principal, créateur dévoré par ses propres créatures, symbolisent l'Amérique, le Royaume-Uni et l'Inde. Sans doute plus encore que dans les autres romans de Salman Rushdie, ce roman a de fortes résonances personnelles : ce sont ses propres démons qu'il a dû affronter.
Commenter  J’apprécie          70
Les enfants de minuit

J'ose dire que je n'ai pas apprécié ce chef d'œuvre. Quelques passages m'ont amusée, intéressée, d'autres m'ont entraînée à tourner les pages, mais je suis allée au bout et j'en suis fière.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Salman Rushdie Voir plus

Quiz Voir plus

Professions des personnages de roman ( avec indices)

Charles, le mari d'Emma Bovary dans Mme Bovary de Gustave Flaubert Indice : hippocrate

avovat
pharmacien
notaire
médecin

15 questions
364 lecteurs ont répondu
Thèmes : personnages , roman , littératureCréer un quiz sur cet auteur

{* *}