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Il faut que tu le saches, nous sommes des professionnels de cette guerre non conventionnelle qui consiste à mobiliser les populations contre le groupe ennemi, à quadriller l'espace, à surveiller et contrôler les esprits, à informer et désinformer, à arrêter et faire parler les suspects dans le but d'affaiblir, de démanteler, d'isoler et d'éliminer le groupe cible. Nous sommes les grands théoriciens de la guerre contre-révolutionnaire, nous avons appliqué ses principes en Algérie, nous avons constaté leur efficacité, nous l'avons exportée à l'étranger, en Amérique latine où nombre de nos spécialistes de la guerre contre-insurrectionnelle ont fait carrière auprès des plus violents et autoritaires régimes sud-américains, nous avons inspiré les cadres de l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam, et encore récemment dans la conduite de la guerre en Afghanistan.
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La nation russe a deux destins : un destin de nation « ermite », comme disait Claudel, c'est-à-dire de nation autarcique, tentée par la rupture du dialogue culturel avec l'Europe, et tentée aussi par une sorte de figement dans le temps, et par l'abolition de la catégorie du futur, qui est la principale catégorie de notre civilisation ouverte. Au fond le stalinisme a été une variante dévoyée de cet « érémitisme » russe ; l'autre destin est un destin européen, un destin d'actif, intensif échange européen, comme elle en connut sous Pierre I, et au début de ce siècle.
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Et puis ma grand-mère dit toujours : il vaut mieux faire envie que pitié… Elle dit aussi : quand Dieu a créé la France, il a songé que c'était le plus beau pays du monde. Il a eu peur que ça fasse des jaloux, alors il a créé les Français ! — La mienne, elle disait toujours : un dictateur qui meurt, c'est une banque suisse qui ferme !
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Titularisé ! rètorqua-t-il d'un ton amer. Reuven, peux-tu imaginer ce que c'est que d'enseigner dans une faculté où tu sens que l'on te méprise ? Titularisé ! À quoi sert d'être titularisé si l'air que tu respires est empoisonné ?
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Notre jugement était altéré par des biais cognitifs forgés au temps de notre empire colonial

- tous les responsables en poste en 1990 en étaient issus - qui nous conduisaient à interpréter les violences contre les Tutsis comme un trait « naturel » des populations africaines.

« C'est l'Afrique, ça. Toute l'Afrique est comme ça, à cette époque-là. Et c'est encore largement vrai aujourd'hui », m'a ainsi lancé l'amiral Lanxade, un soir où je lui évoquais la récurrence des violences anti-tutsi au Rwanda.

Oui, tu as bien lu ! Il m'a dit « c'est l'Afrique, ça ». Et je peux t'assurer que cette idée est toujours très vivace parmi les cadres de l'armée, les entrepreneurs, les « Blancs » expatriés, les fonctionnaires envoyés sur le continent. Pendant le génocide, le président Mitterrand aurait été plus direct, jugeant que « dans ces pays-la comme le Rwanda, un génocide c'est pas trop important ». C'est le journaliste Patrick de Saint-Exupery qui rapporte ce mot du président français.
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Car enfin l'évolution de cet immense pays a fort peu de chances d'aller selon le modèle, au demeurant très variable, des démocraties occidentales. Selon que se noueront telles ou telles alliances du parti de la paysannerie perdue, c'est-à-dire du parti nationaliste russe avec, soit le nouveau parti antisémite (autour de « Pamiat »), soit les nostalgiques du stalinisme, soit les déçus de la perestroïka, les conséquences risquent d'être très différentes. (…) Personnellement je ne crois pas à une longue alliance du parti nationaliste avec le surgeon antisémite qui tente d'agiter des foules sur les thèmes les plus insidieux et les plus odieux : la recherche d'un bouc émissaire désigné à la vindicte publique. Je crois plutôt que le risque est une alliance de longue durée avec les rescapés du communisme.
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Les photos et les films ne sont rien à côté de la réalité. Pour la première fois, voir de ses propres yeux les blessures causées par une machette, une hache, un fusil d'assaut ou une mine. La guerre, la vraie, dans toute son horreur.
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- Est-ce un rêve ou un cauchemar ?

- Les deux, princesse.
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Vieillir fait perdre la foi. On a trop vu comment tout se défait. Comment la survie ne tient qu'à des hasards. On regarde alentour, on ne voit rien qui rassure. On est en proie au passé quand d'autres, fringants, se lancent vers l'avenir, sans souci des vieilles lunes. Le naufrage est déjà en cours, on jette les bouteilles à la mer.
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Pouvait-on réellement se concentrer sur la littérature quand la faculté se préoccupait avant tout de censurer le mot vin d'une nouvelle de Hemingway et qu'elle décidait de ne pas laisser Bronté au programme parce qu'elle croyait que cette dernière excusait l'adultère ?
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Je ne sais pas non plus s’il est l’heure d’aller dormir, d’aller boire un café avec Iris ou d’aller au travail. Car l’espace de la fête annule le temps. C’est un espace non-temps mais très espace. Très clos. Une clôture de l’écoulement du temps. C’est la nuit mise en boîte.
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(Bogota, Colombie, quartier de Santa Fe - Avril 1999)



Il y a peu, les hommes d’un de ces escadrons de la mort ont fait sortir vingt-deux enfants d’un égout, les ont regroupés en surface et les ont aspergés d’essence avant de les faire brûler vifs.

Grégory ferme les yeux un instant. Il a l’impression de tomber dans un gouffre de plus en plus profond, de plus en plus sombre.

Sans doute ne touchera-t-il jamais le fond de cet abîme.

Car sans doute n’y a-t-il pas de limite à la barbarie humaine.
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Michel était coutumier de ces éclairs de lucidité propres aux grands alcooliques, quand son coma se déchirait en vraies certitudes. C'est sûr, Jean-Luc était un con certifié qui, une fois de plus, venait de lui griller sa sensation. Jean-Luc aurait dû être CRS à Redon ou matelot à bord de la Marie-Connasse. Eh bien même pas, le destin en avait causé à sa vieille copine Fatalitas, et Jean-Luc était simplement Jean-Luc, la trentaine agonisante, plus large que haut, le visage teinté de ce mauve sacerdotal qui n'est pas sans évoquer, à condition d'être complètement bourré, la couleur des bruyères au printemps.
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Le mythe russe, tel que je le définissais, c'était l'idée, forgée au cours du 19e siècle, que la Russie avait une sorte de prédestination pour la poursuite de la justice, une idée lancée par les penseurs slavophiles, et développée par les populistes russes, génialement repris par Tolstoï dans Guerre et Paix où Platon Karataev l'illustre pleinement.
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Au lecteur



Maud et Nancy ont bien existé.Si Nancy Cunard compte de nombreux biographes et reste très connue de la postérité pour la justesse de ses combats, la vie de son grand adversaire, sa mère, n'a pas été racontée dans tous ses méandres, ses paradoxes et sa splendeur.Le portrait que Nancy a laissé de Maud, celui d'une mondaine frivole, antipathique et sans intérêt, continue de lui coller à la peau.

(...)

La longue suite de leurs déceptions sentimentales aboutit à la contestation réciproque de leurs existences: refus de se reconnaître l'une dans l'autre, qui devait conduire à leur destruction. Comme le cavalier blanc et le cavalier noir des légendes, la mère et la fille s'affrontèrent dans un duel à mort, sans comprendre que chacune ne s'attaquait qu'à elle-même.
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La connaissance est un fruit défendu qu’on ne peut recraché une fois avalé.
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Ce livre souffre d'une faiblesse très habituelle de nos jours. Un démarrage plein d'espoirs suivi d'un dègonflement progressif. Je ne l'ai pas terminé. Parvenu au chapitre trois je laisse tomber. Des dialogues brefs et sans fin qui donnent l'impression de mener quelque part alors qu'ils ne mènent qu'à de continuelles scènes quotidiennes dans la vie d un enfant
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Bonne, admirable Molly, je veux si elle peut encore me lire, d'un endroit que je ne connais pas, qu'elle sache bien que je n'ai pas changé pour elle, que je l'aime encore et toujours à ma manière, qu'elle peut venir ici quand elle voudra partager mon pain et ma furtive destinée. Si elle n'est plus belle, eh bien tant pis ! Nous nous arrangerons ! J'ai gardé tant de beauté d'elle en moi, si vivace, si chaude que j'en ai bien pour tous les deux, et pour au moins 20 ans encore, le temps d'en finir.

Pour la quitter il m'a fallu certes bien de la folie et d'une sale et froide espèce. Tout de même, j'ai défendu mon âme jusqu'à présent et si la mort, demain, venait à me prendre, je ne serais, j'en suis certain, jamais tout aussi froid, vilain, aussi lourd que les autres, tant de gentillesse et de rêve Molly m'a fait cadeau dans le cours de ces quelques mois d'Amérique.
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Tous les bibliothécaires ne sont pas d’infâmes fanatiques. Certains sont des morts vivants revanchards qui veulent dévorer votre âme.

Bien. Je suis content qu’on ait clarifié la chose.
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Tel est le paradoxe humain de l'altitude : elle exalte l'esprit de l'individu, et en même temps elle l'efface. Ceux qui gravissent les sommets sont amoureux, à parts égales, d'eux-mêmes et du néant.
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