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Citations à l'affiche
Serena Caudill entendit des pas dehors, puis le grincement de la porte de la maison, et elle comprit que John était rentré. Elle continua à attiser le feu dans la cheminée, dans laquelle dorait une poule.

-Où est Boone ?

-Dans les parages, je suppose.

Levant la tête, elle le vit fermer la porte à cause de la pluie, sans se retourner, ses yeux embrassant la cuisine sombre. Il boita jusqu’au mur en produisant un bruit sourd irrégulier sur les lattes épaisses du plancher, commença à accrocher son manteau à la patère, puis se ravisa et le reposa sur ses épaules. Dans la chaleur de la pièce, il émanait de lui des odeurs de vache, de sueur, d’alcool et de laine mouillée.

-On peut savoir quand il pleut rien qu’en écoutant le bruit de tes pas, dit-elle en le suivant du regard.

-Tu dis tout le temps ça.

Il se planta devant la fenêtre, comme s’il pouvait voir à travers le papier huilé qui servait de carreau, et ajouta :

-Tu changerais de refrain si tu avais reçu une balle dans la jambe.

-Je dis pas que c’est rien, répliqua-t-elle, et elle examina la cuisson de la poule avec une fourchette.

Elle le revoyait encore le jour où il était rentré de Tippecanoe avec une balle dans la cuisse et la peau ensanglantée d’un Indien dans son havresac. Il avait gardé le scalp et tanné la peau pour s’en faire un cuir à rasoir. C’était il y a longtemps déjà, trop longtemps pour continuer à souffrir d’une blessure.



(Incipit)
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La nature est aimée par ce qu'il y a de meilleur en nous.



Ralph Waldo Emerson (1803-1882)
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Parce qu’un service, ça se prête de bon vouloir : aujourd’hui je travaille ton champ, toi demain le mien. L’entraide, c’est l’amitié des malheureux, n’est-ce pas.
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- Merde, qu'est-ce que t'as ce matin ?

Qu'est-ce qu'il avait ? Gaston Groult se sentit pris de vertige. C'était donc ça, son monde ? Cette boue, cet égout à ciel ouvert ! Ces hardes imprégnées d'huile et de cambouis, cette crasse, ces haleines fétides, ce noir... C'était ce Rital vicelard à la peau vérolée, cette femme immonde aux mamelles violacées, ce gros porc de Massard... et tous les autres, toutes ces épaves qui allaient s'enivrer, se battre, rouler sur les pavés du quai. Il les entendait rire et crier, entendait leurs insanités. C'était un festival de gargouilles grimaçantes, de bouches édentées, de masques noircis par le charbon. Le charbon, si on le laissait faire, il rampait sur vous, s'incrustait partout, grignotait votre corps. Le charbon vous étouffait, vous pénétrait, jusque dans la gorge, jusque dans la bouche. Quand il mangeait, Gaston sentait la poussière qui se mêlait aux aliments, craquait sous la dent. Chaque soir, il se déshabillait dans la cuisine, se lavait comme un forcené. Mais cela ne suffisait jamais. Cette saloperie collait à la peau, qui sait même si elle ne se glissait pas sous l'épiderme, si elle ne le rongeait pas, ne lui pompait pas le sang ?
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Le sommet de la montagne, séparé par un nuage

Ou par du vide, repose sur la volonté de l'artiste

Et sur son pouvoir de créer l'illusion.



Le cône plane heureux dans le haut de la soie.



Dans cet espace, nous qui regardons, qu'allons-nous mettre ?

Le néant de nos esprits géométriques,

Ou le rêve riche et confus de nos imaginations.



Avril 1946
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- Avec toi, déclara Isis, ma pensée s’épanouit, elle est heureuse, délirante… Elle ne connaît pas de frontières. Avec tous les autres, je me refroidis, je m’endors, j’ai la migraine, ou je suis comme un lion en cage.

Maximilien ouvrit grand les yeux en entendant cela : elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle disait ?! Mais il savait que les propos d’Isis ne valaient qu’à l’instant même. C’était une sorte d’impressionnisme des sentiments. Un mur blanc paraît bleu dans une certaine lumière, et à une certaine heure du soir : tout est question de mobilité et de subjectivité…
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Je m'intéresse peu aux gens. J'ai toujours été ainsi, et je ne changerai pas. J'ai mes raisons. Je n'ai jamais rencontré d'homme ne serait-ce qu'à moitié aussi sincère qu'un chien. Traitez dignement un chien, et il se montrera digne de vous, vous tiendra compagnie, sera un ami dévoué, et ne vous posera jamais de questions. Les chats sont différents, mais je ne leur en tiens pas rigueur.
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Il est rare que nous fassions état de ce qui nous est le plus sensible: rare aussi que nous ayons auprès de nous un être auquel nous puissions nous montrer jusque dans cet extrême retrait de nous-même.
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Mon seul pays est ma mémoire et il n'a pas d'hymnes.
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Les malheureux travaillent au soleil et les riches jouissent dans l’ombrage; les uns plantent, les autres récoltent; En vérité, nous autres le peuple, nous sommes comme la chaudière; c’est la chaudière qui cuit tout le manger, c’est elle qui connaît la douleur d’être sur le feu, mais quand le manger est prêt, on dit à la chaudière : tu ne peux venir à table, tu salirais la nappe.
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S'il y a quelque chose de pire que de travailler le dimanche, c'est travailler le dimanche quand il fait un temps superbe.
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Cri n°94

Un résistant de l'an deux mille :

Mon père n'avait pas de téléphone. Ni mon grand-père. Ni mon arrière-grand-père. Ni aucun de mes ancêtres. Je n'aurai pas de téléphone.



Mais monsieur, puisqu'on vous l'offre !... C'est gratuit !



Je n'en veux pas.
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VALDIMAR TÓMASSON



Pourquoi le parfum de tes mots

s'est-il affaibli.



Et ta présence

devenue une branche nue.



Et mon espoir nuit d'hiver.



La nuit était telle sans couleur

ou rouge feu ?



Une étoile veille

sur le ciel d' hiver.



Les fleurs de givre scintillent

blanc ressac et pures.



L' été s'enfuit dans la mer

et l'automne approche des terres.



Les yeux vifs

de l' étendue de glace rayonnent.



Le soleil miroite dans les déserts

de l'espérance.



Je reste

dans la nuit étoilée.



Mais au-dessus s'étend

l' édredon bleu.



Et la terre est couverte de silence.







Vetrarland, JPV, Reykjavik, 2018
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Il est à cet égard très révélateur de souligner le trouble de Kandinsky lui-même lorsqu’il fut confronté à la Meule de foin à Giverny. Face à cette peinture de Monet, exposée à Moscou en 1895, il avoue « … [que] ce fut le catalogue qui m’apprit qu’il s’agissait d’une meule. Et ne pas la reconnaître me fut pénible. Je trouvait également que le peintre n’avait pas le droit de peindre d’une façon aussi imprécise. Je sentais confusément que l’objet faisait défaut au tableau… »

Mais si, pour Kandinsky, l’épreuve fut rude, elle servit aussi de détonateur, en accentuant son penchant pour l’abstraction. […]

L’anecdote vaut essentiellement par le paradoxe qu’elle expose : Kandinsky — qui n’a pas encore opté définitivement pour une carrière artistique — est gêné par l’absence de structure ou de construction d’un objet pictural qui existe seulement par l’ordonnance de la couleur. Son ignorance des codes de l’esthétique impressionniste l’empêche de « voir » un objet qui n’a plus, ou peu de rapport avec son apparence réelle. Si cela le confirme dans sa volonté d’abandonner toute référence concrète — fût-elle implicite — une telle décision marque aussi les limites de l’abstraction, en l’occurrence celles de son intelligibilité. L’option qui consiste alors à bannir le figuratif peut paraître excessive.
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Or il y avait cette essence que chacun oublie quand un amour s'éloigne dans le passé - comment c'était, quel effet cela faisait et quel goût cela avait d'être ensemble seconde après seconde, heure après heure, jour après jour, avant que tout ce qui allait de soi n'ait été rejeté, puis recouvert par la réécriture du dénouement, et ensuite par les défaillances mortifiantes de la mémoire.
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Paul Auster
Rendre le monde meilleur. Apporter un peu de beauté dans les coins ternes et monotones des âmes. (...) Peu importe la forme que ça prend. Laisser le monde un peu meilleur qu'on ne l'a trouvé. C'est ce qu'un homme peut faire de mieux.

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Même si nous avons chacun nos rêves, le voyage est plus savoureux quand il est partagé.
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[Kandinsky] devient réellement peintre à quarante ans accomplis. Sa personnalité discrète s’accommode mal des mondanités et de la publicité. Ses confessions ou ses allusions à sa vie privée, lorsqu’il y consent, sont toujours d’un laconisme imperturbable. Kandinsky n’est pas un personnage public, son allure même — cette élégance vestimentaire et son côté « dandy tranquille » — a pour effet d’en irriter plus d’un. On le trouve froid, distant, voire hautain.

Son histoire personnelle est, somme toute, peu spectaculaire. Le biographe manque de branches où se raccrocher face à une vie exempte de manifestations tumultueuses, de crises, de scandales. Toutes choses qui alimentent la chronique et remplissent si bien les portraits /poncifs de l’artiste non conformiste, révolté et iconoclaste, dans la vision convenue et complaisante du rapin et du bohème. Pour les partisans du sens commun comme pour ceux de l’exceptionnel, Kandinsky fait presque figure d’instrus : anachronique et contradictoire, son image ne « colle » pas.
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Le vent est froid, le soleil tiède. Le chant hypnotique du bruant est reparti jusqu'à l'automne. Les juncos charbonneux volettent de branche en branche, avançant vers l'Arctique par sauts de 15 centimètres. Les mouettes se disputent les carcasses de poissons dégorgées par la glace. Jour et nuit, les oies passent en altitude. À 24 ans, Matthew Callwood s'étonne que les saisons se succèdent si vite, que le balancier migratoire marche aussi frénétiquement. Il n'y a donc rien, sur cette planète, qui se repose vraiment ? La vie lui file entre les doigts et il n'a encore rien fait.
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Je dois prendre d'en moins d'une heure un train pour le Tennessee. C'est là que je vais conclure l'achat de 33 000 hectares de terrain qui serviront à établir les usines et des laboratoires nécessaires à la production d'uranium 235 ! Ce site, baptisé X, réunit tous les critères. Le Tennessee le fournira en électricité et en eau, il n'est pas trop loin de Washington et de Chicago, et il est éloigné des côtes en cas d'attaque ennemie... Et enfin, ses conditions d'acquisition sont raisonnables : seulement 4 millions de dollars et 400 familles à reloger !
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