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Proies faciles tome 1 sur 2
EAN : 9782369810261
96 pages
Rue de Sèvres (11/01/2017)
3.75/5   51 notes
Résumé :
À Madrid, le corps d'un homme de 37 ans, Juan Rivas, est retrouvé dans son appartement. Il n'y a, sur place, ni trace de lutte ni lettre de suicide. D'autres cadavres sont retrouvés sans qu'il existe un lien apparent entre eux. L'inspectrice Tabares et son adjoint Sotillo prennent l'enquête en charge lorsque la presse commence à s'en mêler.
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Févier 2013. Un couple de personnes âgées se donne la mort. Sur la table de chevet, un mandat d'exécution d'ordre d'expulsion et une lettre pour le juge.
Mars 2014. L'inspectrice Olga Tabares et son adjoint, l'inspecteur Sotillo, se rendent dans un appartement où gît le corps d'un homme. Pas de trace de lutte ni de lettre de suicide. Âgé de 37 ans, Juan Taboada Rivas, était commercial dans une banque. Après autopsie du corps, la scientifique pense à une mort non naturelle. Peut-être un empoisonnement ? Sur la route qui les ramène chez eux, la radio annonce le décès de José Manuel de la Villa, directeur général de Bancamar, renversé par un chauffard deux jours avant. le lendemain, un nouveau décès est à déplorer. Cette fois-ci, il s'agit d'une femme, directrice de l'agence Bancanova. La jeune femme se serait écroulée en voulant aller aux toilettes d'un bar où elle se rend régulièrement. Alors que l'équipe débriefe sur ces morts pour le moins étranges, Sotillo apprend le décès d'un autre homme, l'ex-président de Caixatlántica, une autre banque. Quatre morts en quelques heures. Tous issus du milieu bancaire. S'agirait-il d'un tueur en série ? Un groupe terroriste ?


Miguelanxo Prado nous offre un policier, certes, mais pas que... L'on suit l'enquête des deux inspecteurs, Tabares et Sotillo, qui se trouvent face à une série de morts suspectes. Des victimes visiblement choisies pour leur profession puisqu'elles travaillent toutes dans la banque et la finance. Pour peu qu'on ait lu les deux pages de préface dans laquelle l'auteur parle de réforme fiscale, d'actions préférentielles, de dette subordonnée ou structurée et dans laquelle il mentionne qu'il s'est inspiré de faits réels plus ou moins identifiables, l'on se doute des motivations du (des) tueur(s). L'essentiel est de savoir qui perpétue ces meurtres. L'auteur dénonce, à travers cet album, le monde de la finance. Un monde impitoyable, parfois immoral, qui n'a qu'un objectif, le profit, au détriment des petits épargnants devenus parfois des proies faciles. Après avoir refermé cet album atypique et bien mené, l'on peut se poser la question : qui sont les vrais coupables ? Le graphisme est élégant et soigné, l'auteur utilisant différents matériaux. Le dessin en noir et blanc fait la part belle à tous ces visages expressifs.
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante. Il est initialement paru en 2017, écrit, dessiné et mis en couleurs par Miguelanxo Prado. Cet artiste est également l'auteur de Trait de craie (1992), Après l'amour (1996), Chroniques absurdes, et d'autres.

En février 2013, un couple de personnes âgées se donne la mort en avalant une dose létale de médicaments. Ils venaient de recevoir un mandant d'exécution d'ordre d'expulsion. le lundi 10 mars 2014, l'inspectrice Olga Tabares et son adjoint Carlos Sotillo se rendent sur le lieu d'un crime : un appartement de célibataire, appartenant à la victime Juan Taboda Rivas 37 ans, commercial à la banque Ovejero, empoisonné à l'arsenic. Alors que Sotillo raccompagne Tabares en voiture, la radio évoque la mort accidentelle de José Manuel de la Villa, directeur général de Bancamar, écrasé par une voiture. le lendemain, c'est une femme, directrice de l'agence de la banque Bancanova, qui est retrouvée morte dans un café. Puis c'est Juan Luis Sanchez président de la banque Caixatlantica, qui est retrouvé mort sur une plage.

L'adjoint Sotillo est persuadé qu'il s'agit de l'oeuvre d'un tueur en série. L'inspectrice est plus circonspecte. Ils se rendent sur la plage où le dernier cadavre a été retrouvé, alors qu'il faisait son footing. Alors qu'ils examinent les lieux du décès et qu'ils interrogent le voisin qui l'a retrouvé, un nouveau décès soudain est annoncé : une contrôleuse financière de la banque Banco Consignatario, morte dans son bureau. le mercredi Tabares et Sotillo font le point avec le commissaire et les représentants de la police scientifique. Il n'y a pas beaucoup de possibilités : un tueur en série, ou un groupe terroriste, peut-être des mafieux éliminant leur réseau de blanchiment d'argent.

Si le lecteur a choisi de se plonger dans cet ouvrage, il y a de grandes chances pour qu'il connaisse déjà le mobile de ces meurtres. S'il lui prend l'idée de lire l'introduction de 2 pages écrite par Miguelanxo Prado, son idée aura été transformée en certitude. Dans tous les cas, le récit positionne le lecteur aux côtés de l'inspectrice et de son adjoint, et il les accompagne pendant leur vie professionnelle. Il n'y a aucun élément ayant trait à leur vie privée. Mises à part les 2 pages d'introduction relatives à la mort du couple de vieux, le reste du récit se déroule de manière chronologique avec ce seul point de vue. le lecteur prend donc connaissance des développements de l'affaire, en même temps que les 2 protagonistes. Il ne lui manque que le contexte politique et social de l'époque. Là encore, il peut tout ignorer de ce qui a fait les gros titres de la presse à cette époque, ou au contraire très bien se souvenir de l'affaire qui a indigné l'opinion publique. Quoi qu'il en soit, il se rend compte que l'auteur joue honnêtement le jeu de raconter une enquête. Les crimes ont été inventés pour le récit, mais le mode opératoire de la police est le plus réaliste possible.

Miguelanxo Prado inscrit donc son récit dans le genre du polar. L'histoire personnelle des 2 enquêteurs n'est pas développée. Seules une partie des convictions politiques de l'inspectrice Olga Tabares sont évoquées, plutôt de gauche, sans être militante ou extrémiste, sans que cela n'interfère avec son travail. En se calquant sur un schéma réaliste, l'auteur ne peut pas s'appuyer sur le sensationnalisme, ou sur des effets de manche. Les enquêteurs sont informés d'une mort suspecte puis d'une autre. Il se rendent sur place, observent les lieux et savent qu'ils devront attendre un peu de temps pour disposer des rapports scientifiques. Ils interrogent quelques personnes d'intérêt, en se rendant à leur domicile, ou plus rarement en les convoquant au commissariat. Ils savent pertinemment qu'ils n'obtiennent que des réponses partielles et pas toujours très précises. L'auteur a bel et bien abandonné les artifices propres au récit policier. Les meurtres ne sont pas spectaculaires. Les discussions sont banales et basiques. Les indices sont banals, à l'opposé d'une intuition géniale ou d'une révélation subite. En plus ils ne s'assemblent pas bien entre eux, laissant planer des doutes, et supposant des actions improbables.

Cette narration dédramatisée et naturaliste déconcerte le lecteur car visiblement l'intérêt du récit ne se situe pas dans la personnalité des protagonistes, pas dans un suspense qui irait crescendo, ni même dans les réflexions pénétrantes sur la société. Les dessins sont tout autant modestes en apparence. Les personnages ont des morphologies normales, sans tenues vestimentaires extraordinaires, sans musculature surdéveloppée, sans visage de demi-dieu, avec des expressions de visage mesurées. Miguelanxo Prado réalise des dessins avec des traits de contour assez fin et précis, d'une épaisseur égale. Il habille chaque surface avec des nuances de gris, donnant l'impression d'être tramée. le relief de chaque surface peut être rehaussé par des variations dans les nuances de gris. L'artiste s'attache à représenter les décors dans chaque page, mais pas forcément dans chaque case pendant les dialogues. Lorsque la séquence le nécessite, il représente les décors dans le détail : les façades lors des déplacements dans les rues, l'ameublement de la chambre du vieux couple, les modèles de voiture, les arbres en bordure de plage, l'aménagement d'un bar, le décor d'un club pour personnes du troisième âge, le bureau de l'inspectrice. Sinon, il peut se contenter de planter le mobilier fonctionnel du commissariat, juste une table et quelques chaises, sans plus s'attarder sur les accessoires. Il s'agit donc d'une approche visuelle naturaliste qui ne cherche pas à épater le lecteur, qui reste à un niveau fonctionnel, sans esbroufe.

Malgré tout le lecteur habitué des BD policières se rend bien compte que cette simplicité et cette évidence ne sont qu'apparentes. Dans une enquête policière sans scène d'action, le récit progresse essentiellement par des scènes de dialogue. Or ce type de scène est assez pauvre sur le plan visuel. Il faut un vrai talent de metteur en scène pour que des dialogues deviennent visuellement intéressant, à commencer par des variations régulières d'angle de prise de vue, pour montre l'environnement, une bonne maîtrise du langage corporel, une construction intelligente du récit pour que les dialogues ne soient pas trop longs, tout en en disant assez. Effectivement, Miguelanxo Prado maîtrise ces différentes composantes de la narration visuelle, et le lecteur ne ressent pas une impression d'enfilade de cases uniquement occupées à des têtes en train de parler. le déroulement de l'enquête n'a rien de sensationnel, mais il n'est pas ennuyeux pour autant. le lecteur voit les personnages bouger, et les scènes ne s'éternisent pas.

En fin d'ouvrage, Miguelanxo Prado remercie le commissaire principal Luis Garcia Maña pour l'avoir aidé à rester dans un registre naturaliste, avec un déroulement d'enquête conforme aux pratiques réelles. du coup, l'intérêt de cette bande dessinée n'est pas à rechercher dans le divertissement qu'elle peut apporter, ni dans des séquences d'action (il n'y en a pas), ni dans un portrait psychologique, et pas même dans le mécanisme de l'enquête, ou dans l'originalité de l'intrigue. En fait, ce récit raconte comment l'inspectrice et son adjoint parviennent à identifier l'instigateur de ces meurtres, et expliquer des comportements ou des circonstances qui ne semblent pas faire sens. Il y a également le motif de ces crimes. Celui-ci est indiqué dans l'introduction par l'auteur, signalant par là qu'il ne s'agit pas de l'intérêt premier de cette lecture, et il est évoqué lors qu'une discussion en page 23 du récit, c'est-à-dire à la fin de son premier tiers.

Finalement, ce récit fait acte de témoignage et d'indignation. Miguelanxo Prado ne rentre pas dans le détail des malversations qui ont conduit des personnes à vouloir se venger. Mais il évoque cette affaire en Espagne dans les années 2012/2013 et les victimes. Au travers de cette affaire, il rappelle que le monde de la finance n'obéit qu'au profit, sans morale aucune. Cette bande dessinée permet de laisser une trace de cette affaire, de ne pas oublier, et même de questionner la possibilité d'une justice populaire s'exerçant à l'encontre des individus qui ne font que leur travail dans un système capitaliste, sans penser une seule minute aux conséquences pour les individus bien réels qui sont pris dans ces manigances financières. le ton du récit n'est pas tant celui de la vengeance, que celui de la colère froide contre un système échappant au contrôle, et contre des individus qui participent à ce système pour peu qu'ils en tirent profit. La forme de récit choisie par Miguelanxo Prado est un peu déroutante car elle ne permet de ressentir l'émotion des victimes, elle n'explique pas la nature de l'affaire et les mécanismes de l'abus de ces proies faciles. L'enquête ne repose pas sur le suspense, et les policiers effectuent un travail sans beaucoup d'éclat. Par contre, le devoir de mémoire est accompli avec respect et élégance.
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A l'heure où l'on évoque la réforme des retraites, les politiques, économistes et autres spécialistes en tout genre se penchent sur les aspects techniques de ces enjeux en se focalisant sur les taux de conversion, l'augmentation de la durée d'activité, la primauté des prestations ou la primauté des cotisations. Tous les prétextes sont bons pour justifier la baisse des rentes en évoquant un marasme économique et des intérêts négatifs. On oublie bien trop souvent la part de l'humain derrière toutes ces réformes qui se font, bien trop souvent, au détriment des seniors qui deviennent de plus en plus vulnérables. Des aînés qui souffrent en silence et dont la misère quotidienne ne suscite qu'une parfaite indifférence comme l'évoque Miguelanxo Prado avec Proies Faciles, une bande dessinée mettant en scène un polar social dénonçant le cynisme ambiant qui prévaut autour de cette population de plus en plus précarisée.

En Espagne, dans une ville de la Galice où elle est affectée, l'inspectrice Tabares et son adjoint Sottilo enquêtent sur la mort suspecte d'un directeur commercial de la banque Ovejro. L'autopsie révèle rapidement une mort par empoisonnement et relève donc de leurs compétences. Mais l'affaire prend une tournure inquiétante, lorsque qu'un vague de crimes similaires secoue toute la communauté qui redoute ce mystérieux tueur en série qui semble se focaliser sur les cadres des établissements bancaires de la région. La crise financière qui ravage le pays n'a pas fini de faire des victimes qui ne sont pas celles que l'on croit.

Proies Faciles est avant tout un réquisitoire très engagé visant à dénoncer toutes les dérives d'une économie complètement débridée qui a mis à genoux toute une population, parfois dépouillée des épargnes de toute une vie. Au fil d'une enquête aussi surprenante que trépidante, on découvre un système cynique qui broie les plus faibles tout en les rendant responsables de leur situation. Richement documenté tant sur le plan des procédures policières que sur les mécanismes économiques qui ont mis à mal la nation, Miguelanxo Prado met en place une machination savamment orchestrée où les faiblesses des anciens deviennent des atouts maîtres pour engager tout un processus de représailles machiavéliques révélant ainsi un profond sentiment de désarroi.

Un graphisme soigné, en noir et blanc, réalisé au pinceau et à la peinture acrylique, permet de diffuser toute une palette de tons grisâtres afin de mettre en exergue les contours sombres de cette fable sociale résolument ancrée dans un réalisme sans fard. En guise de préambule, quelques cases distillant une atmosphère lourde pour afficher la tragédie silencieuse qui initiera tout le récit et cette froide logique de vengeance où les victimes deviennent bourreaux. Malgré la pesanteur de la thématique, Miguelanxo Prado parvient à installer une dynamique assez désopilante entre les deux policiers tout en instaurant une certaine gravité que l'on décèle notamment lors des briefings avec l'équipe en charge de l'enquête, des échanges avec la hiérarchie policière et des réunions avec le juge, garant de la procédure judiciaire. C'est par l'entremise de ces échanges que l'auteur décortique tous les processus d'emprunts et de placements hasardeux que les milieux financier ont mis en place durant les années fastes. Mais c'est également en dressant les portraits poignants de ces retraités floués qui témoignent de leur détresse, que l'auteur rend compte de toute l'abjection d'un système financier inique qui spolie les plus faibles et le plus naïfs. Si la trame narrative reste assez classique, le lecteur sera constamment déstabilisé par les rebondissement d'une enquête qui se révèle moins convenue qu'il n'y paraît.

Engagé dans le cadre d'une enquête surprenante, contestataire dans les thématiques qu'il aborde, Miguelanxo Prado s'emploie à dénoncer, avec Proies Faciles, les dérives d'un univers économique sans foi ni loi qui lamine le coeur des hommes tout en broyant leur conscience. Dès lors, dans ce monde sans pitié, les proies dociles se rebellent pour devenir de féroces prédateurs. Tristement et tragiquement édifiant.

Miguelanxo Prado : Proies Faciles (Presas Fáciles). Traduit de l'espagnol par Sophie Hofnung. Editions Rue de Sèvres 2016.

A lire en écoutant : Suite Espagnole, Op. 47: N° 5: Asturias interprété par Andrés Segovia. Album : The Art of Segovia. 2002 Deutsche Grammophon GmbH, Berlin.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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L'inspectrice Tabares et son adjoint Sotillo se rendent sur les lieux d'un décès suspect : il s'agit d'un homme jeune qui vivait seul et s'était commandé une pizza, comme tous les samedis. Après ce repas, il ne s'est plus manifesté. de quoi a-t-il pu mourir ?
Lorsque les morts commencent à se succéder (on en retrouve un chaque jour), la situation devient intenable. Rien ne relie ces personnes, à première vue. Et elles menaient des vies tranquilles. Pourquoi s'en prendre à elles ?
J'aime énormément le travail de Miguelanxo Prado dont j'ai déjà lu plusieurs livres. Ce qui interpelle d'abord ici, c'est la couverture, dans des tons bleu nuit. A l'avant-plan, un homme âgé lance un regard bizarre vers une jeune femme qui a l'air méfiante. le titre, « Proies faciles » laisse imaginer une affaire de harcèlement, viol, agression, que sais-je.
Eh bien, pas du tout.
On a à peine ouvert l'album qu'on est mis face à une scène triste et révoltante : des papiers d'expulsion, des plaquettes de médicaments, une lettre adressée au juge et, sur une grande vignette, un vieux couple, étendu sur un lit. Ils se tiennent la main. Ils se sont suicidés ensemble. Ils n'ont pas supporté d'être chassés de chez eux à leur âge.
Ensuite, l'histoire prend une autre tournure : chaque épisode commence par une date (2014) et une heure. On est entré dans l'enquête.
L'inspectrice Tabares et son binôme semblent bien se connaître et entretiennent une relation bizarre. C'est elle la cheffe, tantôt, ils se vouvoient, tantôt ils s'appellent par leur prénom. Ils se lancent des piques : (elle) « Ne refais pas le coup de me court-circuiter devant les chefs ou tu vas le payer cher, idiot. » (lui) « Je suis votre esclave. Faites-moi signe quand vous êtes prête. » ou « A vos ordres, noble maîtresse. » Elle travaille de manière rigoureuse, lui se fie à des intuitions.
Nous allons aller bien plus loin qu'une simple enquête policière. Nous aurons affaire à un drame social. Tantôt on croise des retraités qui ont du mal à joindre les deux bouts, tantôt des financiers qui roulent sur l'or grâce à leur parachute doré. Il y a des fraudes et, bien sûr, ce sont les plus vulnérables qui en sont les victimes. L'injustice sociale est abordée dans ce qu'elle a de plus sordide. La situation est vraiment révoltante, elle bouleverse et on grince des dents en pensant qu'une fois de plus, la loi du plus fort va l'emporter.
Les dessins sont superbes. Ils ont dû prendre un temps fou. En noir et blanc, au crayon rehaussé de pastel blanc, ils sont extrêmement précis, jusque dans les moindres détails et cela concerne aussi bien les personnages que les intérieurs ou l'architecture de la ville.
L'auteur a commencé par deux feuillets qui semblent arrachés d'un carnet, et dans lesquels il apporte des précisions permettant de bien appréhender la situation exposée dans l'ouvrage. Il termine par quelques crayonnés et portraits achevés qui donnent une idée de son travail d'artiste.
Cet album est un bijou. Je l'ai adoré.
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Un bon polar ! "Polar social" d'après la description. En effet, polar engagé. Après la crise de l'immobilier en Espagne, qui avait entraîné des milliers de citoyens directement aux dossiers de surendettement, pour avoir succombés au rêve de devenir propriétaires.. Les banques ne s'en laissent pas compter, et proposent de les protéger en transformant les petites économies de ceux qui avaient réussi à échapper au désastre, le plus souvent des personnes âgées, en actions préférentielles. C'est évidemment un piège.
Cette bande dessinée dénonce la supercherie et le cynisme du monde de la finance et de certains de ses agents. Un cynisme auquel quelques victimes vont opposer une défense pour le moins radicale. La justice et l'éthique sont magistralement débattues dans des tons de gris qui collent parfaitement au scandale qui nous est présenté.
On en ressort secoué. À lire et méditer à l'heure où le pouvoir de la finance semble s'implanter durablement dans nos sociétés, au mépris de toute humanité.
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critiques presse (7)
LaLibreBelgique
19 février 2024
Second tome d’un polar ancré dans notre quotidien signé Miguelanxo Prado.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bedeo
14 février 2024
Un polar aux couleurs froides mené de main de maître qui nous plonge dans une sombre affaire de pédocriminalité.
Lire la critique sur le site : Bedeo
ActuaBD
29 mars 2017
Un polar social espagnol de très grande qualité : du Prado de haut niveau !
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
21 février 2017
Ce polar social est pensé comme un réquisitoire contre les pratiques douteuses des financiers, qui gagnent de l’argent sur le dos d’un bas peuple déjà très touché par le chômage et les dettes.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
25 janvier 2017
"Proies Faciles" n'a pas l'audace d'Ardalen, ni même son ambition graphique, néanmoins il reste un très bel album qui interpelle très intelligemment et c'est déjà pas mal !
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
18 janvier 2017
Un brillant polar social mené tambour battant par le Galicien Miguelanxo Prado, complètement habité par un sujet qui le touche et le préoccupe réellement, cela ne se refuse pas !
Lire la critique sur le site : BDZoom
BDGest
13 janvier 2017
Maîtrisé du début à la fin, Proies Faciles réunit tous les éléments d’un excellent thriller. L’auteur de Traie de craie démontre une fois de plus toute l’étendue de son talent.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Actions préférentielles, titres préférentiels, dette subordonnée, dette structurée, clauses plancher... Autant de termes pour se servir une grosse tranche des biens de tous ceux qui ont des revenus, aussi minimes soient-ils, et se gaver dans l'appétissante bourse des petits épargnants qui ne se sont jamais assis à la table des jeux de l'économie spéculative.
Et la prétendue morale de ce conte pervers, raconté par ceux qui battaient les cartes et les distribuaient, était que les responsables de cette regrettable situation n'étaient autres que les perdants eux-mêmes. C'est aussi simple que ça. Dans cette époque troublée pour plein de raisons, nous savons que la la stratégie, dans la dialectique du prédateur, repose sur un principe : convaincre la victime qu'elle est l'unique responsable de ce qui lui arrive. C'est l'aboutissement suprême, le coup de maître qui garantit l'impunité et la pérennité de la soumission.

Pages 4-5
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- Il considère que nous sommes inutiles, coupables de la faillite du système des retraites et de la couverture sociale parce que nous ne mourons pas assez tôt ! Que nous méritons qu'ils nous volent nos économies pour le bénéfice, non de la collectivité, mais de quelques entreprises privées parasites et de leurs actionnaires ! Cela entraîne la rupture du contrat social, et la mort de personnes désespérées, dépouillées de tout ce qu'elles avaient gagné honnêtement après une vie d'efforts.

Page 88
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Nous, les vieux, inspectrice, on a tout le présent mais il nous manque le futur. Ou, ce qui revient au même, on a tout notre temps mais il nous manque la vie.
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- Vous voyez, chef, le fric, ça n'empêche pas de finir sous une voiture.
- C'est sûr, Sotillo, mais ne pas avoir de fric multiplie les chances de clamser, écrasé par une voiture ou de n'importe quelle autre manière.

Page 12
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La plupart des retraités de ce pays, inspecteur, si nous avions un petit quelque chose en plus de la pension, c'étaient quelques milliers d'euros à terme fixe, qui permettaient de s'offrir de temps en temps des petits extras. Et, dans le meilleur des cas, l'acquisition d'un appartement après beaucoup de sacrifices pour payer en temps voulu une hypothèque durant la moitié d'une vie. Cet appartement, à plus d'une occasion par la suite, a servi de caution pour l'hypothèque d'un de nos enfants. Et quand les jeunes se sont retrouvés au chômage et qu'ils n'ont plus pu payer les mensualités, les banques ont saisi leur appartement et sont venues saisir le nôtre. Ils sont insatiables !
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Videos de Miguelanxo Prado (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Miguelanxo Prado
A veces un libro puede marcar la diferencia para un autor, impulsándole de repente a una posición que nunca había conocido. Barney et la note bleue, para Loustal. Zaï Zaï Zaï, para Fabcaro. Lo mismo ocurrió con Miguelanxo Prado con Trazo de tiza (1993), Paco Roca con Arrugas (2007) y Kim con El arte de volar (2009).
Antes de hablar de estos tres libros, de cómo surgieron, de cómo fueron recibidos por el público y de lo que ocurrió a raíz de ellos, estos tres artistas echan primero la vista atrás y recuerdan el libro que les inspiró para empezar a hacer cómics. Paco Roca recuerda un álbum de Hergé, que le convirtió en lector y luego en dibujante de cómics. Kim, que es mayor, no leyó a Hergé cuando era joven, ya que aún no existían los álbumes de Tintín; para él fueron más importantes los autores españoles y americanos. En cuanto a Miguelanxo Prado, descubrió el cómic más tarde, y fueron Moebius, Sampayo y Bilal los autores más importantes para él como artista.
Moderada por Manuel Barrero, fundador de Tebeosfera, esta mesa redonda del Ciclo Español del XIII SoBD se celebró el domingo 3 de diciembre de 2023. Esta versión está en francés, con doblaje de David Rousseau.
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