Je connaissais
Patrick Moran pour avoir lu "La Crécerelle", un roman très très noir que j'avais adoré. J'ai découvert avec curiosité et plaisir Metalya, une "pacificatrice" tout simplement irrésistible.
Metalya n'est pas une héroïne lisse et parfaite (mais après la Crécerelle, je ne peux que déduire que
Patrick Moran aime les personnages qui sortent des cases, et c'est tant mieux !). Elle a son petit caractère, elle est opiniâtre, bourrée d'anxiété (plus exactement de troubles obsessionnels compulsifs, et de rituels bien à elle pour les apaiser), bref, pour moi ça a été un véritable coup de foudre. Les autres personnages sont moins présents, et beaucoup moins fouillés, mais ça ne m'a pas dérangé outre mesure : suivre les pérégrinations de Metalya me suffisait. En revanche, mention spéciale à Monsieur Octopode. J'ai tout simplement adoré ce personnage déjanté.
Au niveau de l'histoire, je me suis laissé porter : l'intrigue démarre de façon assez classique, un meurtre a été commis, et dans cette société ou quasiment tout est géré par le privé (y compris les homicides), Metalya, une pacificatrice, est engagée par le mari éploré pour trouver le coupable. Néanmoins, l'enquête ne va pas se dérouler comme prévue, au grand dam de Metalya qui assume volontiers aimer les contrats faciles, pour retourner au plus vite chiller chez elle. Malgré tout, une fois lancé, on ne l'arrête plus : parmi ses différents symptômes anxieux, elle déteste par-dessus tout que le moindre détail continue de gratter... Alors si c'est le cas, elle creuse encore.
Et autant dire que ce qu'elle va découvrir va être énorme.
Pour mener son enquête, et outre sa ténacité de roquet, Metalya utilise une sorte de livre de divination, mais aussi des éclats : des petits objets que j'ai imaginé comme des dés de JDR, et qui ont des effets très différents : assomer quelqu'un, rendre invisible, entendre les pensées, se téléporter... Des petits accessoires bien pratiques pour avancer dans l'enquête, et nous donner envie de la voir en acheter plus souvent ! Toutefois, et c'est peut-être là la faiblesse du livre : l'univers est extrêmement riche, les possibilités alléchantes, et on a le sentiment d'avoir à peine effleuré toutes les possibilités. On en veut encore plus !!! J'ai toutefois appréciée cette société, qui sous couvert de fantasy (au sens tout premier du terme, puisqu'on est littéralement d'un un autre monde, avec ses propres règles), nous parle du notre : écologie, racisme, capitalisme poussé à l'extrême (et qui rappelle sur certains points les anticipations de
Damasio). J'ai également adoré la discrète référence à la Crécerelle (décidemment), et à notre monde. Ce roman serait-il une porte ouverte sur un univers immense et qu'on ne fait que découvrir, avec les premiers romans de l‘auteur ? Peut-être bien !
L'histoire est donc plaisante, et facile à aborder. Par ailleurs, l'humour est bien présent, et notamment grâce aux techniques toutes personnelles de Metalya pour mener une enquête (et sa nonchalance face au ridicule). L'enquête policière nous accroche car on souhaite en savoir plus, et les éléments magiques colorent le récit.
En parlant de couleurs, mention spéciale à la couverture, que j'ai trouvé non seulement très belle, mais également très bien choisie : les couleurs m'ont vraiment donné l'impression d'être tiré du livre. Mon seul bémol : j'ai hésité quant à savoir si l'ouvrage était à destination des adultes ou des jeunes. Toutefois, je pense qu'il peut se conseiller pour les YA également.
Bref, ça a été une très belle rencontre avec Metalya, et une excellente lecture, que je conseillerai très volontiers !