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EAN : 9782354081614
326 pages
Editions Mnémos (18/10/2013)
3.36/5   22 notes
Résumé :
Descendu d'un ferrail brinquebalant, Léo Kargo pose son sac à Sargonne, une commune libre de l'Europe Ralliée établie après les terribles Conflits dont les destructions massives sont encore dans les mémoires de tous. L'un des hommes les plus célèbres de son temps, le richissime et controversé Pavel Adenito Khan l'a recruté pour s'occuper de son immense collection de livres, l'une des dernières bibliothèques au monde.
Mais Kargo comprend rapidement que son emb... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Mon premier science-fiction de Christian Chavassieux ! L'Apocalypse a eu lieu. Les Conflits entre États sont officiellement terminés. Les grandes Cités, apparemment régies par un État fédéral, vivent dans une entente forcée, un attentisme prudent qui n'empêche pas les rivalités. C'est le cas de Sargonne avec Mireveil, sa voisine. Léo Kargo, 20 ans, vient de trouver à Sargonne un travail susceptible de lui plaire infiniment : bibliothécaire pour un particulier, Pavel Adenito Khan, un milliardaire original à la réputation sulfureuse et au passé trouble. Kargo devra explorer, classer, mettre à jour et enrichir la merveilleuse bibliothèque du milliardaire mécène, rare survivante d'un monde disparu. Pour un jeune poète et écrivain passionné par les livres, la lecture et la littérature, c'est une chance extraordinaire. Mais comment Pavel Khan a-t-il entendu parler de lui ?
***
Dans ce roman en 3 parties et 35 chapitres, Christian Chavassieux nous promène dans un univers singulier et inquiétant. Il décrit Sargonne comme un dragon méchant et étrange. La partie ancienne de la ville est peuplée de vieillards agressifs qui insultent et menacent touristes et nouveaux venus. Dès les premiers chapitres, on comprend que, dans ce nouveau monde, les enfants sont rarissimes : les humains sont presque tous devenus stériles et la lèpre qui les frappe de nouveau se révèle peu contagieuse, mais mortelle. Une autre maladie les fait vieillir prématurément. On peut, je crois faire un parallèle entre l'évolution des humains et celle des livres : eux aussi sont malades, vieillissent et tombent en poussière, et bien peu de nouveaux viendront rejoindre leurs rangs. Les personnages se révèlent complexes. C'est difficile de parler de leur psychologie, de leur évolution ou de leur symbolisme (Lilith !) sans en révéler trop sur l'intrigue. Disons pour contourner la difficulté que tous surprendront le lecteur… C'est la raison pour laquelle la troisième partie m'a un peu déçue, ou plus exactement, j'ai eu l'impression que Léo Kargo m'avait laissée en plan !
***
Comme dans les deux autres romans que j'ai lus de Christian Chavassieux, ce qui me séduit autant sinon plus encore que l'intrigue et la profondeur, c'est le style (voir les citations) et les trouvailles. Kargo arrive à Sargonne en ferail, ou encore l'arme la pire que les hommes aient inventée s'appelle le giril, capable d'enflammer l'eau. Outre ce type de néologismes qui provoquent nombre d'associations d'idées, l'auteur excelle dans des descriptions extrêmement précises, celle du mausolée par exemple, sans que jamais on ne perçoive le recours à un glossaire, comme c'est parfois le cas : on y est, il nous tient par la main et nous fait visiter… En bonus, souvent, discrète, une pointe d'humour. Et puis il arrive à l'auteur d'intervenir directement. Ainsi, pages 156 et 157, Kargo s'imagine en personnage de roman et présume de ce qu'aurait fait l'auteur dudit roman :
« Car toute sa vie pouvait naître de cet instant, tout pouvait être dit, accompli, mais aussi recommencé.
Pourtant l'auteur en a décidé autrement.
Mais poursuivons. »
Décidément, j'aime beaucoup les romans de Christian Chavassieux !
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Dans un futur proche, la population mondiale a baissé de moitié suite aux Conflits et à leurs dégâts collatéraux, les Etats ont laissé la place à des Cités toutes-puissantes, les hommes comme les livres sont atteints de maux mystérieux qui les font tomber en décrépitude... Léo Kargo, jeune écrivain quelque peu désabusé, débarque à Sargonne, recruté par le milliardaire Pavel Adenito Khan, ancien chef de guerre controversé reconverti dans la sauvegarde du patrimoine culturel et scientifique de l'humanité. Malgré l'attrait du défi qui est lancé au jeune homme, s'occuper d'un des dernières bibliothèques au monde, celui-ci est très vite conscient que des vérités lui sont cachées... Est-il vraiment là par hasard ?

Ce récit d'anticipation nous plonge dans un futur où prime la violence, le rejet d'une science qui a dégénéré et celle d'une culture qui n'a été d'aucun secours. Il nous met face à nos pires scénarios de fin du monde : un black-out informatique qui prive la Terre de ses yeux, ses oreilles, sa bouche ; un silence mortel qui est le point de départ à un déferlement de violence sans précédent - ni vu ni connu ; la perte de milliards de données qui plonge l'humanité dans une obscurantisme sans nom ; le recul considérable de la science ; l'explosion des maladies ; une humanité qui se retrouve stérile et affronte, désarmée, le spectre de sa fin imminente...

Dans ce contexte particulièrement noir, un homme tente de percer les mystères qui l'entourent : celui de la bibliothèque et de son savoir qui enivre ; celui de l'homme énigmatique qui l'a engagé et des relations complexes qu'il entretient avec son entourage ; celui de l'étrange Lilith, mi-femme mi-machine, et de sa haine qu'elle couve dans les entrailles de la vieille cité...

Ces questionnements le renvoie à ses propres fêlures. Qui est-il ? Qui sont ses parents ? Quel rôle peut-il jouer dans cet univers chaotique ?

A ce récit d'anticipation s'entremêle un véritable polar. Léo est fasciné par le Palais des Fous, le jeu de stratégie inventé par son employeur, où chaque pièce semble représenter un personnage de la réalité. le jeune bibliothécaire s'interroge sur le rôle qu'il joue dans cette étrange partie. Tout bascule lorsqu'un meurtre crapuleux survient...

Certaines descriptions sont particulièrement dérangeantes et plus d'une image m'a maintenue éveillée tard dans la nuit. Pourtant, on est happé par l'histoire, intrigué par ce qui se trame réellement. Les deux premières parties entretiennent à merveille cette tension. le héros est persuadé d'être à deux doigts de la vérité, frôle la folie, se croit coupable...

Le rythme s'accélère encore dans la 3e partie où les révélations pleuvent. Pourtant ce tiers m'a moins plu au final. Sans doute parce qu'y intervient un personnage extérieur à ce huis clos, un ennemi peu sympathique au demeurant. J'aurais préféré que tout reste "en famille"...

Quant à la fin, elle laisse pantois. le héros trouve-t-il enfin sa place ? Y a-t-il encore un espoir pour le monde ?

Un dernier mot quant au style de l'écrivain et les idées qu'il véhicule. Tour à tour ciselée, poétique, violente, son écriture ne laisse pas indifférent ! Ses mots suscitent des images d'une force incroyable. On s'y croit, on s'y voit... J'ai particulièrement apprécié tous les passages qui magnifient le livre, la littérature, la culture, tout ce qui fait la mémoire de l'homme.

"Autour de lui, tout un peuple sans figures déployait ses rêves, des armées de signes mêlaient leurs énigmes, des foules de vérités et d'anathèmes vociféraient les unes contre les autres, des dialogues et des imprécations s'élevaient confusément. Un chahut de voix et de paroles repliées dans le secret des pages."

Dans cette histoire, il oppose deux idées, celle des interventionnistes qui veulent tout mettre en oeuvre pour relancer la démographie et sauver l'humanité et celle des démogénistes, comme il les appelle, qui considèrent qu'il faut laisser faire la nature, que l'interventionnisme humain n'est que source de malheurs et de chaos.

"Il s'agissait, pour les démogénistes, de se résigner à voir l'humanité s'éteindre au bout de quelques générations, ou bien de voir stagner sa démographie à un stade proche de celui des origines de l'espèce (c'était d'ailleurs le sens de ce néologisme : "la population de l'origine"). Les démogénistes modérés y voyaient la promesse d'une nouvelle humanité ; les plus extrémistes voulaient empêcher toute tentative de remédier à ce qu'ils voyaient comme un dessein de la nature."

Mais, malgré tout, même si notre destinée semble inéluctablement fatale, l'espoir fait vivre... Et c'est ainsi que j'interprète les incursions de l'auteur dans le récit. Après tout, comme il nous le rappelle, il ne s'agit que d'une fiction et nous pouvons, peut-être, encore, tout changer !

Qui vivra verra...

"- Tous les jours que la vie nous offre ne sont pas destinés à l'urgence. Et pourtant. Nous devrions pour chacun, avoir l'ambition d'un projet. Comme d'autres, j'ai laissé parfois le temps s'écouler sans utilité. Je ne le regrette pas forcément, mais il me semble à présent, à présent que je sais qu'il m'est compté, que j'aurais pu en faire quelque chose."

Dernière info pour les fans, l'auteur prévoit d'écrire une préquelle, histoire de mieux comprendre ce qui a amené le monde à sa perte et de découvrir comme s'est construit un personnage comme Pavel Khan surnommé "le Diable" !
Lien : http://lacoupeetleslevres.bl..
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Vous aimez le post apo ? Vous aimez le polar et le thriller ? Vous aimez la guerre, les batailles sanglantes ? Vous aimez les livres ? Vous aimez les clones ? Vous aimez l'amour ? Vous aimez la recherche de la paternité ? Vous aimez les atmosphères pesantes ? les mystères, les intrigues ? Les personnages exotiques et marquants ?
Alors ce roman est fait pour vous.
Christian Chavassieux nous livre un roman au style acéré avec des personnages complexes, et des descriptions très (parfois trop à mon gout) fouillées de la ville, du palais, de la bibliothèque où le jeune héros va être embauché ne sachant pas pourquoi.
Tout aurait pu être parfait dans ce lieu incroyable et protégé.
Mais la guerre, la misère, la saleté, la maladie, la revanche sont juste là, à coté, tout près...
On en ressort quand même assez groggy à la fin.

Ce roman est sorti fin 2013.
Début 2022, Christian Chavassieux sort le magnifique "Je suis le rêve des autres", parcours initiatique d'un jeune garçon avec un vieil homme, roman plein de douceur et de poésie.
L'inverse total de "Mausolées".
J'ai de loin préféré le dernier.


Lien : https://laniakea-sf.fr/
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Un post apocalyptique atypique, tout en nuances servi par une belle plume. Magnifique.

La période des Conflits a totalement reconfiguré le visage géopolitique mondial, une méfiance, voir une haine tenace contre la science et le savoir est ancrée dans la population et ses dirigeants. Danc ce nouvel âge obscurantiste, le riche Khan, un ancien chef de guerre, embauche un poète et savant pour prendre soin de sa bibliothèque légendaire.

L'univers m'a fait penser à China Mieville, du fait que nous sommes entre science fiction et fantasy, et aussi de certains de ces personnages, tel Lilith, mi femme, mi robot.
Nous naviguons entre quête des origines, la démocratie, les luttes de pouvoir, les représentations, l'éthique scientifique et la nécessité (?) de la culture et du savoir.
Dans ce monde vieillissant, deux camps s'affrontent : ceux pour qui l'absence de natalité est une chance pour le monde, celle enfin de voir l'humanité disparaitre (Peter Watts ne renierait pas l'idée, nous en reparlerons avec le dernier Bifrost en date), et les quelques autres avec une lueur d'espoir.
Les personnages sont tout en nuances, comme ce chef de guerre, le méchant du livre qui se révèle beaucoup plus subtil qu'il n'y parait au premier abord. Et puis il y a Sargonne, la ville-monde dont nous déambulons dans certaines ruelles et commerce, ces quartiers cachés où la révolte grogne.
L'action est plutôt rare et lorsqu'elle est présente, elle est loin d'être spectaculaire. C'est un roman d'ambiance, assez sombre, crépusculaire, avec quelques touches d'optimisme.

Christian Chavassieux sait utiliser sa plume, ses mots font naitre les images. Sans trop en révêler sur sa ville et ses habitants, il fait naitre notre imagination pour combler les vides. Et au final, l'impression d'avoir lu beaucoup en si peu de mots.
Des belles phrases, voir plus bas, et bons mots comme ce "livres libres", ou mourir ? Ou cette citation que tout critique pourrait employer face à certains textes :
"Le scénario sur lequel j'avais déjà décidé de ne pas m'attarder m'épargnait l'effort de l'oublier"

Passé assez inaperçu lors de sa sortie, ce roman mérite amplement qu'on s'y attarde.
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En Résumé : J'ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous propose une histoire post-apocalyptique assez surprenante, loin du thriller qui se laissait présager à la lecture du résumé, mais offrant plus une réflexion soignée et efficace sur l'humanité et sur l'Homme. L'univers se révèle vraiment efficace, sombre, dévoilant une humanité agonisante dans un monde qui sort d'une guerre intestine des plus destructrices. Les personnages se révèlent vraiment soignés, humains développant des thématique vraiment efficaces et intéressantes comme par exemple sur la haine, la vengeance, l'identité et d'autres encore. le tout est porté par une plume élégante, poétique, soignée qui ne manque pas d'élever le récit tout en collant parfaitement à l'ambiance sombre et oppressante qui se dégage. Je regrette juste que la conclusion donne plus l'impression de balancer certaines réponses qu'autre chose et aussi le personnage principal qui se replie trop rapidement sur lui-même, mais rien de non plus bloquant. En tout cas un roman que j'ai trouvé réussi et je lirai sans problème d'autres récits de l'auteur.


Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Il lui suggéra un jour, que côtoyer au quotidien des ouvrages si nombreux n'était pas sans risques, que le savoir et le potentiel des fictions, des récits imaginaires, ainsi thésaurisés, pouvaient dépasser le lecteur non-averti, causant de graves symptômes psychiques : déconnections de la réalité, sensations de vertige, hypersensibilité, morosité, une névrose que les ascètes nommaient l'acédie... Il lui conseillait régulièrement de s'abstraire de l'ensemble pour ne s'attacher qu'à la lecture ou l'étude d'un petit nombre d'ouvrages bien choisis. A la réaction de Kargo : "Qu'est-ce qu'un ouvrage bien choisi?" Borthol répliqua immédiatement : "Surtout pas un roman. Il y a un pouvoir de la fiction, ne la sous-estimez pas."
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L’hôtel avait des allures de comtesse ruinée, avec juste assez de dédain pour faire face, un parfum bon marché et un brin de lassitude indifférente. Les odeurs étaient fades sans excès, les couleurs dissonantes sans morgue, tout avait été usé puis restauré en plus maigre et en plus pingre. Le veilleur de nuit qui accueillit Kargo portait un costume clinquant, rouge et brillant comme une laque, qui tranchait avec le décor fané qui l’entourait.
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Quant à mes parents adoptifs… Ils n’étaient déjà plus de ce monde quand je rackettais dans les villages. Je ne veux pas dire qu’ils étaient morts mais ils avaient intégré une sorte de secte anti-écologiste avant de se kamikazer en dynamitant les derniers ânes du Poitou. Quelle imbécillité, n’est-ce pas ? En arriver là. Un tel abîme entre la pertinence de mes parents adoptifs et la stupidité de leur dernier geste sur Terre. Aucune culture ne peut donc vous retenir de verser dans la barbarie ou la bêtise ? C’est un constat affligeant, malheureusement bien expérimenté et depuis longtemps. Sais-tu ce qui est nécessaire pour l’éviter ? L’idéal : la conviction viscérale qu’il faut tendre à un but qui nous élève. Une morale, quoi. Sans cela, on a vite fait de rejoindre les troupeaux de la barbarie, et aucun discours ne tient pour l’éviter.
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Kargo ramassa ses notes et s'apprêta à quitter la bibliothèque et ses fantômes. Le seul fait de pouvoir travailler ici l'électrisait. Il se retourna pour considérer l'inestimable ensemble. Un temple de papier, un délire, une extravagance de milliardaire. Un trésor. Il pourrait vivre ici plusieurs vies, entouré de ces merveilles, jamais rassasié, toujours inquiet d'une lecture négligée, plongeant chaque heures dans les abysses d'un savoir démesuré. Il pourrait y aimer, y rêver et y mourir.
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- Tous les jours que la vie nous offre ne sont pas destinés à l'urgence. Et pourtant. Nous devrions pour chacun, avoir l'ambition d'un projet. Comme d'autres, j'ai laissé parfois le temps s'écouler sans utilité. Je ne le regrette pas forcément, mais il me semble à présent, à présent que je sais qu'il m'est compté, que j'aurais pu en faire quelque chose.
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