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Vincent Bardet (Autre)
EAN : 9782020043953
258 pages
Seuil (01/04/1976)
4.26/5   19 notes
Résumé :
Pratique de la voie tibétaine est une série de causeries données par Chögyam Trungpa Rimpoché, la seule haute autorité spirituelle tibétaine à résider de façon permanente en Occident ; il est considéré, dans le bouddhisme tibétain, comme la onzième incarnation du Trungpa Tulku. A l'issue d'une éducation longue et difficile, il fut initié et couronné comme héritier des lignées de Milarépa et de Padmasambhava. Après l'arrivée des troupes chinoises au Tibet, en 1959, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une entrée en matière remarquable pour la voie tibétaine

Comme Taisen Deshimaru, Chögyam Trungpa (1939-1987) est parti re-naître trop vite. Comme le maître japonais, il n'exerça son autorité spirituelle que sur quelques années. L'iconoclaste mais pionnier Chögyam Trungpa a écrit un certain nombres d'ouvrages détonants.
« Pratique de la voie tibétaine » est, je crois, celui du maître tibétain que tout bouddhiste de France a dans sa bibliothèque – inévitablement publié par Seuil dans sa collection mythique des Points-Sagesse.

Pratiquant du Vajrayana, sa pensée et son mode de vie coupaient comme le diamant, lui qui était épris d'une « folle sagesse » et de la modernité étasunienne des années 70 infusée de la créativité des sixties.
Suite à un accident de la route, il est pourtant victime d'une hémiplégie gauche partielle. Il abandonne alors la vie de moine et devient enseignant laïc du bouddhisme tibétain – un peu comme Marpa, et tant d'autres !
Plus qu'aucun autre maître tibétain, Trungpa a voulu se mettre dans la peau d'un occidental pour vivre le Dharma comme ses disciples occidentaux le vivaient – certains pensent que ses excès lui ont coûté la vie.
C'est donc cela que l'on va retrouver dans les causeries retranscrites dans cet ouvrage de « pratique de la voie tibétaine » : car il s'agit tout de même d'enseignements donnés à des gens, à cette époque, voulant comprendre le bouddhisme tibétain. Impossible, vous l'aurez compris, de parler des enseignements du maître Trungpa sans parler du personnage incroyable qu'il fut, légende vivante jusqu'à sa mort…

Trungpa a créé beaucoup de choses, de termes, de notions, d'actions, vivifiant avec une énergie monstrueuse le bouddhisme tibétain qu'il voulait moderne (pas sûr qu'il ait été suivi !). Notamment le matérialisme spirituel, dont il est question dans Pratique de la Voie tibétaine.
de ce que je comprends du matérialisme spirituel, c'est une mise en garde contre l'attitude que les pratiquants bouddhistes peuvent adopter en se pensant libres car ayant abandonnés toute possession matérielle : en réalité, il leur reste toute leurs idées, notions, concepts. Ces dernières choses sont spirituelles – et il faut encore s'en débarrasser – et c'est un des buts… de la voie zen à laquelle s'était confronté Chögyam Trungpa.

Je reprends la définition donnée plus haut par l'auteur lui-même :
« Un certain nombre de voies de traverse conduisent à une version distordue, égocentrique, de la vie spirituelle. Nous pouvons nous illusionner en pensant que nous nous développons spirituellement, alors qu'en fait nous usons de techniques spirituelles pour renforcer notre ego. Cette distorsion fondamentale mérite le nom de matérialisme spirituel.«
Dans son franc-parler direct, difficile à copier !, Chögyam Trungpa aborde dans ces 272 pages un certain nombre de thèmes que l'on retrouve au sommaire :
– le matérialisme spirituel
– lâcher-prise
– le gourou
– l'initiation
– l'auto-illusion
– la voie dure
– la voie ouverte
– le sens de l'humour
– le développement de l'ego
– les six mondes
– les quatre nobles vérités
– le sentier du Bodhisattva
– Shunyata
– Prajna et compassion
– Tantra
Ce seront les thèmes principaux de ses enseignements, que l'on trouvera dans ses autres livres. Je vous ajoute un autre passage, ouvrant le chapitre « L'auto-illusion » :
« L'auto-illusion est un problème constant lorsque l'on progresse le long d'un sentier spirituel. L'ego est toujours en train de vouloir réaliser la spiritualité. C'est un peu comme si l'on voulait assister à son propre enterrement. Par exemple, dans les premiers temps, il est possible que nous approchions notre ami spirituel en espérant recevoir de lui quelque chose de merveilleux. Cette approche est nommée « la chasse au maître ». Elle est traditionnellement comparée à la chasse au chevrotain. le chasseur est à l'affût, tue l'animal, et le dépouille de son musc. On peut appliquer cette stratégie au gourou et à la spiritualité, mais elle conduit à l'auto-illusion. Elle n'a rien à voir avec la réelle ouverture ou l'abandon.«

Je crois que Chögyam Trungpa représente une excellente manière d'entrée dans la voie du bouddhisme et de la pratique de la voie tibétaine. Ce dynamiteur de première est du même tonneau qu'un Dzongsar Jamyang Khyentsé ou qu'un Daniel Morin, dont j'ai déjà parlé. Les lecteurs français devraient en passer par lui avant d'aller dans un centre tibétain – enfin c'est mon avis.
Je vous recommande donc follement Pratique de la voie tibétaine de Chögyam Trungpa.

Bonne lecture !

Zui Ho.
Lien : https://livresbouddhistes.wo..
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Ce livre est constitué d'une série de causeries données par Chögyam Trungpa Rimpoché (1939 – 1987), qui a été une des rares hautes autorités spirituelles tibétaines à résider de façon permanente en Occident. Pour plus d'informations sur l'auteur, voir sa page sur Wikipédia. L'ouvrage est intéressant, car expliquant les fondements de la spiritualité bouddhiste de manière très pédagogique.
Lien : https://www.le-fab-lab.com/l..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La compassion n’a rien à voir avec la réalisation. Elle est ample et généreuse. Lorsque l’on développe la véritable compassion, on ne sait plus si l’on est généreux envers soi-même ou envers les autres, car la compassion est la générosité rayonnante, sans but, sans « pour moi » et « pour les autres ». Elle est pleine de joie, de joie spontanée, de joie constante dans le sens de la confiance, dans la mesure où la joie contient de fabuleuses richesses.
(…)
La compassion invite automatiquement à entrer en relation avec autrui, parce que nous arrêtons de considérer que les autres nous pompent notre énergie. Ils nous rechargent en énergie, dès lors que dans la relation que nous établissons avec eux, nous reconnaissons notre trésor, notre richesse. Et si nous avons des choses difficiles à faire, avec les gens et les situations de la vie par exemple, nous n’avons pas le sentiment de nous épuiser. Chaque tâche difficile est pour nous une merveilleuse occasion de manifester notre richesse. On ne se sent pas le moins du monde pauvre lorsqu’on aborde ainsi la vie.
(...)
Alors on s’ouvre encore plus. On ne considère plus que quoi ce soit doive être rejeté ou accepté ; on s’harmonise simplement avec chaque situation. Il n’y a plus ni ennemi à vaincre ni but à atteindre. On n’accumule plus ni ne donne. On n’a plus ni espoir ni crainte. C’est le développement de prajna, la connaissance transcendantale, la capacité de voir les situations telles qu’elles sont.
(...)
Beaucoup de gens vont peut-être se sentir déçus, mais j’ai bien peu que l’amour ne se réduise pas à l’expérience de la beauté et de la joie romantique. L’amour est autant impliqué dans la laideur, la douleur et l’agression, que dans la beauté du monde ; ce n’est pas la récréation du ciel.

L’amour ou la compassion, le sentier ouvert, sont impliqués dans « ce qui est ». Pour développer l’amour – l’amour universel, l’amour cosmique, appelons-le comme nous voulons – il nous faut accepter l’ensemble de la situation de la vie telle qu’elle est, le lumineux et l’obscur, le bien et le mal. Il faut s’ouvrir à la vie, communiquer avec elle. Peut-être lutte-t-on pour développer, pour accomplir la paix et l’amour : « Nous réussirons, nous dépenserons des milliers de dollars pour répandre partout la doctrine de l’amour, nous allons proclamer l’amour. » D’accord, proclamez, dépensez votre argent, mais qu’en est-il de l’impulsion et de l’agression qui sous-tendent vos actes ? Pourquoi voulez-vous forcer à accepter votre amour ? Pourquoi y mêler tant de force et de précipitation ? Si votre amour circule à la même vitesse et sur les mêmes circuits que la haine de autres, quelque chose ne va pas. Ne cherchons pas midi à quatorze heures. Tant d’ambition est impliquée dans le prosélytisme. Ce n’est pas là une situation ouverte, une communication avec les choses telles qu’elles sont.

Le sens ultime des mots « paix sur la terre » consiste à supprimer conjointement les notions de guerre et de paix, et à nous ouvrir également et complètement aux aspects négatifs et positifs du monde. C’est comme dans une vue aérienne : il y a des zones de lumière et des zones d’ombre ; on accepte les deux. On n’essaie pas de défendre la lumière contre l’ombre.

L’action du bodhisattva [Bouddha vivant] ressemble à la clarté de la lune qui se répand sur une centaine de bols emplis d’eau, de telle sorte qu’il y a une centaine de lunes, une dans chaque bol. La lune, ni personne, ne cherche à illuminer les bols. Mais, pour une raison mystérieuse, il y a cent reflets de la lune dans les cents bols. L’ouverture requiert ce type de foi absolue et de confiance en soi. La situation ouverte de la compassion travaille ainsi, plutôt que d’essayer délibérément de créer une centaine de reflets, une dans chaque bol. (pp. 99-102)
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Il n’est d’aucun secours de prendre quelqu’un pour maître simplement parce qu’il est célèbre, parce qu’il s’est fait un nom en publiant des montagnes de livres et converti des milliers ou des millions de gens. Les critères sont bien plutôt les suivants : êtes-vous, oui ou non, véritablement capable de communiquer avec cette personne, de façon directe et profonde ? Jusqu’à quel point vous illusionnez-vous ? Si vous vous ouvrez véritablement à votre ami spirituel, alors vous pouvez travailler ensemble. Etes-vous en mesure de lui parler avec justesse et profondeur ? Sait-il quelque chose de vous ? Et sait-il quelque chose de lui-même, d’ailleurs ? Est-il réellement capable de voir à travers vos masques, de communiquer avec vous de façon juste et directe ? Voici quels paraissent être les critères lorsque l’on cherche un maître, plutôt que la renommée ou la sagesse.

Au sujet de la nécessité ou non d’avoir un » maître « , des qualités qu’il doit ou ne doit pas avoir, des attitudes qui prouvent ou non son authenticité, on a écrit des milliers de livres et dévasté des hectares de forêt… en oubliant peut-être un peu vite que la vie de tous les jours, si nous y sommes attentifs, nous enseigne tout ce que nous avons besoin de savoir. Ne nous encourage-t-elle pas à chaque instant à nous déprendre de nos » je-veux-je-ne-veux-pas « , à cesser de nous agripper à des nuages, pour » être « , simplement…?
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Nous sommes venus ici étudier la spiritualité. Je crois à l'authenticité de cette recherche mais nous devons en questionner la nature. Le problème est que l'ego peut tout convertir à son propre usage, même la spiritualité. L'ego tente constamment d'acquérir et d'appliquer les enseignements spirituels à son propre bénéfice. Les enseignements sont abordés comme quelque chose d'extérieur – extérieur à « moi » -, une philosophie que l'on tâche d'imiter. Mais on ne souhaite pas réellement s'identifier avec les enseignements, devenir les enseignements. Alors, si notre maître parle de renoncer à l'ego, on essaye de mimer la renonciation. On fait les mouvements, les gestes appropriés, mais en fait on ne veut à aucun prix sacrifier le moindre élément de son mode de vie. On devient un acteur averti et, tandis que l'on demeure sourd et aveugle à la signification véritable des enseignements, on trouve quelque confort à faire semblant de suivre le sentier.
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L’enseignement tantrique dépasse la tendance à « regarder au-delà » que manifeste l’attitude transcendantale selon laquelle « la forme est forme ». Lorsque l’on parle de transcendance dans la tradition mahayana, il s’agit de la transcendance de l’ego. Dans la tradition tantrique, on ne parle pas du tout d’aller au-delà de l’ego : c’est une attitude trop dualiste. Le Tantra est beaucoup plus précis que cela. Il n’est pas question d’ « aller là » ou d’ « être là » ; la tradition tantrique parle d’être ici. Elle parle de transmutation, et recourt abondamment à l’analogie avec la pratique alchimique. Par exemple, l’existence du plomb n’est pas rejetée, mais le plomb est transmuté en or. On n’a pas du tout à changer sa qualité métallique ; il faut simplement le transformer. (p. 212)
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…on pourrait dire que, dans un certain sens, l’intelligence primordiale opère tout le temps, mais est mise au service des blocages dualistes, de l’ignorance. Dans les premiers stades du développement de l’ego, cette intelligence opère comme acuité intuitive de la sensation. Plus tard, sous la forme de l’intellect. En fait, il semble bien que la chose nommée ego ne corresponde à rien du tout ; « je suis » n’existe pas. C’est l’accumulation de toutes sortes de matériaux. C’est une « brillante œuvre d’art », un produit de l’intellect qui dit « donnons-lui un nom, appelons-le ‘je suis’ », ce qui est très intelligent. « Je » est le produit de l’intellect, la marque de fabrique qui réunit en un tout le développement désorganisé et dispersé de l’ego. (p. 127)
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Videos de Chögyam Trungpa (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chögyam Trungpa
Cahiers d'insouciance Alexandre Jollien Éditions Gallimard
Comment se départir d'un état d'alarme permanent, abandonner le souci et s'ouvrir authentiquement à une vie plus généreuse, plus libre ? Comment oser la non-peur et la confiance ? À l'heure où l'individualisme gagne du terrain, il est tentant, pour moins souffrir, de se blinder, voire de démissionner. Chögyam Trungpa comme le Bouddha, Spinoza, Nietzsche et tant d'autres peuvent nous inspirer une voie bien plus audacieuse. Les Cahiers d'insouciance constituent une tentative, un essai pour s'affranchir de la tyrannie des passions tristes et nous jeter dans la joie inconditionnelle. Une vie spirituelle qui ne rendrait pas meilleur, plus solidaire et qui laisserait quiconque sur le bas-côté ne vaut pas une heure de peine !
Deux défis traversent ces Cahiers : se détacher de tout sans renoncer au don de soi, à l'engagement, et contribuer ainsi à une société plus éveillée ; faire passer l'autre avant la voracité du moi. Ces carnets de route envisagent le quotidien, les blessures et les manques, les désirs et la peur, les liens et le partage.
https://www.laprocure.com/product/323590/cahiers-d-insouciance
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