Rien de lourd, rien de pesant dans cette pièce, c'est comme un jeu joyeux, plein de vitalité, une petite merveille de légèreté qui nous libère de la force de gravité. Les piquantes et brillantes joutes verbales du couple infernal Béatrice et Bénédict séduisent, amusent - on est d'autant plus sous le charme qu'ils forment un contre-pied flamboyant et réjouissant à l'autre couple, Claudio et Héro, un peu falot il faut bien dire. Leur rejet du mariage est si joliment exprimé qu'on ne peut que se réjouir d'avance à l'idée de les voir tomber dans les bras l'un de l'autre:
« N'est-il pas affligeant pour une femme d'être dominée par une poignée de poussière arrogante, de rendre compte de sa vie à une motte d'argile qui n'en fait qu'à sa tête? Non, mon oncle, je n'en veux pas: les fils d'Adam sont mes frères, et je tiens sincèrement pour péché de me marier avec un membre de ma famille. »
A l'image de la pièce, Béatrice, née sous une étoile dansante, est un personnage généreusement pourvu par
Shakespeare en esprit, vivacité et gaieté.
Bien sûr, il y a des méchants, une jeune femme innocente humiliée et salie par la calomnie, mais on ne doute pas un instant que c'est comme un de ces mauvais rêves de Béatrice, dont elle se réveille dans des éclats de rire. Rien n'est sérieux dans
Beaucoup de bruit pour rien, tout est affaire de faux-semblants, blagues tordues, plans chelous: on courtise une femme pour le compte d'un autre, on fait croire qu'elle est morte, on fait naître l'amour en le mettant en scène et traderidera 🎶