AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021544732
84 pages
Seuil (05/01/2024)
4.3/5   28 notes
Résumé :
Dévoyant les principes les plus élémentaires du débat et s’abritant derrière l’excuse du divertissement, le populisme de Cyril Hanouna est une entreprise de désinformation qui menace les fondations de la démocratie. Ce livre s’adresse à celles et ceux qui douteraient encore du projet idéologique de Vincent Bolloré, comme à ceux qui n’acceptent plus la banalisation de la violence des échanges humains, la dépolitisation des échanges citoyens, et l’abrutissement du déb... >Voir plus
Que lire après Touche pas à mon peupleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je suis content que quelqu'un, qui ne manque sûrement pas de compétences ni du courage, s'en est pris avec une conviction admirable à une dérive inquiétante des informations en faveur d'une classe politique, et cela, au détriment de la réalité et des intérêts équitables de la majorité de la population.

Une tendance journalistique regrettable qui n'est pas neuve et ne se limite pas à la France évidemment. le grand Orwell (1903-1950) a déjà combattu avant la dernière guerre mondiale ce qu'il a nommé le "Newspeak" ou "Novlangue" : une langue alternative au service d'une idéologie.

En 2016, juste avant l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, la presse ultra-conservative Breitbart, ainsi nommée d'après le journaliste politique Andrew Breitbart (1969-2012), a connu son apogée, sans disparaître pour autant et en continuant allègrement à envenimer le débat politique, surtout à l'approche des élections présidentielles américaines en novembre prochain et d'un possible retour au pouvoir suprême du même énergumène.

Un grand défenseur de cette "approche" journalistique particulière a été le dénommé Steve Bannon, qui après avoir lancé son pote Donald à la Maison Blanche, est venu prêcher la bonne parole en Europe, à l'invitation par ailleurs de madame le Pen et quelques autres spécimens de l'extrême droite européenne.

Il ne faut pas un grand effort d'imagination pour constater un certain parallèle avec Cyril Hanouna, quoique cependant en plus modeste. Personnellement, j'ai observé ce bonhomme 2 (deux) fois à l'oeuvre dans "Touche pas à mon poste" (TPMP) et je me suis juré qu'il n'y aura jamais une 3e occasion. Une promesse que je n'ai eu aucune difficulté à tenir.

J'en dirai pas plus sur ce personnage, dont les prouesses sont parfaitement bien abordées par Claire Sécail dans ce petit opus de 80 pages, que je recommande vivement.

En tant que citoyen belge, je puis m'imaginer que mes critiques et reproches d'un événement français ne soient guère appréciés par certains ici sur un site français. Toutefois, mes considérations sont celles d'un européen voisin, fervent admirateur de la culture française, qui habite à 500 mètres de la frontière franco-belge.

En tant qu'abonné et lecteur assidu du quotidien le Monde et du journal en ligne Mediapart, je crois pouvoir affirmer que l'évolution relativement récente de la presse et de l'édition en France n'a rien de rassurant, bien au contraire. J'ai suivi, il y a peu, les troubles et les grèves au Journal du Dimanche (JDD) et l'issue de ce conflit m'a fort déçu. À choisir entre un groupe de journalistes professionnels dévoués et un milliardaire venu du dehors, mon choix est vite fait. J'ajoute que je regrette que la France ne dispose pas d'instruments légaux pour éviter une mainmise d'un groupe financier, tel celui de Bolloré, sur une partie croissante des médias.

Si j'ai pris l'initiative du présent billet, c'est en fait justement par souci d'une évolution journalistique politique qui renforce le poids d'une idéologie de droite qui impose les valeurs d'une minorité, d'une élite marchande, au détriment des aspirations légitimes de la majorité des Français. Il s'agit également d'un exemple dangereux pour ses voisins.
Commenter  J’apprécie          6521
L'auteure s'attaque sans ambages à l'émission la plus emblématique de ces dernières années sur une chaîne grand public appartenant à un milliardaire décidé à promouvoir sans s'en cacher et avec l'aval de l'Arcom son courant de pensée d'extrême droite. Elle analyse à la fois le discours (le fond) et le dispositif (la forme).
Son premier chapitre intitulé « Un dispositif médiatique du populisme » explique le rôle dévolu à chaque partie de la scénographie du présentateur-producteur : « le public, érigé chaque soir en figuration du peuple ; l'animateur, édifié en représentant de ce peuple ; et le plateau, dont les règles simplificatrices réalisent le système dual populiste. »
Et bien sûr critiquer l'émission revient à dénigrer le peuple dont il est l'émanation, puisqu'il communique avec lui en direct sur X, appelant ce bon peuple « mes chéris » dans un élan de proximité qui se limite à ses scores d'audience car il est évident que personne de « ses chéris » ne le croisera jamais dans un camping en Bretagne. On rappelle aux fans qui s'imaginent appartenir au même monde que l'animateur producteur a signé un contrat avec M. Bolloré de 50 millions d'euros par an sur cinq ans…
Amusant quand on songe à des remarques proférées par un habitué (M. G.V.) de cette émission du genre « entre le peuple et les élites, je choisis toujours le peuple ».
Bien sûr l'image de ce peuple est caricaturale à souhait : n'utilise pas de vocabulaire compliqué (et ce serait bête d'en utiliser à des fins de précision et d'édification), l'argot et les termes soi-disant jeunes sont de mise, la proximité entraîne la familiarité : il faut dénoncer les « élites » et surtout faire en sorte que le téléspectateur moyen ne souhaite pas accéder à une analyse fine. On ne sait jamais, il pourrait lire ou écouter de vrais spécialistes de chaque domaine et se rendre compte de la supercherie auquel il est invité chaque soir.
Car « le plateau, règne de l'opinion et simplification des enjeux » fait disparaître la notion de vrai et de faux. Toutes les opinions se valent, ce qui est cohérent avec l'idée qu'il n'y a pas besoin de connaissances préalables pour débattre d'un sujet.
En remarque personnelle (ce n'est pas dans le livre), on a le même paradigme dans l'univers moderne de l'éducation nationale : les connaissances ne sont plus nécessaires, on leur substitue des « compétences » souvent non académiques et la dernière nouveauté du baccalauréat, le « grand oral » évalue la capacité d'un futur bachelier (99,9% de chances de le devenir, quel magnifique système éducatif nous avons ! ) à … parler. Pas à connaître (secondaire) mais à échanger, rebondir, sur un sujet certes en rapport avec sa scolarité de terminale mais qui ne constitue pas l'objet de la note. La note, c'est de regarder un examinateur (deux ?, 1 million ?) dans les yeux et d'énoncer « Pour trouver du travail, il suffit de traverser la rue », ou « Il n'y a pas d'inflation, c'est une perception erronée » ou tout autre axiome que l'on reconnaîtra sans problème.
L'auteure décortique ensuite les trois thématiques principales qui caractérisent le populisme discursif de « TPMP » : l'antiélitisme intellectuel et médiatique, l'antiparlementarisme ordinaire et le populisme pénal.
Le premier peut être illustré par ses attaques systématiques des personnalités extérieures au groupe de M. Bolloré (en interne, le linge sale ….) , désignées comme « intelligentsia », « bobos », « bien-pensants », « donneurs de leçons » dressant ainsi un portrait méprisant de l'intellectuel, bien évidemment majoritairement de gauche, issu parfois de l'audiovisuel public, bref, de l'opposé des idées politiques du présentateur qui « ne mord pas la main qui le nourrit » (je le cite).
« La liste des personnalités détestées s'allonge au fil du temps : Alain Chabat, Pierre Arditi, Jean-Paul Rouve, Michel Cymès, Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker, Sophia Aram, etc. ».
L'Antiparlementarisme ordinaire est brillamment illustré lorsqu'un élu de la République (Louis Boyard, novembre 2022) est traité en direct de « merde » par l'animateur de l'émission. Lorsque les maîtres de ce dernier arriveront majoritairement à l'assemblée, gageons qu'il limitera ses flèches aux partis ou aux individus qui s'opposeront à eux. Gare aux humoristes, aux sociologues etc...
Le populisme pénal concerne les sujets de société ; l'insécurité, l'immigration, la religion, le communautarisme, etc… C'est une véritable promotion de certains thèmes électoraux qui est ainsi, discrètement mise en oeuvre. Titres exemples d'une émission annexe du même sicaire de M. Bolloré parmi d'autres : « Les policiers peuvent-ils encore intervenir en banlieue ? » (Septembre 2018), « Montée de la violence en France : doit-on vraiment avoir peur ? » (Septembre 2020), « 55 % des Français sont pour la peine de mort, êtes-vous d'accord ? » (Septembre 2020)…
En conclusion, l'auteure nous explique que cette émission montre les limites de la politique par le divertissement. Puisque toutes les opinions se valent même si elles ne valent rien, « alors il n'y a plus d'horizon politique selon les critères de la démocratie représentative, même participative ». Car « le débat démocratique est un processus conflictuel qui repose sur l'égalité de conditions des individus mais également sur l'élaboration d'un cadre normé où la parole se distribue en fonction de compétences, de savoirs et d'expériences reconnus. »
A qui profite ce genre de faux-débats stériles ? Tout le monde le sait mais bien sûr, comme pour d'autres sujets internationaux cette fois, on préfère fermer les yeux et regarder ailleurs. On a notre bonne conscience pour nous ma bonne dame ! Quand l'impuissance confine au fatalisme...
Commenter  J’apprécie          385
Libelle intéressant qui démontre de façon factuelle le virage dangereusement populiste des talk-shows télévisés, en l'occurrence ici, de TPMP et de son animateur qui n'est rien d'autre qu'un opportuniste. Il est clairement établi qu'on dépasse ici le stade de la démagogie. C'est une tentative (réussie) de manipulation de l'opinion pour l'orienter vers un positionnement extrême droitier, sous couvert d'une émission de divertissement, apolitique qui met, "pour une fois ?", la "culture populaire " en avant. Il est évident que Cyril Hanouna se moque totalement du "peuple". En bon opportuniste, il va dans le sens de son boss, le très réactionnaire Vincent Bolloré, rien de plus. Ce qui est grave, c'est qu'il draine dans son sillage nombre d'élus de la république, croyant voir dans cette émission, un tribune.
Le problème avec ce libelle, c'est qu'il n'est pas à la portée de tous. Ça n'a rien de péjoratif, il n'y a aucun mépris mais le propos est assez technique et nécessiterait d'être vulgarisé pour être compréhensible par le plus grand nombre. A commencer par le vocabulaire qui est parfois abscons. de même, il faut être familier des chiffres, avoir quelques notions d'économie, de politique et de sociologie. Et être familier de l'état de droit. Attention, Claire Sécail écrit une énorme erreur quand elle aborde le populisme pénal en employant le mot "victime " à propos de certains invités de l'émission. C'est une bourde fréquente. En droit Français, tant que l'affaire n'est pas jugée et le verdict rendu, tant que les procédures d'appels ne sont pas épuisées, il n'y a pas de victimes pas plus que de coupables. Il y a des plaignant(e)s, des accusé(e)s présumé(e)s innocents, rien d'autre. L'emploi du mot victime est la porte grande ouverte, et c'est de plus en plus souvent le cas, au retour d'une justice expéditive et clairement au lynchage. Pourquoi croyez vous que les extrêmes réclament la mort de l'indépendance de la magistrature et sa réintégration dans le giron de l'état ?
Le plus ahurissant est l'absence presque complète de réaction de l'Arcom (ex CSA).
Pour conclure TPMP n'est pas l'unique vecteur qui relaye ce travers populiste. L'immense majorité des journalistes radio et télévision y participent largement, a commencé par le service public. Ils sont tout aussi complices de la banalisation des extrêmes.
Ce court ouvrage est à lire comme un focus sur un émission très précise. Allez-y, c'est très court.
Commenter  J’apprécie          498
J'ai découvert cette collection des éditions Seuil il y a quelque temps avec les ouvrages de Julia Cagé et de Romain Blondeau (respectivement sur Bolloré et Netflix).
Une collection qui a pour but « d'accueillir des textes courts d'auteurs engagés creusant l'information et devançant les polémiques » créée pour « pallier l'érosion du débat public en proposant des réponses argumentées ».
Une idée que je trouve salutaire et nécessaire, ayant effectivement constaté (comme beaucoup) la dégradation, voire l'hystérisation, du débat public

Ici, et comme le jeu de mots dans le titre le laisse deviner, il s'agit de la célèbre émission de télévision Touche pas à mon poste animée Cyril Hanouna sur la chaîne C8. Claire Secail, chercheuse au CNRS et spécialiste des médias, s'intéresse à cette émission depuis quelque temps déjà (notamment lors des présidentielles 2022), et après beaucoup de temps passé à analyser et étudier cette émission (qui lui aura un intense lynchage ordurier à l'antenne de la part de l'animateur durant plusieurs semaines), elle publie ici le résultats de ses constats sur l'évolution de cette émission.
Car il fut un temps où “TPMP” était une émission médias, une émission de télé sur la télé dont le concept reposait sur le décryptage des programmes et audiences tv, le tout dans une ambiance bon enfant, joyeuse et un peu loufoque. Mais ça, comme on dit, c'était avant.
Car depuis la reprise en main du groupe Canal par le milliardaire Vincent Bolloré, le virage idéologique du groupe n'a évidemment pas épargné l'émission phare, bien au contraire, celle-ci est devenue la vitrine et le fer de lance de cette nouvelle ligne éditoriale. Et c'est ce virage à 180° au service d'une idéologie réactionnaire que la chercheuse va décortiquer étapes par étapes.
La chercheuse commence par écrire les dispositifs sur lesquels reposent l'émission : le direct, primordial pour l'animateur dans sa relation au public/téléspectateurs, le chef de bande, figure centrale et indispensable de la machine, et enfin les chroniqueurs réunis (unis) autour de lui, délimités et enfermés dans des rôles caricaturaux assignés mais surtout à la merci du chef qui délivre la parole selon son bon gré. Une parole par ailleurs faussement libre, se donnant des allures de mini démocratie alors que c'est en réalité un système très vertical dans sa forme et surtout — et c'est le plus insidieux — totalement binaire dans sa forme : nulle place pour des argumentaires développés et nuancés, ce qui est recherché c'est une opinion immédiate, radicale, clivante et tranchée sur des thèmes qui vont de l'insignifiant au dramatique dans une optique, calquée sur les réseaux sociaux, où tout se vaut.
Et c'est sur ce dispositif devenu sournois que l'émission, notamment grâce au mouvement des Gilets Jaunes dont elle s'est largement servie, à opérer un détour populiste s'érigeant en porte-étendard du peuple contre les élites supposés. Prétexte, en réalité, à exacerber les tensions et à surfer sur une vague considérée comme populaire. Trop tard la caisse de résonance est devenue si grande que voilà les politiques de la majorité de droite ou de gauche se succédant sur ces plateaux ne pouvant plus échapper au vivier électoral que représente l'audimat. Puis la chercheuse nous démontre comment l'émission s'est peu à peu muée en émission de société mais sans la moindre modération et dépolitisée, s'emparant de sujets de plus en plus trash et extrême, puis virant de l'anti-élitisme vers un anti-parlementarisme de plus en plus radical et dangereux.
Puis, parachèvement ultime, terminal, c'est vers le populisme d'extrême droite que se dirige non seulement les sujets, mais aussi les invités récurrents et les intervenants. Dans un alignement quasi parfait d'intérêts financiers, idéologiques et médiatiques. Cocktail dangereux.

Claire Sécail nous livre dans ce très court essai une analyse d'une incroyable précision dans laquelle elle décortique les ressorts exacts de cette émission à l'aide de très nombreux chiffres et exemples. Ne vous fiez pas à ma critique. C'est factuel, c'est étayé, et c'est édifiant. Et alors que cette collection sert à des textes engagés, ici l'engagement se ressent moins dans un ton que dans l'argumentation ciselée et le professionnalisme méthodique avec lesquelles le sujet est traité. Dans un style érudit, même un peu technique d'ailleurs, elle met en exergue et démontre point par point combien cette émission au processus insidieux et aux conséquences délétères est devenue un réel danger pour notre démocratie et pour le débat public.
À lire absolument.
Commenter  J’apprécie          122
"Le danger n'est pas d'être diverti mais d'être mal informé". Cette phrase résume à elle seule le propos du libelle, qui fait parfaitement écho au livre
Hanouna de Juan Branco et au documentaire Complément d'enquête
diffusé sur France 2. Statistiques à l'appui d'une analyse fine, l'autrice décrypte les rouages de ce phénomène de société qui influence un public jeune et peu diplômé. Cyril Hanouna instaure un paradoxe, une ironie, en
dévoyant un sigle culte des années 1980, symbolisant la fraternité,
l'inclusion (Touche Pas à Mon Pote) pour faire le jeu d'idéologies d'exclusion
et de stigmatisation. Cette émission qui se veut proche des classes
populaires, utilise des codes primaires et caricaturaux : mise en scène d'un
non-débat binaire et non argumenté, falsification de la réalité, pathos, exacerbation de la position de victime, humiliations des chroniqueurs ... Fort de son allégeance assumée à son puissant patron, Vincent Bolloré, l'animateur se fait le vecteur d'idées toujours plus extrêmes. Ce libelle nous rappelle qu'il est indispensable d'ouvrir les yeux et d'aiguiser notre esprit critique sur ce que diffusent les médias en général, ce programme en particulier. "Se taire ou fermer les yeux, c'est ajouter à la faillite morale collective de notre époque, dont la trajectoire de Cyril Hanouna n'est que l'un des symptômes."
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
De ce point de vue, « TPMP » contribue à amplifier l’effacement du partage entre le vrai et le faux, encourage le processus de falsification de la réalité qui s’observe plus largement dans les sociétés médiatiques contemporaines.
Commenter  J’apprécie          70
(...) se taire ou fermer les yeux, c'est ajouter à la faillite morale collective de notre époque, dont la trajectoire de Cyril Hanouna n'est que l'un des symptômes.
Commenter  J’apprécie          190
Le gagnant ? L'extrême droite politique et culturelle, qui a bien compris l'intérêt d'investir la scène d'un divertissement dévoyé pour y promouvoir la vision ripolinée de sa guerre de civilisation et imposer des idées d'autant plus dangereuses qu'elles avancent au nom d'un bon sens populaire. L'histoire est tristement ironique : baptisé en hommage au slogan antiraciste des années 1980, «TPMP» renforce désormais les idéologies d'exclusion et de stigmatisation et fait régresser l'esprit critique dans les médias. Comme «Touche pas à mon pote» était un appel à la solidarité, « Touche pas à mon poste» devrait aujourd'hui être le cri de tout citoyen attaché à l'indépendance des médias audiovisuels et à la qualité du débat public.
Commenter  J’apprécie          30
Comme l’italien Umberto Bossi, le britannique Nigel Farage ou l’étatsunien Donald Trump, il emprunte les caractéristiques langagières de ses représentés. Registre verbal simple, direct et fleuri d’argot, identification à l’« homme de la rue », valorisation de l’inculture, stéréotypes sexistes, familiarité avec les invités : ce style est mis en avant pour rejeter le langage technique ou précieux attribué aux élites et ainsi faire corps avec le « sens commun » du peuple. Cyril Hanouna cultive également la spontanéité des échanges, là encore par opposition aux conventions et bonnes manières d’autres plateaux. Le direct, réel ou « de condition », est essentiel pour renforcer l’effet d’authenticité visé.
Commenter  J’apprécie          30
Dans une époque marquée par le brouillage entre catégories manichéennes, le problème n'est pas d'incarner une culture populaire mais de se servir d'une vision dégradée de cette culture populaire pour l'opposer à une conception élitaire artificiellement érigée en repoussoir. Pour l'animateur, la télévision n'est au fond pas cet instrument de réconciliation entre deux visions du monde. Cyril Hanouna est même l'exact contraire des conceptions héritées des années 1970-1980, qui, certes fantasmées, défendaient une culture élitaire pour tous» (le metteur en scène Antoine Vitez) ou une télévision populaire de qualité (le P-DG de TF1 Hervé Bourges en 1983).
Commenter  J’apprécie          30

Video de Claire Sécail (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claire Sécail
Quel rôle jouent « Touche pas à mon poste ! » et Cyril Hanouna dans l'ascension d'Éric Zemmour et des idées d'extrême droite ? Chercheuse au CNRS et spécialiste des médias, Claire Sécail a analysé toutes les émissions du programme de la chaîne C8 depuis la rentrée : avec 40,3 % de temps d'antenne cumulé, l'écrivain est loin devant les autres candidats à la présidentielle.
Vous connaissez notre émission À l'air libre ? Votre avis nous intéresse https://mdpt.fr/39yQZsn Abonnez-vous à Mediapart : https://www.mediapart.fr/abonnement#at_medium=custom7&at_campaign=1050 Abonnez-vous à la chaîne YouTube de Mediapart : https://www.youtube.com/user/mediapart
+ Lire la suite
autres livres classés : Extrême droiteVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (96) Voir plus




{* *} .._..