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Les Carmidor tome 1 sur 1
EAN : 9782490163694
468 pages
Beta Publisher (11/10/2021)
4.24/5   50 notes
Résumé :
Prête à tout pour protéger son île, la puissante famille Carmidor s'allie aux nobles continentaux et renverse le souverain.

La dynastie royale est massacrée. Tandis que les Virdemis s'emparent de la couronne, le clan insulaire étend son influence dans la capitale en usant de son or et de ses charmes.

Mais au nord, la dernière Arvagna jure d'anéantir les assassins de ses parents, dût-elle rejoindre les redoutables Népéis dont les prophét... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 50 notes
J'avais entendu parler des Carmidor à l'époque où l'histoire était encore dispo sur Wattpad. Je n'avais pourtant encore jamais tenté la lecture et sa parution en broché m'a convaincue de me lancer. J'ai lu ce livre en lecture commune et pu partager mes impressions (et valider que d'autres étaient agacés / mal à l'aise face à certains sujets), ce qui était une 1ère fois pour moi. C'était cool ! Mais bref, revenons aux Carmidor. Tout d'abord, la comparaison à GoT n'est pas volée du tout. le récit y fait beaucoup penser, par les enjeux, les personnages, les ambiances, les thématiques, le scénario. Mais du coup, j'aimerais que ça y ressemble moins haha. On peut faire de la fantasy politique sans s'accrocher désespérément à GoT (de la même façon qu'on peut faire de l'heroic fantasy sans s'accrocher désespérément à Tolkien, bref). du coup, je vais commencer par ce qui m'a déplu et les éléments que j'aimerais voir améliorés pour le T2. Tout d'abord, la ressemblance avec GoT OK, mais les Carmidor manque de distinction avec l'histoire moyenâgeuse européenne à mon goût. Nous sommes sur des systèmes politiques, sociétaux, des histoires et des géographies qui m'ont fait beaucoup trop penser à l'histoire de l'Europe et du bassin méditerranéen. C'est mon goût personnel, mais j'ai trop lu d'histoires comme ça, je ne veux pas de l'historique avec une touche de fantasy, mais une bonne fantasy qui ne s'appuie pas à mort sur nos mythes, notre culture et notre histoire européenne. Même les panthéons m'ont semblé être des copier-coller des panthéons polythéistes européens. Ce côté m'a un peu déçue, car malgré toute la richesse et la force de ce livre (car j'ai quand même beaucoup apprécié ma lecture, je vous parle des bons points après) j'ai eu l'impression de découvrir un univers sans surprises. Or, j'adore découvrir des lore riches et agréables dans les histoires de fantasy. Dernier point qui m'a fait serrer des dents : la façon dont le viol est traité et écrit. D'abord, c'est un récit adulte qui assume ses côtés crus (les viols, violences, meurtres, etc sont foison). J'aurais quand même aimé un avertissement de contenus, c'est de plus en plus répandu et vu la violence et la précision de certaines scènes, ça aurait pas été de trop. Pas que je sois personnellement vulnérable à cette thématique, mais de manière générale, quoi. Y'a pas d'avertissement en 4ème de couv non plus. Je trouve pas ça responsable. Bref, je m'égare. Clairement, ce roman est insupportable à lire en étant une femme. Déjà, comme je le disais, c'est un système sociétal moyenâgeux européen. Donc les femmes dans les Carmidor sont des objets et des utérus sur pattes. C'est la prise à parti de l'autrice et c'est évidemment fait pour dénoncer les sociétés patriarcales et la place minable de la femme dans notre société. En revanche, certaines choses qui entourent cette place misérable de la femme m'ont agacé dans la façon dont c'est traité. Notamment la prise de force par les hommes sur les femmes par les violences sexuelles et les viols. Ça fait évidemment partie des manières dont l'humanité se sert depuis toujours pour abattre et oppresser des peuples ou minorités. Mais ce n'est pas la seule. Malgré ça, le viol a eu l'air d'être la seule façon de maîtriser les femmes dans les Carmidor et ça m'a plus que gonfler. Sans compter qu'il y a des viols complètement gratuits à mes yeux. Des viols qui auraient pu être autres (des scènes de violence envers les femmes auraient déjà eu un impact tout aussi violent sur leur psyché avec des effets similaires pour l'histoire). Des viols que j'ai trouvé décrits bien trop en profondeur… mais quel intérêt ?? C'est crade, c'est violent, c'était complètement aberrant d'un point de vue physiologie (quitte à être dans le gore, autant parler biologie). Globalement le sexe m'a semblé à la ramasse (même le sexe consenti) d'un point de vue physiologique. Je suis peut-être trop pragmatique, mais quitte à être fascinée à ce point pour la violence du sexe, autant l'écrire de façon crédible non ? Vraiment, les viols décrits m'ont semblé injustifiés. Mis en place pour nous faire détester les personnages. Trop facile, trop vulgaire à mon goût. Surtout pour un thème aussi dur, aussi cruel et aussi dramatique.
Bon, je vous ai peut-être passé l'envie de lire, mais je me devais de le dire. Et franchement je ne sais pas s'il y a eu un travail éditorial aussi, car des problèmes de mise en page (numéros de page manquantes, qualité d'impression bof bof). Et c'est la 2e fois que je suis franchement ulcérée par le traitement du viol et de la sexualité par des romans de chez Beta Publisher. Il s'agirait peut-être de relire les textes qu'on édite et de se demander s'il y a pas moyen de parler de sujets aussi importants avec plus d'humanité, de sensibilité et de recul critique. J'espère vraiment que l'autrice va traiter des conséquences du viol chez les victimes (et rien à foutre des violeurs, je les vois venir mdr) dans le T2 et pas utiliser ça uniquement comme argument scénaristique (je hurle sinon).
Bon je peux parler des bons points héhé. L'histoire est franchement cool. Les personnages sont gris, intéressants, prêts à basculer d'une alliance à une autre en quelques pages. Vraiment, il y a une intensité à la GoT qui n'est pas volée. On a de nombreux camps, des trahisons et des rebondissements à tout-va. Parfois trop d'un coup, ce qui diminue l'intensité dramatique de certains événements, mais tant pis. L'histoire se lit rapidement, il y a pas mal d'action et de tension par le simple jeu des conflits politiques. J'ai apprécié qu'il n'y ait pas de scènes superflues : chaque passage, chaque discussion mène à une étape-clé du scénario. J'ai eu du mal à m'attacher aux personnages, car ils sont soit arrogants, soit égoïstes, soit idiots, soit idéalistes, bref ce sont des humains. En fin de compte, Giorda est peut-être mon personnage préféré, alors que je ne l'appréciais pas tant que ça au début.
Niveau écriture, Olivia Gometz écrit vraiment bien, avec de belles descriptions très immersives et recherchées. Il y un beau vocabulaire sans tomber dans le pompeux et les discussions sonnent bien, il y a un vrai travail autour des niveaux de langue.
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Ce fut une longue lecture et je pense que je vais avoir un peu de mal à digérer tout ce qui s'est passé dans la dernière partie du texte. J'ai pris pas mal de temps sur cette lecture, mais c'est aussi parce que c'est tellement bien écrit qu'on n'a pas vraiment envie d'aller vite. Prendre son temps, c'est bien aussi, d'autant plus que le texte est très complexe et que le résumer sans spoiler l'intrigue est déjà bien complexe.

Nous nous trouvons donc dans de la fantasy dynastique, ou de moeurs comme l'a appelé l'autrice. Derrière ce nom compliqué se cache en vérité un type de fantasy bien connu qui prend pour approche la politique et les jeux de pouvoir bien avant la magie, les créatures, les combats, bref, ce que l'on retrouve de manière traditionnelle dans l'heroic, l'epic ou même la dark fantasy. Typiquement, c'est le cas du Trône de Fer de G.R.R Martin. C'est donc un choix plutôt original qu'on ne retrouve pas très souvent à cause des réticences des lecteurs vis à vis de lire de la fantasy sans magie.

Dans Les Carmidor, nous suivons plusieurs grandes familles de rois, reines, ducs, duchesses qui tournent toutes autour du pouvoir et qui veulent toutes étendre leur influence pour que le futur leur soit le plus profitable possible. Bien sûr, qui dit atteindre le pouvoir à tout prix, dit que la moralité, ce n'est pas forcément le plus important. La fidélité non plus. Ni la loyauté. Bref, tous les trucs qui finissent en -té. le texte joue donc avec des tonalités sombres, et peut devenir très violent, très rapidement. Les avertissements en début d'ouvrage sont à prendre en compte.

Nous suivons trois grandes familles principales : les Virdemis, qui viennent de s'emparer de la couronne, les Arvagna, qui ont tous été massacrés à l'exception de Dista, et bien sûr, les Carmidor, qui ont un peu les fesses entre deux chaises. Ils veulent à la fois s'assurer le soutien du nouveau roi, mais en même temps, s'ils peuvent s'en tenir un peu éloigné, c'est bien aussi. C'est d'ailleurs une grande partie de l'intrigue, entre rapprochements et coups bas, je t'aime mais en fait je t'aime pas, je veux bien me marier mais en fait pas avec toi et autres joyeusetés.

Au niveau des personnages, nous nous focalisons beaucoup sur les hommes puissants au début du roman, et petit à petit, ils s'écartent pour laisser la place à des personnages féminins forts et puissants, qui en viennent parfois à les éclipser complètement. Giorda Carmidor reste la plus frappante. Unique héritière légitime de la famille Carmidor, son fort caractère et ses tendances à l'indépendance en font un personnage que l'on cherche à séduire et à faire taire, sans succès. le personnage de Dista Arvagna est également très chouette, et nous montre une jeune femme qui a tout perdu et qui doit se débrouiller presque toute seule pour reconquérir son royaume. On sent les points de ressemblances entre les deux femmes, et les points de tension, ce qui en fera, j'en suis persuadée, de grandes opposantes dans la suite de la saga.

J'ai beaucoup aimé le travail sur la place des femmes dans le roman. Même si la société présentée est majoritairement patriarcale, on y croise des personnages qui, sans forcer, trouvent une sorte d'indépendance que l'on cherche à étouffer, à plusieurs niveaux. le droit d'avoir un royaume, le droit de choisir un mari, le droit de prendre des décisions… Les messages derrière le texte seraient vraiment intéressants à étudier plus en profondeur, parce qu'il y en a beaucoup. Elles ont également des discours, des dialogues qui sont ultra-marquants et qui incitent le lecteur à s'attacher à elles très, très vite.

J'ai également beaucoup apprécié le travail sur le reste de la famille Carmidor, avec le père très paternaliste mais juste, le frère aîné qui paraît juste mais avec des milliers de défauts, le frère cadet qui paraît avoir des milliers de défauts mais est plus juste que son aîné et Idissa, bâtarde royale, qui ne cherche qu'à se faire entendre et accepter, mais à qui l'on refuse sans cesse tout du fait de sa position. Beaucoup de personnages qui se ressemblent et s'opposent sur les mêmes points, s'envient parfois, ce qui leur donne beaucoup de présence et d'impact dans l'histoire. On veut qu'ils réussissent tous dans leurs objectifs, mais en même temps, on sait que ça aurait de grosses conséquences sur les autres, ce qui rend l'intrigue extrêmement tendue, tout le temps.

J'ai bien accroché aux Virdemis également, et notamment aux jeux entre Rehard et Giorda, qui se tournent autour et s'attirent, mais à la façon d'aimants. Ils ne peuvent jamais vraiment se toucher. Cela permet de faire intervenir notamment les notions de fatalité et de destinée parfois, avec des histoires dignes des tragédies grecques tellement ça va loin. Il y a aussi de sacrées enflures dans leur famille, mais ça ne fait que rajouter un peu de piquant !

De manière plus générale, j'ai beaucoup aimé l'intrigue et ses nombreux retournements de situation. Même si on évolue dans un milieu noble, et avec donc beaucoup de conflits qui se résolvent par la discussion, cela n'empêche pas plusieurs scènes d'action qui prennent vraiment aux tripes, des scènes d'exécution vraiment effroyables (mention à la scène des cormorans, qui est aussi jubilatoire qu'effrayante), et même des scènes qui dépassent carrément les personnages, comme tout ce qui se passe dans l'arc final et qui laisse un milliard de questions en suspens pour la suite.

Pour les amateurs de fantasy plus classique, oui, il y a des mentions de surnaturel, même si elles restent pour l'instant discrète. Tout est à l'arrière-plan, et quand ça explose, vous comprendrez pourquoi certains éléments étaient importants. Je me demande comment cette partie va évoluer par la suite. Elle va clairement prendre de l'importance, mais jusqu'à quel point ? C'est la grande question.

J'aimerais enfin saluer la qualité du style littéraire de l'autrice, à la fois tranchant, poétique et très humain et engagé dans certains de ses traitements, c'était vraiment très chouette et il y a clairement des phrases qui résonnent encore, ce qui est assez rare !

Vous l'aurez deviné, c'est un gros coup de coeur. Je ne peux que vous recommander d'aller le découvrir par vous-même, parce qu'il y a tellement de choses que je ne peux pas vous dire, mais qui m'ont fait HURLER, et que c'est vraiment texte qu'il faut lire sans savoir dans quoi on s'embarque pour vraiment l'apprécier. J'ai beaucoup aimé cette lecture et serait bien évidemment au rendez-vous pour la suite !
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Aaahh, les Carmidor… J'avais eu la chance il y a deux ans de lire la version Wattpad de ce formidable roman de politico-fantasy. Déjà à l'époque, j'avais énormément aimé ces quelques heures passées en compagnies de personnages tous plus tordus ET attachants les uns que les autres. La seconde lecture ne m'a pas déçue, elle a même été encore meilleure ! Olivia Gometz avait publié un diamant brut, la version polie est un véritable bijou, pour poursuivre dans le thème.

De toute évidence, le roman attire une comparaison évidente, l'incontournable Game of Throne de Georges R.R. Martin. Mais la comparaison est franchement à l'avantage des Carmidor. Là où – mais peut-être la faute de la traduction – GoT m'a semblé long et inutilement compliqué ou trash, les Carmidor sont une vraie révélation pour le genre.
L'intrigue est incroyablement bien menée. Ayant la chance d'avoir déjà lu l'histoire je ne me suis pas du tout perdue entre les différentes familles et j'ai suivi tous les retournements de situation avec grand plaisir. Et des retournements de situation… je peux vous assurer qu'il y en a ! J'en avais oublié certains et je suis certaine que j'ai été aussi surprise que la première fois quand je les ai lus ! Olivia Gometz nous a concocté un formidable panier de crabe politique où ce que vous croyez acquis ne l'est jamais tout à fait et où les plus fidèles alliés peuvent se révéler les pires traîtres. Complots politiques, alliances dans tous les sens, questions matrimoniales, velléités d'indépendance, religion… Il ne manque rien à ce merveilleux cocktail. Si vous êtes fans d'intrigues complexes (mais pas lourdes ou imprécises !), foncez ! Vous allez adorer.

Une autre force immense de ce roman ce sont ses personnages. Ah, Giorda, Aron, Dorio, Dista, Rehard et tous les autres… vous allez adorer les détester, et rarement cette phrase a aussi bien collé à la situation. Ils ont beau appartenir à un autre univers, ils sont tout aussi humains que nous, et sont capables du pire comme du meilleur. Olivia évite avec brio le piège du manichéisme, et je vous assure qu'il n'y en a pas un seul dont on peut dire avec certitude qu'il est un ange ou un démon. Tous ont leur part d'ombre et de lumières, leurs secrets, leurs motivations cachées, des désirs impérieux… Tous sont uniques, mémorables, et j'ai adoré ce voyage de quelques heures en leur compagnie. Là encore, certains peuvent prêter à comparaison avec GoT (le parallèle Daenerys/Dista vient vite à l'esprit), mais franchement n'ayez aucune crainte. Les personnages ont leur vie et leur chemins propres, et puis en vrai, c'est beaucoup mieux que Game of Throne, je vous jure. le livre, du moins. Mais j'attends avec impatience de voir les Carmidor en série.

Enfin, comment clore sans évoquer le style de ce roman ? Olivia emploie un langage soutenu mais qui se fond parfaitement dans l'histoire. Tous les mots sonnent juste, toutes les phrases sont efficaces, et l'on sent un vrai travail stylistique. Ce qui, dans le paysage de la fantasy est fortement appréciable. Parce que de fait, vous lisez un bon livre, et un beau livre. Mention spéciale à la couverture, d'ailleurs, qui me donne très fortement envie d'acheter le roman en papier pour qu'il vienne compléter ma bibliothèque.

En quelques mots pour clore : foncez, vous ne serez pas déçus, et Olivia dépêche-toi de nous pondre la suite s'il te plaît !
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« De grands hommes vous ont précédé, seconde classe Larret. de bien meilleurs que vous ! Croyez-vous vraiment pouvoir faire mieux avec le jus de navet qui vous tient lieu de cervelle, corniaud de bleusaille ? Non ? Bien ! Alors, dans le rang et en silence derrière la statue du Général. » En me remémorant cette affectueuse tirade de mon adjudant-chef à la lecture du premier tome des Carmidor, j'ai supposé que son autrice avait dû faire ses classes sous un olibrius du même calibre. Et qu'elle l'avait écouté.

Au risque de surprendre ceux qui auraient d'ores et déjà remarqué la longueur de cette chronique, je n'ai pas grand-chose à dire sur « Trahir et Survivre ». Je ne m'attarderai pas à présenter l'intrigue et les personnages. Il faut dire qu'à moins d'avoir vécu depuis 2011 dans la cave d'un bunker souterrain dans le cratère d'Aitken, vous les connaissez déjà.
Après un pompeux prologue assez peu convaincant, la pompe change de forme, et la première partie du roman énumère des concepts, des situations, des enjeux, des péripéties et des figures qui tous se retrouvent, dans leurs aspects les plus généraux comme les plus détaillés, dans la saga du Trône de Fer écrite par George R.R Martin (dont les premiers tomes sont parus en 1998 en France) puis adaptée en série par H.B.O et diffusée entre 2011 et 2019.
Hasard ou coïncidence ?

Bien sûr, l'on peut s'agiter du monomythe et clamer avec Robbe-Grillet que « Les anciens mots toujours déjà prononcés se répètent, racontant toujours la même vieille histoire de siècle en siècle, reprise une fois de plus et toujours nouvelle ». Mais il y a tout de même de grandes différences entre une base universelle et un fac-similé peinturé à la hâte, plus en tout cas qu'entre l'oeuvre de Georges Martin et celle d'Olivia Gometz.

Sans conteste, tous les auteurs se nourrissent de références plus anciennes, de mots et d'univers dont ils ont été bercés, nourris. Sitôt que l'on prend la plume, les icônes qui ont couvé nos rêves planent au-dessus de nous, et au fil des mots, comme les phrases s'enchaînent sous nos doigts, leurs ailes nous effleurent et leurs souffles nous frôlent, et leurs mots pour le dire nous viennent aisément.
Certes. Tout le monde peut-être en toute bonne foi la proie innocente de l'hommage inconscient. Sur des tournures, un concept, une personnalité. Sur un roman entier ? Sur un roman entier porté par une maison d'édition, donc relu par un comité de professionnels de la littérature, qui n'aurait pas discerné le risque qui transpire dudit roman ?

Alors, oui, l'imitation est la plus sincère des flatteries, mais encore faut-il rendre à César. Et c'est, au fond, la grande question que m'a posé Trahir et Survivre. Pourquoi ne se présente-t-il pas comme ce qu'il est, c'est à dire une fan-fiction (le terme n'est pas péjoratif) du Trône de Fer ? Pourquoi ne pas l'assumer en note d'introduction (car note d'introduction, il y a) ? Dans ce cas, sans nul doute aurais-je pris plaisir à découvrir une nouvelle interprétation, une nouvelle narration, un nouveau regard sur les personnages et les intrigues que je connaissais déjà. J'aurais joué le jeu sans réserve, si les règles en avaient été claires, honnêtes et revendiquées.

Hélas, ce n'est pas le cas. J'ai déjà évoqué le déferlement de similitudes entre les deux oeuvres, dont la liste n'a pas sa place au sein de cette chronique. Vous pouvez la trouver dans un fichier séparé établi par mes soins (voir lien), qui comporte pour illustrations de nombreux extraits du roman et donc révèle des éléments des Carmidor que vous n'allez de toute façon pas vraiment découvrir.
Et ce tsunami d'analogie a englouti et noyé tout le reste. En me débattant dans ses flots saumâtres, je n'ai pu ni savourer la plume non dénuée d'élégance, ni les développements inédits, îlots de créativité dans cet océan de duplicatas. J'ai tout de même surnagé jusqu'à la dernière page, l'oeil fouillant l'horizon à la recherche des dissemblances avec son modèle. Et, ainsi embarquée sur frêle esquif (qu'est-ce que j'disais...), j'en ai tout de même noté une d'importance.

Tout comme la saga de Martin, les Carmidor présentent pléthore de personnages aux intentions diverses et souvent opposées. En revanche, les nombreuses figures centrales de Trahir et Survivre remplissent toutes le triptyque du protagoniste grandboéfort. Certaines s'avèrent moins sympathiques que d'autres, par excès de fougue, de fierté ou d'ambition, mais la laideur, la faiblesse, la lâcheté, la bêtise, la paresse, la veulerie, la puanteur, la difformité physique et morale qui donnaient à la galerie de Westeros et alentours toute sa dimension humaine sont ici à peine évoquées avec une pudeur déconcertante.
J'ai choisi pour exemple le personnage de Giorda Carmidor, dont la situation initiale et l'arc narratif sont calqués sur ceux de Sansa Stark. Là où la rouquine du Nord se montrait belle, noble, éduquée, digne, d'une obédience lassante, d'une arrogance énervante, d'une mièvrerie agaçante, d'une malléabilité horripilante et d'une couardise exaspérante, la brune de Corance est belle, noble, éduquée, digne, courageuse, résiliente, déterminée, généreuse, intelligente, brillante, ensorcelante, intrépide, indomptable, indépendante, et probablement équipée de panneaux solaires et d'un émetteur bluetooth. Les failles et les fragilités des personnages constituent le plus souvent un moteur de leur évolution, créent des enjeux, des risques, de l'intérêt. Et donc, là où Sansa, durant ma lecture, m'inspirait de nombreuses réflexions qui peuvent se résumer par un « Mais secoue-toi, pauvre truffe ! », Giorda ne m'inspire... rien.

Il est cela dit tout à fait possible que ce reproche, que je pourrais faire à la plupart des autres personnages des Carmidor, se base surtout sur une lecture biaisée par la comparaison incessante que j'ai faite au fil des pages. Un récit et un univers originaux auraient pu, je pense, rattraper ces clichés sans gravité dans la construction des personnages. Ils auraient pu me faire avaler des raccourcis scénaristiques un peu gros. Ils auraient pu, aussi, faire oublier certaines lourdeurs de style hyper récurrentes comme la création de suspense à la fin des paragraphes en reprenant le dernier sujet de la proposition dans une phrase courte voire non verbale.
Une phrase non verbale lourde de sens.

En réalité, c'est dommage pour les Carmidor. Son refus de se détacher de son modèle à succès le plombe comme mon adjudant-chef face à ce salopard de piaf qui s'est soulagé sur un de nos Leclerc. Pour moi, il en a complètement oblitéré les aspects inventifs et plaisants. Mais pour d'autres lecteurs, il se peut qu'il en relève la saveur. Il n'y a, au fond, pour vous, qu'un seul moyen de le savoir...
Lien : http://guensorde.home.blog/2..
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Ebook reçu en partenariat @betapublisher mais pour vous dire à quel point j'ai aimé, j'ai décidé d'acheter le livre en papier 🤣. Pourtant j'avais peur au début de pas aimer avec la politique.

Passé les premiers chapitres qui sont les plus complexes à cause de tous les noms de familles, les clans, les territoires,... j'ai été concquise ! D'ailleurs je n'ai pas su lâcher le livre de la journée et l'ai fini en 9-10h (oui j'ai flâner et papoter parfois).

L'univers fait très fort pensé à celui de GoT en même temps c'est devenu une référence dès que ça parle politique, guerre et pas dans du contemporain donc clairement on fait la comparaison. Je peux vous dire qu'il en est au même niveau sauf que j'ai pas réussi à lire les GoT et ici ça se lit tout seul.

Impossible de ne pas s'attacher aux Carmidor, dès le premier chapitre qui parlent d'eux, notre coeur bat à l'unisson avec le leur. C'est une très mauvaise idée d'ailleurs parce qu'il va souffrir ! Ce roman n'est pas un long fleuve tranquille, il sera clairement rempli de sang et de terreur. On ne s'ennuie pas un instant !

Les personnages sont tous très travaillés, la psychologie qu'il y a derrière a été réfléchie et bien construite. Certains personnages évoluent et de façon très cohérente avec les événements qui se passent. J'adore le personnage de Giorda ❤️. D'ailleurs on aimerait que parfois ils gardent leur insouciant et que la vie leur fasse des cadeaux mais on sait que ce ne sera jamais le cas. Par contre, il y a des personnages qui m'ont fait bouillir ! Je ne suis pas quelqu'un de violent mais il y en a un particulièrement à qui je ferais subir toutes les tortures possibles !

De nombreuses thématiques sont abordés parfois directement et parfois de manière très subtiles. C'est une des beautés du roman, parler de choses importantes sans en avoir l'air et réussir à ce que les lecteurs s'offusquent et vivent le roman.

En plus, @oliviagometz m'a accompagné tout au long de la journée par message, c'était génial. Merci à toi 🥰.

Un chouette coup de ❤️ inattendu !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
— Par tous les dieux… tu es Giorda Carmidor, bon sang ! Séduis-le. Tous les hommes aiment être séduits, même les pires d’entre eux.
Le visage de la jeune femme se décomposa.
— J’ignore si j’en aurai la force…
Gaëlda plongea son regard dans le sien.
— Tu l’auras, parce que c’est dans ta nature. Notre nature. Nous sommes les mères des futurs maîtres de ce monde. Nous sommes les ombres de ces hommes qui en font les lois. Et par-dessus tout, nous sommes les filles de l’océan : nulle vague ne saurait nous faire sombrer.
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La reine n’était plus régente. Elle avait offert un garçon au trône d’Arcavie et l’avait guidé jusqu’à ce jour fatidique : elle avait accompli son devoir.
Désormais, son existence se résumait à un souvenir silencieux. On lui rendrait hommage en érigeant une statue à son effigie dans l’allée des Reines. Tel le bloc de marbre taillé à son image, elle serait impérissable, inaliénable, immortelle. Et par-dessus tout, dépourvue de la parole.
En cet instant, Esther rêvait de briser les sculptures de toutes ces femmes de roi à qui l’on avait ôté la voix. Une fois leurs ersatz de pierre détruits, entendrait-on leurs cris révoltés ?
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Je suis prêt à tout, Giorda. Je ferai couler le sang de nos alliés, de notre famille, et même le mien s'il le faut, pour que notre nom reste gravé dans l'esprit de tous les hommes qui vivent et qui vivront. Car pire que la mort, ma tendre soeur, il y a l'oubli.
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Le cœur de la jeune femme tambourinait dans sa poitrine. Relâchant son poignet gauche, le duc effleura son menton avec une douceur inquiétante.
— Le pouvoir coule dans nos veines, et c’est bien moins une grâce qu’une malédiction.
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Le deuxième enfant du roi venait de naître. Hélas, pour la reine, il ne s'agissait pas du sien. La jeune femme inspira profondément. Agée d'à peine vingt-deux hivers, elle vivait depuis plusieurs années dans le royaume de son mari, Todvis, un monarque du sud que son père avait choisi pour elle. Un royaume et un mari qui ne seraient jamais sien.
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