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The Expanse tome 6 sur 10

Yannis Urano (Traducteur)
EAN : 9782330140991
709 pages
Actes Sud (07/10/2020)
  Existe en édition audio
4.16/5   191 notes
Résumé :
Une révolution en cours depuis des générations a commencé dans le feu. Elle finira dans le sang. La Flotte libre - un groupe de Ceinturiens versé dans le trafic de vaisseaux militaires - a fait subir des revers à la Terre et mène une violente campagne de piraterie au sein des planètes extérieures contre les vaisseaux colons. James Holden et son équipage connaissent les forces et les faiblesses de cette armée mieux que personne. Dépassés en nombre et sous-armés, les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Encore un bon moment de lecture en compagnie de l'équipage du Rossinante qui compte désormais deux membres supplémentaires.

À la tête de la Flotte libre, Marco Inaros a pour ainsi dire détruit la Terre et Mars pour sauver le peuple ceinturien du joug des planètes intérieures. Une de ses partisanes, Michio Pa, se rend compte qu'il n'a pas vraiment l'intention de s'en tenir au plan de départ et donc décide d'agir de son côté pour venir en aide aux Ceinturiens.

Elle n'est pas la seule à remettre en question les ambitions d'Inaros.

Pendant ce temps, la contre-attaque se prépare dans l'autre camp (Flotte consolidée). La mise en place est un peu lente mais, pour ma part, cela ne m'a pas dérangée.

Le final de la confrontation m'a laissée pantoise. Pour la fin, pas de cliffhanger mais j'ai hâte de lire la suite. le mystère plane toujours autour de la protomolécule.

Ceci est probablement ma dernière critique de l'année. J'en profite donc pour vous souhaiter de bonnes fêtes et une belle et heureuse année 2023.





Challenge mauvais genres 2022
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En neuf romans et un recueil de nouvelles, sans doute la plus passionnante série de science-fiction spatiale et politique de ces dernières années.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2024/05/11/note-de-lecture-the-expanse-james-s-a-corey/

Tout démarre (en tout cas, on le croira longtemps) à bord du Scopuli, un vaisseau spatial d'apparence anodine en transit entre les astéroïdes Cérès et Éros. D'apparence anodine seulement, car il est en réalité en mission pour l'Alliance des Planètes Extérieures, organisation semi-clandestine qui conteste activement la domination politique et économique de la Terre et de Mars sur le reste du système solaire, myriade d'astéroïdes habités, de lunes jupitériennes ou saturniennes et de stations spatiales qui constituent la frontière active de l'économie globale sous le nom générique de « la Ceinture ». Lorsque le Scopuli est mystérieusement attaqué par ce qui semble être une bande pirate lourdement armée et bien déterminée, une certaine Julie Mao semble être la seule survivante à bord.

Le Canterbury, transportant de la glace entre les anneaux de Saturne et Cérès (l'eau est une question cruciale pour la vie sur ces « planètes extérieures » – qui n'en sont pas vraiment -, bien entendu), capte alors un signal de détresse venant du Scopuli. Arrivé sur place, l'équipage de la navette dépêchée par le lourd vaisseau de transport réalise que le signal en question était un leurre. Alors qu'un étrange vaisseau furtif surgit de nulle part et détruit le Canterbury, Holden, le second du bord, embarqué à bord de la navette, décide de transmettre en clair à l'ensemble du système solaire l'attaque qui vient d'avoir lieu ainsi que la présence de technologies martiennes au sein du système de leurre utilisé – ce qui crée un tollé dans les opinions publiques et un état de guerre, de facto, entre Mars et les différentes entités de la Ceinture. Consignés à bord du Donnager, vaisseau de ligne martien arrivé le premier sur les lieux du crime, Holden et ses compagnons d'infortune assistent impuissants à la destruction de celui-ci par de nouveaux vaisseaux furtifs inconnus, fuient de justesse à bord d'une corvette martienne qu'ils vont bientôt rebaptiser Rossinante, et informent le système solaire que l'analyse d'une puce électronique des assaillants récupérée à bord par miracle indique cette fois une fabrication… terrienne. Désormais, la Terre, Mars et la Ceinture sont tous au bord de la guerre totale.

Parallèlement à ces événements déclencheurs (et de quelle ampleur !), Josephus Miller, enquêteur au sein de la société privée Hélice Étoile, qui détient le contrat de sécurité sur Cérès, est embauché en marge de ses activités officielles pour retrouver la trace de Julie Mao, qui se révèle être l'une des filles de Jules-Pierre Mao, l'un des plus riches multi-milliardaires du système solaire, aux commandes d'un conglomérat hautement diversifié. Bientôt, alors que le Rossinante cherche à échapper aux recherches de la Terre comme de Mars, l'enquête s'étend et révèle qu'une certaine protomolécule secrète, possiblement extra-solaire, n'est peut-être pas étrangère aux cataclysmiques événements en cours…

Publié en neuf volumes (plus un dixième contenant plusieurs nouvelles dans le même univers) entre 2011 et 2022, « The Expanse » est certainement l'une des plus passionnantes séries littéraires de science-fiction – et au-delà – créées ces dernières années, justement récompensée par le prestigieux prix Hugo en 2020.

Issue à la base d'un univers de jeu (en ligne et sur table) développé en extrême détail par Ty Franck, que son ami l'auteur Daniel Abraham rejoint sous le pseudonyme commun de James S.A. Corey pour en extraire les romans, la série se distingue par la profondeur et la logique de son background, par son sens rebondissant de l'aventure et des développements de personnages, par la richesse de la véritable cosmopolitique du système solaire qu'elle imagine, par le réalisme de ses anticipations technologiques (même s'il a bien fallu, d'emblée, inventer la propulsion Epstein – avec ses accélérations inhumaines et donc ses adjuvants chimiques indispensables – pour que les distances à l'intérieur du système solaire se comptent en mois plutôt qu'en années), mais peut-être surtout par la puissance du réalisme politique (et d'ailleurs de diverses formes de Realpolitik) qui y est déployé.

Dans leur excellent article de novembre 2018 pour Science Fiction Studies (« Solar Accumulation : The Worlds-Systems Theory of The Expanse »), Brent Ryan Bellamy et Sean O'Brien, avec une approche post-marxiste particulièrement adaptée au terrain et à l'enjeu, montrent élégamment comment « The Expanse » met en scène la mainmise continuée du capital (largement incarné par l'entreprise Protogen de Jules-Pierre Mao, mais pas uniquement par elle) sur les « sauts » de l'accumulation et sur le transfert hégémonique (pour reprendre ici notamment le vocabulaire précis de Michael Hardt et Toni Negri dans leur « L'Empire » de 2000) : dans ce modèle à trois mondes pour le 23e siècle, la rareté des ressources et l'épuisement écologique hantent la Terre, la colonie martienne a pris son autonomie (sous des formes qui sont à la fois un bel hommage et un rude désaveu à la « Trilogie martienne » de Kim Stanley Robinson, se rapprochant davantage in fine du « 2312 » du même auteur) et les minerais de la Ceinture préservent l'illusion de la poursuite d'un système d'accumulation « à l'infini » (qui jaillira encore renforcé du formidable rebondissement introduit dans le tome 3, « La Porte d'Abaddon », par l'une des actions encore moins prévisibles de la « proto-molécule » – si l'on persiste ici à essayer de ne pas trop dévoiler les éléments à moyen et long terme de l'intrigue). Derrière Fernand Braudel et Karl Polanyi, les auteurs de l'article lisent ici l'influence souterraine de Giovanni Arrighi et de son « Long vingtième siècle » de 1994. On pourrait ajouter que l'imagination déployée dans la série illumine son inconscient politique, au sens de Fredric Jameson, et que le mélange détonant de réchauffement climatique, d'épuisement des ressources et d'astro-capitalisme résonne étrangement tant avec l'Andreas Malm de « L'anthropocène contre l'histoire » qu'avec les Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin de « Une histoire de la conquête spatiale ». Une fois de plus la terrible première phrase du « En panne sèche » d'Andreas Eschbach s'impose : « Même la dernière goutte d'essence permet encore d'accélérer ».

La série littéraire a donné lieu entre 2015 et 2022 à une série télévisée particulièrement réussie sous l'égide de Mark Fergus et Hawk Ostby. le casting y colle magnifiquement aux personnages imaginés par James S.A. Corey, que ce soit du côté de l'équipage du Rossinante (Steven Strait en James Holden, Dominique Tipper en Naomi Nagata, Cas Anvar en Alex Kamal et Wes Chatham en Amos Burton), de l'enquêteur Josephus Miller (Thomas Jane) et de son fameux chapeau, de la marine martienne Roberta Draper (Frankie Adams), de chefs ceinturiens tels que Fred Johnson (Chad Coleman) ou Anderson Dawes (Jared Harris) – l'une des seules vraies libertés que s'est permise l'écran, en assemblant plusieurs personnages littéraires pour sa version de Camina Drummer, jouée par Cara Gee, est sublime – ou encore de la haute fonctionnaire terrienne Chrisjen Avasarala (Shohreh Aghdashloo). le scénario est particulièrement fidèle aux romans d'origine, et la série a réussi à éviter le « piège de la précipitation » à la Game of Thrones au moment de conclure son aventure télévisuelle, préférant s'arrêter entre deux tomes à un moment où nombre d'arcs narratifs avaient atteint leur terme et où d'autres commençaient tout juste à s'ouvrir, pour, n'est-ce pas, ne pas insulter l'avenir.

J'avais insisté dans l'épisode 9 (à regarder ici) de Planète B, l'émission science-fiction et politique conçue pour Blast par Antoine Daer, notre librairie Charybde et les éditions La Volte, sur l'importance donnée par la série littéraire à une forme actualisée de lutte des classes du 23e siècle, à l'échelle du système solaire : la série télévisée amplifie encore cette thématique, dès sa présentation d'ensemble, en signalant d'emblée le contraste entre les élites terriennes et leurs masses inscrites au revenu minimum d'existence, les Martiens largement militarisés et les salariés de la Ceinture, précaires et fortement exploités par les propriétaires des moyens de production. Par bien des aspects, l'article d'Emma Johanna Puranen, « The Ethics of Extractivism in Science Fiction » (Strange Horizons, 2022), souligne le même point. Il en est de même du « Work, Horror and The Expanse » de Jamie Woodcock et du somptueux (on en reparlera ci-dessous à propos de langage) « We should have brought a poetry grad student: Higher education and organised labour in The Expanse » de Heather Clitheroe et Mark A. McCutcheon, deux articles à lire dans « The Expanse Expanded: A Special Issue of Red Futures », dont l'ensemble des onze contributions (à lire ici) méritent bien davantage qu'un simple détour.

Dans son passionnant article, « The Modality in Which Class is Lived : Literalizing Race and Class in The Expanse » (dans SPELL: Swiss Papers in English Language and Literature, « The Genres of Genre: Form, Formats and Cultural Formations », 2019), Bryan Banker note par ailleurs comment James S.A. Corey, en dépeignant les Ceinturiens dans leur unité et dans leur variété, rend concret ce que les théories contemporaines de l'identité gardent dans le domaine de l'abstrait, et plus particulièrement le lien difficilement déconnectable entre race et classe (ce que la série télévisée souligne aussi de son côté), ce dont on reparlera plus bas à propos de langues et de langage.

Dans les mots de la série littéraire comme, naturellement, dans les images en parfaite continuité de la série télévisée, on sera frappé par la force de l'esthétique spécifique développée dans « The Expanse ». Lorsque les deux membres de James S.A. Corey sont interrogés sur leurs influences, ils citent régulièrement (aux côtés de la série « La Grande porte » de Frederik Pohl, pour des raisons évidentes, mais qui obligeraient à dévoiler ici certaines surprises des tomes 3 et 4) « Alien ». On se doute bien que ce n'est pas à propos de forme de vie extra-terrestre prédatrice que cette influence se manifeste : c'est avant tout à propos de précision technique imaginée et de vie matérielle omniprésente. Ici, le vide c'est le vide, les semelles électromagnétiques ne comptent pas pour du beurre, les hémorragies internes ne peuvent pas coaguler en apesanteur, et le silence est omniprésent (là où justement, on le sait, on ne vous entend pas crier). Même le célèbre duo contestant les conditions de travail formé par Dennis Parker (Yaphet Kotto) et Samuel Brett (Harry Dean Stanton) dans le premier film de Ridley Scott, en 1979, trouve son écho ici (comme le soulignent Heather Clitheroe et Mark A. McCutcheon dans leur article sus-cité), dans l'une des rarissimes représentations d'activité syndicale dans la science-fiction contemporaine (et toute l'ambiguïté subtile du personnage d'Anderson Dawes – et de l'interprétation qu'en donne à l'écran Jared Harris).

Dans le même article, on trouve une analyse portant à un degré encore supérieur cette esthétique de la matière, lorsque Miller explique à Holden, dans les tomes 3, 4 et 5, à diverses reprises, l'importance de l'incarnation de l'humanité vis-à-vis de l'immatérialité qui est désormais l'apanage des Constructeurs (je n'expliquerai pas ce terme ici, sinon ce serait un spoiler significatif), d'une manière que ne renierait pas « un enseignement marxiste de la distinction entre infrastructure et superstructure ». Et que dire dans ce cas du trait encore souligné par un autre article du même numéro spécial de Red Futures, celui de John Roselli, « The Heart of the Expanse: Discovering Humanity in the Void » ?

Comme Daniel Abraham, l'une des composantes du duo James S.A. Corey, a longtemps été un proche collaborateur de George R.R. Martin (impliqué notamment de très près dans les déclinaisons en bandes dessinées et romans graphiques du premier livre du « Trône de Fer », entre 2011 et 2014), il a beaucoup été écrit sur le foisonnement d'intrigues, de personnages, de situations géopolitiques (médiévales ou non), de coups de théâtre, de trahisons et de rebondissements de toute nature qui hantent « The Expanse » comme « Game of Thrones ». Disons-le tout net : en la matière, il me semble que l'élève (si élève il y eut) a su magnifiquement dépasser le maître (même si celui-ci n'est pas directement responsable de l'achèvement télévisé de sa série), et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, l'art (presque) immémorial du feuilleton (celui défendu jusqu'au bout avec acharnement par un Valerio Evangelisti, par exemple) est ici construit de manière ouverte : pas de dénouement inexorable (dont seules, finalement, les modalités et la place des personnages candidats et candidates restent à débattre : comment s'ouvrira le grand Mur ? qui tuera le Roi des Morts ? qui vaincra la détermination de Cersei ? qui règnera sur Westeros ?), mais au contraire une narration ouverte, qui excelle à enchaîner les intrigues dont la résolution même donne naissance à une autre, qui manie avec une réjouissante expertise l'enchevêtrement des niveaux des différents arcs narratifs – et qui n'utilise jamais de deus ex machina, même soigneusement dissimulé comme chez son illustre prédécesseur. Toujours dans le numéro spécial de Red Futures cité plus haut, l'article de Horst Trenkwill-Heiser, « The Expanse or: How Holden Kept Worrying and Learned to Embrace Division », propose un éclairage supplémentaire et passionnant sur ce point.

Ensuite, même des situations hautement interrogatives (Attention spoilers ! Que peut bien f… la protomolécule sur Vénus ? Comment communique-t-on avec les Constructeurs ? Pourquoi Miller est-il toujours là ? Où se situe la démarcation entre guerre de libération légitime et terrorisme aveugle ?) sont résolues avec grâce et logique, en parfaite cohérence (coucou Daenerys !) avec l'évolution intime et politique des personnages (et sans recours à de mystérieuses et rétrogrades « lois de l'hérédité »).

Enfin, « The Expanse » se caractérise par un véritable refus du manichéisme instinctif et instantané. Même les « pires » personnages (scientifiques dévoyés, ultra-milliardaires mégalomanes, politiciens corrompus, officiers rebelles ou indépendantistes jusqu'au-boutistes et terroristes) présentent plus que de simples lueurs d'humanité, offrent des justifications souvent complexes et pour partie « écoutables » et présentent une cohérence interne extrêmement forte qui ne se limite pas à « être psychopathe » ou « être sociopathe » (même si ces éléments sont bien entendu régulièrement disponibles). Et les « meilleurs » personnages ont leur beau contingent de failles, mais cela est relativement plus courant dans les grandes fresques dont nous traitons dans ce paragraphe. L'article « Heroism in the Expanse » de Mary B. Smith (toujours dans Red Futures) est particulièrement précieux pour pleinement apprécier cette dimension-là.

En tant qu'oeuvre de science-fiction, « The Expanse » se livre à un intense travail de démythification de l'anticipation. Comme le soulignent à leur manière Irénée Régnauld et Arnaud Saint-Martin dans leur récent « Une histoire de la conquête spatiale » du côté historique et sociologique ou Gil Bartholeyns dans son également récent « L'occupation du ciel » (dont on vous parlera très prochainement sur ce blog) du côté purement fictionnel, il n'y a pas ici de vertueux changement de paradigme ayant pris place d'ici le 23e siècle. le capitalisme et l'extractivisme triomphent, la foi en la croissance (on ne parle plus guère de ruissellement, toutefois, à part sous sa forme résiduelle et minimale de revenu universel maintenu au plus juste) resplendit de toute part, et la science poursuit imperturbablement sa marche en avant – sans souci réel du bonheur du plus grand nombre. C'est le « Réalisme capitaliste » de Mark Fisher qui est ici, plus que jamais, aux commandes. Il n'y a pourtant là rien de réellement dystopique, à proprement parler : le fait même de distinguer au plus haut degré la puissance des rapports sociaux, comme cela a été développé plus haut et comme cela est devenu au fond si rare dans la science-fiction contemporaine, suffit à obtenir ce précipité chimique aussi inquiétant que passionnant.

On pourra noter que Ian McDonald dans son excellente « Trilogie Luna », en se contentant finalement, au plan socio-politique, d'ironiser sur les nouveaux ultra-riches du système solaire en gestation (en parfaite cohérence, ceci dit, avec sa focalisation sur une nouvelle ère des « barons-voleurs ») ne parvenait pas à obtenir la même puissance de shock & awe systémique que « The Expanse » – et que Kim Stanley Robinson, dans son remarquable « 2312 », ne pouvait, lui, comme souvent, se résigner à un futur dans lequel aucune prise de conscience de masse n'aurait pu changer significativement les fondations de la société et de la polis.

Davide Mana (« The Politics of Anthropocene: Environment and Society in The Expanse »), Grigor Velkovsky (« The Expanse on the Cyclical Nature of History ») et Marcin Stolarz (« The Future Society of
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L'enjeu de ce tome est la conséquence directe des problèmes soulevés dans le précédent : il faut contrer la Flotte Libre de Marcos Inaros.
Pour cela deux politiques doivent être menées de front. La première sera militaire : reprendre les bases aux mains des terroristes. La seconde sera purement politique : imaginer , inventer une nouvelle place pour les Ceinturiens dans la nouvelle configuration de l'Univers née de l'ouverture des portes.
On retrouve bien évidemment notre équipe de choc à laquelle Bobbie et Clarissa se sont joints.
Comme à leur habitude, les auteurs démarrent doucement, posent la situation puis accélèrent le rythme pour un final explosif…
Comme à leur habitude ils donnent la parole à plusieurs narrateurs mais ici étonnement ceux-ci sont très nombreux. Il y a de vieilles connaissances Avasarala, Prax, Michio Pa… et de nouvelles dont bien sûr Inaros père et fils mais aussi d'autres dont je n'ai pas toujours très bien compris le plus dans le fil du récit…
Ce volume n'est pas le plus palpitant mais je dois admettre que si le rythme est bien lent, je ne me suis pas vraiment ennuyée. Les questions de fond sont bien vues, les interrogations existentiels de Filip pertinentes compte tenu du contexte et je dois bien admettre que je suis fan de la famille du Rossinante..
Donc je continue…

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Babylon's Ashes est le sixième volume de la saga de science-fiction The Expanse signée James S.A. Corey, le nom de plume du duo composé des auteurs Daniel Abraham et Ty Franck.

Le cinquième tome, Nemesis Games, m'avait emballé, il rebattait les cartes et promettait beaucoup pour la suite. Ce sixième volume reprend l'intrigue peu de temps après la fin du précédent.

Ma première réaction en découvrant la table des matières a été d'être surpris par le grand nombre de personnages différents listés en face de la cinquantaine de chapitres qui composent le livre.

Parmi ces personnages, il y a un peu de tout :

- Des protagonistes récurrents auxquels nous sommes désormais habitués : Holden, Naomi, Bobbie, Filip découvert dans le tome précédent et que l'on continue de suivre ici, etc.

- de vieilles connaissances de retour : par exemple Prax, que l'on n'avait pas revu depuis le deuxième volume

- de nouvelles voix, c'est-à-dire des personnages déjà vus à travers un autre personnage dans les romans précédents, comme Marco Inaros, le leader de la Free Navy, ou Michio Pa que l'on avait connu comme officier en second du Behemoth dans le 3ème tome et que l'on retrouve ici dans un rôle sympathique de chef pirate de l'espace

- Et même de nouveaux visages, des personnages que l'on découvre dans ce roman

La répartition des chapitres entre les personnages est clairement hétérogène : certains personnages reviennent souvent, d'autres s'expriment seulement dans deux ou trois fois chapitres, et certains n'apparaissent qu'une seule fois, pour une occasion particulière.

Cette multiplication des narrateurs a des avantages et des inconvénients : c'est intéressant car cela multiplie les points de vue, mais cela a aussi tendance à ralentir le récit, voire à étirer une histoire qui ne nécessitait peut-être pas autant de pages.

C'est plutôt intéressant, même si ça tourne un peu en rond par moment. Il y a des chapitres captivants, d'autres moins mémorables. Malgré des moments faibles, l'ensemble fonctionne bien et se lit avec plaisir.

Ce qui m'a peut-être le plus gêné, c'est que cela manque parfois de subtilité. J'ai été particulièrement gêné par la scène où Marco compare la Free Navy aux Afghans qui ont résisté siècle après siècle aux impérialistes britanniques, américains, etc. Si jamais vous ne l'aviez pas compris jusque là, cela doit maintenant être clair dans votre esprit : la Free Navy est l'équivalent dans The Expanse des terroristes islamistes d'Al-Qaïda, et Marco est l'Oussama ben Laden du système solaire. Difficile de faire plus manichéen que cela.

J'ai trouvé la fin très réussie, et c'est d'ailleurs une qualité que je reconnais aux auteurs : une réelle capacité à la fin de chaque livre à donner envie de lire la suite ! En tout cas, malgré quelques réserves à la lecture de celui-ci, je serai en rendez-vous avec le septième tome, Persepolis Rising.
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S'agissant d'un tome 6, je choisis de ne pas vous faire de résumé: les personnages affrontent les conséquences des évènements des tomes précédents, je risquerais de vous spoiler en en disant trop.

Ce tome est dans la continuité directe du précédent et semble conclure un arc. Il est tout aussi touffu que les autres épisodes, mais j'ai trouvé que l'action démarrait plus vite. Davantage de personnages ont leur point de vue exposé, ce qui contribue sans doute à cette entrée en matière plus rapide. le défaut de cette qualité étant que, de ce fait, on n'a pas vraiment le temps de s'attacher aux nouveaux personnages qu'on suit. La plupart étaient déjà présent dans certains des tomes précédents, mais à une ou deux exceptions, dans un rôle secondaire, voire de figurant. Il faut donc avoir quelques souvenirs des précédents tomes pour raccrocher les wagons convenablement, mais rassurez-vous si ce n'est pas le cas: les auteurs font suffisamment de rappels pour que ça n'entrave pas la lecture, il vous manquera juste quelques détails.

Cet opus est plutôt efficace. Il se passe beaucoup de choses, on traverse le système solaire (et au-delà) dans tous les sens, il y a des batailles spatiales, des plans plus ou moins foireux et pas mal de politique. Je n'ai pas vu passer les plus de 700 pages et, comme toujours, j'ai hâte de lire la suite!

J'aurais quand même un reproche à faire à cette série: au fil des tomes, on s'éloigne de plus en plus de ce qui faisait son originalité au départ pour développer quelque chose de plus classique. C'est un peu dommage, parce que certains des éléments qui étaient les plus intéressants n'ont toujours pas été suffisamment explorés pour mon goût. J'espère que les épisodes suivants sauront y remédier.

Très bonne lecture! Si vous ne connaissez pas encore cette série, n'hésitez pas!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Quelque chose se diffusait dans sa poitrine – un sentiment radieux et délicat – à l’idée de savoir que ceux qui auraient pu souffrir sans elle souffriraient moins. Elle avait passé plus de temps sur Rhéa que sur Japet, mais possédait suffisamment d’expérience pour comprendre ce que signifiait une pénurie d’équipements hydroponiques sur une station comme celle-ci. Dans le pire des cas, ses ravitaillements feraient la différence entre l’incertitude et la stabilité. Dans le meilleur, entre la mort et la vie.
Tout cela ne serait pas arrivé si l’on avait autorisé la Ceinture à se développer, puis à devenir indépendante. Mais la Terre et Mars y avaient tenu la main-d’œuvre au bout d’une laisse faite de terre analogue et de produits organiques complexes. Aujourd’hui, grâce à Marco, la Ceinture aurait la possibilité de se forger un futur pérenne. À moins que, à cause de Marco, elle ne meure de faim et ne s’écroule en tentant de le faire.
Elle n’avait reçu aucune nouvelle de lui depuis qu’elle avait contacté les vaisseaux qu’elle commandait pour leur annoncer qu’elle refusait les ordres. Huit parmi les seize au total lui avaient prêté serment d’allégeance, et quatre autres avaient accepté de continuer à suivre ses directives. Seuls l’Ando et le Dagny Taggart l’avaient immédiatement repoussée, et même ceux-là n’avaient encore rien entrepris. Tout le monde attendait une déclaration de Marco. Y compris elle-même. Et chaque heure qui défilait réduisait un peu plus la probabilité qu’il le fasse.
Il y avait d’autres voix, cependant. Oh oui, bien d’autres. Un collectif de vaisseaux prospecteurs indépendants enregistrés sur Titania avait besoin de pièces de rechange pour réacteur. Un appareil de transport qui abritait également un équipage familial de vingt personnes avait subi une défaillance catastrophique au niveau des systèmes d’alimentation de son moteur Epstein et se trouvait à la dérive. Vesta avait imposé un rationnement de protéines à sa population jusqu’à ce que la cargaison de nourriture que Michio avait promise leur parvienne. La station Kelso, dans un élan irrationnel de solidarité, avait envoyé des vivres ainsi que du matériel vers la Terre, et faisait maintenant face à une pénurie d’eau de d’hélium 3 pour les réacteurs.
Plusieurs siècles de technologie et de progrès avaient permis à l’humanité de se faire une place au milieu du vide et des radiations de l’espace, mais rien n’était venu à bout de l’entropie, des idéologies et des mauvais choix. Les millions de complications cutanées faites d’eau salée et de minéraux qu’étaient les corps humains éparpillés à travers la Ceinture avaient encore besoin d’air, de nourriture et d’eau pure, d’énergie et de refuge. De solutions pour éviter de se noyer dans leurs excréments ou de cuire dans leur chaleur résiduelle. Et par suite des accidents qui avaient discrédité le charisme de Marco, elle était à présent responsable de tout cela.
C’était donc par là qu’elle débutait. La cargaison du Hornblower, au lieu de traverser les portes et de disparaître à jamais, nourrirait Japet et fournirait à la station des réserves afin de porter secours aux autres. Le Connaught et ses vaisseaux jumeaux n’avaient nul besoin de résoudre tous les problèmes liés à la distribution. Il leur suffisait de récupérer les vivres, de les rendre disponibles et de laisser ensuite les forces mercantiles et la nature solidaire des Ceinturiens prendre le relais.
Elle espérait que ce serait suffisant.
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- Dans douze jours, vous allez redescendre au fond du puits, rappela-t-il. Si vous voulez que la dirigeante de la Terre, l'espoir et la lumière de la civilisation, soit sortie de la navette dans un fauteuil roulant, vous pouvez vous arrêtez là. Mais si vous voulez plutôt la voir marcher à grandes enjambées devant les caméras comme une Valkyrie revenue du monde souterrain et prête pour la bataille, vous allez m'en faire une de plus.
- Enfoiré de sadique.
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Quoi qu'il en soit, fut un temps où les étoiles filantes avaient été un spectacle magnifique. Innocent. Ce ne serait jamais plus le cas. Pas pour elle, tout du moins. Ni pour quiconque sur Terre. Toute trace luisante était désormais le murmure de la mort. Le sifflement d'une balle. Un rappel aussi discernable qu'une voix.
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La peur ne la quittait jamais - rien d'aussi net que ça - mais au lieu de se sentir agitée, nerveuse et instable, son coeur s'était recroquevillé sur lui-même pour laisser la croûte de toute une vie d'échec et de douleur s'effriter.
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Il connaissait suffisamment l'Histoire et la nature humaine pour savoir quand les règles n'étaient plus les règles.
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"The Expanse, tome 7" de James S.A. Corey lu par Thierry Blanc l Livre audio
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