Tu ne tueras point

Sous le titre de la globalisation piteuse Bauer a entrepris d'écrire une sommes en six volumes sur l'état et le devenir de nos sociétés. En voici le deuxième opus
. Il porte sur l'ordre social au sens le plus large du terme, les moyens de le maintenir et notre incapacité à le faire si j'en ai bien compris le propos. En effet, et je me permets de lui en faire humblement le reproche, sa forme est moins celle d'une thèse structurée que d'une suite d'essais juxtaposés, comme si l' auteur avait écrit à lui seul un ouvrage collectif. Des essais passionnants d'ailleurs et d'une érudition éblouissante.. L' auteur traite tour à tour de l'histoire du droit pénal et de la criminalité, (1) de celle de la répression de cette dernière ainsi que des forces de police qui en sont chargées, et du rôle de l' état en la matière qui se révèle de moins en moins capable de m'exercer parce qu'il a renoncé à ses missions premières et cèdent de plus en plus devant les nouvelles formes de violence atomiques
Une des particularités de l'ouvrage réside dans la manière dont l'auteur utilise ses sources, donnant directement la parole aux auteurs dont il s'inspire au moyen de très longues citations au lieu de se contenter comme c'est l'usage d'analyser leur pensée. Cette façon de faire est très intéressante pour le lecteur, mais donne à l' ouvrage le caractère un peu diffus d'un recueil de morceaux choisis, ce qui rend la pensée propre de l'auteur plus difficile à cerner.
Mais encore une fois des analyses profondes et pertinentes qui tranchent sur les doxa de notre époque et agacent parfois les petits maîtres dont c'est le fond de commerce
(1) Une chose m'a cependant surprise (à moins que j'aie mal compris les propos de Bauer). :dans l'histoire du droit pénal et de ses sources historiques, l'auteur traite abondamment de la Torah, qui contient en effet de nombreuses prescriptions et interdictions pénalement sanctionnées dont beaucoup ont été reprises dans notre droit pénal et pour certaines y figurent encore aujourd'hui ; mais il est surprenant de voir ces prescriptions rattachées à des évènements et des personnages bibliques dont l'archéologie a démontré depuis un certain nombre le caractère mythique; (Moïse et l'exode, David et Salomon et leurs royaumes respectifs, etc)