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Huy Duong Phan (Traducteur)
EAN : 9782253118732
704 pages
Le Livre de Poche (29/08/2007)
3.95/5   988 notes
Résumé :
Alors qu'elle rentre d'une journée en forêt, Miên, une jeune femme vietnamienne, se heurte à un attroupement :
l'homme qu'elle avait épousé quatorze ans auparavant et qu'on croyait mort en héros est revenu. Entre-temps Miên s'est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan, qu'elle aime et avec qui elle a un enfant.
Mais Bôn, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên retourne vivre avec son premier mari.
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Critiques, Analyses et Avis (145) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 988 notes
J'ai refermé ce livre avec un gros soupir de bonheur, de soulagement et d'enthousiasme mêlés, partagée entre le grand plaisir d'avoir parcouru une oeuvre importante et l'épuisement provoqué par cette histoire dramatique, âpre, de malheurs et de folie; sentiment de lectrice à l'image de cette « Terre », de contradictions et de paradoxes.

Sur la simple opposition de trois personnage impuissants face à leurs destins (deux hommes, une épouse qui se croyait veuve, un retour de combattant porté disparu), le récit nous distille au fil de ses pages, une tragédie à l'Antique, dominée par la peur insidieuse des êtres devant les choix à faire, au détriment de leur bonheur et de l'Amour.

Le livre est d'ailleurs construit comme une partition à trois, ou chaque personnage nous fait rentrer dans son histoire et dans l'intimité de ses pensées.
Pas ou peu d'échange entre eux, à l'image de cette Asie si pudique et réservée, de cette malheureuse terre vietnamienne aux êtres déchirées par la guerre et dont les codes de société rétrograde, les coutumes morales et les principes politiques imposent tant de contraintes, mais portent aussi à l'héroïsme et au don de soi.

Un récit qui nous parle de respect des valeurs familiales, du culte des ancêtres, de devoir d'entraide accepté ou subi, de grandeur d'âme, de petites mesquineries, de générosité désintéressée, de compassion et de haine.
Tous ces sentiments mêlés, triturés, étouffants, accompagnés de ce fatalisme déconcertant ; tout nous dépayse.

Magnifique écriture (qualité de traduction ), poétique, simple et limpide, lumineuse pour nous ouvrir les portes d'un monde de couleurs violentes, d'odeurs saturées, de saveurs culinaires, de beauté de la Nature mais aussi de la part d'ombre à travers la misère des petites gens, des bordels citadins, de l'âpreté de la sexualité, des fureurs de la guerre.

C'est un livre humaniste qui exacerbe notre désir de liberté, de tolérance et de justice, de combativité pour la quête du bonheur.
Bravo à l'auteur … et à l'éditeur dont cette collection est un bonheur en mains
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je viens de me référer à la note laissée sur mon tableur début janvier 2008, 3 étoiles ! !
Je viens de reprendre en main ce livre, de lire les citations laissées ici et là, de regarder vos critiques .... j'ai déjà conscience de ma sévérité ! ! Je me souviens pourtant d'avoir parcouru avec curiosité tous ces chemins qui sillonnent le Viêtnam, tous ces chemins de vie qui vous dressent une fresque riche de Personnages et d'Histoire ....Il est question d'Amour, Origines, Destins... On vous enseigne les vertus des plantes, les rites et coutumes, la calligraphie, l'astrologie....
Non je ne me comprends pas, pourquoi tant de sévérité ? Peut être une erreur de jugement, peur du volume de 700 pages, manque d'expérience, erreur de jeunesse? Sûr qu'un jour j'y reviendrai !?
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Mien, jeune femme vietnamienne a refait sa vie avec Hoan, un riche propriétaire terrien, de cet amour réciproque est né un enfant.
Mais Bon, l'ex mari de Mien, porté disparu et considéré comme mort à la guerre, réapparait quatorze années plus tard. Il demande réparation et veut récupérer son épouse. Mien devra choisir.
A travers l'histoire de ces trois personnages, Duong Thu Huong brosse un magnifique portrait d'un pays marqué par la guerre et ces traditions ancestrales. C'est aussi un roman sur les différences sociales, le rôle de la femme et une immersion dans un pays envoutant que Duong Thu Huong décrit magnifiquement.
Le rythme est volontairement lent, l'auteur distille avec un égal bonheur, monologues intérieurs, descriptions minutieuses et émotions sensorielles. Ce choix peut parfois dérouter mais c'est de cette narration que le livre tire sa force et sa beauté. Il faut se laisser porter par la poésie et l'imaginaire de Huong. Un roman enivrant et terriblement dépaysant qui mérite largement ce long et lent voyage au pays du hameau de la montagne.
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Que passe-t-il lorsque l'homme qu'on a épousé une dizaine d'années plus tôt, porté disparu, enterré symboliquement, revient un beau jour, acclamé tel un héros, alors qu'on a rencontré un autre homme, eu un enfant avec lui, trouvé le bonheur?
C'est ainsi que commence ce beau roman vietnamien aux descriptions magnifiques - et aux plats appétissants -.
Difficile de se mettre à la place de Miên qui se sacrifie, alors qu'elle vit dans l'amour et un certain confort, pour s'installer auprès de ce mari revenu qui n'est plus qu'une ombre, et qu'elle n'aime pas. Car le pauvre Bôn n'a plus rien pour lui.
Traumatisé par ses longues errances durant la guerre, faible, pauvre, le voilà qui découvre que la femme dont le souvenir l'a aidé à surmonter ses souffrances pendant toutes ces années a refait sa vie avec un autre bien plus chanceux et débrouillard que lui. Bôn n'a pas d'autres solutions que de s'installer auprès de sa soeur et ses enfants qui vivent tels des cochons dans un dénuement et une crasse abjecte.
Miên accepte son sort froidement, Bôn espère le retour de l'amour et la naissance d'un enfant, Hoan, le deuxième mari de Miên laisse à sa femme la maison, de l'argent à disposition, et quitte les lieux pour moins souffrir.
Les trois personnages subissent ce revirement comme ils peuvent, à la fois victimes du regard des autres et de leurs propres désirs. Aucun d'eux n'est tout-à-fait noir ou blanc, chacun hésite, revit les souffrances passées, s'interroge, espère un changement dans cette situation intenable et le village, pendant ce temps, juge l'un, puis l'autre.
J'ai beaucoup aimé l'écriture, les paysages et les nuances. En revanche, malheureusement, je suis restée à distance des personnages et je n'ai pas éprouvé une empathie très forte. Je ne sais pas pourquoi... peut-être n'ai-je pas vraiment compris leurs démarches, peut-être le sujet ne m'a-t-il pas suffisamment portée.
Mais je ne regrette pas cette lecture qui m'a emportée loin d'ici.
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Miên et Hoan s'aiment, ils vivent ensemble avec leur petit garçon.
Mais cela serait trop facile si le premier amour et mari de Miên - Bôn - ne revenait pas presque d'outre-tombe pour venir réclamer son droit de vivre au côté de celle qu'il aime

A travers les destins malheureux de ces trois protagonistes, Duong Thu Huong met en scène le Viet Nam , son peuple, son histoire, ses coutumes et ses valeurs. Avec un soupçon de nature et de nourriture pour dépayser le lecteur occidental. A n'en pas douter les romans de l'écrivain sont une sorte de carte mémoire, des souvenirs déchirants d'une exilée.
Dans Terre des Oublis, l'auteur nous parle du rapport que nous entretenons avec notre passé et nos souvenirs , et de la culpabilité et de la nostalgie qu'ils engendrent. le passé est bien sûr essentiel à tout individu - et à toute nation - pour savoir où il va, mais doit-il pour autant servir de refuge lorsque le présent ne tient pas ses promesses et que l'avenir semble morose ?
Dans ce roman on retrouve beaucoup de thèmes chers à l'auteur. Une fois de plus, le communisme est vivement critiqué pour les nouvelles formes de servitudes qu'il a imposé sur les corps et les esprits de la population vietnamienne. Mais qui croire et comment se situer entre la vision romantico-buccolique des temps anciens et le nouvel idéal romantico-social du parti communiste ? Malgré la Révolution industrielle qu'il a amené au 20ème siècle, les rivalités et les jalousies entre les hommes des villes et ceux des campagnes (ou des montagnes) est toujours ancré.
Duong Thu Huong nous présente des êtres victimes de leur époque et de l'Histoire théâtralisée. Bôn en est l'exemple le plus frappant : brave petit gars des montagnes, il se retrouve embarqué dans une guerre qui le dépasse. Si cette guerre lui a permis d'acquérir l'étiquette de "héros", dans le fond il reste un pauvre bougre, un raté même. L'auteure se montre d'ailleurs très cinglante face à la foule (ou "l'opinion publique" comme on dit pour brouiller les pistes) qui a à la fois besoin d'aduler des héros et de démolir des individus - fussent-ils les mêmes - et face à la place que prend l'argent dans les rapports humains et la façon dont les individus se perçoivent.

C'est donc un roman riche que nous offre l'auteur, mais j'ai eu du mal à rentrer dedans. Tout d'abord parce que la première moitié est trop longue. Même si je reconnais à l'auteur tout le talent qu'elle a , que ce soit pour décrire les tourments de l'âme ou pour faire l'autopsie des rapports amoureux soumis au temps, au regard des autres et à notre propre égoïsme ; j'ai trouvé que tout ce talent était noyé dans un flot de description un peu trop à l'eau de rose - à mon goût.

J'étais très enthousiaste au début de cette lecture, car j'avais été emportée par Sanctuaire du Coeur (qui est je crois, encore plus épais !), mais là .. la magie n'a pas aussi bien fonctionné. On voit bien l'ébauche du génie littéraire qui sera développé dans les romans suivants, mais je n'ai pas été conquise. Je n'ai pas retrouvé ce que j'avais aimé dans Sanctuaire du Coeur. Je ne me suis pas non plus attachée aux personnages. Pas même à Miên, cette Cendrillon vietnamienne d'après-guerre. (question de goût purement subjective ! )

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Citations et extraits (97) Voir plus Ajouter une citation
Dans l'aube automnale, les grappes de fleurs vert foncé lui brisent le cœur. Leur douceur soyeuse, comme un acide empoisonné, détruit sa volonté, son endurance. Il jette sa faucille et son sac sur le côté, se roule à terre. Il a envie de crier, de hurler, de fendre le ciel paisible au-dessus de la vallée. Mais un troupeau de chèvres broute sur la colline voisine. Leurs gardiens doivent s'abriter quelque part alentour. Il a peur d'être pris pour un fou. S'il n'y prenait garde, il suffirait de quelques incartades de ce genre pour qu'on l'enferme dans un camp d'aliénés. Il deviendrait alors totalement fou et mourrait entre les murs d'une prison. Il se résigne à tambouriner des poings ses cuisses, ses hanches, sa poitrine. Mais la douleur physique n'arrive pas à le calmer. Une étendue de fleurs vagabondes, une mer d'émeraude à travers le ciel où s'égayent les vagues dansantes, les papillons sauvages blancs, jaunes, et les libellules en chaleur... Pourquoi ne lui est-il pas donné de vivre l'innocente et joyeuse existence de tous les êtres vivants? Pourquoi ne peut-il pas se transformer en cette fleur étrange qui ne vit que quelques heures mais dans la plénitude de sa splendeur, de son bonheur, de son orgueil ?
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Au début, elle ne venait que les nuits sans lune. Plus tard, elle vint aussi les nuits de lune en croissant.
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Il comprend soudain à quel point l’homme est seul. La vie pullule sur terre. La société des hommes ne diffère pas énormément de celle des fourmis, mais les fourmis sont plus heureuses, elles n’éprouvent pas le besoin de partager leurs sentiments. L’homme est plus malheureux que la fourmi. Sa vie durant, il n’arrive pas à se libérer du désir de se trouver un compagnon de route et cette quête est, la plupart du temps, sans espoir…
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« Si paisible que même les complaintes des insectes, les cris craintifs et les chants éperdus des oiseaux de nuit ne font qu’accroître la sérénité.

Le silence coule sur le feuillage argenté ds orangers, sur les plantes grimpantes au pied du mur. Le vent ne ressemble plus au vent, ce n’est plus qu’un soupir furtif, la tristesse qui ronge le cœur de ceux qui ont peur et se méfient de ce monde. La lune resplendit à mesure que la nuit s’avance. Elle ne diffuse pas une lumière dorée, éclatante, mais des lueurs argentées, striées d’éclairs fluorescents.

Le clair de lune, immense recouvre les montagnes, les forêts, les hameaux, les villages, les collines sauvages, les champs. Les formes, les lignes se mélangent en un espace flou, irréel. Un océan d’ombre, de lumière lunaire, de lueurs phosphorescentes, vacille à l’orée de la forêt. Des traînées de brume laiteuse s’étalent à travers les vallées, les abîmes.

A l’ouest, une ligne noire sépare cet océan du ciel. La cordillère Truong Son. Derrière la chaîne de montagnes, un halo vert illumine le ciel. »

(p. 106)
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« Une pluie étrange s’abat sur la terre en plein mois de juin.

D’un seul élan, l’eau se déverse à torrents du ciel, la vapeur s’élève ds rochers grillés par le soleil. L’eau glacée et la vapeur se mêlent en un brouillard poussiéreux, aveuglant. Une odeur âcre, sauvage, se répand dans l’air, imprégné de la senteur des résines séchées, du parfum des fleurs fanées, des relents de salive que les oiseaux crachent dans leurs appels éperdus à l’amour tout au long de l’été et de la flagrance des herbes violacées qui couvrent les cimes escarpées des montagnes. Tout se dilue dans les trombes d’eau.

Brusquement, la pluie s’arrête, le vent tombe. L’eau dévale les ravins, la végétation gorgée d’humidité recommence à cuire dans la chaleur. Un soleil conquérant surgit de derrière les nuages dans le bleu intense du ciel. Comme après une longue séparation, le désir de la terre et de la forêt s’enflamme aveuglément, brûle de jalousie tous les êtres pris de frénésie amoureuse.
Effrayés par le soleil, les papillons se terrent dans les anfractuosités. Les malheureuses abeilles cessent de recherches le pollen.

Dans le silence étouffant, seules les fleurs de bananiers éclatent, flamboient comme si leur éclat pourpre voulant échapper la moiteur étouffante, s’évaporer dans l’air, s’envoler vers les nuages. »

(p. 7 et 8)
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Vidéo de Duong Thu Huong
Duong Thu Huong, Les collines d'eucalyptus .Lorsque Duong Thu Huong, romancière vietnamienne, parle de son livre Les collines d'eucalyptus ( éditions Sabine Wespieser) et du destin d'un adolescent fugueur, c'est tout le Viet nam qu'elle évoque. Et l'ancienne combattante anti-colonialiste, aujourd'hui dissidente et exilée, ne mâche pas ses mots. Entretien Dominique Conil, video de Nicolas Serve.
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