: Dès le départ, nous sommes dans un drôle de bain.
Une ambiance étrangement ordinaire, quotidienne, mais où l'on nous parlera de drogues douces, de drogues dures et de gangs.
C'est le quotidien du jeune personnage de 17 ans, pour que l'ordinaire ne vire pas au pire, pour mettre du "carburant dans le bolide".
Sa solution sera presque présentée comme une filière professionnelle comme une autre, ici, dans ce pays, dans ce quartier et cette population noire; l'autre voie lorsque les études ou l'éducation lâcheront ( ou l'inverse).
Dixit Maverik: " ...Aucune mère a envie de voir son fils dans un gang, mais aucune mère a envie de le voir mort non plus. Avec tous les ennemis que mon père s'est faits dans la rue, j'ai besoin de quelqu'un pour couvrir mes arrières, pas le choix...De toutes façons, le gang, il me coule dans les veines. D'abord, ça a été les frères de ma mère. Et puis mon père et ses cousins..."
Avec ce témoignage de Maverick, lycéen, on se dit rapidement que le gland qui tombe très loin de l'arbre, c'est sans doute celui qui voit bêtement trop loin pour pousser.
Le bébé, c'est la boulette de trop.
Maverick se brouillera un jour avec sa copine et fautera avec une autre fille l'instant d'un soir. Il y aura un accident de protection, les deux croiseront les doigts, au cas où (et nous y voila, un test adn révèle la paternité de Maverick).
Sa mère, qui l'imaginait avec un peu de chance obtenir ses diplômes, viser l'université pour éviter la ligne droite familiale, va déchanter.
Bien moins cependant que Maverick.
On le sentira, à lire le roman, Maverick n'est pas un mauvais garçon, il fera des choix faciles pour son âge et sa situation.
Papa et encore scolarisé, il faudra bien s'adapter, pas vrai?
Et ce n'est pas les petits boulots à tondre les pelouse des voisins pour duper sa mère sur l'origine de son argent de poche qui paieront les couches.
Alors?
Le point de départ rappellera l'excellent "
Boys don't cry" de Mallory
Blackman avec un personnage encore mineur qui lui aussi se trouvera coincé avec une paternité et lâchée avec ( ici aussi la jeune maman se carapatera, hélas, en mode dépression post-partum, la pauvre). Dans "
Boys don't cry", il y aura le père pour remettre le couvert des couches en plus. Maverick pourra encore compter sur sa mère mais aucune chance de se défiler pour faire le beau avec les potes et les filles du coin.
On ne parlera plus d'un avant-goût de la vie d'adultes à 17 ans mais d'un démarrage précipité sur les chapeaux de roues.
On s'attachera rapidement aux personnages, si jeunes et si inconscients, collectionnant les maillons d'une chaine lourdes et plaquées or comme on enfile les perles. du faux.
Sauf que ce collier là sera bien trop lourd parfois.
C'est un nouveau parcours, de nouvelles règles.
L'arrivée du bébé étrangement mettra Maverick au pied du mur: continuer les combines et risquer de finir comme son père ou filer droit, avec un petit boulot qui paie moins et un bébé à charge?
Comment avait fait son père?
Non. Sinon, c'est la prison.
Et sa mère? Cela va faire réfléchir.
"Tu ne peux pas lui demander quoi que ce soit en ce moment, fiston, il me dit. Tu dous aimer assez les gens pour les laisser partir, surtout si la raison de leur départ, c'est toi...", lui conseillera son voisin, Monsieur Wyatt. Monsieur Wyatt passera pour un casse pied, lui offrant le job mais ne lui accordant aucun écart de conduite.
Peut-il arriver un quart d'heure en retard pour se détendre avec les copains? Non. Tout se paiera, dans l'effort, la sueur mais l'utilité et la philosophie.
Le personnage et son épouse, aussi maison d'accueil pour les jeunes, se montrera des figure solides de référence, pleines de sagesse insoupçonnée.
Pourquoi une référence aux roses dans le titre?
Parce que grâce à Monsieur Wyatt, Maverick va plonger la main dans terre et planter.
Hormis les travaux au magasin, Maverick va aussi donner de sa personne dans le jardin de son voisin.
Le roman est très appréciable, d'une lecture fluide et captivante.
Il faudra du temps pour un certain nombre de personnages, pour pardonner ou se pardonner, pour trouver des petits moyens d'aller de l'avant qui deviendront des grands moyens.
Ça n'est pas édulcoré, le ton est urbain, parfois rude, impertinent mais aussi tendre, entre les copains et la famille.
Malgré la nouvelle paternité, le récit restera optimiste et effectivement, avec des mains tendues et un peu de hauteur, une rose peut résister au béton et pousser.
Il n'y a pas de raisons contre mais il faudra s'en donner les moyens, jeune Maverick.