Ce livre va nous emmener successivement dans la Lisbonne antique connue sous le nom d'Olisipo, qui devient sous la domination musulmane al Usbûna, pour la retrouver ensuite sous la Reconquista. L'auteur aborde enfin les protections lusitaniennes au Maro
c, ainsi que la Lisbonne musulmane actuelle.
La légende veut que Lisbonne ait été fondé par des marins en provenance de Tyr. La ville va donc sous influence phénicienne, puis grecque et romaine, puis sous influence musulmane durant les conquêtes et revenir dans le giron chrétien, avec la prise de la ville en 1147 par le roi du Portugal.
Marc Terrisse nous emmène dans une visite extraordinaire de la ville pour y retrouver les traces de l'influence musulmane, ce qu'il en reste dans l'architecture de la ville pour en retrouver le coeur.
On part d'abord à la découverte de la ville phénicienne avec la Praça da Figueira, sous laquelle il y a eu des trouvailles archéologiques attestant cette période où la ville se nommait Olisipo ; on circule dans les rues de l'Alfama, avec tout près l'actuel musée national de l'Azulejo ou encore le musée du fado, mélancolie de l'Orient…
L'auteur nous apprend aussi que Alfama dérive de al hamma qui désigne les sources. Il évoque aussi le Nord avec les Lusitaniens « les gaulois du Portugal » et le sud du Tage lié à l'Andalousie : le Gharb al Andalus qui va donner son nom à l'Algarve.
Marc Terrisse nous emmène ensuite à la recherche des vestiges de la période musulmane où Lisbonne s'appelait al Usbûna, ce qu'était le quartier musulman, avec l'enceinte de la Casbah, la mosquée, les différentes portes (Bab en arabe) d'entrée dans la cité, où l'on peut se repérer sur des plans d'époque, mais aussi la culture de l'époque en faisant référence au passage au livre de
Saramago « le siège de Lisbonne ». L'auteur parle aussi de Camoes qui évoque « dans « Les Lusiades », épopée à la gloire du Portugal des Grandes Découvertes, il célèbre le Portugal de la « Reconquista », royaume chrétien par excellence »
Il est encore difficile d'explorer cette « période musulmane » de Lisbonne, notamment sur place, car elle est souvent réduite à peau de chagrin par les guides, car la dictature de Salazar, et son successeur avait rayé cette notion de la mémoire avec son « Estato novo ».
On étudie ensuite un chapitre important que l'auteur intitule : des Moçarabias à la Mouraria d'hier à aujourd'hui, une ville multiconfessionnelle » et dans lequel il évoque les trois quartiers où se regroupaient les Mozarabes, la première, autour de l'église Santa Maria de Alcacim, la deuxième dans le périmètre de l'église Santa Cruz do Castelo, et la troisième autour de la grande mosquée
« Mozarabe est le nom donné aux Chrétiens en terre d'Islam de même que les Musulmans restés sous la coupe chrétienne sont dénommés Mudéjars. »
La Mouraria, elle, correspond, au quartier maure de la ville, où sont regroupés une partie « des vaincus de 1147 ainsi que quelques chrétiens mozarabes » ; ce sont, en fait, des minorités dont on veut limiter les contacts avec les Chrétiens. Il y a pendant cette période des conversion forcés, des tributs à payer comme il y en a eu pendant la période musulmane, et des Marocains viendront aussi se réfugier dans la ville au XVIe siècle car il y avait alors des guerres et des émeutes au Maroc (notamment la défaite de Ksar el Kébir en 1578) et on parlera de « Mouriscos marocains ».
Marc Terrisse découvre au cours de ses visites un projet appelé « Marhaba » (le Moyen Orient à table) qui vient en aide aux personnes fragiles, notamment les migrants Érythréens.
L'auteur mêle dans ce récit la culture, l'architecture, l'histoire, l'archéologie, la cuisine, la musique, tout ce qui est venu enrichir cette ville dont la multiculturalité est impressionnante.
J'ai choisi ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique organisée par Babelio, et il m'a passionnée, j'ai aimé mettre mes pas dans ceux de l'auteur qui nous brosse un tableau très complet et très alléchant. J'ai appris beaucoup de choses sur le plan historique, culturel car je connais peu cette ville.
Je connais beaucoup mieux l'Algarve, d'où est originaire mon mari et que j'ai beaucoup visitée. En apprendre davantage sur le Gharb al Andalus me tentait, car je suis fascinée depuis longtemps par l'Andalousie. Je me rends compte que mes connaissances sur l'Histoire lusitanienne sont limitées et qu'il va falloir y remédier !
Pas de doute, je l'emmènerai dans mes bagages la prochaine fois que j'irai à Lisbonne. Je remercie Babelio et les éditions Chandaigne qui m'ont fait découvrir « le Mandarin » de Eça de Queiros et qui proposent aussi dans leur catalogue (très intéressant) des livres sur l'Histoire du Portugal. Ce catalogue propose aussi des textes sur le Brésil, Cap Vert, des auteurs de ces pays, ou les voyages, découvertes, contes…
Cet ouvrage est passionnant et j'espère que ma petite démonstration, qui m'a demandé beaucoup d'énergie pour la rendre la plus légère possible, vous a intéressés et donner envie de le découvrir.
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