Du théâtre, de l'alcool, un meurtre, des amours passionnées, une peine de prison, un secret.
Un cocktail qui a bien fonctionné pour moi, puisque dévoré en quelques jours je l'ai. Maître Yoda, sors de ce clavier !
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If we were villains est le récit d'une confession, d'une tentative de mettre en mots la passion qui a régi notre petit groupe d'étudiants en ces années de représentations théâtrales.
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Déjà, mention spéciale pour ces personnages qui réussissent à porter leurs stéréotypes au delà du stéréotype.
Bizarre cette analyse ? Pas tant que ça :
A force de dire à quelqu'un qu'il est un crétin, il finit par se comporter comme un crétin. (Coucou Perceval de Kaamelott ! Tu n'es pas un crétin, tu es un grand chevalier, nous on t'aime ! Fin de la digression.)
Ici c'est cette idée qui est posée sur le papier : à force de se voir affilier les mêmes rôles à longueur de temps, les héros se fondent dans leur personnage, et ce qui était un trait de caractère certes présent en eux s'en retrouve exacerbé, au point d'occulter le reste...
Mais les gens, quand ils sont vrais, ne sont pas limités comme le sont les stéréotypes utilisés au théâtre (ou dans les romans), ils sont plus complexes, ils sont pluriels, ils ont droit à l'évolution.
Et finalement, quelque chose qui aurait pu passer pour simple (la disposition des perso) s'avère plus travaillé que prévu, et amène à la beauté du roman ci nommé, et finalement, le sujet.
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Alors je suis d'accord avec les détracteurs : il ne se passe pas grand chose.
Si vous êtes en quête d'une lecture qui décoiffe, avec du sang qui éclabousse les murs et des explosions, passez votre chemin.
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Mais pour dire vrai, je n'aurais pas lu les critiques négatives pointant ce fait que je ne m'en serais pas rendue compte.
A-t-on besoin d'actions pétaradantes pour en prendre plein les mirettes ? Pour apprécier la beauté du verbe, de l'ambiance, du lieu et du son ?
Pour moi, la réponse est non.
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J'ai adoré prendre mon temps, flirter avec les mots de
Shakespeare, attendre que les perso se dévoilent et découvrir le château. (Oui, le château ! Ami de Poudlard, de Dracula ou des Highlands, vous n'aurez pas le piquant magique du premier, non plus le piquant sanglant du second, et encore moins le piquant du kilt du troisième, mais les vieilles pierres, oui, ça vous aurez ! Avec la bibliothèque immense et ses meubles en bois lustré, une foultitude de canapé douillets, un feu de cheminée et l'heure du thé !)
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Alors oui, on y trouve un décorum parfait propre à l'imaginaire, mais quel joie de le voir se craqueler au fil des pages ! Quelle joie de réfléchir sur la notion de culpabilité et quelle joie d'entrer dans les coulisses d'un monde somme tout particulier ! Quelle profondeur quand on part explorer la psyché humaine avec des personnages si cassés qu'ils préfèrent la compagnie des mots à celui du monde...
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Je me suis laissée bercer par
Shakespeare et je me suis laissée prendre au jeu (théâtral) et c'était très bien ainsi.