Le crocodile d'Aristote

Nietzsche annonce la mort de Dieu et la nécessité de dépasser le christianisme présenté comme une religion d'esclaves qui impose depuis près de deux mille ans la tyrannie de l'idéal ascétique, autrement dit la haine du corps et de la chair, des désirs et des plaisirs, de la vie et de la jouissance ; il affirme l'existence d'une seule réalité : la volonté de puissance que l'on peut définir comme une force identifiable à ce qui veut la vie là où il y a de la vie et qui anime tout ce qui est : de l'infiniment petit du brin d'herbe ou de la fleur à l'infiniment grand des planètes dans l'ordre cosmique, en passant par ce qui meut les animaux et les humains, la volonté de puissance ne veut ni le bien ni le mal, car elle est par-delà bien et mal, mais l'être et l'expansion de la vie dans tout ce qui est vivant.

Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, côté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé.
C'est , sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exerce, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré !

Quiconque sait la nature tragique de ce qui est et le caractère inéluctable de l'éternel retour et quiconque le sachant aime la nature tragique de ce qui est et le caractère inéluctable de ce qui est - c'est ce qu'il nomme l'amor Fati,l'amour de son destin - celui-là est un surhomme.

Charles Darwin ne pas pour un philosophe alors que, normalement, il devrait être présenté dans l'histoire de la philosophie comme le penseur qui rend caducs les vingt-cinq siècles de pensée qui le précédent !

Car, de ceux qu'il est convenu de nommer les présocratiques, jusqu'aux philosophes qui sont ses contemporains, l'homme a été pensé comme le centre autour duquel s'enroulait le monde.

Avec le judéo-christianisme, la chose fut encore plus clairement dite puisque l'homme est présenté comme le sommet de la création auquel tout doit être ordonné : Dieu aurait créé le monde en six jours : premier jour, la terre, la lumière, le jour et la nuit ; deuxième jour : le firmament et le ciel ; troisième jour : séparation de la me et des continents, la nature, les arbres et les fruits ; quatrième jour : les étoiles et les saisons ; le cinquième et le sixième jour : les poissons, les oiseaux, la procréation des animaux, les animaux domestiques, les reptiles, les serpents, puis l'homme - enfin la femme ; septième jour, comme chacun sait , repos.

Montaigne déteste les têtes bien pleines, celles qu'on farcissait à l'époque avec les bêtises du temps, comme en toute époque, pour leur préférer une tête bien faite.
La formule est devenue proverbiale.
À quoi bon savoir plein de choses si l'intelligence fait défaut ?
Un perroquet ou un mainate ne sauraient être les modèles du bon élève !