J'ai mis quatre étoiles pour la structure très réussie de ce roman choral qui s'articule autour de cinq destinées avec en toile de fond la ville de Salisbury et sa magnifique cathédrale qui joue elle-même un rôle au coeur des différentes histoires, avec cinq rivières qui ne chantent pas autant que le titre du roman, plutôt sombre, mais où des lueurs d'espérance apparaissent.
Ces cinq héros ne sont pas tous attachants, encore que cela dépende de la sensibilité des lecteurs et de leur réceptivité aux nombreuses émotions exprimées.
Pour ma part, j'ai surtout été séduit par Rita et Sam bien qu'il soit chacun aux antipodes l'un de l'autre. Rita est pleine de verbe, elle ne réfléchit à rien et se rend quand même compte de l'orientation néfaste qu'elle a donnée à sa vie. Mais, elle aime, voudrait l'exprimer et porter le bien autour d'elle, sans jamais y parvenir. Sam est son opposé, amoureux timide d'une trop jolie fille, Sophie. Il est incompris par sa mère, n'arrive pas à communiquer avec son père qui est certainement, avec George, l'une des deux belles figures masculines de l'histoire.
Les destinées des cinq vont se croiser suite à un accident dans lequel ils sont impliqués, soit en tant qu'acteurs, soit en tant que spectateurs. George est le conducteur qui a renversé une mobylette pilotée par une femme. Il se croit coupable, son épouse est morte le jour même, il assume très difficilement ces deux événements tragiques.
Je n'ai pas parlé d'Alison, sans doute parce qu'elle incarne la partie du livre que j'ai moins appréciée. Elle est dépressive, écrivant une longue missive à son mari militaire, tentée par le suicide, mais aussi par une vie différente, dans une maison sympathique avec l'homme qu'elle aime.
Liam est gardien de nuit de l'oppidum de Old Sarum, d'où il observe les allées et venues des autres et voit donc se dérouler des tranches de vie des quatre qui font l'histoire du livre. Il porte aussi son histoire, assez brièvement, à la fin du livre.
Chaque histoire se termine sans fin bien définie, sauf pour Rita, et j'apprécie toujours cette proposition offerte par les auteurs consistant à laisser aller l'imaginaire des lecteurs pour bâtir leur propre fin.
Tout le texte est émaillé de considérations sur la vie, la mort, l'amour, le sens, ou son absence, de notre passage sur terre, et cela donne quelques belles réflexions. Il y a donc beaucoup de mélancolie, voire d'amertume, dans ce roman plutôt noir éclairé par de belles lumières.
Même si le style n'est pas très travaillé et les dialogues un peu plats, l'ensemble dégage une atmosphère laissant une impression de lecture positive. Comme le dit son titre, c'est un roman d'écoute de la parole de l'autre, écoute pas toujours active, et des rivières qui pleurent plus qu'elles ne chantent.
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C'est l'histoire d'un banal et tragique accident de la route qui va rapprocher un court instant " cinq" vies," cinq"personnalités on ne peut plus diverses, "cinq "personnages comme les "cinq"rivières qui, jadis, se rencontrèrent à l'endroit même où se dresse aujourd'hui la ville de Salisbury , située au sud de l'Angleterre , trés présente dans la narration.....oú ils vivent tous.....
Les comparaisons de ces destins avec les rivières qui se rejoignent sont lumineuses et d'une grande beauté.
L'auteur avec une finesse et une clairvoyance fascinantes se glisse dans ces vies, entremêle ces histoires où s'entrelacent .. Les vies de ces cinq inconnus qui s'étaient trouvées réunies autour d'un croisement .....
Rita, la quarantaine, gouailleuse et paumée vend des fleurs sur le marché et de l'herbe aussi , pour arrondir ses fins de mois...
Sam, un adolescent fort timide, en proie aux affres des premières amours alors que son père tombe gravement malade.....
George, un vieil homme, qui a perdu, Valérie , sa bien aimée, aprés quarante ans de passion simple, complétement persuadé d'avoir tué cette femme ?
Allison, secrétaire dans un lycée, femme de soldat, mélancolique, esseulée qui se raccroche à ses rêves inachevés , tentera plus tard, de se réapproprier sa vie ....
Enfin Liam , le dernier, fin observateur depuis les remparts....n'en disons pas plus,....
Un premier roman pétri de qualités , une écriture merveilleuse et fine, capable de sonder toute une palette de sentiments et d'états d'âme pour en faire surgir des richesses exceptionnelles ...
Une maturité rare pour un écrivain né en 1987 , une intense puissance émotionnelle, une approche du milieu du théâtre , vraie , sensible et profonde!
L'auteur montre aussi l'importance de l'éducation, l'espace oú on évolue, notre métier , les lieux fondateurs et les valeurs qui nous façonnent .
Il décrit la solitude de l'être, l'amour, l'épreuve ultime de la mort ,la vie, la fidélité , les failles , les naïvetés et les bonheurs de l'adolescence, la maladie, le quotidien , il nous hisse bien au delà de l'ordinaire !
Comment ne pas être admiratif devant le talent et la finesse de cet auteur ?
À suivre....
C'est la longueur du titre intrigante qui me fit choisir ce livre à la médiathéque , une chance !
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Très joli roman choral anglais que j'affectionne particulièrement. Premier roman également, magnifiquement écrit, qui se lit très facilement. Cinq rivières traversent la ville de Salisbury, au sud de l'Angleterre. Cinq personnages assistent à un accident de la route, banal et tragique à la fois. Cinq portraits tous plus hauts en couleurs les uns que les autres. Cinq vies et destins différents se dessinent tout au long de ce récit. Tout d'abord Rita, qui vend ses fleurs au marché et à ses heures perdues un peu d'herbe pour arrondir ses fins de mois. Sam, un garçon de 12 ans, vit ses premiers amours et parallèlement voit la fin de vie de son père aimant. Georges, veuf depuis peu, ayant vécu une quarantaine d'années avec sa bien-aimée une passion simple mais forte. Alison, femme de soldat dépressive qui tient un journal intime pour ne pas toucher le fond. Et enfin, Liam, notre dernier portrait qui est un fin observateur de toute la scène. C'est un véritable plaisir de lire ces cinq portraits, l'auteur est talentueux et manie les mots comme personne. Bonne lecture !
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Un roman choral à cinq voix, réunies l'espace d'un instant par un drame du quotidien, dans la petite ville de Salisbury fondée sur la confluence ancienne de cinq rivières.
Cinq destinées, cinq tranches de vie paradoxalement liées par la mort, l'amour qui meurt, la maladie et une certaine forme de désespérance.
Malgré une belle écriture (qui m'a permis de m'accrocher jusqu'au bout), je suis resté spectateur de ces cinq destinées, peu impliqué, peu impacté. Probablement pas le bon moment pour moi de lire ce livre...
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Les liens antérieurs se distendent la première fois qu'on aime hors de sa famille; la palette de la pensée s'enrichit de nouvelles couleurs et on pénètre dans de nouvelles orbites.
Le quotidien prend du relief et de l'importance quand on fait rire l'autre, quand on l'émeut, quand on crée à deux un motif plus riche. Pour moi, c'est la seule véritable beauté en ce monde.
... l'avenir est un exil, quand on voit l'enfance et la jeunesse filer derrière nous, se perdre dans le bleu et disparaître. La vie se consume en souvenirs qui n'existent bientôt plus que dans nos têtes, jusqu'à ce qu'eux aussi s'éteignent.
Je n'imagine pas une vie digne de ce nom qui ne s'enchevetre pas à une autre comme le lierre. Le quotidien prend du relief et de l'importance quand on fait rire l'autre, quand on l'émeut, quand on crée à deux un motif plus riche. Pour moi, c'est la seule véritable beauté en ce monde.
Il avait peur. Et quand vous diagnostiquez la peur chez votre père, c'est comme si le sol se derobait sous vos pieds, comme si vous étiez perdu sur la lande sans boussole, comme si vous entendiez la voix de quelqu'un qui vous terrorise vous appeler, comme si vous découvriez que vos cauchemars sont réels, comme s'il n'y avait soudain plus aucune certitude. C'est la fin du monde.
Barney Norris - Ce que qu'on entend quand écoute chanter les rivières [Rentrée littéraire 2017]