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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
💧Chronique💧

Si jamais je plonge, est-ce que la forêt me rattrapera de ses bras? Si jamais, je plonge, est-ce que la nuit étendra sa main d'étoile pour trouer l'eau du lac?
Parce que je vous le dis, j'ai plongé. J'ai plongé comme on oublie une respiration. J'ai plongé, corps et âme, dans cette histoire, et les vagues ont tout pris. J'ai tout ressenti de la forêt, des jours bleus, de la fragilité…
C'était mes soeurs en miroir.
Chloé et Clara. Clara et Chloé.
C'était mes soeurs en miroir, qui me racontait leur incomplétude, leur inadaptation, leur effondrement.
Et dans l'eau du lac, ça m'a noyé les yeux.
C'était mes soeurs en miroir, l'une et l'autre, confiant sur le papier ou sur l'herbe, leur tendre fragilité, la dérive et l'amitié.
Je nageais en eaux troubles, et pourtant, je ne voyais que la beauté. Je nageais sur des phrases, qui faisaient de la houle, et pourtant, j'étais en communion avec la nature. Je nageais en souffrance, et pourtant, je contemplais l'été.
C'était mes soeurs en miroir, et c'était une saison de rêves possibles, de paix et d'abandon…
Deux mois comme une parenthèse, comme une bouée pour enfin, respirer. Deux mois comme un soleil, comme une barque aux couleurs revigorantes. Deux mois pour se réchauffer au feu des souvenirs…
Mais l'automne est venu. Il a de nouveau tout écorché, tout abîmé, tout refroidi.
Et les filles bleues de l'été n'ont pas supporté, l'absence de lumière, de mousse, et de baignade.
Les filles bleues de l'été voulaient retrouver l'union, l'osmose et la Sororité.
Les filles bleues de l'été voulaient retrouver leurs yeux vagues, en miroir, sur l'étendue du lac.
Elles étaient mes soeurs, jamais aussi magnifiques, que dans ce moment de retraite intime, à se faire face, dans la grandeur de leur puissance féminine, en aimant la vie.
J'ai du vague à l'âme. Des vagues submergeantes qui roulent de ma pupille, jusqu'au fond du lac. Des vagues de chagrin qui s'écrivent à l'eau, sur un cahier noir…
Que fait le monde, quand la détresse s'empare des jeunes filles en fleurs? Je cherche la réponse dans les racines, derrière les broussailles, sous la surface verte, mais je ne la trouve pas…Et vous?
C'était mes soeurs devant ce miroir déformant qui ondule au vent, et la perte de l'été m'a fait un trou au coeur par lequel j'essaie de m'échapper, mais en vain…
Parce que le coup de coeur est trop grand. Grand comme le firmament. Grand comme l'absence.
Si jamais je plonge, dans le lac, est-ce que mes soeurs seront là, bleues comme un ciel d'été?
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Prodigieux, intense, un hymne à elles, Clara et Chloé, jeunes filles d'écorce et de mousse. Marche lente dans un livre huis-clos, rien que pour elles. On reste en assise dans ce texte au regard franc, vif et intrinsèque. Contemporain, stupéfiant de profondeur. La beauté des sentiments qui ne cèdent rien à la dernière marche des aspérités.
Lire, c'est étreindre le plus léger des gestes. On pressent le ralenti, l'heure prononcée de Mikella Nicol. Une narration robe blanche et marelle entre ciel et terre. Elles sont ici. Clara, divinement amoureuse dans les triomphes de la gloire d'une osmose au possible devenir. Malheureusement, le fil est rompu. L'amour radeau de Géricault , Clara est en dérive.
Chloé est égarée dans les méandres de ses angoisses. Peurs abyssales, le monde trop bruyant, les lumières de la ville, endormies. Chloé est une coquille dans son lit de meurtrissures et de chairs scarifiées.
Elles, siamoises, gémellaires, l'enfance : le lac spéculatif qui ordonnait pourtant les communions charnelles, les balançoires jusqu'au ciel, les rires clairs et le diapason d'une complicité originelle.
Chloé se meurt. L'hôpital, pansements sur les blessures mais pas sur les maux. L'oiseau grappille quelques miettes de pain.
Une robe noire, fantomatique, armure sur un corps qui ne cherche que la sérénité, la paix cyclique de la nature prête à pardonner. Chloé doit s'efforcer, rocher de Sisyphe, Clara soudée à elle. Les épreuves lianes et le retour ensemble dans le chalet en bois des parents de Chloé. Havre, Arche de Noé, barque et berceau, retirées du monde pour oeuvrer au bon, au beau, au charnel, à cette fusion, lave de volcan.
Le lac inspirant, complice et ses reflets qui ne repoussent que les pudeurs et les interdits. Elles ont couronnes de solitude, forêts et pinèdes. le plancher qui craque et lit foetus.
« Les souvenirs ne sont pas les gens : ils ne nous délaissent pas. »
Elles allongent leurs jambes jusqu'à l'horizon. Devinent le magnétisme du salvateur. Belles, cygnes, larmes et sourires. Corps brûlants en plein soleil et secrets au fond des bois, guérisseuses d'elles-mêmes, initiatiques.
Le retour à la terre ferme sera une nage en pleine mer houleuse. Clara, l'amour vaste pour cet homme qui choisira l'autre femme, jamais nommée. Parabole de la chute.
Chloé va affronter ses démons, réveillés en sursaut dans le spartiate de sa vie. Elles sont garde-fou, bandeau noir sur les yeux. L'alliance d'une équité dans l'épreuve. Anneau et raz-de-marée, l'adolescence est un envol, l'aigle noir.
« Bientôt le lac sera gelé, et cette idée nous empêchait de dormir. »
L'âge happe ces belles, brusque leurs espoirs. Elle ne sont qu'écueils et lézardes. Foudroyées par le mutisme de l'écho qui seul, pourtant comprendrait.
Clara, désespérée par la perte de l'homme. Chloé, trop fragile pour combattre les diktats du monde. «  Entre la nature et le rêve . »
« Les filles bleues de l'été » est un voile blanc claquant au vent. Cercle tragique et libre, immensément libre. L'été est la parole qui annonce ce majestueux livre, le triomphe des mots qui savent.
On pleure, parce qu'on pense. On ne vagabonde pas dans un tel livre, on lui doit le respect.
Clara et Chloé, jusqu'au point final.
À noter : La photographie de couverture de Claudine Doury («Nous n'irons plus au bois »,2018), conte la fin de l'enfance de sa fille.
Fondamental, magistral et immensément féminin. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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Les filles bleues de l'été nous révèle deux âmes meurtries, esseulées, « deux peaux vidées », solidaires dans leur désespoir. Deux récits nous sont ainsi offerts en alternance, se croisent et se font face. D'un côté, celui de Clara qui est rongée par la colère, celle que laissent dans leur sillon les amours blessés. De l'autre, celui de Chloé, submergée par la tristesse. Elles ont toutes les deux perdu leurs repères, se sentent étrangères où qu'elles aillent. Partout, sauf là-bas… ce lieu auquel elles appartiennent, au même titre que le vent, les feuilles, le lac. Ainsi, elles trouveront refuge dans le chalet de leur enfance, s'envelopperont dans les souvenirs, dans l'espoir de voir se dissiper le brouillard. Mais l'été laissera place à l'automne…

Le texte de Mikella Nicol, tout en métaphores et en suggestions, nous fait ressentir les choses. Nul besoin de nommer la douleur, nous la devinons, nous la ressentons au plus profond de nous. Nous avançons avec les deux jeunes femmes dans un récit-brouillard dans lequel plane le mystère. Nous avançons à tâtons et nous nous retrouvons avec elles au bord du gouffre, dans l'attente.

Un roman sublime, d'une douloureuse beauté.

Lien : http://carnetdunelibraire.co..
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Aujourd'hui, je te parle du roman de Mikella Nicol : Les filles bleues de l'été. Une lecture qui a été un coup de foudre. Mikella Nicol, c'est une autrice à la plume remarquable et délicate mêlant poésie, fragilité et subtilité. Lire ce livre, c'est être fasciné par la beauté des mots alors que la trame est un drame. Chloé et Clara sont deux jeunes amies qui se retrouvent le temps d'un été dans le chalet de leur enfance. Cet été, c'est l'opportunité de panser les blessures et de revenir dans "la vraie vie".  Chloé, c'est le corps scarifié, fatigué de se battre dans la profondeur abyssal de l'anorexie. Clara, c'est un amour trop beau, trop fort et impossible qui l'a détruite comme un feu ardent qui consume chaque brindille. Ses deux amies, écorchées par les méandres de la vie, veulent se reconstruire. C'est en pleine nature face à la beauté de leur lac qu'elles espèrent et affrontent ce qui les ronge. Les Filles bleues de l'été, c'est un huis clos sublime où les sentiments se confondent à la nature. On écoute les silences qui en disent long et nous observons les arbres respirer. C'est prendre en plein coeur le mal qui ronge deux êtres et qui ne savent plus. C'est un roman court où l'amitié répare et sublime chaque moment. C'est intimiste, dur et riche en émotions. La noirceur de ce livre est à noter, car il vaut mieux être dans un bon jour pour le lire. Cependant, il est à découvrir, car il y a toujours une Chloé ou une Clara quelque part. 
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Chloé sort « de la clinique où on enferme celles qui se veulent du mal » (p.15)
Clara, son amie, l'emmène pour deux mois dans la maison de leur enfance, celle qui les a vues grandir.
Deux mois pour se ressourcer, s'isoler pour se retrouver…
Deux mois d'été…
Mais peut-on sauver l'autre quand on est soi-même à la dérive ?
Deux mois qui verront la naissance de l'une et la petite mort de l'autre…
Deux mois au cours desquels une relation toxique va s'immiscer dans leur reconstruction…
Deux mois d'isolement dans la nature -ou presque- avant un retour à la vie en ville avec ses joies, ses contraintes et le mal qui rôde… mais toujours les deux amis, étai l'une de l'autre, dont les rôles s'inversent au fil de la vie…
Un émouvant roman qui ne sombre pas une seule fois dans la noirceur ni le pathos. Une très jolie écriture : beaucoup de sensibilité dans les mots et une musicalité dans les phrases qui nous entraînent au plus profond des émotions et nous offrent un certain sentiment de sérénité… comme si ces deux filles faisaient ce qu'il fallait au bon moment…
Un coup de coeur !
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Un très joli roman que l'on savoure. L'écriture de l'auteur nous imprègne petit à petit, nous transporte, telle une jolie ballade poétique.
Avec quelques mots, en quelques lignes, elle réussit à partager une histoire, des sensations, des émotions. Tout tient en quelques pages, et tout y est.
C'est beau (alors que la thématique est noire), prenant et n'est pas sans rappeler l'atmosphère du magnifique “Là où chantent les écrevisses” de Delia Owens.
Il me tarde de découvrir le prochain roman de cet autrice dont le style unique m'a enchantée.
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Les filles bleues de l'été est un roman dans lequel la douleur s'exprime par les silences. Chloé et Clara sont amies d'enfance, elles se retrouvent le temps d'un été dans une maison à l'orée de tout, loin du monde, un endroit qui n'est qu'à elles. Elles s'y retrouvent pour guérir de ces maux qu'elles ne savent pas nommer, et ne veulent pas exprimer, toutes deux sont accros à la douleur sourde dans leurs entrailles. Il n'y a qu'en été qu'elles la laissent partir, mais elle ne part que pour revenir à l'automne, au retour en ville, au retour des autres.
C'est un des romans qui décrit le mieux la dépression nerveuse et ses chemins, l'addiction à la douleur et ce genre d'amitié qui ne nait et ne s'épanouit que dans ces conditions.
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Je remercie la ou le bibliothécaire qui extirpa de son étagère ce livre pour le placer en tête de gondole dans l'intention louable de me faire tomber, de me troubler. Deux voix de jeunes adultes femmes, qui partagent des souvenirs depuis leur tendre enfance comme on dit, tendre enfance qui se mue en douleurs et brûlures qui ne s'éteindront qu'avec la mort, « Les souvenirs ne sont pas les gens : ils ne nous délaissent pas. Ce sont des objets que nous partagions depuis longtemps. Nous nous les passions de mains en mains quand nous n'allions pas. C'était devenu un rituel, le seul auquel j'accepterais de me conformer. » (pages 32/33). Pas besoin de s'appesantir sur ce qui les rongent, j'en frissonne encore rien que d'y penser. 128 pages ciselées ; des phrases sismiques, justes, qui recouvrent lentement la vie comme les feuilles d'automne orangées recouvrent un lac avant de sombrer, de devenir marron, de se putréfier et dont ne retient que la couleur orangée lumineuse et éphémère avec le soleil froid qui annonce l'hiver, « La routine avait repris son dû. Les feuilles tombaient comme un générique. » (page 73). Rien ne les sauvera, « De toute façon, si la fiction avait pu remplacer nos jours, il y a longtemps que nous aurions été sauvées. Si les romans avaient pu nous servir de maison, nous aurions cessé de chercher la fuite. » (pages 113/114), pas même le troisième personnage de ce court texte, le Paysage dont je souhaitais un instant qu'il guide leurs pas, « Le paysage ressemble aux souvenirs que l'on manipule doucement avant de s'endormir. » (page 120). J'aspirais à une fin autre tellement j'étais avec elles deux, mais quand les deux trous furent percés je sus la fin, je l'attendais sans peur, peut-être parce que je me retrouvais dans ce texte, l'absolu de l'adolescence ne voulant pas me quitter, « Tout mon être était à rêver des mondes loin d'ici. » (page 98).
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Un livre à l'écriture unique et magnifique qui traite de la fragilité de l'adolescence, des amours et des amitiés fulgurantes et profondes, de la complexité de la vie, celle qu'on rêve et celle qu'on vit quand on n'a pas encore accepté les impératifs du quotidien et de la société. Un véritable coup de coeur.
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