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Une histoire enveloppée d'un tissu velours apportant moelleux et douceur à sa lecture.

Si je devais choisir une couleur à ce tissu pour emballer le cadeau qu'il contient, j'opterais pour le vert, symbole d'espoir et de renaissance, d'abord parce qu'il colore parfaitement l'histoire de Lisa ensuite parce qu'il renvoie à cette belle couverture aux couleurs délicatement dégradées. Vous-a-t-elle tapé dans l'oeil à vous aussi ? Car elle m'a séduite d'emblée lorsque j'ai reçu le mail de @deborahbabelio me proposant de participer à cette MC privilégiée. Mes yeux ont tenté de percer l'énigme de la 1ère de couverture, un jeu auquel je me livre bien souvent. Tel un enquêteur, je relève les indices qui m'amènent sur une ou plusieurs pistes, puis je lis la 4e dont le résumé confirme ou non mes pistes, je réajuste éventuellement en fonction de ces nouveaux éléments. Puis je découvre le roman et je reviens vers cette couverture en fin de lecture pour y vérifier la bonne adéquation entre couverture et contenu. Et dans le cas présent, tout est parfaitement « raccord », autant le titre que les éléments qu'on relève ainsi que le résumé de la quatrième. Voilà une couv' élaborée avec grand soin, comme je les aime.

J'ai trouvé cette lecture tentante, j'ai donc postulé dans le cadre de cette opération. Une première, je m'étais pourtant dit que je ne ferais pas cela en raison des contraintes que cela peut entraîner... Comme quoi, ne jamais dire jamais ! Et alors ? Grand bien m'en a pris car j'ai découvert une très jolie plume, sensible, délicate. J'imagine que la personne qui tient cette plume fait preuve d'une grande douceur et d'une empathie hors pair en plus d'être une fabuleuse conteuse. Il s'agit du premier roman de Rachel Mourier qui s'appuie sur de nombreuses recherches documentaires.
Un ouvrage abouti, écrit avec grand soin. le récit foisonnant de Lisa est émouvant.

Elle raconte son histoire entre son enfance, sa famille, ses deux amours, sa déportation, sa « reconstruction par omission », son retour aux sources. J'ai trouvé la trame narrative intéressante, en grande partie sous la forme d'entretiens ayant pour but de libérer sa parole, pour placer des mots sur tout ce qu'elle a enfoui au fond d'elle-même, ce grand traumatisme des survivants de la Shoah. le récit alterne entre présent et passé, impulsant une belle dynamique à la lecture tout en permettant de digérer les passages marqués au fer dans la mémoire de ces survivants.
J'ai découvert de nouvelles atrocités, bien réelles. J'ai pourtant déjà beaucoup lu sur cette seconde guerre mondiale et la Shoah, mais j'en ai encore appris, c'en est sidérant... Bien que fictif, j'ai trouvé le récit de sa déportation d'autant plus captivant qu'il s'appuie sur des témoignages recueillis par l'auteure. Rachel Mourier écrit dans sa note de fin d'ouvrage : « Les anciens déportés, dont j'ai écouté et regardé des dizaines d'heures de témoignages, en plusieurs langues, constituent la source primaire de ce roman. Leurs voix m'ont accompagnée tout au long de sa rédaction. »
C'est la partie de l'ouvrage que j'ai trouvée la plus intense, bien qu'écrite avec délicatesse. Les plus sensibles des lecteurs pourront lire ce livre sans souci, les atrocités sont racontées avec la plus grande douceur possible. Un emballage en velours vous disais-je en introduction de mon ressenti.

Ce livre est décomposé en trois parties idéalement résumées par la 4e. En terme d'intensité, (je vais prendre l'image de la marche) il m'a fait penser à une randonnée de niveau assez facile, avec un long départ sur du plat où l'on s'échauffe tout en visualisant le décor suivi d'un petit dénivelé où le coeur palpite, où l'on se concentre sur ses pas et le tracé du chemin puis une fin en longue descente douce, toute douce. J'ai trouvé cette dernière partie pétrie d'un tas de bons sentiments. Trop douce pour moi qui aime plutôt être bousculée dans mes lectures, mais ceci est strictement personnel et n'a rien à voir avec les qualités de l'ouvrage.
Le parcours de randonnée a été agrémenté d'un tas de fleurs, il est aussi foisonnant que le récit de Lisa. Car elle nous entraîne aussi bien dans l'atelier d'une chapellerie de son enfance qu'auprès de son grand-père entomologiste avec lequel elle développera l'art du dessin détaillé des insectes ou encore auprès de son père qui lui enseignera l'art de déclamer bon nombre de poèmes allemands. Mais le récit foisonne de mille autres choses encore, c'est riche de connaissances car il ouvre des portes sur un tas d'informations que j'ai creusées par des recherches sur le net. Foisonnant à souhait pour qui aime qu'un tas d'éléments viennent percuter le cerveau, comme une partie de flipper ! Mais parfois cela fait « tilt, game over » d'avoir trop secoué la machine ! Trop d'informations peut-être en ce qui me concerne.

Ce roman m'a fait passer un bon moment de lecture, c'est une belle découverte offerte par Babelio et les éditions Seuil. Merci de m'avoir sélectionnée dans le cadre de cette opération MC privilégiée ! Un privilège que j'ai apprécié, le fait de lire un roman en avant-première, vierge de tout commentaire, est stimulant.

Pour finir, pourquoi ce titre, « Petite Lisa » ? Qui est-elle cette petite Lisa ? Héhé, allez-le découvrir par vous-mêmes :-)
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Lisa Vidmar, une dame âgée de 86 ans, vit depuis 60 ans en Slovénie.
Son mari, Bogomir, décédé, elle revient en France en avion qu'elle prend pour la première fois. Elle veut revoir Dijon, sa ville natale.
L'hôtesse, pour qui c'est le dernier vol, l'aide et l'accueille quelques jours plus tard dans sa famille avec son mari et sa fille. Cette étape est très bien amenée de façon à que cela semble plausible.
Sa fille, Marion et un pompier venu en urgence pour un malaise repèrent vite le tatouage de Lisa, ancienne détenue à Auschwitz.
Marion, la fille, sympathise avec Lisa. Celle-ci lui dessine à merveille une libellule. On en apprend un peu à ce moment sur la jeunesse de Lisa à Dijon.
La communication intergénérationnelle intervient beaucoup dans cette partie du récit.
Lisa n'avait jamais parlé de cette période à personne et encore moins de sa détention.
C'est à l'Historienne de l'association "Mémoire des déportés " qu'elle va confier son passé : les moments heureux en famille d'abord, l'horreur de l'antisémitisme et de la déportation ensuite.
Elle a vécu toutes ces années en ne cessant de se remémorer sa petite soeur Laura, en pensant aux barbares nazis, en se récitant des litanies de chiffres d'objets... qu'elle compte pour tromper son angoisse. Ses malaises sont plus présents en France. Auparavant, elle menait une vie normale, active, avec son mari et la famille de celui-ci.
La partie du livre qui raconte sa vie dans le camp d'Auschwitz prend une très large place avec les expériences médicales sur les femmes et les expériences de stérilisation atroces. Des médecins tristement célèbres sont cités.
Lisa sauve sa vie grâce à sa connaissance de l'allemand transmise par son père. Elle dactylographie les rapports et croit faire acte de résistance par une supercherie dans son travail.
Elle a une mémoire de restitution et récite des poèmes allemands à la demande des nazis.
Dans la dernière partie que j'aurais souhaité plus développée , elle arrive à Dijon avec la famille d'Evelyne et là d'énormes surprises nous attendent.
Notamment l'importance de la libellule qui apparaît sur la très jolie couverture nous est révélée.
Elle est très symbolique la couverture, avec la libellule, les chiffres, l'entrée du camp d'Auschwitz.
L'écriture du livre est fine, élégante, sensible.
Les pensées oniriques décrites par Lisa sur les barbares nazis, ses litanies de chiffres, ses extraits de poèmes, la description colorée de la boutique de chapeaux de sa grand-mère sont des passages marquants dans mon cas.
J'espère que Rachel Mourier dont c'est le premier roman nous en offrira d'autres.

Grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi du roman qui rentre parfaitement dans mes goûts de lectures.

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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse critique privilégie, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions du Seuil pour l'envoi de ce dernier.

C'est d'abord la couverture qui 'a tapée dans l'oeil et même si l'on croit y décerner quelque chose de beau avec cette libellule et ce beau bleu, l'on distingue en fond un bâtiment qui ne laisse rien préfigure de joyeux et en lisant la quatrième de couverture avant de postuler pour cette opération, j'ai su que je ne me trompais pas et pourtant. A quoi cela sert de lire encore et encore des ouvrages sur la Shoah, sur toutes les souffrance que les IIIe Reich a fait subir aux juifs, aux tziganes, aux handicapés mentaux et autres me direz-vous, bref tous ceux qui étaient hors norme et ne correspondaient pas à la race aryenne ? Tout simplement, pour ne pas oublier, pour en savoir davantage, pour découvrir, il est vrai, chaque fois, de nouvelles atrocités que les hommes, femmes et enfants ont dû endurer et surtout pour se dire plus jamais cela. Malheureusement, l'on voit bien que l'Homme en tant qu'être humain (si l'on peut qualifier les bourreaux ou tous ceux qui cautionnent ce genre d'actes ou du moins, ferment les yeux), si il ne tire pas des leçons de son Histoire et ne réitère effectivement pas les erreurs du passé, est capable de faire autrement et ce, pas dans le bon sens du terme ! A la question philosophique "L'Histoire est-elle un éternel recommencement ?" Pour moi, et je le déplore (et désolée si certains me trouvent pessimiste, moi je me considère juste comme étant réaliste), je répondrai que Oui.

Plongeons-nous dans l'histoire, celle de Petite Lisa cette fois-ci. C'est à bord d'un avion qui devait la ramener sur les traces de son passé, en France, que Lisa, maintenant devenue une vieille dame, fait la connaissance d'Evelyne, hôtesse de l'air qui effectue son dernier vol précisément ce jour-là. Voyant que Lisa ne se sent pas bien, elle va la prendre sous son aile et finalement sympathiser avec elle. Cependant, elle est loin de ce qu'elle va découvrir du passé de "Petite Lisa", comme elle se plaira à s'appeler elle-même pour décrire du mieux qu'elle peut toues les atrocités qu'elle a enduré, non seulement elle mais toutes les autres femmes qui se trouvaient au Block 10 à Auschwitz à un moment où il ne fallait pas s'y trouver vous l'aurez bien compris. Quant à sa soeur Laure et à son père, tous deux ont été éliminés dès leur entrée au camp (du moins, c'est ce que Lisa a toujours cru). En racontant l'indicible, en faisant resurgir de sa mémoire ses pires cauchemars (pourtant bien réels), Lisa va apporter une nouvelle preuve de la cruauté humaine, de ces hommes qui, en voulant servir leur Führer, ont accompli les pires atrocités qui soient.

Un roman très bien écrit, extrêmement émouvant mai ô combien dur (difficile de ressortir indemne après une telle lecture) - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne l'ai pas lu d'une traite mais ai lu quelques ouvrages beaucoup plus légers entre temps mais que je ne peux que vivement vous recommander, même si j'ai trouvé qu'il y avait parfois certaines longueurs d'où le fait que je n'ai pas mis la note maximale à ce dernier mais cela ne concerne que mon avis personnel). Je vous laisse libres juges mais puis vous assurer que vous ne serez pas déçus. D'ailleurs, pour un premier roman, moi, je tire ma révérence à l'auteure, d'autant plus qu'elle ne s'est pas attaqué à un sujet facile et qu'elle a du énormément se documenter pour cela mais l'on n'en sait jamais assez et sans cesse, pour peu que l'on s'y intéresse, en consultant les témoignages des rescapés, nous pouvons en apprendre davantage pour peu que l'on ait le coeur bien accroché !
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Quand la fiction transcende la réalité historique...
Lisa Vidmar prend l'avion pour la première fois afin de se rendre de Slovénie où elle est apicultrice, en France. Evelyne, hôtesse de l'air sur ce même vol, effectue sa dernière mission avant de prendre sa retraite. Les deux femmes arrivées chacune à la fin d'une histoire qui leur est personnelle, vont se lier d'amitié et Lisa va livrer son histoire qui l'a emportée jusqu'à Auschwitz...
On pourrait penser que c'est un énième témoignage sur la Shoah et se dire que l'on commence à en connaître un rayon sur la question, ce serait une erreur. D'abord parce qu'il est toujours bon de revenir sur le plus grand désastre du XXe siècle afin d'entretenir le souvenir de ce que l'homme peut faire de plus ignominieux, qu'il a l'imagination pour repousser toujours plus loin les frontières de l'horreur, et surtout que « Petite Lisa » est avant tout un roman, une fiction basée sur des faits hélas réels. Enfin que nous aurions pu être cette Lisa si la vie en avait décidé ainsi, si nous étions nés à cette époque, au mauvais endroit, sans les caractéristiques du « bon aryen »...
« Petite Lisa » est un personnage inventé par Rachel Mourier mais elle porte en elle l'histoire de centaines de milliers de « Petite Lisa » qui ont réellement existées.
A partir d'un laborieux travail de documentation, Rachel Mounier construit sa fiction avec les éléments historiques qui offrent à son récit toute la crédibilité nécessaire pour faire de ce roman un épisode de ce que l'humanité a laissé de plus ignoble en héritage à la postérité : l'extermination scientifique, politique et administrative de millions de ses semblables.
L'auteure amène son sujet principal avec beaucoup d'adresse. On est immédiatement emporté par la tragédie de cette femme qui nous est chère. Rachel Mourier sait nous prendre par les sentiments, et comment pourrait-il en être autrement ? Elle est une conteuse merveilleuse et son récit reste vraisemblable sans jamais tomber dans la mièvrerie.
Merci à babelio et aux éditions du Seuil pour la découverte de cette auteure et de son premier roman dans le cadre d'une masse critique privilégiée. C'est une histoire qui ne laissera personne indifférent et dont le souvenir résonnera longtemps tant elle prend aux tripes et ne vous lâche plus.
Je recommande vivement cette lecture !
Editions du Seuil, 344 pages.
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Non, ce n'est pas un coup de coeur.
Non, l'empathie n'est pas venue.
Non, je n'ai pas été bouleversée.
L'écriture, le style ont freiné mes émotions. Trop pédagogique, j'ai eu l'impression d'assister à un cours d'histoire, bien ficelé mais sans vie : un montage d'interviews routinier pour donner un cadre à l'histoire. Des faits bien décrits, mais édulcorés pour ne pas rendre la lecture effroyable (ce qui n'est pas un défaut). Les parcours des médecins SS retracés, mais trop détaillés et prenant trop de place.
Bref, je reproche à l'auteur de n'avoir pas pu, ou su, s'éloigner du cadre professoral pour écrire cette histoire, ce qui la rend didactique et empêche le rapprochement avec les personnages. Les réflexions et questions posées à l'historienne qui enregistre les paroles de Lisa sont le reflet exact de celles posées lors de rencontres avec les anciens Déportés auxquelles nous (lecteurs) avons nous-même participées ou écoutées. Même si je reconnais que l'exercice est bien fait, bien organisé, bien documenté (les expériences scientifiques nazies concernant la stérilisation et l'eugénisme sont ici décriées et dénoncées), le cote romanesque y est peu présent, excepté vers la fin quand les deux soeurs se retrouvent.
Mais, encore un mais, toutes les personnes qui encadrent les deux soeurs, sont dupliquées de la même façon, ou toutes de la même couleur, toutes pleines d'amour, d'indulgence, de prévenance. Bref, une surenchère de bons sentiments qui donnent un petit air gnangnan aux propos. Je comprends bien qu'il faille prendre soin de cette petite mamy fragile qui a connu l'enfer, mais l'infantiliser, je ne suis pas sûre du procédé.
Bref, tout ce côté là a encombré ma lecture.
Par contre, pour tout ce qui concerne le pendant historique, la lecture se tient même si ici, tout ce qui est relaté sur cette sombre période a déjà été écrit ailleurs. Et aussi, parce que cette petite Lisa porte en elle tous les secrets ignominieux enfouis dont l'homme est capable, mais aussi tous les espoirs dont l'homme a besoin pour grandir.

En 2010, Lisa revient en France sur les traces de son passé, après avoir vécu plus de soixante ans en Slovénie. Dans l'avion qui la conduit à Paris, la vieille dame fragile est aidée par Évelyne, qui l'accueille chez elle, avec son mari et sa fille. Les deux femmes se lient d'affection.
Solitaire et secrète, Lisa est peu à peu amenée à livrer le récit de son enfance dans les années 1930 à Dijon, sa ville natale. Un bonheur tranquille au sein d'une famille aimante, avec une petite soeur au caractère bien trempé, une mère chapelière, un grand-père entomologiste, un père germaniste et pacifiste.
Mais cette famille française est aussi une famille juive…

Un livre reçu lors d'une masse critique associée aux éditions du Seuil que je remercie.
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Évelyne, hôtesse de l'air , fait la connaissance , lors de son dernier vol avant la retraite , d'une vieille dame Lisa Vidmar arrivant de Slovénie .
Lisa est apeurée à l'idée de revenir en France et Évelyne, sentant la détresse de cette femme que personne n'attend à l'arrivée à Paris, la prend en charge chez elle .

Peu à peu , Lisa se confie .

Née à Dijon en 1924, elle y a passé une enfance heureuse entre un grand père entomologiste, un père féru de poésie germanique , une mère chapelière et un petite soeur Laure .

La famille est juive non pratiquante et le bonheur fait place à l'inquiétude puis s'écroule subitement lors de l'arrestation du père .

Lisa dévoile enfin son histoire , sa déportation à Auschwitz et les traitements atroces qu'elle a subi en tant que sujet d'expérimentation au block 10 dans le cadre de l'étude de la stérilisation de masse des femmes .

Un sujet que je connaissais déjà ainsi que celui évoqué sur l'extermination des malades mentaux et des handicapés.

Rachel Mourrier a réussi entre le récit terrible de Petite Lisa à créer un cocon de douceur entre l'évocation de l'atmosphère vieillotte et rassurante du magasin de chapeaux, les dessins des insectes et les vers de Goethe et de Schiller puis la bienveillance des personnes entourant la vieille dame.

J'ai moins aimé la fin du roman, trop "romanesque" à mon goût , mais ce n'est que mon avis ...

Un roman à conseiller sans limites aux lecteurs les plus jeunes sans doute moins sensibilisés à toutes ces abominations pour ne pas oublier et ne pas les reproduire . On a bien besoin de rappels malheureusement aujourd'hui .

Je remercie Masse Critique privilégiée et les Éditions du Seuil pour cette belle et sensible lecture.
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Un grand merci à Babelio et aux Éditions du Seuil, grâce à qui j'ai pu découvrir Petite Lisa, premier roman de Rachel Mourier, autrice française, dans le cadre de cette Masse Critique privilégiée.

Je me dis qu'écrire un premier roman n'est pas simple. Et qu'écrire un roman sur la Shoah, alors que le sujet a été maintes fois traité sous tous les aspects possibles par un nombre incalculable d'auteur.ices, ne l'est pas non plus.

De mon point de vue, cela ne me semble pas évident du tout, donc rien que pour cela, j'admire le travail de l'autrice, que j'imagine considérable.
Même si aujourd'hui, il existe des milliers d'oeuvres évoquant ce génocide connu sous 39-45, je me dis qu'il y aura toujours des choses à en dire, peu importe le temps qui passe. Et je n'aurais pas postulé pour cette Masse Critique privilégiée si cela ne m'intéressait pas, cela va de soi.

Ce que j'aime quand je découvre un livre, c'est ce sentiment éprouvé quand un.e auteur.ice arrive à me faire rentrer dans son histoire dès les premières pages.
En soi, il ne m'en faut généralement pas beaucoup. Il me suffit d'une plume qui m'est agréable ainsi que des personnages qui attirent mon intérêt, et me voilà embarquée dans le récit...

Cela ne m'arrive pas systématiquement, mais je l'ai ressenti avec Petite Lisa.

J'ai lu quelques chroniques sur le livre et honnêtement, je n'aurais jamais ce talent pour retranscrire mon ressenti de façon aussi brillante avec un propos si étayé. Mais j'espère juste pouvoir montrer que j'ai aimé cette lecture.

Ce récit nous fait suivre Lisa, une dame âgée se retrouvant à replonger dans son passé, lors de ces années où elle n'était qu'une adolescente quand la Seconde Guerre mondiale a commencé.
J'ai mis beaucoup de temps à lire le roman en raison de mon rythme de lecture complètement éparpillé depuis septembre dernier, donc ma découverte de Petite Lisa n'a pas été fluide du tout et s'est étalée sur vingt jours... Pourtant, malgré ce temps étalé dont je n'ai pas du tout l'habitude (et que je déteste !), j'ai eu l'impression, chaque fois que je reprenais le cours du récit de Lisa, que d'un coup, plus rien n'existait autour de moi. J'étais alors plongée dans son histoire, et rien d'autre.

La forme qu'a choisi l'autrice pour son roman et sa façon d'aborder un témoignage (certes fictif, mais fondé sur de nombreux cas, bien réels) m'ont plu. Ce sont à travers différents 'entretiens' que Lisa raconte petit à petit son histoire. À noter que le livre n'est pas écrit à la première personne et que le lecteur n'a pas exclusivement les pensées et pdv de Lisa. Cela m'a dans un premier temps surprise car je trouve que cela donne une atmosphère assez différente, mais je pense finalement que le choix du pdv à la troisième personne était plutôt pertinent. Il permet que le récit soit, d'une certaine manière, davantage accessible, moins intimiste, et le fait d'avoir également le regard et les pensées des personnes gravitant autour d'elle est super intéressant. Quand on parle de témoignage, on pense souvent à un récit à la première personne, mais je trouve qu'ici, le parti pris de l'autrice était bien choisi.

Il y a les passages où Lisa raconte son histoire, et puis il y a aussi les passages où les personnages qui l'ont écoutée reviennent sur ce qu'elle a dit, échangent entre eux et font part de leurs réflexions. Une sorte de debrief. Et j'ai beaucoup aimé ces moments-là. Je me suis sentie proche d'eux, sûrement parce qu'ils sont de la même génération que moi, de celle qui n'a pas connu la guerre et qui est née après...

J'ai aimé le personnage de Lisa, qui s'est créé sans le vouloir une espèce de mécanisme d'auto-défense, en quelques sortes pour se 'protéger', comme un endroit dans lequel se réfugier afin de survivre au traumatisme... C'est un personnage profondément touchant.

Malgré les horreurs évoquées, j'ai sincèrement apprécié la plume de l'autrice. Les chapitres sont courts et le récit est fluide, ponctué de phrases percutantes pour ma part à certains moments donnés. Cette lecture ne m'a clairement pas laissé indifférente, c'est certain. (et cette dernière partie ! je ne m'y attendais pas !)

En refermant le roman, mes yeux se sont posés sur la couverture, sur laquelle j'ai désormais un regard bien différent de la première fois que je l'ai vue. le regard d'une personne qui en a compris toutes les symboliques.

Ce n'est pas un coup de coeur absolu, il me manquait sûrement un petit quelque chose pour que l'émotion me pousse à le noter plus que 4/5. Mais c'est une belle découverte malgré tout, sans nul doute !
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Tout d'abord, je tiens à remercier ma babelamie Colette (LetCo) pour sa critique qui m'a donné envie de lire Petite Lisa. Je viens juste d'aller relire ta critique, elle est d'une parfaite justesse, un grand MERCI à toi. Je vous conseille également de la consulter afin d'avoir un avis éclairé de ce qu'il vous attend si vous souhaité vous aventurer dans cette lecture.

Je remercie également spleen pour sa critique tout aussi convaincante qui a confirmé ma volonté de découvrir la plume de Rachel Mourier.

Je ressors de cette lecture avec un avis mitigé mais dans l'ensemble positif. L'auteure à un talent indéniable d'écriture, ça plume est fluide et agréable à lire. La trame narrative est plaisante et le découpage en trois partie distincte est judicieux pour doser l'émotion du récit. J'ai remarqué également la qualité des recherches et par conséquence le travail fait pour nous montrer une partie de l'horreur qu'a été l'Holocauste de la Seconde Guerre mondiale.

Il y a de nombreuses références littéraires dans le livre dont une qui je trouve extrêmement pertinente qui est le poème de Goethe "le Roi des Aulnes (Erlkönig en allemand)", je le connaissais déjà par le biais du lied de Schubert. Je vais vous exposer ma pensée mais pour cela je dois masquer une partie de la critique afin de préserver d'un gros spoil (le coeur du roman) les éventuels lecteurs.

On se retrouve après ^_^



Me (nous) revoilà ;-)

J'ai quand même un petit bémol à émettre concernant le côté romanesque du roman principalement dans la troisième partie du livre. Celui-ci apporte une douceur au récit qui ne l'oublions pas est sur un sujet très dur, basé sur des faits ayant réellement existé. C'est bienveillant de la part de Rachel Mourier et cela protège les lecteurs les plus sensibles. Pour ma part dès que l'on touche à des faits historiques qui représente l'atrocité que l'humanité a connu, je souhaite être bousculé, choqué et ému aux larmes. Ici je n'ai pas ressenti d'émotion aussi fort, j'ai tout de même eu de l'écoeurement de savoir que de telles atrocités ont bien eu lieu et confirmées après recherche sur le net.

C'est un premier livre prometteur et j'espère retrouver dans mes futures lectures la plume de Rachel Mourier.

Bonnes lectures à vous toutes et tous !
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Que les temps sont tristes et l'histoire aussi. Un récit au présent comme éternel recommencement de l'intolérance et l'incompréhension qui détruisent.

« La Petite Lisa » a beau s'habiller d'émeraude, de musique, de littérature et de poésie, les chemins du passé mènent tout droit vers l'horreur d'Auschwitz là où on extermine, on déshumanise et où l'on fait subir des expérimentations répugnantes à ceux que l'on considère comme nuisibles. Personne n'est jamais revenu des camps car même les survivants y ont laissé un morceau d'âme.

Pour Lisa, aujourd'hui, de retour en France à la recherche de ses racines, le voyage dans le temps sera à la fois nostalgique et brutal. Car « Petite Lisa » telle une somptueuse libellule s'est envolée depuis longtemps, se protégeant des pires meurtrissures, énumérant pour calmer ses angoisses. Mais « Les mots sont plus forts que les nombres ». Accompagnée pour partager son histoire, elle pourra peut-être enfin s'apaiser.

Dans ce roman, c'est précisément l'importance de la parole qui domine, celle qui permet de transmettre, d'accomplir un devoir de mémoire et de reconstruire une histoire individuelle mais aussi commune. Même si Rachel Mourier accompagne ce récit dramatique de trop de douceur à mon goût, j'ai agréablement été surprise par sa qualité d'écriture et par les nombreuses références littéraires. J'ai par contre appris beaucoup plus sur les expérimentations dans les camps dans le livre « Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux ».
Ce roman reçu dans le cadre d'une masse critique reste cependant une jolie première réussite.

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“Avec les hommes, comme avec les chiens, il faut toujours cacher sa peur. Lisa le sait depuis longtemps et cette pensée la traverse à plusieurs reprises dans le hall de l'aéroport de Ljubljana.”

2010, Slovénie. Lisa s'apprête à prendre un vol pour la France, un pays qu'elle n'a plus revu depuis plus de soixante ans. Elle a pour projet de se rendre à Dijon, la ville où elle a grandi. Dans l'avion, elle se sent fragile et désorientée. Arrivée à Paris, elle semble perdue. Évelyne, l'hôtesse de l'air, remarque son désarroi et lui propose de l'accueillir chez elle quelques jours. Rapidement, les deux femmes se lient d'affection. Mais, Lisa est de plus en plus secrète et mystérieuse. Un malaise, l'intervention des secours, la découverte d'un tatouage sur son corps, celui des déportés, puis une rencontre guident Lisa auprès d'une association qui lui donne la parole. Lisa peut maintenant livrer son récit.

Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cette lecture.

Petite Lisa” fait partie des livres qu'on ne peut pas interrompre une fois ouverts. L'histoire est immersive dès les premières lignes. J'ai été complètement captivée par l'écriture de l'autrice.

En trois parties, avec des chapitres courts et entraînants, on découvre le témoignage d'une femme qui a connu les pires horreurs.

Lisa est née en 1924 à Dijon dans une famille juive et grandit auprès de parents aimants et de sa petite soeur, Laure. La famille est heureuse. Mais nous sommes à la fin des années 1930, le bonheur est de courte durée. La guerre éclate. le père est arrêté. Lisa et sa mère sont arrêtées et déportées à Auschwitz.

Lisa survit grâce à des rencontres et des amitiés qu'elle fait dès son arrivée au camp. Elle réussit à échapper au pire. A la libération, elle se construit une nouvelle vie loin de la France. Et garde en elle tous les souvenirs.

Petite Lisa” est un roman qui donne la parole à une rescapée d'Auschwitz. On y parle des exécutions, des chambres à gaz, des théories eugéniques, des expériences médicales et des euthanasies de masse.

On croise la route des pires SS dont Himmler. On rencontre Mengele, Clauberg et Schuman, des médecins et praticiens de l'idéologie nazie dans toute leur cruauté.

Lisa raconte tous ses secrets. Il est désormais temps pour elle de se libérer, de retrouver les lieux de son enfance et de trouver la paix.

C'est un roman percutant, retraçant de manière romancée le parcours d'une survivante de la tragédie de la Shoah.

Une très belle lecture.

Lien : https://labibliothequedemarj..
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