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EAN : 9782226487339
272 pages
Albin Michel (04/10/2023)
3.55/5   20 notes
Résumé :
Jean-Claude Michéa a choisi en 2016 de s'installer dans un petit village des Landes, pour rompre avec le style de vie des grandes métropoles et sa logique du « toujours plus ». C'est donc à partir de cette expérience de la « France périphérique » qu'il a mûri ce nouvel essai, qui nous offre une réflexion critique extrêmement originale et stimulante sur nos sociétés dites « progressistes ».

Il s'y emploie à mettre au jour les conséquences ultimes du mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans l'élaboration de ma vision de la société et la compréhension des tensions et des conflictualités qui la traversent, il y a eu indéniablement un avant et un après Michéa.

Grâce à ses ouvrages, j'ai pu mettre les mots sur cette répulsion que m'inspire cette gauche post-mitterrandienne qui a troqué la défense des ouvriers et des dépossédés contre la défense des minorités. Cette gauche qui a substitué à la lutte des classes et au marxisme, des principes moralisateurs allant de l'inclusivité à la tolérance pour se donner bonne conscience. Cette gauche que je côtoie dans le monde professionnel truffé de cadres métropolitains (dont je fais partie) et qui n'hésite nullement à soutenir une réforme antisociale tout en donnant des leçons sur le sexime ordinaire en entreprise.

Qu'on me comprenne. Je ne cherche nullement à opposer ces luttes. C'est cette gauche convertie au libéralisme qui les a opposées. Je pense à ce néo-féminisme qui revendique le droit de toutes les femmes à intégrer le camp des exploiteurs, à ce dogmatisme pro-immigration dont la première victime est le migrant lui-même, travaillant pour un salaire de misère dans l'irrespect total du droit du travail et autres absurdités qui n'intègrent nullement le social, ou quand elles cherchent à l'intégrer, c'est uniquement pour réaliser un agglomérat d'individualités sans que jamais se dessine une réflexion systémique, un raisonnement en termes de collectif, bref en termes de "classes".

Ces mots raviront probablement les gens se considérant comme de "droite". Il y en a beaucoup qui sont des admirateurs de Michéa et jubilent sur son aspect "conservateur". Mais son conservatisme n'est qu'un petit instant, essentiel certes, dans sa critique radicale du capitalisme. Les soi-disant libéraux conservateurs peuvent circuler, il n'y a rien pour eux. Car, oui, Michéa est un socialiste authentique qui démasque l'opposition factice du libéralisme économique et du libéralisme culturel. Ces deux libéralismes ne sont que les deux faces de la même médaille, et c'est peut être là le principal à retenir de Michéa.

Dans la continuité de ses précédents ouvrages, ce dernier point est développé dans son dernier livre à l'aune des dernières dérives du capitalisme. L'extension du capitalisme va au-delà du domaine économique pour s'attaquer au culturel, à l'intime et à l'anthropologique. le capitalisme est un "fait social total", il a atteint son "état chimiquement pur" et se cristallise chez ces "agents dominés de la classe dominante", cadres CSP+, lobotomisés par Netflix, errant en monades déracinés, touristes dans leur propre pays et pour qui toute évocation de Marx est une hérésie d'un passéisme crasse.

Comme à son habitude, Michéa décrypte à merveille les mécanismes sociaux économiques et culturels du capital auquel il oppose, dans la lignée d'Orwell, cette "common decency" ou ce bon sens populaire, héritage de milliers d'années de tradition qui résiste. L'anticapitalisme de Michéa est d'abord et surtout un humanisme radical appelant au sursaut de la conscience, à renouer avec sa véritable nature et à élever son âme pour s'affranchir du consumérisme et du fétichisme de la marchandise.

Critiquez Michéa, soyez en désaccord avec lui, opposez lui que la common decency n'est qu'un fantasme, mais lisez le bon sang !

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Depuis près de trois siècles, le capitalisme ne fait que croître et prospérer en dépit de toutes ses crises et de tous ses krachs. Il se retrouve comme condamné à s'accroître dans tous les domaines de la vie et à se développer jusqu'au bout du monde, faute de quoi il serait condamné à périr. Mais cette fuite en avant perpétuelle, cette expansion continue, l'amenant à monter ces pyramides de Ponzi que sont ces bulles spéculatives de richesses virtuelles représentant plusieurs fois le total des PIB mondiaux ne peut l'amener qu'à devenir de plus en plus totalitaire de plus en plus intrusif au point d'en arriver à réguler progressivement toutes les sphères de l'existence humaine. L'espace réservé à la démocratie se réduit comme peau de chagrin tout comme celui des libertés individuelles (liberté d'expression, de se soigner comme bon vous semble et même de faire pousser quelques légumes dans un petit potager familial…) Cette fuite en avant démentielle n'a aucune chance de déboucher sur un quelconque avenir radieux pour les populations (excepté les 0,1% d'ultra-riches et des 10 ou 20% de classes moyennes supérieures CSP++ métropolitains), si un grain de sable ne vient pas enrayer cette machine devenue folle (wokisme, transhumanisme et autres genrismes intersectionnels). « La catastrophe, c'est lorsque les choses suivent leur cours », (dixit Walter Benjamin)…
« Extension du domaine du capital » est un essai de sociologie politique basé sur deux interviews données par l'auteur à des publications locales, complétées par une trentaine d'articles. Sur divers aspects du problème La particularité de la présentation des idées de Michéa vient surtout des notes et des notes de notes. Ainsi, un article d'une page sur un thème peut-il donner lieu à plusieurs pages de notes et de renvois à toutes sortes d'ouvrages d'autres auteurs. Il faut une bonne dose de constance pour ne pas trop se perdre dans cet étrange labyrinthe intellectuel. La condamnation du capitalisme devenu « néo-libéralisme », sa forme la plus « chimiquement pure », autant dire la plus sauvage et la plus inhumaine, n'épargnant ni les hommes ni la nature, est totale et sans appel. Michéa en bon penseur de gauche appuie sa démonstration sur Marx, Engels, Mauss et une kyrielle d'autres. Il fait aussi beaucoup référence à Orwell qui ne fit pas que critiquer le stalinisme. S'étant réfugié il y a quelques années dans un petit village des Landes à 10 km de la première boulangerie et à 20 du dernier médecin de campagne, Michéa a pu toucher du doigt la réalité de la France périphérique de Guilluy sans se comporter en prêcheur ou en colon, mais avec le désir de s'intégrer en respectant les us et coutumes du coin. Ses traits les plus aigus sont d'ailleurs réservés à la gauche post-mitterrandienne qui a abandonné le social au profit du sociétal et qui est ainsi devenue une alliée objective du capitalisme qui mène une sorte de révolution permanente. Aymeric Caron, Sandrine Rousseau et quelques autres écolo-bobos médiatisés en prennent d'ailleurs pour leur grade. Mais si le constat de faillite est pertinent et difficilement discutable, le lecteur reste sur sa faim sur la conduite à tenir pour sortir de ce piège.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Extension du Domaine du capital,
Vous allez me dire que vous n'avez pas envie de lire un tel livre car ça sent le "coco" à plein nez. Que nenni ! Jean Claude Michéa développe des idées hyper réactionnaires ! Anti-parisien, anti-écologiste, pro chasse, pro élevage, pro gavage des oies... Les ruraux ? C'est les meilleurs ! Les urbains de pauvres types déconnectés de la réalité. Merci de m'avoir conseillé ce livre, je ne pensais pas que de tels zinzins puissent encore exister. Jean-Claude Michéa habite dans les Landes et son truc c'est le parler vrai avec les gens du coin. Politiquement ça vous rappelle rien ? Apéro, aller zigouiller des palombes, renforcer le lien social lors des corridas, c'est son idéal de vie. Je n'invente rien, c'est lui qui s'en vente ! Aujourd'hui, j'ai de plus en plus de mal à différencier les auteurs d'extrême droite, d'extrême gauche et d'extrême centre. Vous aussi ? Bon, ça me rassure (enfin, façon de parler).
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Les travaux de Foucault qui a applaudi l'arrivée de Khomeiny en Iran, les soi-disant livres de déconstruction des Derrida, Deleuze et de leur clique vous ont fait vomir, vous aimerez Michéa. Les prélats de la mondialisation heureuse, les Attali, Minc et consorts européistes et mondialistes vous débectent, vous serez confortés dans vos idées par Michéa. Les BHL, Joffrin et les danseuses médiatiques vous donnent envie d'iles désertes, vous partirez avec Michéa. France inter, les curés du Monde, de Libé, Télérama et des autres églises subventionnées qui vous feraient presque aimer la presse de Poutine, nettement moins faux cul, vous encourageront à lire Michéa. Les pintades lobotomisées Rousseau et les autres écolos des beaux quartiers sont plumées par Michéa, à votre grande satisfaction rigolarde La putasserie wokiste remplaçant la putasserie communiste des universités vous parait un gibier à pourchasser, lisez Michéa.
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Il faut déjà connaître la pensée de Michéa pour apprécier ce dernier livre. Les "chapitres" sont très courts, ce qui ne lui permet pas de développer longuement ses points de vue, mais seulement un bref avis sur une question.

Michéa dit lui-même qu'il n'aime pas écrire, que chaque livre est pour lui une corvée, ce qu'on reconnaît dans ce format. Il ne se donne pas la peine d'étayer son opinion d'arguments très développés, puisqu'il les a déjà donnés dans ses précédents travaux. de là les encombrantes attaques ad-hominem et les assertions péremptoires sur le paysage politique actuel. On aurait envie d'en savoir plus !

Malgré tout, Michéa reste un penseur captivant et la lecture de ce livre est très agréable pour qui est familier de sa philosophie.

Sa manière de diviser son propos (en notes, puis en notes de notes, puis en notes de notes de notes...), commune à beaucoup de ses écrits, demeure un obstacle pour le lecteur moyen et rend à mon avis l'écriture beaucoup moins fluide et naturelle qu'il le croit.

En somme, Michéa est un philosophe brillant, qui porte une vision ô combien éclairante de la société contemporaine, mais dont la flemme d'écrire transparait dans cette énième publication.
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critiques presse (1)
LeDevoir
09 janvier 2024
Le coeur du livre est constitué de la transcription d’un entretien accordé par l’auteur en 2020 à une petite revue radicale gasconne, Landemains, auquel il a ajouté des notes, et parfois même des « notes de notes », afin de préciser, de contextualiser ou d’actualiser son propos.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Sous l’effet de chaque nouvelle crise que sa fuite en avant engendre inéluctablement, [le système capitaliste] n’est pas seulement contraint de changer constamment sa forme en libérant, l’une après l’autre, toutes les potentialités dont sa logique était porteuse, depuis l’origine, mais il est également conduit – de façon tout aussi inexorable et sous l’aiguillon de cette même logique d’illimitation – à devoir progressivement noyer “dans les eaux glacées du calcul égoïste” (selon l’expression célèbre de Marx) toutes les autres sphères de l’existence humaine, y compris, comme on le voit aujourd’hui, celles qui relevaient jusqu’ici de l’intime et la vie privée.
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Videos de Jean-Claude Michéa (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Michéa
C'est depuis un village des Landes où il vit depuis sept ans que le philosophe Jean-Claude Michéa poursuit sa critique d'un monde urbain qu'il estime aujourd'hui trop déconnecté. À l'occasion de la sortie de son dernier essai, il est "monté à Paris" pour s'entretenir avec Guillaume Erner.
Photo de la vignette : Aitor Diago / Getty
#capitalisme #economie #alienation ____________ Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins
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