L'histoire : la terre a été envahie par des extraterrestres. Ceux-ci ont besoin d'un hôte humain dont ils s'approprient les souvenirs une fois leurs corps occupés. Un monde policé a vu le jour où les extraterrestres font régner un ordre parfait... Des poches de résistance humaines subsistent et se cachent. Mélanie s'est fait prendre et se suicide juste avant d'être rattrapée. Mais la technologie extraterrestre la maintient en vie et une entité est injectée en elle, Vagabonde. Vagabonde a connu plusieurs migrations et plusieurs incorporations dans différentes civilisations. Mais Mélanie est une adulte à forte personnalité, elle n'est pas annihilée et subsiste, coexiste aux côtés de Vagabonde, dans son propre corps. Celle-ci, fascinée par la puissance inconnue des émotions humaines, et pressée par une Traqueuse persuadée qu'elle peut extirper des souvenirs résiduels de Mélanie, décide de fuir sa société invivable et de rejoindre les humains qui subsistent. Tiraillée entre le souvenirs passionnés de Mélanie et son propre mal-être, Vagabonde trouve enfin un groupe d'humains cachés, un groupe où se cachent son frère Jamie et son amant Jared. Euh... non, ceux de Mélanie... Enfin, oui, mais Vagabonde (surnommée Gaby après s'être difficilement accepter), dispose aussi des souvenirs de Mélanie, qui lui fait des crises de jalousies... Et puis il y a Iain...
Alors il ne faut pas chercher très loin, l'univers que plante S. Meyer, c'est celui du film
L'invasion des profanateurs de sépultures, (et de son remake, Body snatchers), eux-mêmes inspirés du roman de
Jack Finney et de
Marionnettes humaines de
Robert Heinlein. Et si le monde décrit n'a absolument aucune originalité pour un lecteur de SF, il faut reconnaitre un certain savoir-faire à l'auteur. En ce sens, le premier tiers du roman se lit plutôt bien, porté par une traduction fluide.
Lecteur qui va plus loin sache que tu peux trouver dans les lignes qui suivent de vrais morceaux d'intrigues dévoilés. Te voilà maintenant averti.
Et c'est tout.
Car le vrai projet littéraire de S. Meyer consiste à restaurer une époque perdue, le XIX siècle, celui de l'incommunication entre les êtres au coeur du tourment amoureux. le tout avec les critères culculapralinesque de la romance pur sucre à l'américaine... Oui, tout ça pour ça. Invoquer les mânes de la SF, déployer une écriture somme toute assez fluide, aisément lisible à défaut d'être recherchée, pour pondre un Harlequin de 700 pages.
Parce que en fait je vous la fais courte mais l'histoire c'est :
"Je suis une extraterrestre mal dans ma peau (tu m'étonnes), donc je viens me frotter aux humains que mon espèce asservit parce que j'espère qu'ils vont m'apprécier et puis comme en plus l'identité du corps que j'occupe a des souvenirs torrides (encore que) et qu'ils polluent (!) mon propre psychisme j'aimerais bien y goûter. Comme en plus je ne peux pas dire que l'humaine survit en moi parce que ces humains vont me tuer et que j'ai des scrupules vis-à-vis de l'humaine en moi je ne peux pas tomber amoureuse de son amoureux car il ne croirait jamais que l'humaine a survécu. Mais qu'est-ce qu'il est beau (je rappelle que Vagabonde est un mille-pattes dans la nuque de Mélanie, comme quoi S Meyer a même du voir Hidden), mais c'est trop difficile à supporter d'être une autre et elle-même, en même temps et de ne pouvoir m'autoriser à l'aimer. Et puis il y a cet autre humain, Iain, qui me dit être amoureux de moi, moi le mille-pattes (pas du tout intéressé par l'enveloppe charnelle de Mélanie, l'autre humain j'imagine), lui seul est vraiment gentil avec moi, mais c'est Jared que j'aime, mais quand même. La seule solution consiste à me sacrifier pour pouvoir bien pleurer sur mon sort et me rendre aimable et admirable par mon sacrifice, là enfin ils comprendront que je suis gentille et que je suis perdue parmi ce monde trop complexe." Mais ça finit bien sinon c'est pas drôle.
D'abord moi je dis que Stephenie n'a pas envisagé toutes les solutions : un plan à trois (ici ça fait quatre...) résolvait bien des problèmes... Parce que dans la bluette ci-dessus il n'y a qu'un malheureux petit bisou échangé et de chastes sommeils. Sur 700 pages. Je ne demande pas le Déclic de
Manara mais un juste milieu aurait été un minimum logique, non ? Mais là ça va trop loin pour Steph la mormone.
Alors quand tu auras fini d'écrire des culculteries, M'ame Meyer, tu pourras peut-être envisager de te tourner vers l'écriture parce que, quand on y réfléchit bien ta première partie tient plutôt la route, parce que tu aurais pu enlever toutes les incohérences (Vagabonde est traumatisée par la simple présence d'une arme mais n'est absolument pas dérangée que son espèce annihile toutes les espèces qu'elle colonise, ce qui n'est pas du tout violent...), tu aurais pu t'intéresser à la question de la cohabitation entre individus à l'intérieur d'un corps, bien que le terrain soit déjà bien occupé (
Matt Ruff dans
La Proie des âmes ou encore
Philip K. Dick). Parce que tu aurais pu facilement couper au moins 200 pages de tourments imaginaires et de remords amoureux et même qu'en gardant l'angle amoureux cela aurait pu être intéressant, mais ton vrai problème est que les sentiments que tu exposes ne viennent pas de Véga à bord d'un golgoth mais bien... des Feux de l'amour.
Et c'est là le défaut majeur de ton texte : il n'est absolument pas crédible tellement il est "daté" et ancré dans ta réalité de ton XXI siècle américain (et probablement républicain).
Et puis il y a un truc qui me gène quand même : c'est que tu piques le créneau de
Robin Hobb. Les tourments intérieurs, la procrastination amoureuse dans un cadre SF ou fantasy, elle fait ça depuis des années et plutôt pas mal en fait, même si elle a trop tiré à la ligne. Et sous son vrai nom elle a écrit l'histoire que tu lui a piqué repris, celle de la confrontation et des luttes de pouvoir entre un E.T. et un humain dans un espace clos, c'est juste l'argument de son peu connu
Alien earth, un chouïa plus ambitieux.
Hein ? Ça marche ? Tu vends des livres ? Et même des histoires de vampires et de loups-garous ? Ah, bon. Ben tant pis alors.
Comment ça j'ai été méchant ? oui, bon, c'est vrai, je m'excuse mais c'était trop tentant... (petit diable qui sifflote). Je n'ai pu m'en empêcher mais c'était à la hauteur de ma déception de me rendre compte que mes préjugés n'étaient pas complètement infondés.
Mais en revanche, promis, je continuerai à essayer de lire des livres qui ne me concernent pas a priori, en espérant avoir tord, un jour.
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