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La colline des rêves" est un roman fantastique aux accents décadents. C'est aussi un roman d'apprentissage, sur l'écriture, contenant de nombreux éléments biographiques. La prose hypnotique est magnifiquement restituée par la traduction d'
Anne-Sylvie Homassel. Pour avoir lu
Machen en anglais, j'ai retrouvé la musique si particulière de l'écrivain gallois, qui fait la part belle aux sonorités et aux sensations. L'histoire se résume aux flux de pensées d'un jeune homme inapte au monde réel, qui identifie la beauté dans la nature, les traces romaines et l'écriture. Ses recherches artistiques l'éloignent de plus en plus de ses contemporains, de sa propre famille, de la bonne société méprisante qui constate son échec. Il devient misanthrope, ne vit que de phrases incomplètes, incomprises dans une magnifique quête symboliste et morbide.
Ce recueil édité aux Forges de Vulcain contient aussi des nouvelles fameuses : "le Peuple blanc" évoque le monde souterrain des origines, la persistance de croyances païennes et horrifiques ; "Un fragment d'existence", inédit en français, joue du contraste entre les trivialités de la vie quotidienne et les profondeurs cachées, sublimées que le narrateur-rêveur découvre au fil de ses balades dans Londres, avant de s'y perdre ; "Les archers" et son histoire éditoriale mouvementée ; et enfin "La terreur", nouvelle qui porte bien son nom et qui eut une étonnante descendance, de Daphné du Maurier à
Alfred Hitchcock.
Il était temps qu'
Arthur Machen revienne en librairie, grâce au long travail effectué par sa traductrice, qui oeuvre avec passion depuis des années dans la revue du Visage Vert. Cette édition est illustrée par l'ami
Bastien Bertine et préfacé par mon éditeur
Christophe Thill. Autant de raisons de louer cette publication de 500 pages.