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EAN : 9782889073016
176 pages
Editions Zoé (02/02/2024)
3.88/5   8 notes
Résumé :
Longtemps, celle qui raconte l'histoire ne sait rien de l'homme qui vit dans l'appartement à côté du sien, sinon qu'il s'appelle Sándor, qu'il est hongrois et dans les affaires. Mais quand l'homme tombe gravement malade, peu avant qu'un virus ne se propage sur la planète, le rapprochement devient inévitable entre ces deux êtres sans points communs.

À travers le portrait d'un voisin énigmatique, plein de contradictions, de plus en plus fragile et boule... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Il était une fois un homme, un brave homme audacieux, qui ne voulait pas mourir. Cet homme savait que la mort existe. Il savait même qu'elle se manifeste tous les jours. Seulement, il ne pouvait pas croire qu'elle le menaçait, lui, personnellement ». Ce style de conte, discrètement ironique, ouvre un récit subtil.

L'homme est le voisin de la narratrice. Il est courtois, distant par principe ou par précaution. C'est un bon voisin dans un monde policé d'où les contraintes matérielles sont exclues, — la bulle helvétique, quelque part près de Genève. Cet homme est un solitaire. Détaché d'une femme qui parait le quitter dans l'indifférence, au premier jour du conte, affecté par un deuil qu'il rapporte sans émotion. Il s'active dans un métier indéfini qui le fait souvent voyager, et sa présentation gomme toute manifestation superflue de personnalité. Mais surviennent un cancer, puis le confinement — nous sommes en 2020.

Le second personnage est la narratrice. Elle propose son aide. le voisin apprécie cette offre, mais s'il l'accepte, c'est par courtoisie autant que par besoin. Certes, il admet le diagnostic des médecins, les écoute assurer avec bonhomie qu'il leur reste des ressources, accepte leurs traitements. Seulement, il ne croit pas à l'issue fatale. Il souffre et réagit à la souffrance, les antalgiques lui permettant de ne pas se sentir concerné. La chirurgie, les rayons, la chimiothérapie : ces contingences sont des évènements extérieurs. Puisqu'il les accepte, il ne s'agit pas d'un déni, mais de l'impératif abstrait de persévérer dans son être, ou simplement d'une fuite : de fait, il programme un nouveau voyage dont il doit rentrer par un transport d'urgence. Et la voisine comprend, ou du moins elle admet. C'est elle qui dialogue avec les soignants et affronte les affres de l'inexorable déclin. Elle garde pour elle ses propres émotions, souffre pour l'homme, respecte son mystère. Et sa présence maintient l'humanité du corps perdu, reconstruit l'antique figure du prochain. L'homme s'en étonne. Elle répond : « Je lui dis que ce que j'étais en train de faire auprès de lui, des millions d'autres personnes le faisaient aussi, à cet instant précis, des femmes avant tout. Non par goût, mais pour que la vie en société soit possible ».

La précision du style et l'élégance du récit vont de pair : gestes du quotidien, arrivée de l'hiver, métaphores de la vie qui s'éloigne. Un conte moral comme on n'en lit guère.

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Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir, c'est le récit du quotidien. le quotidien d'un homme en fin de vie, qui vivote dans un semi déni de sa propre mortalité, et qui va peu à peu tisser des liens avec sa nouvelle voisine.

Cette voisine, c'est notre narratrice. Curieuse de connaître son voisin, elle s'immisce petit à petit dans ses habitudes, et apprend chaque jour un peu plus qui se cache derrière Sandór, ce voisin d'apparence si distante et détachée de tout.

Au fil du temps, beaucoup d'émotions partagées, une bonne dose d'empathie, des confidences échappées ça et là, vont mener nos deux protagonistes à établir une relation de confiance.

Le récit qui se déroule en pleine pandémie, nous relie instantanément, de manière très concrète aux existences de Sandór et de la narratrice. L'écriture très épurée, très plane de Catherine Lovey permet une lecture très rapide et très fluide. Cette sensation de détachement due à cette écriture si pure, se retrouve dans le portrait extrêmement flou de la voisine. Une distance envers la maladie, envers la Mort, envers cet homme qui n'était il y a peu qu'un inconnu. Enfin, la distance de Sandór face à la vie entière.

Le quotidien de la narratrice va dorénavant être rythmé par la routine de son voisin. Elle va prêter attention au moindre de ses déplacements, plus particulièrement à ses absences, et se soucier de plus en plus de son état de santé, qui malgré l'optimisme déguisé de Sandór, se désagrège à petit feu.

Un lien unique, parfaitement singulier et pourtant innommable va unir les deux personnages. On ne peut ni parler d'amitié ni d'amour. C'est à la fois proche et très distinct de ses deux sentiments.

Mais le plus troublant, en définitive, réside dans le mystère qui entoure notre fameuse narratrice. Les rares éléments dilués de-ci de-là n'approfondissent en rien le portrait d'elle que l'on tente de se créer. Cette frustration est une sensation toute nouvelle. Jamais je n'avais croisé un personnage narrateur demeurant si anonyme et inconnu à son lecteur.

L'écriture de Catherine Lovey, si paisible, si calme, détonne face à l'imminence de la Mort, mais la fermeté, presque implacable de ses mots, agit tel un rappel à l'ordre.

Histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir, est sans aucun doute un des livres les plus curieux que j'aie jamais lus.
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critiques presse (2)
LaTribuneDeGeneve
22 février 2024
Un récit du quotidien, des émotions et malentendus qui se nouent entre deux personnes en relation, qui se déroule lentement dans cette intimité de voisinage, faite de questions, d’empathie, de pudeur et d’agacement en période de pandémie [...].
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
02 février 2024
En choisissant d’adopter le « regard retiré à l’intérieur de lui-même » qu’ont parfois les personnes très malades, l’autrice sait que l’éloignement qu’elle cherche à capter est fragile et bouleversant. Mais elle le fait de façon mobile et changeante, en quarante-cinq brèves séquences qui forment comme des mouvements de danse ou des paysages successifs vus d’un train.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Lorsque m’agenouillai pour lui enfiler chaussettes et chaussures, mon voisin me qualifia d’ange. Ce mot me crispa tout entière. Pas le mot en lui-même, plutôt ce genre de mot, lâché dans ce genre de circonstance. Quand je me relevai, je lui annonçai que je n’étais pas un ange. Absolument pas. Il me regarda, interloqué. Le moment n’était pas bien choisi. Je décidai de l’éclairer tout de même. Je lui dis que ce que j’étais en train de faire auprès de lui, des millions d’autres personnes le faisaient aussi, à cet instant précis, des femmes avant tout. Non par goût, mais pour que la vie en société soit possible », p 91.
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« J’avais dû traverser plusieurs espaces dominés par des couleurs blanches et grises, tranchées seulement par les teintes vives des chaussures de travail porté par des soignantes et techniciennes. Aucune d’entre elles ne m’accorda de l’attention. Il y avait aussi beaucoup de matières plastiques, et du métal. Et puis de l’air qui n’en était pas, ne circulait pas. Je n’étais pas parvenue à le sentir, ce qui provoque toujours chez moi un début de panique. J’avais tenté de me rassurer en me disant que tout avait dû être réglé au millimètre par la science, afin que nous survivions », p 30.
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Vidéo de Catherine Lovey
Catherine Lovey présente son nouveau roman, "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir", en librairie le 02.02.2024.
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