L'Odyssée du sacré : La Grande Histoire des croyances et des spiritualités des origines à nos jours

Le sacré, de son émergence estimée au début du Néolithique jusqu'à la religiosité alternative holistique de ce début du XXIe siècle.

Frédéric Lenoir a mis en forme 35 années de recherches philosophiques, religieuses et spirituelles, qu'il concèdera d'ailleurs comme non exhaustives. En quelques 500 pages il parcourt des millénaires afin que nous puissions, nous autres autodidactes en matière de spiritualité, un peu mieux nous y retrouver.

Pour lui, tout partirait de « l'émotion devant le mystère monde et l'interrogation sur l'énigme de l'existence ». Il essaiera, tout le long de cet ouvrage, de faire la part entre une spiritualité laïque, non rattachée au religieux et les croyances, qu'elles soient religieuses ou profanes. Il ne veut faire émerger qu'une chose : le sentiment du sacré.

Dès le début de l'ouvrage il définit les deux grandes idées antagonistes de toute cette affaire. Celle du transcendantalisme qui est basé sur la séparation entre le divin et la création : le judaïsme, le christianisme et l'islamisme.
Puis celle de son contraire à savoir l'immanentisme. Celui-ci repose sur le divin dans le monde lui-même, l'esprit de la nature : l'animisme, le stoïcisme, les spiritualités orientales.
« Des chamans de la Préhistoire aux nouvelles quêtes de sens contemporaines, en passant par les grandes voies spirituelles, ésotériques et religieuses de l'Orient et de l'Occident », c'est l'Odyssée du sacré qui nous est racontée.
L'auteur estime que l'ensemble se passe en deux temps forts et aboutit à une question :
1er temps. le sacré débuterait lorsque sapiens se sédentarise au tout début de Néolithique, c'est-à-dire lorsque sapiens s'éloigne de l'idée que tout est dans la nature. Arrive alors une succession de cultes ; le culte aux ancêtres, puis le culte aux différents dieux et déesses.
2ème temps. L'invention de l'écriture qui verra naitre les grandes religions.
Et enfin la question qui se posera ; pourquoi sapiens est-il le seul animal à avoir développé la dimension spirituelle et religieuse ?

Pour ma part, et ceci est un fait exclusivement lié à mes goûts perso, je n'ai accroché qu'à partir de la page 220 lors de l'essor des religions dites du salut. Rien de nouveau à cela, les périodes paléolithiques, néolithiques et antiques ne m'interpèlent pas ; je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi…peut-être une sombre histoire d'enseignement mal réceptionné.

Ce que j'ai apprécié chez Frédéric Lenoir c'est qu'il a su mettre les bouleversements en face de changements civilisationnels. Il a montré à quel point ‘'les métamorphoses du sentiment du sacré sont en corrélation avec les bouleversements du mode de vie des humains''. Je parlerai juste de quelques uns des exemples qu'il a judicieusement étayés ; le fondamentalisme musulman, la mondialisation, l'émergence des sectes et la conception complotiste.
En ce qui concerne le fondamentalisme musulman, l'auteur explore ses racines et explique qu'il a réellement pris sa source au XVIIIe siècle. Il a ensuite subit un choc en 1967 lors de la victoire d'Israël après la guerre dite des Six-Jours, et ainsi de suite jusqu'à nos jours et ce qu'il est devenu.
Concernant la mondialisation, il démontre - et c'est facile - qu'en provoquant un bouleversement des valeurs et des modes de vie, elle brouille un grand nombre de nos repères.
Et enfin ce que d'aucuns appelleront des dérapages : l'émergence des sectes, le spiritisme, l'occultisme la conception complotiste du monde, l'élitisme, l'emprise mentale. Je terminerai par l'exemple de l'ésotérisme pour lequel Lenoir donne des exemples marquants. L'auteur peaufine sa démonstration en parlant des records battus par des oeuvres telles que le « Seigneur des anneaux », le « Da Vinci Code » ou « Harry Potter ».

Toute cette historicité aboutira à ce qu'il nomme « la religiosité alternative holistique », celle de l'époque qui est la nôtre. Elle est en marge des grandes traditions religieuses et scientifiques et elle veut réunir le corps, l'esprit mais aussi le divin.

Un pavé à picorer par petites doses, ou entre deux-trois polars ou romans. C'était du moins ma technique pour profiter au maximum des connaissances qu'a cet auteur sur le sujet.

Livre découvert dans sa version audio, je préfère le préciser car selon moi, cela fait une grande différence et plus particulièrement pour ce titre. Car si j'ai trouvé cet ouvrage absolument passionnant, j'ai cependant trouvé que le format audio n'était pas le support adéquat, en tous cas, pour moi. J'ai en effet passé mon temps à faire des pauses afin de bien intégrer les informations car il n'y a pas de temps mort dans cette lecture, chaque phrase est importante, chaque phrase nous apprend quelque chose. Ce que l'auteur nous présente ici est le fruit de 30 ans de travail et de recherches, cela tient plus de la thèse que du roman et je salue Frédéric Lenoir pour sa capacité à expliquer si bien les choses, à les mettre à la portée de chacun. Mais vous en conviendrez, le sujet est vaste et même quasiment inépuisable et il faut du temps pour intégrer toutes ces connaissances.

Une chose est sûre, je rachèterai ce livre en version papier pour en refaire une lecture à mon rythme car je suis persuadée que je suis passée à côté de nombreuses choses.
Un ouvrage qui montre l'impact du sacré sur nos sociétés sans pour autant porter un jugement. A découvrir que l'on ait des croyances ou non.

Frédéric Lenoir, L'Odyssée du sacré - 2023 -

Journal de lecture - 2-6 avril 2024

« Depuis son apparition, Homo sapiens ressent effroi et admiration devant la puissance de la Nature et s'interroge sur l'énigme de son existence. de ce sentiment du sacré sont nés tous les grands courants spirituels et religieux du monde.
Pourquoi sapiens est-il aussi un Homo spiritus : le seul animal qui cherche à donner du sens à sa vie, pratique des rituels funéraires, invente de grands récits collectifs et croit bien souvent en des forces invisibles ? » ( Les libraires )

Très très intéressant ! Animisme, chamanisme, déesse Mère, polythéisme, clergé, mythologie, sacrifices, politique et religion, quête intime du sacré, monothéisme, philosophie, les grandes religions, l'ésotérisme, le spiritisme, l'astrologie, l'athéisme, les grands courants modernes ( Hegel, Marx, etc. ), les tendances actuelles. Autant de sujets abordés dans cet essai qui nous apprennent l'évolution du sens du sacré et des grandes religions. Je ne suis pas férue en matière d'Histoire, mais je crois avoir capté l'essentiel du propos. C'est une lecture exigeante par moments qui nous met en contact avec beaucoup d'informations et de pensées diverses. On doit y trouver son propre chemin ou se laisser tout simplement imprégner par cette floraison des tendances. Là où je comprends moins, c'est cette attitude toujours présente de revendiquer le monopole de la vérité dans les différentes religions et donc de persécuter ceux qui pensent différemment. J'ai particulièrement apprécié l'épilogue où Lenoir prend finalement position et exprime sa position personnelle. C'est sur un message d'espoir qu'il termine sa réflexion. Encourageant !

L'odyssée du sacré est un ouvrage passionnant qui retrace l'histoire du sacré depuis l'apparition d'homo sapiens. Frédéric Lenoir tente ici d'apporter des réponses à des questions essentielles comme le sens du sacré, pourquoi croit-on et comment les croyances ont évolué avec l'évolution des sociétés humaines et des modes de vie.
La richesse et la diversité des références multidimensionnelles qu'il intègre et synthétise si bien en font une lecture indispensable. Son argumentaire s'appuie sur des disciplines variées comme la philosophie, la sociologie, l'histoire et les neurosciences que l'auteur s'attache à rendre accessibles à tous.
Cette lecture a beaucoup enrichi mes connaissances et m'a fait découvrir de nombreux philosophes et chercheurs.
Néanmoins, je suis un peu déçue par la conclusion et le point de vue de l'auteur qui m'a semblé un peu simpliste et réductionniste car il ne s'intéresse qu'au monde occidental.

Reçu dans le cadre de la masse critique de février 2023, après moult péripéties, l'audiolivre a trouvé le chemin de ma boîte aux lettres il y a 3 semaines seulement. Ca a été trop juste pour écouter l'intégralité de l'oeuvre dans le délai imparti, en ayant repris le travail : j'en suis à la moitié et tic-tac le délai de retour se termine demain. Néanmoins je pense avoir compris l'essentiel de l'approche et m'être fait une opinion sur le support.

Sur le CONTENU : c'est une vraie SOMME d'informations, de données sur les religions, courants de pensées ... Quel travail pour collecter tout cela ! En tant que catholique, il y a quelques éléments qui m'ont un peu "chiffonnée", non qu'ils soient faux, mais disons que leur présentation m'a semblé parfois un peu partielle et partiale, y compris dans les omissions.
Mais je me suis régalée: beaucoup d'informations qui m'ont interpellée, étonnée, ... sur les croyances des uns et des autres ! c'est très intéressant tout ça .... le tout est très dense et enrichissant aussi !
De ce fait, je me demande comment j'aurais géré la version papier : l'aurais-je sirotée partie par partie ? Aurais-je été au bout ? aurais-je picoré juste les thèmes qui m'intéressent le plus et feuilleté le reste ? j'annoterais le livre très probablement dans la marge, y ajouterais des fiches perso sur certains points qui m'ont interpelée et sur lesquels je ferais quelques recherches supplémentaires...

En effet, si je considère le support/le contenant, le MEDIUM audiolivre :
Précisons d'abord que je me suis mise aux livres audio il y a quelques années, notamment pour m'occuper l'esprit pendant que j'utilise mes mains (puzzle, bricolage, peinture, jardinage etc) et même -hum hum- en conduisant sur les longs trajets (euh, je choisis le thème quand même ! ). D'une manière générale, c'est un medium qui me plaît, étant sensible au son/ton de la voix choisie (correspond-elle à ce qu'elle raconte ?)
Là, j'avoue avoir "un peu" peiné !
- c'est trèèèèèèèès long: plus de 14 h d'écoute! Je crois que ce sera mon record !
- le contenu est dense, donc il demande une attention assez soutenue. Or la lecture me semble plutôt monocorde et utilisant parfois mal les silences (gestion de la ponctuation, respiration dans les phrases ...) si bien que je perds parfois le fil de la phrase, et je distingue parfois mal les titres du reste du texte ...
-j'aurais donc apprécié que soit davantage "matérialisé" le plan de l'ouvrage : ajouter des jingles différents pour les parties, sous-parties (pas seulement trois notes pour le changement de chapitre, et il y en a très peu), ou verbaliser le plan avec des indications type I-A, I-B, II-A ... ! Je finis parfois par ne plus savoir quelle est la thématique développée dans la partie et si ce qu'on me raconte est une partie de chapitre, ou une sous-partie, ou une sous-sous partie du chapitre (je suppose que dans le livre, le plan est matérialisé par des changements de caractères, voire une numérotation, des espaces ...). En tout cas, si ces recours semblent s'écarter au sens strict de ce qu'il y a dans le livre voire trahir l'auteur, il me semble qu'il faudrait au moins un plan détaillé de l'ouvrage dans la pochette de l'audiolivre, histoire de pouvoir s'y retrouver, quand on se sent un peu perdu dans le déroulé de la réflexion ou qu'on reprend l'écoute après un ou plusieurs jours de coupure.
Je suis donc partagée pour évaluer l'ensemble :
-plutôt enthousiaste quant au contenu
-plutôt réservée quant au support (en tout cas, ce n'est pas adapté pour moi pour ce type d'ouvrages)
Je vais donc trancher en visant le milieu, ...
même si ça va un peu à contre-courant de l'assentiment général
et m'en vais finir ma "lecture"/écoute parce que malgré tout, c'est vraiment super intéressant, à mon goût !