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EAN : 9782213636733
300 pages
Fayard (14/04/2010)
  Existe en édition audio
3.75/5   155 notes
Résumé :
« Pour vous qui suis-je ? » Cette interrogation de Jésus à ses disciples n'a rien perdu de sa force. Les Évangiles laissent planer un doute sur l'identité de cet homme hors du commun : est-il un prophète ? le Messie attendu par les juifs ? le Fils de Dieu ?

De nos jours, le christianisme est pourtant la seule religion qui affirme que son fondateur est à la fois homme et Dieu. Comment les chrétiens des premiers siècles ont-ils progressivement été amené... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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J'adore en général des livres de Frédéric Lenoir que je trouve toujours très intéressants et abordables. Cependant, ici, j'abandonne ma lecture vers la page 130.
N'étant pas croyante, mais pas inintéressée par les religions et leur histoire, ici je m'y perds. Trop de références qui ne me parlent pas peut être. Et surtout mon intime conviction face à cette foi. Personnellement, et en tant qu'athée, je ne crois donc pas en Dieu. Je ne réfute cependant pas l'existence de Jésus et l'influence qu'il a pu avoir sur son entourage. Ensuite, les hommes ont écrit et interprété la vie de cet homme très charismatique et ayant joué un rôle important à son époque. de là, de nombreux hommes se sont penchés sur cette vie hors norme, et cela est devenu L Histoire (ou les histoires) qui est arrivée jusqu'à nous...
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Selon les sources les plus anciennes du christianisme,y compris les evangiles canoniques,Jesus ne s'est jamais identifie a Dieu.Quelques siecles plus tard,au concile de Nicee,les théologiens chrétiens définissent le dogme de la Sainte Trinite:un seul Dieu en trois personnes.Le Père,le Fils etr le Saint-Esprit.
Jesus est l'incarnation du Fils,il possede une double nature;humaine et divine.
Ce dogme de l'incarnation devient le pilier fondamental de la religion chretienne,et le reste encore de nos jours,aussi bien chez les catholiques,les protestants ou les orthodoxes.
Le christianisme est la seule religion encore vivante a affirmzer que son fondateur est a la fois homme et Dieu.
Ce qui m'a beaucoup plu dans ce livre,c'est que l'auteur differencie tres clairement les différents courants et doctrines qui ont jalonne l'evolution du christianisme.
enrichissant aussi les reperes bibliques,qui permettent de se referer aux textes originaux de la Bible
Tout en etant pas croyante mais curieuse quant au personnage de Jesus,j'ai appris beaucoup en peu de temps etje trouve que c'est tres enrichissant,car ce livre ne cherche pas a convertir mais a instruire
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De nos jours, le christianisme est la seule religion qui affirme que son fondateur est à la fois homme et Dieu.

Comment les chrétiens des premiers siècles ont-ils progressivement été amenés à affirmer la divinité de Jésus alors que lui-même ne s'est jamais identifié à Dieu ? Comment, à l'issue de débats passionnés, furent élaborés les dogmes de la Sainte Trinité et de l'Incarnation ? Quels autres regards ont été rejetés comme « hérétiques » lors de ces virulentes joutes théologiques qui ont coûté la vie à certains ? Quel a été le rôle du pouvoir politique dans l'élaboration du credo chrétien à partir du IVème siècle et de la conversion de l'empereur Constantin ?

Voici quelques-unes des questions auxquelles, en vrai pédagogue, et sans prendre parti, essaie de répondre Frédéric Lenoir, dans un style clair et compréhensible par tous. Bien évidemment, ce n'est pas un livre tels que ceux de Marc Lévy ou Guillaume Musso. Il n'intéressera que les personnes passionnées d'histoire et de culture tant occidentale qu'orientale qui s'interrogent sur les premiers siècles de notre ère, et se demandent comment de secte marginale au judaïsme, le christianisme devint une religion à vocation universelle.

Mais cela ne s'est pas fait sans douleur et surtout sans querelles d'interprétation, au cours des quatre premiers siècles en particulier. Dès le départ, le problème crucial De Saint Paul, en effet, est que sa prédication marche mieux auprès des "gentils" ou païens que des Juifs. Comment donc contraindre ces nouveaux croyants à observer les pratiques de la religion juive, le shabbat, les interdits alimentaires, la circoncision ? Jésus seul est promesse de salut, non les rituels. La séparation d'avec les juifs orthodoxes se fera en 4, après l'incident d'Antioche...

Car de plus, après la destruction du Temple (janvier 70), les Juifs n'ont plus de repères, plus de classe sacerdotale. Ils se sont réfugiés où ils peuvent. Seuls restent les judéo-chrétiens et les pharisiens, qui fuient Jérusalem séparément, tout en restant au sein de communautés très soudées.

Le problème crucial des premiers Pères de l'Eglise est d'intégrer Jésus, puis plus tard le Saint Esprit dans le cadre strict du monothéïsme. Ainsi, pendant les deux premiers siècles, on voit apparaître une foule d'écoles sectaires se disputant sur la nature - ou les natures du Seigneur (divine ou humaine) : docétisme, adoptianisme, artémonisme, monarchianisme, modalisme, praxéisme, sabellisme, subordinationisme, marcionisme, gnosticisme, manichéisme....et surtout, deux hérésie majeures : l'arianisme et le nestorianisme.

Ces deux courants, initiés par le prêtre égyptien Arius d'une part et le moine d'Antioche Nestorius d'autre part, vont déchirer la chrétienté naissante, au grand dam de l'Empereur qui considère qu'à partir du moment où le christianisme est déclaré religion d'Etat, il a vocation à se mêler de ces querelles d'experts en priant instamment les religieux de trouver un compromis acceptable afin d'éviter les divisions des fidèles.

C'est finalement le symbole de Nicée, le credo que nous récitons le dimanche, qui l'emportera, du moins en occident....Mais que de palabres, que de conciles oecuméniques, de synodes convoqués à la hâte, que d'anathèmes et d'excommunications voire d'assassinats pour des querelles byzantines dont nous n'avons aujourd'hui aucune idée..

Je ne pourrai plus désormais réciter cette prière sans en mesurer le poids de chaque mot, de chaque adjectif....
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Les catholiques d'aujourd'hui ne se posent aucune question sur le Credo auquel ils adhérent (au moins implicitement). Pourtant, la rédaction de ce texte a été une oeuvre immense, une aventure spirituelle et surtout intellectuelle, pleine de bruit et de fureur, et un objet de polémiques qui ont duré pendant des siècles !
Les Evangiles donnent un portrait multiforme de Jésus: rabbi, faiseur de miracles, Fils de l'Homme et, apparemment, Dieu lui-même si on se réfère à l'introduction de l'Evangile de Jean. Jésus a dit de Dieu qu'il était son Père. Il était un Juif pieux et, pourtant, ses apôtres ont "inventé" une nouvelle religion. Tous ces flous et toutes ces apparentes contradictions ont posé des problèmes théoriques presque insolubles aux premières générations de Chrétiens. Je vais faire un bref résumé (extrêmement simplifié) du processus qui a défini le dogme catholique, tel qu'il est exposé par Frédéric Lenoir.
Dès le IIème siècle, de nombreux théoriciens ont étudié les textes sacrés et ont débattu sur l'interprétation à leur donner. Leur problématique principale aura été de comprendre la nature de l'Homme-Dieu que le Christ a été, selon le Nouveau Testament. Certains théologiens ont nié l'humanité de Jésus, d'autres au contraire n'ont pas accepté sa divinité. Entre ces deux extrêmes, toutes les nuances possibles et imaginables de compréhension du mystère du Christ ont été explicitées par des penseurs brillants et combattifs. Au tout début, les courants différents coexistaient tant bien que mal. L'orthodoxie religieuse n'ayant pas encore été fixée, personne n'était rejeté comme "hérétique".
Les choses ont radicalement changé quand l'empereur Constantin a décidé de protéger les Chrétiens: il a voulu qu'un dogme officiel soit défini rapidement. Il a réuni les évêques à Nicée en 325. Mais ce concile n'a pas étouffé les polémiques, au contraire ! Ce qu'on a nommé l'hérésie arienne a bien failli renverser le dogme orthodoxe. Opposé à la synthèse de Nicée, Arius estimait que le Verbe (le Fils) était postérieur au Père, donc lui était subordonné. Cette querelle byzantine n'a été tranchée qu'à la fin du IVème siècle par l'empereur chrétien Théodose le Grand, et les Ariens ont été neutralisés.
Toutes ces polémiques me semblent à la fois passionnantes et (presque) absurdes. Je m'interroge à leur sujet. Est-il raisonnable de vouloir définir l'Inconnaissable: Dieu ? Le flou profond et troublant des Evangiles n'est-il pas beaucoup plus attractif que les arguties intellectuelles de tous ces théologiens ?
En tout cas, ce sujet difficile est important, puisque ces débats ont défini l'orthodoxie catholique encore en vigueur. Frédéric Lenoir, toujours très pédagogue, parvient à nous bien faire comprendre les problématiques des Pères de l'Eglise et de leurs opposants. A noter que, sur le même sujet, je peux recommander aussi un autre ouvrage intitulé "Les christianismes disparus" de B. Ehrman (paru en 2007).
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Le meilleur livre que j'ai lu sur le sujet, à ce jour.

En un peu plus de trois cents pages (donc sensiblement moins qu'un thriller), il couvre les cinq premiers siècles du christianisme pendant lesquels les dogmes relatifs aux statuts de Jésus et de l'Esprit-Saint ont été fixés, dans des contextes largement autant politiques que religieux.
L'auteur se fait chroniqueur et commentateur mais non théologien ni prosélyte, dans un style efficace, très bien documenté et faisant place à l'humour, sans excès ni raillerie déplacée. Agréable et facile à lire, donc que je recommande aux chrétiens qui se veulent lucides et aux autres intéressés, à titre de culture générale de bon niveau.

Le titre est modeste et parfaitement servi par l'ouvrage.
"Pourquoi...?" aurait été une autre affaire.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Pour limiter les risques de travestissement de la figure de Jésus et de son message, les théologiens de l'Eglise vont éprouver le besoin d'assortir les confessions de foi élaborées par chaque communauté d'un canon des Ecritures jugées légitimes - (...)
De ce fait, les Ecritures juives sont naturellement acceptées dans le corpus canonique. Jésus ne les lisait-il pas. N'annoncent-elles pas le Christ et la Nouvelle Alliance ? Les chrétiens de la Grande Eglise utilisent donc la Bible juive, avec une prédilection pour sa traduction grecque réalisée au IIIe siècle avant notre ère, appelée Bible des Septante. Voilà qui constitue ce que l'on nommera, à la suite de Marcion, l' "Ancien Testament": (...).

En contre-point de cet Ancien Testament, mais aussi pour damer le pion à Marcion et à sa vision très personnelle du "Nouveau Testament", les Pères de l'Eglise jugent indispensable de dresser une liste d'Ecritures chrétiennes canoniques, ces dernières étant censées avoir été inspirées par le Saint Esprit.
La tâche est loin d'être une sinecure : en effet, à partir du IIe siècle, comme nous l'avons vu, on assiste à une incroyable prolifération d'écrits les plus divers, presque tous attribués à des apôtres. Comment faire le tri dans ce pêle-mêle d'écrits qui tous prétendent délivrer le vrai message de Jésus ? Comment définir leur légitimité ou, au contraire, leur hétérodoxie ? (...)
C'est au terme d'interminables discussions que les Pères de l'Eglise vont définir, entre le milieu et la fin du IIe siècle, un corpus de textes canoniques.
Les quatre critères retenus sont les suivants : l'ancienneté -plus un écrit est ancien, plus il a de chances d'être reconnu comme canonique ; l'apostolicité- le livre doit avoir été écrit par un apôtre, ou du moins un compagnon d'apôtre; le livre doit être "catholique", universel : il doit être largement connu dans toutes les communautés; enfin, il doit être...orthodoxe, c'est-à-dire prêcher des idées acceptées par la Grande Eglise.
Dans cette définition du Nouveau Testament "orthodoxe", Irénée de Lyon va jouer un rôle majeur. c'est lui qui, vers 180, affirme que seuls quatre évangiles -ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean- sont porteurs du véritable message de Jésus. (...) Outre les quatre Evangiles, Irénée retient les Actes des apôtres, les Epîtres de Paul, la Première Epître de Pierre, la Première Epître de Jean et l'Apocalypse comme étant également dignes de foi. (...)

Quoiqu'il en soit, et bien que l'expression "Nouveau Testament" (au sens que lui donne la Grande Eglise) apparaisse dès 200 sous la plume de Clément d'Alexandrie, il faudra attendre le IVe siècle pour qu'une liste précise d'écrits chrétiens canoniques soit édictée. C'est Athanase d'Alexandrie qui, en 367, recense les vingt-sept livres composant ce Nouveau Testament, liste confirmée par le décret du pape Damas en 382, puis par le second concile de Carthage le 28 août 397. Les écrits retenus sont les suivants : les quatre Evangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean ; les Actes des apôtres; quatorze lettres mises sous le nom de Paul; sept épîtres dites "catholiques" (une de Jacques, deux de Pierre, trois de jean, une de Jude); et la très controversée Apocalypse. Toutefois, la liste ainsi définie n'a pas force de loi, et si la plupart des Eglises s'accordent peu ou prou sur ce corpus, des variations existent en fonction des communautés.

6. L'émergence d'une orthodoxie chrétienne § L'élaboration d'un canon des Ecritures
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Ça n'a pas de sens ce que tu dis. Jésus n'a pas abolit le judaïsme il a voulut le compléter. Jésus était juif ,ses apôtres étaient juifs, il prêchait aux juifs dans une société juive. Il ne vivait pas en occident dans une société non juive. Il n'a jamais prêchait aux gentils. Jésus a respectait les lois de Moise; lui et ses apôtres étaient circoncis, il mangeait cachère et respectait les interdits alimentaires notamment l'interdit concernant le consommation de la viande de porc. il n'a jamais dit d'abandonner tous ça, de ne plus aller aux synagogues. Il n'a pas insister sur tous cela car pour lui et ses disciples la loi de Moise étaient évidente, c'était la base de leur façon de vivre. Ç’aurait était inconcevables. S'il avait dit cela, c'est comme s'il disait aux juifs de ne plus être juifs, d'oublier ce qui différenciait les juifs de leurs voisins. Mais les films "chrétiens" sur Jésus n'aborde jamais cela, comme si Jésus le juif n'avait jamais existé. On a donc ici une vision anachronique et typiquement Occidentale de Jésus qui n'a rien avoir avec le Jésus historique. si vous pouviez ramener Jésus à la vie a notre époque il ne reconnaîtrait jamais siens les chrétiens occidentaux tant la différence culturel avec lui est grande.Je tiens à dire que, selon les évangiles, écrit à la fin du siècle par des judéo-chrétiens hellénisés, alors même qu’ils n'avaient jamais vu jésus, c'est Paul un juif orthodoxe qui décide, enfin de faciliter la conversion des non-juifs, de mettre de coté la loi de Moise. Et au 4eme siècle au concile de Nicée réunis en Orient (Asie Mineur) par des chrétiens de culture gréco-romains donc d'origine païens qui décident de déifier Jésus. Après tous, pour ses hommes qui étaient bercés dans la mythologie gréco-romains peuplé de Héros de Dieux et des Demi-Dieux comme par exemple Héraclès, ce n'étaient pas surprenant ou choquant de faire d'un homme un Dieu.
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« Dieu se manifeste non pas à travers un texte mais à travers une personne : Jésus. Et, par sa vie, ses paroles et sa présence toujours actuelle, cette personne exprime la parole divine. Le Christianisme est donc une religion de la personne et de la présence.

Religion de la personne, il se doit d’attacher plus d’importance aux personnes qu’à la Loi : c’est tout le sens du fameux épisode de Jésus face à la femme adultère (Jean 8). On lui amène une femme prise en flagrant délit d’adultère qui, selon la loi juive doit être lapidée. Jésus lance alors à ses accusateurs cette parole magnifique : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Bien que juif pratiquant, Jésus refuse d’appliquer la Loi à la lettre, car il considère d’abord la personne en face de lui.

[…]

Religion de la présence –présence du Christ dans le cœur des fidèles -, le christianisme a une dimension éminemment affective. Il est sensible, favorise l’expression émotionnelle, la communication. Religion de la personne et de la présence, le christianisme est par excellence la religion de l’amour. Ce qui explique qu’à travers sa longue histoire, et malgré tous ses dévoiements liés à la recherche du pouvoir, il ait développé de nombreuses œuvres caritatives et donné naissance à une foule de d’ordres religieux dévoués aux personnes fragiles, handicapées, aux orphelins, aux malades, aux prisonniers, aux prostitués, à tous les parias de la société. Car il reconnaît en chaque être humain la personne du Christ. […]

L’amour est présenté dans le Nouveau Testament comme indispensable et même supérieur à la foi : « J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toutes la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour je ne suis rien. » affirme Paul

Dans toute sa profondeur, l’enseignement de Jésus conduit à affirmer que la foi et l’adoration explicite ne sont pas nécessaires pour l’esprit humain soit en liaison avec Dieu, pour qu’il soit mû par l’esprit qui « souffle où il veut » (Jean 3, 8). »
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La Réforme a surtout pour conséquence d'accélérer le processus de démocratisation et, finalement, de sécularisation de la société occidentale, en imposant un pluralisme religieux. Les penseurs des Lumières s'engouffrent dans la brèche ouverte par les réformateurs et quelques humanistes catholiques, tels Montaigne ou Erasme qui prônent une véritable tolérance religieuse. L'avènement d'un Etat de droit, démocratique et laic, est la clé de voûte des sociétés modernes, dorénavant fondées sur l'humanisme des droits de l'homme. Certes, cet humanisme s'inspire en profondeur du message évangélique, mais il entend s'appuyer sur la raison et non plus sur la foi, et s'émancipe totalement du pouvoir clérical. Perdant son emprise sur la société, l'Eglise catholique s'oppose ainsi pendant des siècles à toutes les valeurs fondatrices de la modernité : laicité, démocratie, liberté de conscience, droits de l'homme. (Voir à ce sujet le "Receuil des erreurs modernes" Syllabus du pape PieIX en 1864).
Ce n'est qu'avec le concile Vatican II (1962-1965) qu'elle entreprend de se réconcilier avec le "monde de son temps" en quittant la posture défensive de condamnation systématique des "idées modernes" qui était la sienne depuis le XVIe siècle et le traumatisme de la Réforme...c'est-à-dire la fin du monopole qu'elle exerçait sur la foi en Occident depuis Théodose. C'est la raison pour laquelle certains catholiques affirment que Vatican II constitue la "clôture de l'ère constantinienne"; l'acceptation par l'Eglise romaine de la fin de l'emprise qu'elle a longtemps exercée sur la société; le retour au message évangélique proclamant la pauvreté, le primat de l'amour et la séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Les traditionalistes l'ont bien compris, à commencer par Mgr Lefebvre, qui refusent le concile de Vatican II, principalement à cause de son décret sur la liberté religieuse. Il va sans dire que l'élection de Benoît XVI, à la sensibilité très conservatrice, et à la manière dont il a tenté de réintégrer en 2009 les plus extrémistes des traditionalistes dans le giron de l'Eglise (ceux qui continuent de récuser toute légitimité au concile de Vatican II) inquiètent à juste titre les catholiques attachés au concile et à ses avancées en terme de dialogue avec le monde moderne et les autres religions.
Le schisme des intégristes, toutefois, n'est pas lié à une définition de foi. Il est lié à une certaine conception de l'Eglise et du rôle qu'elle doit exercer dans la société. Soulignons que les vives tensions qui agitent celle-ci depuis près de cinquante ans touchent toujours des questions de discipline ecclésiastique, de politique, de société, de morale, mais jamais de dogme. (...)
En fait, depuis la fin du Ve siècle, les controverses sur la nature du Christ se sont éteintes -ou l'ont été par la force.

Epilogue
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Ils ont introduit au sein de l'Eglise,le germe de l'intolerance(une seule conception de la foi peut etre admise)et le gout du pouvoir(la societe regie par la foi);deux traits qui connaitront bien vite des consequences dramatiques:persecution des juifs et des paiens,puis des heretiques,avec comme point d'orgue,la mise en place de l'inquisition medievale:on condamne et on brule les dissidents pour maintenir l'unite de la societe sous l'egide de l'Eglise
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