AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,25

sur 2658 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Revoilà la famille Pelletier ! C'est avec plaisir que j'ai retrouvé cette fresque familiale truculente. Après son roman d'aventure « le Grand Monde », Pierre Lemaitre nous revient avec ce second opus plus axé sur un aspect social se déroulant pour l'essentiel en France au cours de l'année 1952. On se situe donc toujours au début des trente glorieuses et comme dans le précédent tome plusieurs intrigues s'entremêlent au gré des tribulations de chacun des membres de la famille. On suit notamment Hélène Pelletier envoyée en tant que journaliste reporter sur une actualité brûlante dans une vallée où des habitants s'opposent à un projet hydroélectrique condamnant leur village de Chevrigny a être imminemment englouti par les eaux du nouveau barrage. Ils luttent fermement contre l'ennoiement de leur agglomération et refusent de migrer vers Chevrigny-le-Haut, expressément sorti de terre, malgré les interventions musclés de personnes peu scrupuleuses sacrifiant le village sur l'autel de l'énergie et du progrès.
Dans ce roman rythmé est relancée l'enquête sur le meurtre d'une actrice suite à la tentative d'assassinat d'une autre femme et c'est François Pelletier, journaliste, qui couvre l'affaire et réclame dans un article la réouverture du dossier ignorant la responsabilité de son frère Jean dans ce crime impuni.
On y croise aussi un drôle d'inspecteur qui mène une chasse souterraine à l'avortement clandestin et persécute avorteurs et avortés ouvrant la réflexion sur la liberté des femmes à une époque où la répression contre les IVG était très sévère.
On retrouve bien sûr Jean, l'aîné, et son insupportable femme Genevieve qui se lancent dans la folle aventure de l'ouverture d'un grand magasin très coûteux en investissement avec une gestion plutôt douteuse, révolutionnant le commerce du textile (clin d'oeil à Emile Zola « au bonheur des dames »).
Jean a comme seul réconfort sa fillette de 3 ans Colette car Geneviève enceinte de son second enfant est plus hystérique encore, et toujours aussi manipulatrice, médisante et humiliante. Entre ses exagérations, ses falsifications et ses plaintes elle ne s'occupe guère de Colette au point qu'elle en devient dangereuse…Et puis juste avant l'ouverture du commerce un conflit social éclate suivi d'un scandale.
Pierre Lemaitre entrelace destins personnels et grande Histoire, souffle romanesque et faits historiques avec un art certain de la narration et surtout celui de nous tenir en haleine à chaque chapitre. Un vent de révolte souffle sur ce deuxième épisode de la saga porté par des conflits sociaux et des mouvements contestataires où le syndicalisme est très prégnant et les personnages hauts en couleur.
Impatiente de poursuivre les péripéties de la famille Pelletier qui semblent loin d'être terminées « Car nos secrets, nos turpitudes, nos silences, nos violences, nos mensonges sont comme les ruines de Chevrigny. Recouverts, ils n'en continuent pas moins d'exister ».
Toujours aussi savoureux, foisonnant et addictif.
Commenter  J’apprécie          2125
Pierre Lemaitre poursuit sa trilogie des Années glorieuses et c'est avec grand plaisir que l'on retrouve la famille Pelletier, quatre ans après la jubilatoire présentation de ses membres dans le Grand Monde.

Nous sommes désormais en 1952. L'auteur excelle à saisir l'époque, ici le début des Trente Glorieuses, période de bascule entre les années difficiles de l'après Deuxième guerre mondiale et l'embellie économique, un pied dans le monde empesé de l'après-guerre, un pied dans une modernité annoncée. Au final une période emplie de paradoxes d'une France en plein essor qui entre dans l'ère de la consommation mais encore très régressive et répressive sous bien des aspects.

Aussi, cet opus joue une partition plus sociale avec trois intrigues aux accents à la Zola : luttes ouvrières des employées du fils aîné Jean qui a mis sur pied un magasin populaire type Tati ; combats féministes à une époque où l'avortement est un délit traqué par une brigade spécifique tout droit sortie de Vichy. Mais aussi confits liés à des aménagements du territoire, ici la construction d'un barrage hydroélectrique au prix de l'engloutissement d'un village entier, cimetière compris ( épisode inspiré de la tragédie du village de Tignes, fait divers qui émut et passionna les lecteurs de France Soir ).

Pour le reste, le talent de conteur de Pierre Lemaitre ainsi que son humour mordant parfaitement distillé fonctionnent à merveille, son énergique élan narratif emportant le lecteur dans un tourbillon de péripéties pétaradantes concoctées pour ses nombreux personnages. C'est celui de la soeur, Hélène, qui est le plus mis en lumière : jeune femme libre qui veut s'émanciper de sa famille et des hommes, journaliste envoyée suivre la résistance du village isérois face au barrage, après avoir écrit un article ( inspirée d'un vrai, incroyable de Françoise Giroud, retranscrit à la fin du livre ) qui fait scandale, « Les Françaises sont-elles sales ? ».

Beaucoup d'intrigues, donc, beaucoup de personnages, le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer. Mais j'ai trouvé que cette fois-ci, il manquait du liant entre tout cela. Les raccords entre les différents éléments narratifs sont plus poussifs. Je me suis lassée du personnage de l'épouvantable Geneviève, pourtant mon préférée du Grand monde, ne lui trouvant aucune évolution autre que linéaire ou poussant juste plus ( trop ) loin les curseurs de ses vices sans qu'on ne sente suffisamment l'ambiguïté suggérée : celle d'une femme frustrée de ne pouvoir être un homme avec le pouvoir qui va avec. de même, le dénouement est quelque peu balancé, même si on a bien compris qu'une suite nous attend pour réellement conclure.

PS : à mon avis, ce serait vraiment dommage de ne pas avoir lu le Grand monde avant, afin de profiter pleinement du récit car énormément d'actions arrivent dans le prolongement de celles du premier tome.
Commenter  J’apprécie          13414
Roman fleuve pour une histoire de barrage. Oui, cela coule de source.
Silence, colère et surtout beaucoup de résignation dans ce nouveau titre du feuilleton du XXème siècle signé Pierre Lemaître.
J'ai apprécié les retrouvailles avec cette pelletée de Pelletier, spécimens bien carnés et truculents aux liens aussi complexes que solides. Mention spéciale pour Bouboule, le tueur en série falot rattrapé par ses crimes, et à son épouse, la cultissime Geneviève, tellement mauvaise qu'il est difficile de ne pas succomber devant tant de méchancetés. Je crois que je suis amoureux. Ces deux personnages sont des trampolines à rebondissements et ils dopent le récit. Ils ombragent un peu le reste de la famille dans cet opus mais Pierre Lemaître invitent de nouveaux entrants bien retors qui entretiennent le rythme de cette saga qui montre la face cachée de des trente glorieuses.
Roman le plus social de la série, sortez les banderoles, chantez les ritournelles des vilains patrons et des gentils ouvriers, l'histoire se déroule, chers camarades, en 1952, quatre ans après le Grand Monde et l'auteur quitte l'Indochine pour… l'Yonne. Oui, c'est moins exotique mais l'auteur améliore ainsi son bilan carbone. de toute façon, nous ne sommes pas là pour faire du tourisme et il est inutile de compter sur notre Zola sans gluten pour faire un petit tour d'hélico au-dessus de la maison de Guy Roux et profiter du paysage.
Pierre Lemaître nous offre donc les Trente Glorieuses vues de biais et d'en bas. Tellement bas qu'un village promis à l'engloutissement suite à l'édification d'un barrage sert de biotope à l'histoire. La situation est très romanesque et les 500 pages du roman se concentrent sur une semaine. A ce rythme, entre nous, il n'est pas prêt de terminer sa saga. Attention au syndrome « Trône de Fer », « Game of Thrones » pour les Verlanglais, dont on attend toujours les ultimes tomes, pré-mortem si possible. Tout le monde n'a pas l'efficacité d'un Maurice Druon qui avait réussi à compiler 13 générations en 7 tomes pour les Rois Maudits. Emballés, empoisonnés et pesés.
Vu le sujet et connaissant la fibre sociale de l'auteur, je m'attendais à voir mes derniers cheveux ébouriffés par un vent de révolte, avec des gaulois réfractaires se retranchant sur la place du village, ancêtres Zadistes galvanisés au Chablis, bouées de sauvetage ceinturant de fameux embonpoints pour s'accrocher jusqu'au bout à la flèche de l'église et affronter la montée des grandes eaux. Eh bien, je me suis emballé pour rien. C'est raté pour les Merguez. Calme plat autour des ronds-points qui n'existaient pas encore. Les jeux sont déjà faits et si certains rechignent à quitter le prochain paradis des carpes, le récit décrit une modernité impitoyable, incarnée par l'ingénieur Destouches et une population qui sombre dans le fatalisme. La belle Hélène Pelletier, chargée de couvrir l'histoire pour le journal du Soir va accompagner les habitants dans la préparation des cartons tout en cherchant un moyen pour avorter clandestinement.
Comme la force du feuilletoniste est de multiplier les intrigues et les personnages, j'ai vraiment apprécié la construction du roman et les récits menés en parallèle qui accompagnent l'histoire de chaque membre de la famille Pelletier. Qu'il s'agisse du jeune boxeur, punching-ball résilient, couvé par le patriarche au Liban ou de l'ouverture du grand magasin de Jean, Pierre Lemaitre ne perd aucune pièce de son puzzle, aucun figurant ne fait tapisserie dans son livre. Un sacré lego.
Bon, je pense qu'il faut éviter de prendre la Micheline en route et avoir lu « le Grand Monde » pour pleinement apprécier l'évolution des personnages et ne pas dévisser face au casting XXL. C'est toujours dommage d'assister à un mariage quand on ne connait aucun invité.
Au final, si le récit un peu longuet du village englouti fait barrage pour moi à la cinquième étoile, ce nouveau roman tient très bien sa place dans l'étagère de ma bibliothèque réservée à cet auteur populaire qui maîtrise l'art de récurer les recoins de l'histoire.
Il en a encore cinq au programme.
Commenter  J’apprécie          1132
Après le Grand Monde qui ouvrait l'an dernier la trilogie des Années Glorieuses, l'on retrouve la famille Pelletier comme si l'on venait juste de la quitter. Quatre ans se sont écoulés depuis l'épilogue du premier tome, et, en cette année 1952, la reconstruction d'après-guerre s'achevant en même temps que bientôt la guerre d'Indochine, la narration se recentre sur les mutations sociales de la France qui, en ce début des Trente Glorieuses, quarante ans après les Etats-Unis, fait son entrée dans la société de consommation.


Pendant que Louis, toujours à la tête de sa savonnerie à Beyrouth, se prend de passion pour la boxe où l'un de ses ouvriers s'est mis en tête de percer, son épouse Angèle suit avec inquiétude le parcours de leurs trois enfants installés à Paris. Jean, toujours aussi mal marié et plus que jamais aux prises avec sa violence intérieure, oeuvre à l'ouverture d'un grand magasin de prêt à porter bon marché, que le lecteur, amusé, associera volontiers au concept de l'enseigne Tati. François poursuit avec succès sa carrière à la rubrique faits divers du journal qui l'emploie, tandis qu'Hélène, engagée dans la profession de reporter-photographe, doit se frayer un chemin dans un monde d'hommes. Là encore, les clins d'oeil abondent, amenant à l'esprit le journal Paris-Match ou le magazine Elle, et évoquant même directement Françoise Giroud, dont un article sur l'hygiène des Françaises est reproduit en annexe du livre, ou le vrai village de Tignes, qui, comme dans le roman, tenta de résister à la destruction et à l'engloutissement promis par la construction d'un barrage hydroélectrique.


Mêlant avec dextérité tout un bouquet d'intrigues pimentées de suspense – l'étau se resserre notamment autour du tueur en série qui sévit depuis le début de la trilogie – et démultipliant ainsi l'addiction du lecteur, le récit épouse le tourbillon foisonnant de la vie et ne cesse de rebondir, sans baisse de rythme ni de crédibilité, pour mieux nous attacher à ses personnages, suffisamment bien campés pour convaincre et prendre vie. Mais que l'on ne s'y méprenne pas : sous ces apparences plaisantes de divertissement facile, le propos se colore souvent de gravité, touchant notamment du doigt la colère, de plus en plus mal rentrée, d'une génération de femmes à l'orée de la conquête de leur indépendance.


Si Geneviève, l'épouse de Jean, en est encore à une révolte inconsciente qui la transforme en terrible mégère, obstinée à lui faire payer sa souffrance « de n'être pas un homme » en se sabordant dans un rôle marital et maternel dont elle ne se satisfait pas, d'autres femmes commencent, encore silencieusement, à se battre pour leur liberté professionnelle et affective. Elles ont encore un long chemin à parcourir, preuves en sont la précarité et l'injustice qui déclenchent les grèves d'ouvrières, et, de manière plus spectaculaire encore, la chasse aux avortées et aux médecins avorteurs qui se poursuit alors dans la continuité des lois de Vichy. Si, depuis la Libération, l'avortement n'est plus passible de la peine de mort, il reste un délit traqué par des brigades policières spécialisées.


Tout aussi prenant et bien mené que le premier, ce deuxième opus de la dernière trilogie en date de Pierre Lemaitre ne déroge pas à la règle qui rend si remarquables les romans de l'auteur : le noyau central de son histoire, avec ses personnages et leur ressenti individuel, n'est que le prétexte d'une peinture beaucoup plus large d'une époque et de son contexte social, débouchant elle-même sur des perspectives sociétales d'une portée universelle. Alors quand l'intérêt se conjugue aussi bien au plaisir de lecture, l'on ne peut, naturellement, qu'attendre avec la plus grande impatience le prochain rendez-vous avec la famille Pelletier.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          917
J'ai sauté sur ce tome deux dès sa parution, tellement j'avais dévoré le premier.
Mais malheureusement la magie n'a pas opéré de la même façon.

J'ai apprécié ma lecture car l'écriture de Pierre Lemaitre est très agréable et assez prenante.
Mais j'ai beaucoup moins apprécié l'histoire, sans doute parce qu'elle est plus " classique".

Les personnages sont travaillés et ont a la fois un côté attachant et agaçant.

Après j'attends quand même le troisième opus pour voir où ça nous emmener l'auteur.
Je me demande si Pierre Lemaitre n'a pas été trop sage dans ce deuxième tome... Mais l'avenir nous le dira.

Donc une lecture mitigée... Agréable mais sans plus.
Commenter  J’apprécie          750
« Car nos secrets, nos turpitudes, nos silences, nos violences, nos mensonges sont comme les ruines de Chevrigny. Recouverts, ils n'en continuent pas moins d'exister. »
Et les secrets, ce n'est pas ce qui manque dans la famille pelletier….
En cet année 1952, Jean, François et Hélène ont laissé leurs parents au Liban et vivent désormais à Paris. Jean, Marié à la délectable (et détestable) Geneviève tente d'ouvrir un grand magasin ; François est toujours journaliste aux faits divers ; et Hélène , en parallèle de la photo, tient quelques piges. L'une d'entre elle va la mener à la rencontre des habitants de Chevrigny, petite bourgade destinée à être engloutie par les eaux suite à la construction d'un barrage. Ce qui ne va pas manquer de générer quelques tensions dans le village…
Avec son sens aigu du romanesque, Pierre Lemaitre poursuit dans ce second volume son analyse de la société française, abordant de nombreux sujets (la modernité, l'avortement, les conditions de travail des femmes) avec intelligence et rigueur.
La plume est mordante, l'histoire toujours passionnante !
Vivement la suite..
Merci à Netgalley et aux éditions Calmann Levy pour le partage
Commenter  J’apprécie          551
Lemaitre est un feuilletoniste de génie.
Sa galerie de portraits est d'une folle richesse.
Les thèmes abordés, nous donnent à voir
la France des années cinquante.
Nous retrouvons avec grand plaisir
la famille Pelletier et ses psychodrames.
L'ignoble Geneviève reste abonnée
aux pires ignominies, l'envie de la piler
ne nous quitte pas...
Lemaitre nous parlera de l'hygiène
toute relative des françaises ,
des brigades anti avortement,
d'un village englouti pour servir le progrès ,
de la vente à prix coûtant pour capter le chaland,
des conditions de travail des femmes...
Ce recit est assis sur un sérieux travail
de recherches historiques
Lemaitre a une imagination débordante
qu'il laisse souvent un peu trop déborder..
Une gourmandise, toutefois
qui se déguste avec bonheur.
Commenter  J’apprécie          493
« Il y a du sang partout », tel est le constat de Louis, le patriarche de la famille Pelletier quand il débarque de Beyrouth à Paris : la tache de sang sur le palier provenant de la tête de la petite Colette, victime d'une chute malencontreuse, du sang aux portes de l'entreprise de son fils Jean mais également du sang partout sur le ring du Trophée de boxe de Beyrouth où Louis s'est mis en tête de coacher Lucien, un jeune boxeur plus optimiste que talentueux.

Son constat est terrible, sa famille est dans la tourmente !
Colette en danger, le couple de François et Nine en difficulté, Hélène toujours sans mari, sans parler de Jean…

Malheureux en mariage avec Geneviève la matrone, Jean forme un couple atypique qui s'est enlisé dans une relation remplie de compromis. C'est le moins que l'on puisse dire, vu que les 2 grossesses de son épouse ne sont pas de son fait. Ce qui ne l'empêche pas d'éprouver une grande affection pour la petite Colette maltraitée par sa mère.
Mais pour l'heure, Jean doit faire face à la révolte de ses ouvrières qui dégénère en conflit social, menaçant l'ouverture imminente de son magasin.
Jean est en colère mais tente de juguler ses pulsions meurtrières, uniques exutoires à sa vie ratée, qui l'ont d'ailleurs déjà mis dans de sales draps auparavant.

De colère, il est aussi question pour les habitants de Chevrigny dont la belle vallée est menacée par la construction d'un barrage hydroélectrique et sera inondée par les eaux d'ici peu. Entre résistants et négociateurs, le ton monte.
Face à la fatalité, certains villageois sentent naître en eux une âme de résistants. Hélène, devenue reporter photographe au Journal du soir (n'en déplaise à son frère François à qui elle fait de l'ombre), est dépêchée sur place afin de faire vivre aux lecteurs du journal les dernières heures du petit village.

Le Silence et la Colère, c'est aussi le reflet d'une époque pas si lointaine qui fait la lumière sur la condition de la femme dans la France des années 50. Interpellant ! L'accès à la profession n'étant qu'une broutille face à l'impitoyable chasse à l'avortement régentée par l'état.
Une chasse aux sorcières aux allures d'inquisition avec prison à la clé. Pas d'autre choix pour ces pauvres femmes que de se rendre clandestinement chez des « faiseuses d'anges » ou des « médecins conciliants » afin d'avorter dans des conditions épouvantables.

Pierre Lemaître en qualité de conteur hors pair nous fait une fois de plus la démonstration de son excellence dans ce récit épique et romanesque entre France et Liban.
« Il en allait ainsi chez les Pelletier. Emotions, secrets, silences, aveux et déclarations se succédaient, il y aurait eu un roman à écrire sur les pensées des uns et des autres. Une vie de famille. »

Avec son sens de la narration unique, l'auteur nous plonge dans une véritable fresque familiale, une mosaïque d'histoires rocambolesques qui nous tient en haleine du début à la fin.
Ce roman est la suite du premier tome « le Grand Monde » dans lequel on découvre la famille Pelletier qui a fait fortune dans la savonnerie au Liban.

Commenter  J’apprécie          450
JOUISSIF

le silence et la colère nous permet de renouer avec l'écriture fine acerbe et drôle de Pierre Lemaitre.
Nous suivons à nouveau les tribulations de la famille Pelletier dans un roman qui se veut le reflet des années 50. L'auteur y aborde surtout la condition de la femme, que ce soit au niveau du travail ou au niveau de l'avortement. On revit aussi un fait divers de l'époque, a savoir l'engloutissement du village de Tignes sous un barrage (Le village s'appelle Chevrigny, mais c'est tout comme).
Comme a son habitude, Pierre Lemaitre nous livre une série de personnages truculents. Tout d'abord Geneviève. Quelle horrible bonne femme ! Une bonne à rien, qui n'aime personne sinon elle, même pas sa fille. Totalement revêche et fausse. On se prend à vouloir la baffer toutes les 5 pages (après lui avoir retourné tous les ongles et mis du sel sur les plaies).
Ensuite Jean, alias bouboule, un personnage à qui on a envie de botter le cul ais qui se révèle bien plus intelligent que prévu... mais qui fait aussi très froid dans le dos. J'espère qu'il n'y en a pas beaucoup des comme ça qui trainent dans mon entourage.
Et puis, il y a Hélène, Nine, François, Lambert, Raymonde et ptit Louis et plein d'autres que l'on croise que l'on aime bien car ils nous sont familiers.

C'est à lire, mais il faut commencer par le 1er tome qui est "Le grand Monde" plutôt axé Indochine.
C'est un excellent divertissement qui quelque part nous pousse à réfléchir sur la condition de la femme et des médecins qui les aidaient.
Commenter  J’apprécie          432
Pierre LEMAITRE nous entraîne dans la suite des aventures de la famille PELLETIER que ses lecteurs connaissent et dont il me semble inutile de faire un énième résumé.

Voilà une belle mécanique bien huilée ! Avec les inconvénients et les avantages d'une belle mécanique !

J'ai retrouvé l'aisance, le style, l'humour mordant propre à cet auteur. le roman se lit facilement et avec beaucoup de plaisir. Pierre LEMAITRE, sous couvert d'une saga familiale, en profite pour brosser un portrait de l'époque et pour retracer quelques événements de l'après-guerre (ici, l'avortement, la construction d'un barrage qui va engloutir un village). Ses romans sont toujours intelligents et bien documentés et celui-ci ne fait pas exception à la règle. Les chapitres s'enchaînent sans ennui, on virevolte d'un personnage à un autre et d'un thème à l'autre.

Toutefois, il m'a manqué un petit quelque chose pour ressentir un vrai coup de coeur comme c'était le cas pour Au revoir là-haut ou Couleurs de l'incendie. Un petit supplément d'âme peut-être pour les personnages auxquels j'ai eu plus de mal à m'attacher. Geneviève est de pire en pire, et de ce fait, moins crédible et moins drôle que dans le premier tome. J'ai ressenti une certaine froideur vis-à-vis des personnages principaux. Il m'a aussi manqué un effet de surprise et j'ai eu l'impression d'une saga qui continue à se dérouler, certes parfaitement bien, mais sans le petit "plus" attendu.
Commenter  J’apprécie          419




Lecteurs (5546) Voir plus



Quiz Voir plus

Alex de Pierre Lemaitre : l'avez-vous lu ?

Le personnage principal est :

une femme
un homme

8 questions
672 lecteurs ont répondu
Thème : Alex de Pierre LemaitreCréer un quiz sur ce livre

{* *}