Ce livre est terrible : j'ouvre une page au hasard, je copie une citation !
C'est l'épopée de l'Haçienda, LE club de la vague Madchester qui a enflammé dans sa suite toute l'Angleterre de la fin des années 80 et du début des années 90.
Le club avait été créé par Factory, le label de Joy Division. Et comme il était structurellement déficitaire, il a absorbé la majeure partie des revenus des groupes Joy Division puis New Order, tant la part du label que celle des musiciens.
Peter Hook est mitigé dans son jugement : d'un côté, cette aventure a été une gabegie sans nom, une accumulation de tout ce qu'il ne fallait pas faire, qui lui a "permis" de rester relativement pauvre malgré le succès de ses deux groupes ; mais il a été un pilier de ce club pendant 15 ans et y passé autant de bons moments que de moments "intéressants". Il se demande encore comment il n'y a pas laissé sa peau, mais est quand même content d'avoir été associé à tout ce mouvement.
Le livre est épique. Il est structuré année par année, avec en fin de chaque chapitre les comptes officiels du club (pour preuve de ce que le sous-titre n'est pas usurpé). On découvre la création d'un lieu qui se veut d'abord un haut lieu artistique de la culture indé. Avant de devenir un peu par hasard l'antre de la House music et du déferlement des musiques électronique et de l'ecstasy qui va avec. Ainsi que le second gros problème du club : l'irruption des gangs locaux, qui en font leur QG, à la fois pour s'incruster dans LA fête du moment et pour toucher leurs commissions sur tous les deals qui s'y déroulent en marge.
Peter Hook écrit comme il parle et il a une énorme qualité qui rend son livre si intéressant : s'il raconte toute la chose principalement de son point de vue, il ne se fait aucune illusion sur sa part de responsabilité dans le naufrage permanent qu'a été le club d'un point de vue commercial. En plus, il est d'une humilité confondante : c'est quand même un génie musical et il n'en fait pas pour autant une tartine.