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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quatre nouvelles nous mènent successivement :
- sur le cargo du commandant Flaherty au coeur d'une tempête, la veille de Noel ;
- en juin 40, sous les ordres du sous-lieutenant Vernaud, face à aux panzers de la Wehrmacht ;
- au large de Lampedusa avec le lieutenant Wells, en vue d'un radeau de migrants africains en péril ;
- sur les quais de la gare de l'est, à l'aube du 22 novembre 1943, avec Madeleine et ses filles ou Pierre-Joseph et ses fils, face à la Gestapo.

Vont ils respecter le « principe de précaution », faire profil bas et s'éclipser prudemment ?
Ou vont ils faire un choix plus radical, plus exigeant, pour eux et leurs proches ?

Quatre nouvelles, quatre choix cornéliens, quatre tragédies rédigées d'une plume sèche, factuelle, créant une atmosphère pathétique qui place le lecteur au coeur du drame et qui interpelle, car la fin justifie-t-elle les moyens (Wells) ?

Ces nouvelles de Patrice Franceschi complètent le tableau du monde initié avec « S'il n'en reste qu'une » ou « Patrouille au grand nord » et posent l'éternelle question « qu'est ce qu'un homme libre ? ».

L'image d'Ange, Matéo, Pauline et Charlotte, partant avec treize minutes de retard sur l'horaire prévu, le 22 novembre 1943, est inoubliable.

PS : S'il n'en reste qu'une
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Première nouvelle : Un fanal arrière qui s'éteint
L'évènement phare de l'histoire se passe les jours avant Noël à bord d'un grand voilier de commerce nommé "La providence".
Le capitaine Flaherty a embarqué avec son équipage familier et son fils Tim.
Ils vont devoir affronter un ouragan et le capitaine se trouvera confronté à un choix terrible à effectuer seul.
L'écriture est magnifique, presque musicale. Les termes techniques pourraient constituer un frein à notre lecture mais il n'en est rien. Ils servent la beauté des phrases, pourtant sans emphase, avec une grande spontanéité.
Le suspense fait penser aux romans de Frison-Roche.

Deuxième nouvelle : Carrefour 54
Les évènements se passent aux premiers jours de la seconde guerre mondiale quand les troupes françaises reculent devant l'armée allemande.
Le lieutenant Vernaud est conditionné par un poème de Victor Hugo l'encourageant à rester le dernier même seul.

Troisième nouvelle : Le naufrage du lieutenant Wells
Un journaliste australien fait une enquête pour savoir ce qu'est devenu le lieutenant Wells lors du naufrage de son bateau.
Après avoir dû subir le refus de son capitaine de porter secours à des naufragés au large de l'île de Lampedusa, Wells décidera de faire justice lui-même.
Très lourd cas de conscience. Belle découverte de personnages hors du commun.

Quatrième nouvelle : Le train de six heures
Madeleine et Pierre-Joseph se rencontrent sur un quai, à Paris en 1943, en compagnie de leurs enfants. Ils sont arrêtés par les allemands et sont soumis à une souffrance insupportable infligée par les nazis.
Un drame, trop gros, moins prenant que les deux autres. L'histoire est plus bâclée.

J'ai beaucoup apprécié ce livre de nouvelles pour les situations difficiles qu'il aborde, les choix philosophiques bien que les nouvelles ne soient pas mon premier choix de lecture en général.
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Quatre nouvelles, quatre pépites. Des textes ciselés dans une langue parfaite, portés par un certain classicisme, de l'élégance et du souffle. Et surtout un fil conducteur magnifique. Dans ces quatre nouvelles il est question de choix cornéliens, de ceux qui vous mettent face à vous-mêmes, à vos valeurs, à la quintessence de ce que vous êtes. de ces êtres confrontés au pire émane une lumière, une beauté qui laisse totalement ébloui.

Patrice Franceschi nous transporte sur l'océan déchaîné en compagnie de marins aguerris et pourtant démunis face à la puissance des éléments ; il nous catapulte en 1940, en pleine débâcle de l'armée française aux côtés d'un militaire inspiré par Victor Hugo ; il nous dépose sur une île déserte de Polynésie, sur les traces du seul rescapé d'un naufrage dont les causes restent inexpliquées. Enfin, il nous transperce le coeur, en 1943, sur un quai de gare où les files de déportés attendent le convoi qui les mènera vers l'inconnu dont ils perçoivent le danger.

Ah ce dernier texte. le train de 6h15. Comment vous dire. Magnifique, poignant, terrible. Impossible de ne pas être marqué à vie par les figures de Madeleine et de Pierre-Joseph qui concentrent en quinze minutes (et 20 pages) toute la diversité des sentiments que l'on éprouve durant une vie entière. Dans un autre temps, à un autre moment leur coup de foudre aurait donné lieu à la création d'une charmante famille recomposée, avec des sourires, des hésitations aussi concernant les enfants, leur adaptation. Mais là, en 1943, chacun dans sa file avec ses deux enfants, l'urgence d'être ensemble face à la crainte du futur, et l'horrible dilemne auquel ils sont soudain confrontés...

Avant d'en arriver là, on aura admiré le courage du capitaine Flaherty, vieux loup qui a donné sa vie à la mer et lui sacrifiera tout. On aura vibré pour le sous-lieutenant Vernaud et sa farouche volonté de demeurer fidèle à ses idéaux lorsque le moment sera venu, les écrits de Victor Hugo dans la poche, "et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là". On aura percé le secret de Wells, l'idéaliste révolté par l'indifférence de son équipage, décidé à agir à sa façon, quitte à disparaître à jamais.

Ils font des choix quitte à basculer dans le drame ou dans la mort. Jamais ils n'abandonnent ce en quoi ils croient profondément, jamais ils ne renoncent. Des hommes comme ça, on aimerait en croiser plus souvent. Des textes comme ceux-ci également.

Les jurés Goncourt ne s'y sont pas trompés. Lauréat du Prix Goncourt de la Nouvelle en 2015, ce recueil est un petit bijou d'humanité, de respect pour le courage et la grandeur d'âme, un hommage aussi à tous ces personnages ignorés, perdus au milieu d'une tragédie qui les dépasse, broyés par l'histoire. Mais toujours droits, fiers et la tête haute.

A mettre entre toutes les mains, sans hésitation.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Quatre nouvelles qui vous prennent aux tripes. Superbement écrites.
Les têtes pensantes de son époque demandaient à Saint-Exupéry de choisir entre le métier d'écrivain et celui d'aviateur, car il était inconcevable (inconvenant) d'être les deux à la fois. Ici nous sommes happés par un écrivain-marin et aventurier, qui nous met face à d'insupportables dilemmes et ne nous lâche plus, les yeux dans les yeux. C'est magnifique. Voici mon nouveau Joseph Conrad !
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Ce sont ici de longues nouvelles, qui prennent davantage leur temps pour décrire personnages, lieux et situations. Elles nous embarquent dans des situations révoltantes, plaçant les personnages face à des choix impossibles, déchirants, qu'ils soient dictés par l'amour, le devoir, les idéaux. Des choix qui souvent conduisent au désespoir le plus profond.

La plume de Patrice Franceschi est superbe. Les mots sont des perles soigneusement sélectionnées, transformant les phrases en joyaux littéraires. Soulignant toujours davantage la beauté et la tragédie de ces histoires qui pourraient n'être que des anecdotes. Qu'il décrive une tempête au milieu de l'océan, qu'il mêle une armée française en déroute et un poème de Victor Hugo ou qu'il invite l'actualité brûlante des migrants, qu'on soit en 1884, dans les années 1940 ou en 2013, l'auteur pousse ses personnages au bord du gouffre, face à leurs responsabilités.
(Petite déception – les autres nouvelles ayant mis la barre haute – sur la dernière histoire que je trouve un peu moins originale et tirant un peu vers le pathos. Cela dit, elle est aussi bien écrite que les autres et joliment construite.)

Quatre récits qui, chacun à leur manière, m'ont bousculée, m'ont chavirée, m'ont poussée à m'interroger sur ce que j'aurais à leur place.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Le Prix Goncourt de la Nouvelle 2015 qui a couronné ce livre est vraiment mérité, car ces 4 nouvelles de l'écrivain, marin, aventurier engagé, Patrice Franceschi sont à la fois épiques, bouleversantes, passionnantes, en un mot: merveilleuses. Dans " un fanal arrière qui s'éteint " on vit le drame que le capitaine Flaherty a vécu dans la nuit de Noël 1884 au commandement de son brick de commerce " la Providence " et le choix ultime qu'il devra faire pour sauver son navire et son équipage. Ces 70 pages sont un régal pour les amateurs des voiliers anciens, de la marine à voile, et des romans de R.L. Stevenson, de Joseph Conrad. " Carrefour 54 " se déroule pendant la débâcle de 1940, le lieutenant Vernaud, frais sorti de l'école d'officiers de St Cyr, passionné de Victor Hugo, est confronté à la réalité des combats, à la faiblesse des hommes, et se retrouve à affronter l'ennemi en ayant en tête le vers de son poète favori " Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ". Cette seconde nouvelle est forte de l'idéalisme du personnage, il y a un côté " désert des tartares " , l'ennemi finira-t-il par venir et aura-t-il raison de la bravoure du lieutenant? Dans " le naufrage du lieutenant Wells ", on a encore à faire a un bel idéaliste qui va commettre l'irréparable et sacrifier sa vie au nom des valeurs qui l'habitent. La construction de ce texte le rend captivant. le lecteur suit le journaliste Ted Singleton du Sydney Match, qui enquête sur le naufrage d'un cargo australien, au large de l'Italie, le feu a ravagé le " Echo Europa " tous les membres d'équipage sont décédés, mais le corps du lieutenant Wells n'est pas retrouvé sur l'épave du navire. Qu'est-il devenu? " le train de six heures quinze " est un train de déportés dans lequel deux résistants, Madeleine et Pierre Joseph, se rencontrent, ils ont chacun deux enfants qui les accompagnent vers les camps de la mort, victimes d'un odieux chantage de la part des officiers S.S., ils se sacrifient pour ne pas être séparés et tenter de prolonger la vie de leurs enfants sans que l'on sache s'ils ont réussi. L'écriture d'une grande efficacité donne un souffle à chacune de ces nouvelles dans lesquelles les personnages qui affrontent à la " Première personne du singulier " des choix tragiques emportent le lecteur. L'aventure, la force et la faiblesse des hommes, les sentiments nobles, les actes odieux, la nature dans toute sa puissance, l'actualité, toute la vie est présente dans ce formidable livre de Patrice Franceschi.
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Cette oeuvre est l'heureuse gagnante du Prix Goncourt de la Nouvelle 2014 et ce n'est pas un titre volé ! Il s'agit donc de quatre nouvelles dans lesquelles nous retrouvons tour à tour des personnages, des « je », des « première personne du singulier » déchirés par un choix cornélien.

C'est un marin devant choisir entre la mort de son fils ou celle de tout son équipage, un sous-lieutenant pouvant choisir de déserter ou de rendre honneur à sa patrie sur le champ de bataille, un marin devant se venger pour faire justice, des parents devant choisir lesquels de leurs enfants vont mourir.

Page après page, notre coeur s'emballe pour ces personnages. Battant à cent à l'heure, nous sommes de plus en plus bouleversés face à ces destins tragiques.

Nous retrouvons souvent le vocabulaire de la marine, des armes mais celui-ci est largement maîtrisé au vue des expériences personnelles de l'auteur qui est lui-même marin, aviateur et spécialisé en conflits internationaux.

Ce qui rend l'expérience si attrayante, c'est qu'en si peu de pages, l'auteur arrive à nous dresser un portrait de quelques personnages très détaillé et d'exposer ces cinq étapes d'écriture (de la présentation à la résolution) de manière fluide. Une nouvelle, contrairement à un roman, est condensée, et pourtant ces dernières paraissent si élaborée, si travaillée. L'authenticité des personnages est chamboulante. La tension est à son comble. Nous vivons ce choix impossible avec les personnages, nous ressentons leur douleur et entendons leurs cris transperçants.

Il est question de destin, de fatalité, de providence même mais finalement, comme l'avait si bien dit Sartre, choisir de ne pas choisir, n'est-ce pas toujours un choix… ?

Lien : http://littecritiques.blogsp..
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4 histoires différentes et liées. 4 aventures humaines merveilleusement écrites, passionnantes et émouvantes. Une pépite (plutôt 4)
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Le fil conducteur de ce recueil de nouvelles : un personnage cheminant sur une histoire qui devient, de par un brillant focus narratif, une scène de théâtre où va se jouer La décision, ultime, dramatique et troublante. Ainsi le vieux loup de mer Flaherty qui vogue avec son équipage tout droit vers un ouragan dévastateur, ensuite le lieutenant Vernaud, amateur de la prose épique de Victor Hugo, en passe de se faire encercler par les armées allemandes, et puis Wells l'idéaliste, confronté au pragmatisme écoeurant de son équipage, et enfin Madeleine et Pierre-Joseph, avec, chacun, leur quatre enfants, en quai de gare attendant la déportation. L'on attend à chaque histoire le choix cornélien accompagné d'un suspense travaillé dans une écriture fluide et sophistiquée et l'on en sort avec ces épisodes décisifs marqués dans nos mémoires de manière indélébile.
Lien : http://news-nouvelles-fant.m..
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J'ai beaucoup aimé ces quatre nouvelles, où l'auteur a glissé de petits renvois de l'une à l'autre : à la fin du Naufrage du lieutenant Wells le rédacteur en chef a entendu parlé de la mort tragique d'un capitaine il y a longtemps (Un fanal arrière qui s'éteint) ; au début du Train de six heures quinze, Madeleine est la cousine d'un héroïque sous-lieutenant du 101e régiment d'infanterie (Carrefour 54). Les descriptions des deux naufrages sont particulièrement réussies, impossible de fermer le livre au milieu de la tempête qui s'achèvera par la mort du capitaine Flaherty. Dans chaque nouvelle, le personnage principal doit prendre une décision importante qui décidera de son destin, au sacrifice de sa vie, jusqu'à se suicider ou s'exiler sur un îlot isolé. le Naufrage du lieutenant Wells est le plus ancré dans l'actualité, avec un lieutenant qui ne supporte pas que le capitaine du cargo sur lequel il est refuse de ralentir et de se porter au secours d'une embarcation pleine de migrants, pour éviter les complications (et le temps perdu), l'équipage cosmopolite approuve le capitaine. Une situation qui hélas s'est déjà produite en Méditerranée ou dans l'océan Indien. A découvrir… et de mon côté, je lirai probablement d'autres ouvrages de Patrice Franceschi.
Lien : http://vdujardin.com/blog/fr..
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