Avec ce troisième tome, s'achève la trilogie, découverte et dévorée en quelques jours, pour ce qui me concerne..
Découverte enthousiaste, lecture haletante, plaisir soutenu.
Si le tome 2 faisait penser à Théorème de
Pasolini, où, de « convergence » en « convergence », la petite troupe de disciples gravitait amoureusement autour de son Prophète du Vinyle, dans une apothéose rock, ce dernier tome est une plongée en apnée dans la réalité socio-politique récente et tragique de 2015 : l'année de Charlie, celle du Bataclan…
La fresque réaliste se teinte de sang, se tend de peur, et la fable romanesque , au diapason, tend discrètement ses pièges, couve ses ressentiments, ourdit sa vengeance.
Le tome 3 est une déflagration : celle d'une apocalypse annoncée.
On est toujours ébloui par le talent avec lequel, en changeant à chaque fois de focale, de personnage privilégié, sans jamais perdre ni son humour cynique, ni sa lucidité critique à l'égard de l'époque, ni son empathie tendre avec chacun de ses héros,
Virginie Despentes, inexorablement, impeccablement, déroule son récit : celui d'une année placée sous l'étoile noire du terrorisme et celui de la désagrégation d'un groupe qui nous était cher.
On enrage : Dopalet père a trouvé en l'ignoble Max son âme damnée, son exécuteur des basses oeuvres.
On tremble : la petite Céleste aux fines aiguilles est devenue le Chaperon rouge de bien vilains Loups, la forte Aïcha voit sa forteresse intérieure ébranlée par le désir, disloquée par les désillusions.
On jubile : merci, Olga, pour tes coups de gueule magnifiques, géante inspirée, juchée sur ton petit banc, dans cette grande
Nuit Debout parisienne !!…
Que c'est difficile de quitter tout ce petit monde que le talent de
Virginie Despentes nous a rendu si proche, si complice, si fraternel..
La fin, étonnante, nous permet heureusement de prendre de la distance.
Et de prendre congé.
Belle équipée, sauvage et amicale. Belle lecture. Oui, le tome 3 clôt dignement cette trilogie : il ne m'a vraiment pas déçue !