« L'océan, telle une photographie surexposée à la lumière, lui fait plisser les paupières ; la blancheur violente et immaculée du linceul de glace l'aveugle momentanément. Puis les traces rouges apparaissent et tirent des lignes contrastées depuis Pictou Island jusqu'à la passerelle. »
Sous-titré « La troisième enquête de Joaquin Moralès », ce roman est en fait en grande partie centré sur le personnage de Simone Lord, chargée par ses supérieurs d'embarquer sur un chalutier de chasse aux loups de mer en tant qu'observatrice.
Progressivement la situation se tend sur le bateau. Simone Lord sait qu'elle n'est pas la bienvenue en tant qu'agent de Pêches et Océans Canada, mais elle pressent aussi que certains membres de l'équipage ont des choses à cacher.
De son côté, Joaquin Moralès, qui s'est finalement décidé à retirer son alliance et ainsi accepter son divorce, part pour quelques jours de vacances avec son collègue et ami Erik Lefebvre. C'est sans compter sur la psychologue judiciaire Nadine Lauzon qui se joint à eux pour cette semaine de ski, avec dans ses bagages un dossier d'enquête non élucidé.
« En sortant du bassin de la marina, le capitaine met les moteurs à fond. Derrière le chalutier, un remous crée un rouleau qui s'affile en pointe acérée dans une mer bouillonnante, rendue sanglante par un soleil écarlate qui, dans l'ouest, abat lentement le rideau incarnat du jour. »
La plume de
Roxanne Bouchard est toujours aussi belle et immersive et pourtant je n'ai pas retrouvé l'atmosphère sensible et poétique qui faisait le charme des deux précédents romans. La faute sans doute à l'ambiance lourde et angoissante à bord du
Jean-Mathieu sur lequel Simone a embarqué, loin des côtes de la Gaspésie et de ses habitants que l'autrice avait si bien croqués dans « Nous étions le sel de la mer » et « La mariée de corail ».
La tension dans le récit va crescendo. L'enquête met en revanche plus de temps à démarrer et ne connait que peu de rebondissements. L'objectif n'est pas là.
Roxanne Bouchard préfère centrer son récit sur ses deux personnages principaux, leurs fêlures, leurs regrets et leurs espoirs. Une analyse psychologique déjà amorcée dans ses précédents romans et qui donne un vrai sentiment d'attachement et proximité avec Joaquin et Simone.
Un roman mélancolique, plus sombre que les précédents, sans doute aussi moins poétique, mais pour autant je ferais bien un autre voyage en Gaspésie pour y retrouver Joaquin Moralès et son équipe.