Pour commencer l'année, quoi de mieux qu'un retour aux sources vers le berceau de l'humanité, l'Afrique.
Nouvelles graphiques d'Afrique. Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent, comme dirait l'autre. Pour faire court je pourrais résumer en quelques mots : Un continent Afrique dévasté, outragé, méprisé par d'incontinents à fric.
Laurent Bonneau à travers onze nouvelles va nous faire partager les peines d'une terre convoitée par l'homme dit civilisé et ses excès. Onze nouvelles comme le SOS de populations méprisées dont la vie ne pèse pas lourd dans la balance par rapport à notre confort.
Entre espoir et désillusion, entre résignation et indignation, les thèmes abordés sont sans surprises, malheureusement.
Les familles éparpillées par les guerres. Où es-tu ? Vivant ? Mort ? L'instabilité permanente de la plupart des pays, instabilité entretenue par les pays « développés ».
L'espoir levé par l'élection d'
Obama est retombé comme un soufflé. Rien n'a changé, rien ne change, jamais.
Et puis ce clin d'oeil ironique avec cette nouvelle, « Flash Info ». Toute la misère du moment déclinée sur RFI, toutes les luttes éternelles de pouvoir égrenées par le journaliste et la phrase qui tue à la fin : « Très bonne journée sur RFI. Tout de suite c'est la suite de Sept milliards de voisins ».
Guerres, génocides, enfants soldats, pillage de la terre la plus riche de la planète, néo colonisation par la Chine, le foot sur un terrain vague comme une bouffée d'oxygène, le constat d'un Africain ayant voyagé avec cette question récurrente, pourquoi ? Une journée en Afrique, au village, là où on est bien loin de se préoccuper de savoir ce qu'il y a à la télé le soir ou de faire des incantations pour qu'il y ait de la neige à Courchevel pour les prochaines vacances de février.
Il y a aussi « de la faux à l'i-phone » où se mêlent les conflits « d'intérêt » et de génération au sein d'une famille Africaine.
L'album se termine par la déchirante « Demain aussi il fera jour ». Un bateau, trop d'hommes femmes et enfants, la mer… Et le coeur qui se serre, la gorge qui se noue. « Mi grands » voguant vers un monde de nains que nous sommes.
Si naturellement je ne suis pas branché par la BD, j'ai eu la chance à chaque fois qu'un billet m'a fait franchir le pas de tomber sur des pépites. Cette fois c'est à Pascal Blackbooks et à Marina que je dois cette belle lecture. Merci à vous.
Pour ce qui est de la « technique » et de la qualité, je suis aussi calé qu'en littérature c'est-à-dire proche du néant. Tout ce que je peux dire c'est que j'ai trouvé les dessins exceptionnels (peut être par manque de références). Je suis resté scotché sur la plupart des pages tant je ressentais l'ambiance, tant j'étais fondu dans le paysage.
Deux vignettes par pages, un peu de texte, auront suffi pour que cet album m'ait définitivement convaincu que l'appellation « roman graphique » a un sens alors qu'à mon inscription sur babel je trouvais ça un peu ridicule.
A mettre entre toutes les mains.
« Ici on tue le temps
Alors que chez vous
C'est le temps qui vous tue ».