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3,95

sur 199 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Découverte d'un nouvel auteur sur les conseils d'Olivia de Lamberterie. Je n'ai pas été conquise. Il s'agit du récit des relations entre une mère et sa fille. C'est écrit par petites touches, un peu comme un journal intime. Pour moi, cela s'apparente plus à de l'autobiographie qu'à de la fiction et ce n'est pas ce que j'aime lire. C'est seulement mon ressenti. Une auteure que je ne suivrai pas.
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Jeune, pour se protéger et vivre sa vie, Lisa est partie de chez sa mère. Adulte et avec des enfants elle garde un contact très difficile avec elle. Mais le jour ou celle-ci meurt, Lisa a de la peine à la laisser partir.

Résumé comme ça, le livre pourrait sembler un peu bateau.

Mais c'est sans compter sur le talent de Lisa Balavoine, sa façon de parler de ses émotions et la sincérité de ses questionnements. Une histoire de vie ou les rôles s'inversent parfois entre les mères et les filles, où il est difficile de se retrouver et où les comportements toxiques laissent des traces.
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Ceux qui s'aiment se laissent aller...

Ce jour-là, je me suis obligé à sortir des draps vers midi pour aller voir l'exposition Gérard Garouste au Centre Pompidou, dont je ressors euthanasié de plaisir.
Je ne reprends mes esprits que quelques minutes plus tard, tandis que je regagne mon appartement au volant de ma MINI John Cooper Works vert Connemara dotée d'une transmission automatique Steptronic à 8 rapports qui me procure un rare sentiment de plénitude dorée.

J'allume une Marlboro Light au niveau de la rue Gambetta.

Dehors, Paris s'est parée de ses habits d'automne.
Je tourne le bouton de mon système Bose. China Girl envahit l'habitacle et mon âme embolique.

Je replonge en enfance.

Bleu est une couleur.

Un sentiment d'intense fragilité comme un rappel du premier âge de la vie se mêle au frisson qui parcourt mon corps tandis que je frôle les portes béantes du périphérique, tétanisé à l'idée de cette jungle qui s'étend au-delà de ces bouches hideuses.
Pif, Bam, Bang comme dans une bande-dessinée.

Te voilà enfin, mon appartement, mon cocon.

Je reprends confiance devant un verre de ce Prosecco que tu aimais tant. Je collapse dans une faille nostalgique qui me ramène pour quelques instants à ce souvenir douloureux d'une étreinte lasse sur cette plage des Lapins à Lampeduza. Ton rire, ta fragrance Féminité du bois de Serge Lutens transpercée par les effluves des rejets du grand collecteur municipal.
Nous sommes vendredi.

Le soleil pourpre découpe mon décor domestique et vient poignarder mon aquarelle de Chu Teh-Chun.

Gaspard, mon cochon d'Inde. Il était gourmand comme ton désir.

Il faut que j'en finisse avec toi.
Mon doigt parcourt cette rangée de livres que tu as laissés comme un appel, tous profondément enfouis dans la gangue de ma bibliothèque : Annie Ernaux, Sophie Calle, Mona Chollet, Marcel Aymé…Ah non, celui-ci, c'est un cadeau d'ecceom. Jamais lu.

Pieds nus sur le parquet de Hongrie, juste vêtu d'un Levis 501 et d'un tee-shirt Hugo Boss, j'écoute en boucle Portishead qui hante mes enceintes Marshall.

La fourrure de Gaspard était tendre et souple sous mes doigts, comme le champ de blé de ta toison.

Les mots défilent impétueux, traçant leur chemin sur le clavier de mon McBook.

Je repense à ce film de Doillon à l'Action Ecoles.
A ce thé Macha qui reflétait ton corps bronzé comme une coco-girl. Nous étions à Tokyo pour voir le soleil levant. Au pied du Fuji-Yama, nous avions rencontré Tatoumi la number one des geishas qui avait partagé avec nous sa pratique ancestrale du Tirelipimpon sur le Chihuahua, qui s'opère avec la tête, avec les bras, un coup en l'air un coup en bas, Touche mes castagnettes moi je touche à tes ananas ! Miracles éthérés de l'orient.

Gaspard était doux alors, comme le premier amour.

Je retourne dans ma cuisine regarder ma cafetière Bialetti pleurer un café d'Éthiopie à l'amertume proche de cette chanson de Charlotte Gainsbourg que tu aimais écouter en lisant Télérama.

Gaspard est mort depuis, comme notre idylle.




Non, sérieusement. Vous voulez vraiment que je dise ce que je pense de ce livre de Lisa Balavoine ?

PS : On est bien dans la collection "blanche" de Gallimard : 6 feuilles blanches ou presque avant et après le texte sur 150, c'est un peu du foutage de gueule. Si j'étais méchant -à Clapton ne plaise- je dirais que certaines de ces pages blanches sont les meilleures du livre.
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👁‍🗨 Lisa Balavoine nous dévoile le journal intime qu'elle aurait pu écrire depuis sa plus tendre enfance aux côtés d'une mère dispersée qui ne semblait pas répondre aux standards de la version parfaite attendue. Puis la fillette grandit avant de devenir mère à son tour, puis orpheline. Maman est morte et sa présence comme son absence laissent les traces indélébiles exposées ici comme autant de confidences que l'on fait habituellement à sa meilleure amie.

Les ➕ :
L'incipit et le premier tiers de ce récit m'ont beaucoup plu ! J'ai trouvé la restitution des émotions de l'enfance très réaliste et vraiment réussie. Malgré des épisodes que notre regard d'adulte qualifierait de dramatiques, Lisa lui voue un amour infini comme seuls les enfants en sont capables. Cette simplicité enfantine m'a embarquée dans mes souvenirs et dans le vertige de la quantité d'amour et d'espoirs que mettent les enfants dans la relation à leurs parents.

Les ➖ :
La déception qui a suivi fut à la hauteur de l'enthousiasme éprouvé au démarrage. La suite, racontée par une Lisa devenue adulte, s'est teintée du jugement et de la rancoeur qui vont avec cet âge et m'ont fait perdre ce ton qui en était dénué et que je trouvais plus original et plus porteur. Cette autofiction m'est donc apparue plus artificielle, j'ai cessé d'éprouver de l'empathie voire des émotions tout court pour me sentir étrangère à ce vécu que l'on tenait pourtant à me raconter. J'ai même fini par m'ennuyer, par trouver cela conventionnel et sans relief.

♾️ En synthèse, c'est un texte qui peut plaire et toucher.. qui l'a d'ailleurs beaucoup fait autour de moi. Mais qui n'aura pas su garder le parti pris original du début qui m'avait conquise et embarquée. Sans doute que l'auteure avait besoin d'extérioriser ses émotions telles quelles, telles que vécues… et cela s'entend dans une autofiction. Mais peut-être que ce format ôte une certaine dose de liberté artistique et c'est ce qui m'aura manqué. Je crois surtout que je ne suis pas faite pour l'autofiction. Et puis voilà !
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❝Si à travers l'écriture tu ne cherches pas à te connaître, à fouiller ce qui t'habite, ce qui te constitue, à rouvrir tes blessures, à gratter, creuser avec les mains, si tu ne mets pas en question ta personne, ton origine, ton milieu, cela n'a pas de sens. Il n'y a d'écriture que l'écriture de soi. le reste ne compte pas.❞
Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie

❝J'ai l'impression que tout en moi tourne autour de ça, la disparition, le manque. Des fantômes nécessaires. C'est à ce moment que je commence à écrire. Je souhaite garder une trace de ce qui n'a jamais été là.❞

Journal d'un deuil. Fragments posés là, comme remontés à la surface de la mémoire sélective et parcellaire de la fille qui vient d'apprendre le décès brutal de sa mère. Journal intime dans lequel de courts paragraphes se suivent sans autre lien logique que celui d'un souvenir qui en appelle un autre, puis un autre et un autre encore, tous s'agrégeant dans un désordre désarmant.

❝Les souvenirs s'attachent à nous bien plus qu'on ne tient à eux. Ils sont dans l'air qu'on respire, dans ce fruit dans lequel on mord, dans la poussière qu'on piétine sans s'en apercevoir. Les souvenirs nous collent à la peau et, comme une encre sympathique, ils reviennent quand nous croyons les avoir effacés. Ils se superposent et nous recouvrent. Les souvenirs sont des vêtements posés sur nous dont les bords usés s'effilochent au fur et à mesure qu'on tire dessus. Difficile de savoir où et quand il faut couper le fil.❞

Dans Ceux qui s'aiment se laissent partir, Lisa Balavoine se débat avec le pêle-mêle subjectif de sa mémoire sur lequel au fil des ans elle a épinglé les souvenirs, les silences et les non-dits, tout ce qui permet de raconter et maintenir encore en vie sa mère avec laquelle elle a vécu de manière fusionnelle jusqu'à l'adolescence avant de s'échapper, de partir vivre sa propre vie, fonder sa propre famille, faire ses propres erreurs, se construire sur ses propres failles.

Découpé en trois parties, de Lisa enfant de sa mère à Lisa mère de ses enfants et enfin à Lisa orpheline de sa mère, ce deuxième roman de l'autrice est, comme Éparse paru quatre ans plus tôt, l'occasion de convoquer la mémoire pour recomposer le puzzle d'une vie, de faire l'état des lieux de la relation à sa mère d'une part et à ses trois enfants d'autre part, au gré de paragraphes assez courts où se rejouent les scènes de la vie qui va (ou pas), avec ses ratés, ses joies, ses emballements euphoriques, ses embardées périlleuses, ses doutes, et sa colère qui finit par prendre toute la place.

La première partie raconte la relation exclusive à une mère qui a choisi la liberté, plaquant tout sauf sa fille

❝Tu es une jeune femme divorcée au début des années quatre-vingt. À vingt-cinq ans, tu as tout plaqué sur un coup de tête, ton mari, la maison à la campagne que vous veniez d'acheter, tes premiers rêves et tu es partie, emportant une gamine de presque quatre ans dans ta nouvelle vie.❞

et tout ce qui s'ensuit : les déménagements fréquents et les changements d'écoles qui empêchent de se faire des amis de son âge ; la solitude ; la relation asphyxiante et instable née du tourbillon dans lequel la mère l'aspire pour oublier qu'elle n'a personne d'autre à aimer et qu'elle-même n'est aimée de personne d'autre.

❝C'est l'inquiétude surtout dont je me souviens. Cette sensation de ne jamais être sûre de rien. La peur constante que quelque chose se passe ou, au contraire, que rien ne se produise. C'est l'inquiétude qui se niche dans tout.❞

Le récit dans sa forme suit le chaotique cheminement émotionnel de la petite fille, passant de l'admiration première et sans borne pour cette femme-papillon erratique et fantasque à la honte d'avoir une mère oubliant son malheur dans l'alcool et la fumée de cigarettes.

❝Toi et moi ne vivons qu'un brouillon d'existence dans des appartements où nous ne nous installons jamais. Chez nous tout va trop vite, la voiture, la musique, les jours et les nuits. Je me revois espérer que nous aurons nous aussi une maison, de l'espace, du temps. Un jour, nous aurons une vie normale.❞

Vient l'urgence de s'extraire de cette vie qui peine tant à être à la hauteur d'une vie normale, ne parlons même pas de la vie jadis rêvée et promise, avant qu'il ne soit trop tard, avant de se perdre ; refuser de céder au chantage affectif

❝Si tu pars, je vais mourir. Si tu pars, je te préviens, je vais faire n'importe quoi. Si tue pars, ne compte, plus sur moi. Si tu pars, ça prouve que tu ne m'aimes pas. Si tu pars, c'est que tu préfères ton père. Si tu pars, tu ne sais pas ce dont je suis capable. Si tu pars, tu vas le regretter. Si tu pars, qui te fera à manger, tu ne sais rien faire. Si tu pars, c'est pas la peine de revenir. Si tu pars, tu auras mon suicide sur la conscience.

Je pars.❞

et partir malgré la culpabilité qui l'aiguillonne de n'être pas capable de lui venir en aide. Partir pour empêcher qu'elle l'emporte dans sa dérive. Partir avant que tout ne soit définitivement abîmé. Partir tant qu'il reste quelque chose à sauver, et ensuite cultiver l'art délicat de distendre le lien sans le rompre tout à fait. Devenir mère à son tour, se promettre de ne pas être la mère que sa mère a été, s'apercevoir que c'est plus vite dit que fait.

❝Parce que les fils de mon enfance brodent un canevas serré avec celle de ma fille. Parce que les portes que j'ai moi-même claquées tant de fois me reviennent en pleine face. Parce qu'il me semble avoir traversé les moments qu'elle traverse. Parce que nous ne trouvons plus les mots pour nous parler. Parce que nous manquons d'air. Parce que la fille que je suis ignore comment être mère.❞

Lisa Balavoine place à intervalles réguliers des paragraphes entiers de ❝parce que❞ dont la litanie tente de comprendre pourquoi ❝de tout ce que nous avons vécu, je ne parviens pas à me délester du pire❞, sondant les causes de la souffrance, de la colère, des regrets pour aller à l'apaisement et à la réconciliation malgré/grâce à la mort maternelle. Beaucoup de questions restent en suspens dans ce récit, comme dans n'importe quelle vie d'ailleurs.

❝Un jour je comprendrai ce qui nous a séparées. Chacune enfermée dans sa coquille. Deux carapaces qui se cognent et nous empêchent de nous rapprocher.❞

Écrire pour garder une trace des occasions perdues et de ce qui n'a jamais été là pour enfin laisser partir la mère. Écrire pour aussi laisser partir la fille qu'elle a été. Quelles traces de l'enfant subsiste-t-il chez l'adulte ? Que reste-t-il à la fille qui a perdu sa mère ? Et d'ailleurs, est-on encore une fille quand on a perdu sa mère ?
Me revient cet échange écrit par Romain Gary dans Clair de femme :

❝— Est-ce que je suis envahissante ?
— Terriblement, lorsque tu n'es pas là.❞

Journal d'un deuil en cours, album de photos qu'elle feuillette s'arrêtant sur certains clichés fanés à la recherche d'indices,

❝la photographie […] abîmée […] Cette image meurtrie et apaisée, c'est toi, ma mère. C'est toi tout entière. Une femme en bleu, les yeux clos et les rêves silencieux.❞

escarcelle de fragments disjoints d'existence qu'elle essaie de faire tenir ensemble, de fils qu'elle tente de dénouer, le récit de Lisa Balavoine est riche de tout cela. Écrire le je est par essence indiscret et narcissique, choisir l'autofiction me laisse toujours admirative et médusée par le courage qu'il faut pour ainsi s'exposer, par la capacité de l'écrivain à évoquer l'intime sans pour autant être impudique — c'est très réussi ici — et par le besoin impérieux d'écrire la page qui se tourne en partageant les mots tus et les autres venus d'on ne sait où, ceux qui blessent et qu'on ne peut effacer, les mots ❝qu'on [se] balançait […] comme des coups❞. Pour autant je ne suis pas sûre de garder une trace durable de ce livre qui raconte ce qui ne vit plus que de mémoire : ❝les fantômes nécessaires❞. J'ai depuis peu les miens. C'est peut-être pour cela que mon impression est flottante. Pas mitigée, mais flottante. Cette histoire qui fait reculer la frontière entre vie privée et vie publique est comme il se doit à la fois singulière et universelle, mais elle est surtout très banale. Quant à sa forme, collage de courts paragraphes aux phrases impersonnelles, elle est un tantinet facile, en rien susceptible d'arracher du commun ordinaire Ceux qui s'aiment se laissent partir.

Lu dans le cadre de la sélection 2023 des #68premieresfois

Lien : https://www.calliope-petrich..
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Apres Eparse, j'attendais avec impatience le deuxième opus de Lisa Balavoine.
Peut être j'en attendais trop, peut être j'avais encore un souvenir trop vif de Eparse, bref je suis un peu déçue.
Attention, Ceux qui s'aiment se laissent partir est un très bon roman intime qui tisse les liens mère-fille-petite fille par touches, sans rien cacher des violences que l'on peut s'infliger au sein des familles mais par moi ça n'était pas le moment.
Nulle doute qu'il trouvera ses lecteurs et lectrices.
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