AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791090507258
94 pages
Editions Cmde (01/05/2018)
4.44/5   18 notes
Résumé :
Iggy Pop porte un tablier de marchand de fruits et légumes, Sean Connery prend la pose en slip à l'AFPA, un superhéros trône sur sa motocrotte, un fan de Picasso vide des poubelles, Plastic Bertrand plane sur des seaux de choucroute... Autant d'histoires folles émaillé le quotidien d'un travailleur précaire, racontées avec un sens de l'humour et de la mise en scène décapant.
A l'heure où le droit du travail disparaît dans les limbes, où les attaques du néolib... >Voir plus
Que lire après Le travailleur de l’extrêmeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Version anarchopunk d'ouvrages sociologiques d'observation participante, comme l'Établi, de Robert Linhart, la Culture du Pauvre de Richard Hogarth ou À la Ligne de Joseph Ponthus.
La dérision, l'ironie et le foutage de bordel y remplacent l'empathie avec le monde ouvrier, l'introspection, l'analyse et la proposition de solutions.

Le narrateur est ici, d'abord et avant tout, un guitariste d'un groupe punk, d'ailleurs durant ses heures de boulot, il se planque pour enregistrer sur son portable des riffs de guitare qu'il chante…
Quand on lui demande son nom, il n'hésite pas à répondre Iggy Pop, se bidonnant parce que son chef, à des lieux de soupçonner l'existence de l'univers des Stooges et de l'Iguane, inscrit sans rechigner le nom sur son carnet.
Le lendemain :
« Bonjour Monsieur Pop, vous allez bien ?
Bien et vous ? Vous pouvez m'appeler Iggy si vous voulez. »

On rit à longueur de pages...mais pas que...Parfois on se demande si on ne doit pas pleurer.
Sous les facéties, l'excès et la déconnade permanente se cache une véritable analyse de notre société et de l'incommunicabilité qui s'y développe.
« "Tu dois toujours, et je dis bien toujours parce que sinon tu vas être dans le jus, prendre les rouleaux de papier toilettes discount, ce sont ceux qui partent le plus vite. Tu dois toujours prendre une palette de papier toilette discount et mettre les autres rouleaux qui manquent dessus."
J'étais à deux doigts d'éclater de rire. Toute cette mise en scène pour une histoire de PQ. Il ne manquait plus qu'un violoniste et on se serait pris dans les bras en jurant fidélité pour la vie adieu PQ. »
On n'est pas vraiment dans le monde du Bull Shit Job mais dans celui des emplois à la con où les tâches pour utiles qu'elles soient révèlent les absurdités du monde de la consommation à marche forcée.
«On m'explique le truc. Les moules et le fond de tarte sont congelés. J'ai juste à couper des fraises et à les placer en rosace. Ensuite je dois asperger le tout d'un liquide rouge (colorant sucré) à l'aide d'une espèce d'arrosoir.»

Histoire de deux univers qui se côtoient sans jamais se rencontrer :
« Y a quelques heures j'étais défoncé et en train de parler dans un anglais incompréhensible avec des Singapouriens. Dans le magasin on parle tous la même langue mais personne n'a l'air de capter ce que je raconte. Faut dire que j'ai la pâteuse et que si mon corps est bien présent, mon esprit, lui, est encore englué dans les souvenirs de ces quelques jours de concerts...»

À l'origine des CDD, Pôle Emploi, l'AFPA, les bilans de compétence, les lettres de motivation et autres stages pour retrouver l'estime de soi :
« Avec une conseillère Pôle emploi qui se nomme Mme Bâtard, le stress du premier rendez-vous n'existe pas ! On sait déjà que ça va mal se passer ! La boule au ventre a grimpé de quelques étages pour se stocker au niveau de la gorge. »

Quelques comparaisons pour rire et pour finir

Dans l'établi de Robert Lhinard :

« Et il n'est pas rare de voir un nouvel embauché prendre son compte le soir même du premier jour, affolé par le bruit, les éclairs, le monstrueux étirement du temps, la dureté du travail indéfiniment répété, l'autoritarisme des chefs et la sécheresse des ordres, la morne atmosphère de prison qui glace l'atelier. »
Dans le travailleur de l'extrême :

« Je réclame des lunettes pour me protéger ainsi que des bouchons pour les oreilles (le bruit est insupportable. La patron me regarde avec des yeux de taré et me demande si je ne veux pas cent balles et un mars non plus.(…) Je me casse. »


Dans À la ligne de Joseph Ponthus :

« Demain
En tant qu'intérimaire
L'embauche n'est jamais sûre
Les contrats courent sur deux jours une semaine tout au plus
Ce n'est pas du Zola mais on pourrait y croire On aimerait l'écrire le et l'époque des ouvriers héroïques
On est au xxre siècle
J'espère l'embauche
J'attends la débauche
J'attends l'embauche
J'espère »

Dans le travailleur de l'extrême :

« Yeah ! Génial ! Encore un contrat précaire. Un CDD de trois semaines au rayon liquides d'un grand supermarché. Nous sommes en septembre et c'est la période des foires au vin à la con. La magasin a besoin d'une main d'oeuvre d'appoint pour gérer tout ce joyeux bordel. »

Conclusion : Si vous voulez, rire lisez le Travailleur de l'extrême, si vous voulez pleurer lisez plutôt L'établi ou À la ligne.

Cela dit, je ne peux m'empêcher de citer cet extrait de la Culture du Pauvre qui montre que Äke Anställning n'est pas si loin que ça de la réalité :

« Selon Tocqueville, les sociétés démocratiques "énervent" plus qu'elles ne "corrompent" : les divertissements modernes détruisent la sensibilité à la racine, en sorte qu'il devient bien difficile au public de se reprendre et de s'apercevoir que le gâteau qu'on lui offre n'est que de la sciure de bois. »

Mon avis : Je recommande la lecture de ce livre
Commenter  J’apprécie          285
Hello , on se retrouve avec ce court roman rempli d'humour.

En effet, l'auteur nous embarque dans le monde du travail avec un humour poussé à l'extrême et ça fait un bien fou de lire ça dans notre société actuelle. Il dit tout haut ce que l'on peut, pourrait, penser tout bas.

On va suivre la vie d'un travailleur précaire qui va avoir du mal à trouver sa voie, à faire des concessions et surtout à suivre les consignes.

Bref, il est très court donc difficile de s'étaler sur le sujet sans en dire trop, mais c'est un roman que je recommande fortement pour se déconnecter du quotidien.
Commenter  J’apprécie          40
Jubilatoire ! J'ai beaucoup ri, d'un rire jaune comme la couleur de la couverture de ce livre qui se lit trop vite ! On a envie de crier "Encore !"...
Commenter  J’apprécie          80
J'ai rie comme rarement cela peux m'arriver lors d'une lecture. Un rire franc, a l'opposé d'un simple soufflement de nez.
Le genre de lecture qui te rappelle que le punk n'est pas mort !
Un grand merci a l'auteur pour ce genre de lecture qui se consomme le temps d'un trajet en train, et qui se relis aisément lorsqu'on a une ou deux heures à tué.
Je prend plaisir à partager cette oeuvre avec mes camarades qui ne sont pas forcément lecteur en me disant que cela peut les amener à comprendre le plaisir que l'on peux ressentir à bouquiner
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La plupart du temps quand je taffe, je pense à des riffs de gratte.
J'imagine des morceaux terribles, et donc je suis à mille lieues de l'endroit où je me trouve. Mécaniquement je fais des trucs, mais mon esprit est loin... très loin. Une fois, je me suis même fait surprendre dans la réserve en train d'enregistrer avec mon portable des riffs de gratte parfaitement imités avec la bouche.
Commenter  J’apprécie          100
La première cliente débarque.

« Je voudrais du merlan s’il vous plaît.
— Bien sûr madame, pouvez-vous juste me dire où se trouve ce poisson ?
— Vous ne connaissez pas ? Vous n’êtes pas poissonnier ?
— Non.
— Ah… c’est celui-ci. Pouvez-vous me faire des filets ?
— Ben non, par contre je vous propose de vous en mettre quatre pour le prix d’un. Ça vous tente ?
— Vous pouvez faire ça ?
— Je peux tout faire, c’est oui ou c’est non ?
— Allez-y. »

Il a voulu me foutre là, il se démerde. Je ne fais quasiment rien payer aux clients.
Commenter  J’apprécie          130
J’arrive devant le rayon fruits et légumes. Je suis censé le ravitailler mais c’est lundi et il y a peu de monde... Je me dis qu’un petit roupillon dans la réserve me ferait le plus grand bien. Bien calé entre les casiers verts des oranges et des poivrons, je me planque au mieux. On m’appelle à l’accueil, les hauts-parleurs hurlent mon nom. Bon, j’vais voir et après j’enclenche l’opération sieste. Je me pointe et je vois une vieille qui s’excite au milieu du rayon. Il n’y a plus d’étiquettes dans la machine à peser. Le problème, c’est que je n’ai jamais voulu savoir comment on fait pour changer les rouleaux d’étiquettes. Ce n’est pas compliqué mais ça m’emmerde, et quand je fais un blocage comme ça, c’est foutu.
Commenter  J’apprécie          30
Une boite d'intérim m'appelle pour faire manœuvre dans le bâtiment. Je ne le sens pas, le bâtiment ce n'est pas mon truc et je ne supporte pas la poussière. Bon, je me pointe quand même. Mon boulot est simple : je dois me rendre chez les gens (c'est dans un immeuble délabré) et péter leur conduit d'eau (un gros tuyau en ferraille qui longe le mur de la cuisine et des chiottes).
Commenter  J’apprécie          60
Première fois de ma vie que j'entre dans le monde du temps rémunéré. J'ai dix-neuf balais et des bananes et je m'apprête à devenir cantonnier pendant deux mois (pour payer une partie de mes études universitaires). Après un petit briefing du big boss, on m'emmène sur le lieu du chantier. Six mecs s'activent avec une pelle pour étaler ce qu'ils appellent de l'enrobé (un mélange de goudron et de gravillons). Je n'ai même pas le temps de me présenter qu'on me demande d'aller faire un tour derrière le camion et d'y attraper quelque chose au fond d'un bac glacé. J'hésite un peu, je ne vois pas de quoi ils parlent. Ils sont morts de rire :
« Prends ton temps, petit ! Bois ça tranquille hein !»
Le bac glacé, c'est une poubelle noire blindée de glaçons et de bières. J'en bois une et je retourne voir les gars. En quelque sorte, j'ai passé le relais à un autre qui se dirige à son tour derrière le camion...
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : travailVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20369 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}