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Citations de Thomas Schlesser (109)


– Où va le vert des arbres une fois qu’il est parti ?
Henry s’arrêta net. La question n’avait aucun sens d’un point de vue scientifique, certes. C’était toutefois une énigme qui résonnait profondément sur le plan métaphysique. Il scruta l’horizon en silence et, enfin, suggéra d’une voix calme et grave :
– C’est vrai cela, Mona… Vers quoi s’échappent le blanc de la neige quand elle fond, le rouge d’un volcan quand il s’éteint, le pourpre de l’amarante quand elle se fane, le brun des cheveux quand ils grisonnent, l’azur du ciel quand fuit le jour ? Peut-être y a-t-il un paradis pour les couleurs ? Je suis sûr qu’elles y chantent, qu’elles y tonnent et détonent, qu’elles s’y bousculent et s’y entremêlent. Et puis s’envolent. Et puis reviennent, à l’infini.
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 Si je deviens aveugle, le paradis des couleurs, j’espère qu’il sera dans ma tête.
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Cesse de demander pardon quand tu as l’impression que tes sentiments ne se conforment pas à ce qu’on attend de toi. Tu es libre de ressentir ce que tu veux. Et je vais te dire mieux : ton malaise devant l’atmosphère indécise et lugubre de Magritte, c’est la preuve que tu sais regarder cette peinture, que tu y trouves ce que l’artiste y a placé.
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Elle put se faufiler dans le dos de cette Gare Saint-Lazare et plonger de l’autre côté du miroir. Là, elle vit une toile vieillie, marronnasse et une armature en bois. Tiens ! Comme tout cela, d’un coup, lui sembla dérisoire, bricolé, fragile ! Mona comprit que c’était aussi cela le sens caché d’une peinture, c’était aussi cela qu’il fallait deviner derrière les images : il ne s’y nichait pas seulement des lectures complexes, des interprétations savantes, des décryptages audacieux et des hypothèses par centaines. Non, ce qui se dérobait et qu’il convenait de garder à l’esprit sous les couches de pigments, c’était la trivialité de ces canevas sans âme montés sur châssis, c’était la désarmante simplicité de ces objets sur lesquels se fixeraient peut-être d’immortels moments de l’humanité même.
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L'amour est désir et le désir est manque.
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Savoir recevoir. Ce que dit cette fresque, c'est qu'il faut apprendre à recevoir, que la nature humaine, pour être capable de grandes et belles choses, doit être prête à accueillir : accueillir la bienveillance d'autrui, son désir de faire plaisir, accueillir ce qu'elle n'a pas encore et ce qu'elle n'est pas encore. Il sera toujours temps pour celui qui reçoit de rendre, mais pour rendre, c'est-à-dire donner à nouveau, il est indispensable d'avoir été capable de recevoir.
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La fête a sa part de défaite, il faut donc s'en méfier, surtout lorsqu'elle s'automatise, devient une obligation sociale. La comédie, le jeu, les licences et le badinage ont - nous dit Watteau - un arrière-goût mélancolique, parce que le corps s'y épuise fatalement et que l'injonction d'être heureux est intenable. (p. 118)

11 - Antoine Watteau
En toute fête sourd une défaite
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Ce qui reste d’une vie, ce sont des objets, des tas d’objets qui ont eux aussi leur vie propre. Ce sont des choses, des petites choses qui n’ont parfois même plus de nom tant elles sont usées, cassées, fragmentées. Mais, même dans un encrier de collégien ou dans un trèfle à quatre feuilles, tu peux rêver des univers entiers. 
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Et puis soudain, à l'approche de chez elle, Mona cessa, rattrapée par le mensonge complice dont ils étaient convenus pour éviter les séances chez le pédopsychiatre. Elle ouvrit ses grands yeux bleus et tourna sa petite tête coquine en riant du mauvais tour qu' ils jouaient à ses parents.
- Dadé, qu'est-ce que je dis si papa et maman me demandent le nom du médecin que je suis allée voir ?
- Dis- leur qu'il s'appelle le Dr Botticelli.


( p.37)
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Michel-Ange
Délivre-toi de la matière

(...) Mais cette fois, Mona demeura muette.Pas envie.Pas la tête à cela.Quelque chose inhibait son enthousiasme habituel.Ce quelque chose c'était le souvenir de la question de Diego, le matin même. Elle réalisait que son camarade ne l'avait pas du tout posée par impertinence. Diego s'était interrogé de la manière la plus sincère qui soit:" Quand donc un individu s'arrête-t-il de jouer ?" À partir de quel seuil, à partir de quel âge ce goût pour les histoires que l'on s'invente et que l'on interprète avec une spontanéité insouciante cesse -t-il ?


( p.61)
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Le flouté de cette photographie est pareil à la réverbération d’une musique dans une cathédrale. Ce qui s’y perd de précision gagne en profondeur et en lyrisme.
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Il savait que, contrairement à une idée reçue, il fallait du temps pour pénétrer la profondeur de l'art, que c'était un exercice fastidieux et non un ravissement facile.
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Elle put se faufiler dans le dos de cette Gare Saint-Lazare et plonger de l'autre côté du miroir. Là, elle vit une toile vieillie, marronnasse et une armature en bois. [...] C'était aussi cela le sens caché d'une peinture, c'était aussi cela qu'il fallait deviner derrière les images : il ne s'y nichait pas seulement des lectures complexes, des interprétations savantes, des décryptages audacieux et des hypothèses par centaines. Non, ce qui se dérobait et qu'il convenait de garder à l'esprit sous les couches de pigments, c'était la trivialité de ces canevas sans âme montés sur châssis, c'était la désarmante simplicité de ces objets sur lesquels se fixeraient peut-être d'immortels moments de l'humanité même. (p. 251)

26 - Claude Monet
Tout fuit, tout passe
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C’est d’ailleurs cela, l’apprentissage de l’enfance : la perte. À commencer par la perte de l’enfance elle-même. On apprend ce qu’elle était en la perdant, et on apprend qu’on perdra tout et tout le temps. On apprend que perdre est la condition indispensable de la sensation vitale, de l’intensité présente. On croit que grandir, c’est accumuler des gains : des gains d’expérience, de connaissance, des gains matériels. Mais c’est un leurre. Grandir, c’est perdre. Vivre sa vie, c’est accepter de la perdre. Vivre sa vie, c’est savoir lui dire au revoir à chaque seconde.
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La mélancolie, c’est une tristesse dénuée de raison précise et difficile à consoler ; c’est une sensation plus vague et d’une douleur plus intense, aux limites de la folie parfois, où rien n’a plus de signification et où tout ce qui se construit pour l’avenir semble destiné à disparaître. [...] . La mélancolie, c’est quand rien ne se passe d’autre que ce qui passe. [...] Mona, écoute-moi : c’est formidable de profiter d’une belle vie, mais être heureux fait crépiter les choses en surface ; la mélancolie, parce qu’elle est une faille en nous-même, ouvre une brèche sur le sens et le non-sens de l’univers, nous permet de regarder les abîmes, les profondeurs. Les artistes le savaient et la cultivaient pour créer leurs œuvres.
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L'agitation autour d'eux était étouffante. Étouffante, oui, parce que la plupart des visiteurs qui composent la foule d'un grand musée ignorent ce qu'ils désirent faire ; ils produisent un flottement généralisé, infusent l'atmosphère stagnante, hésitante et même un peu trouble, propre à ces lieux lorsqu'ils sont victimes de leur succès.
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« Pourtant, si : on devient aussi aveugle « comme ça », la preuve. »
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Johannes Vermeer
L'infiniment petit est infiniment grand

(...)Vermeer , lui travaille seul et se contente d'exploiter toutes les mises en scène possibles des petites pièces de sa propre maison de Delft.Il fut donc cantonné à une vie discrète et, à sa mort, aucune archive, presque aucun document à son sujet, n'a été gardé. Aussi a-t- il fallu du temps et je dirais, le génie de certains " regardeurs" pour l'estimer à sa juste valeur, pour distinguer ses qualites véritablement uniques.Les très grands génies ont bed3oin de spectateurs alertes et visionnaires, Mona !
- Comme nous, Dadé !
- Comme toi, surtout ! Mais dans le cas qui nous occupe, on doit d'abord rendre hommage à un critique d'art du XIXe siècle du nom de Théophile Thoré qui, imagine- toi, a pu faire ses recherches sur Vermeer parce qu'il avait dû quitter la France après avoir été condamné à mort en 1849 pour ses engagements politiques. Il s'échappa et gagna notamment la Belgique et la Hollande, et en profita pour enquêter sur notre peintre, dont il exhuma de nombreux tableaux...Un véritable roman !


( p.92)
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Une histoire persane du Moyen Âge raconte que, sur un marché de Bagdad, un vizir fut un matin effrayé de croiser la Mort, obscurément vêtue et décharnée, car celle-ci esquissa un geste vers lui, qui était pourtant jeune et bien portant. Le vizir vint trouver son calife et lui annonça son départ immédiat pour la cité de Samarcande afin d’échapper à cette funeste invitation. Le calife accepta et son homme partit au galop. Troublé, le calife convoqua cependant la Mort et lui demanda pourquoi elle avait menacé sur le marché de Bagdad un vizir vaillant, en pleine force de l’âge. La Mort rétorqua : « Je ne le menaçais pas, j’ai simplement eu un geste de surprise ! Je tombe sur lui de bonne heure. Il est en plein marché à Bagdad. Cela m’a étonnée, car nous avons rendez-vous ce soir même, à Samarcande… »
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C'est d'ailleurs cela, l'apprentissage de l'enfance : la perte. A commencer par la perte de l'enfance elle-même. On apprend ce qu'elle était en la perdant, et on apprend qu'on perdra tout et tout le temps. On apprend que perdre est la condition indispensable de la sensation vitale, de l'intensité présente. On croit que grandir, c'est accumuler des gains : des gains d'expérience, de connaissance, des gains matériels. Mais c'est un leurre. Grandir, c'est perdre. Vivre sa vie, c'est accepter de la perdre. Vivre sa vie, c'est savoir lui dire au revoir à chaque seconde.
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