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3.86/5 (sur 77 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1991
Biographie :

Quentin Leclerc lance en 2012 avec Michel Pimpant un site qui résume les grands classiques de la littérature mondiale : Les Boloss des Belles Lettres (http://bolossdesbelleslettres.tumblr.com/). En 2013, une anthologie qui rassemble une cinquantaine de résumés est publiée aux éditions J'ai lu.

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A la maison De Balzac, les "Boloss des Belles Lettres" ouvrent la bibliothèque idéale De Balzac et résument Notre-Dame de Paris de Victor Hugo en 5 minutes Catherine Jacob a accepté de se prêter aux jeux du langage, imaginé par le duo de choc, Michel Pimpant et Quentin Leclerc.

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15 – UPAMECANO, LE GARDIEN
Leblanc gare la Mercedes dans une rue le long d’un trottoir. Elle éteint les phares et le moteur. Elle regarde sur le trottoir d’en face. Il y a un immeuble de quatre étages où deux fenêtres sont éclairées. Leblanc dit : c’est ici.
Nocturne se penche du même côté que Leblanc pour voir le haut de l’immeuble. Elle demande : c’est quoi le plan ?
Comment ça ? dit Leblanc.
Ben notre plan, dit Nocturne, pour récupérer le sac.
La formation de Nocturne passe aussi par des moments théoriques où Leblanc doit lui apprendre quand elles doivent prévoir un plan ou quand elles peuvent improviser.
Là en l’occurrence il n’y a pas vraiment besoin de plan.
Leblanc dit : on sonne, on lui demande le sac, elle nous le donne, et on repart. Nocturne a l’air déçue. Elle demande : donc on se bat pas ? Non, dit Leblanc, on ne se bat pas.
Elle dit : il n’y a pas toujours besoin de se battre.
Elles sortent de la voiture et marchent vers l’immeuble.
Trish ouvre la porte d’entrée.
Elle fait face à un chevalier en armure qui mesure plus de 2 mètres.
Il demande : vous êtes Casca ? Hein, dit Trish. Êtes-vous Casca ? demande le chavalier. Je m’appelle Upamecano, et je cherche celle qui se nomme Casca.
Upamecano est habillé d’une armure en métal poli avec une épée à la ceinture. Son heaume en pointe a une fente au niveau des yeux et des dizaines de petits trous au niveau de la bouche.
C’est la panoplie complète.
Le seul truc pas d’origine c’est la paire de New Balance 992 qu’il a aux pieds, mais elles sont beaucoup plus pratiques pour courir.
Upamecano porte son armure comme des vêtements normaux.
Il dégage une profonde sympathie.
La voix d’Upamecano a l’air de venir de très loin.
Il dit : il faut faire vite. Si ce n’est pas vous, dites-moi où est celle qui se nomme Casca.
C’est moi, dit Casca. Elle se tient sur le seuil de sa chambre, toujours en pyjama. Trish se tourne vers elle et lui fait des gestes paniqués en mode : mais c’est qui ce type ?
Upamecano contourne Trish et marche vers Casca. Il ne fait aucun bruit quand il marche grâce aux semelles en caoutchouc de ses New Balance et à leur amorti de talon ABZORB. Il s’arrête devant Casca le temps de l’observer. Casca est impressionnée par la taille et l’aura du chevalier, mais en même temps elle a l’impression de le connaître depuis toujours.
Upamecano s’agenouille.
Casca, dit-il, je m’appelle Upamecano et je suis l’ancien gardien de la couronne. Je suis là pour vous protéger et vous escorter vers le sanctuaire du roi.
Il se relève et va regarder par la porte-fenêtre du salon. Il voit la Mercedes Classe A de Nocturne et Leblanc qui se gare le long du trottoir. Il dit : nous avons peu de temps, suivez-moi.
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4 – UNE MISSION POUR SCOTT PANTONE
Trouver le bon équilibre entre la vie de famille et le travail est une question complexe.
Dès que Steve a rejoint l’organisation de Tim, il a choisi de sacrifier sa relation avec Cliff au profit de sa vie pro. Les missions que Tim lui confiait allaient dans le sens de ses ambitions, mais il était très souvent absent et cette absence dégradait ses liens familiaux.
Steve pensait que son travail et sa famille étaient incompatibles. C’était son cerveau reptilien qui lui faisait croire que rendre heureux son fils tout en parvenant à ses fins était impossible.
À l’époque préhistorique, le cerveau reptilien permettait de boire, manger, dormir et repérer le danger. Mais de nos jours, il empêche surtout de sortir de sa zone de confort.
Maka a fait comprendre à Steve que le comportement de Cliff devenait de plus en plus étrange et que s’il ne surmontait pas l’influence néfaste de son cerveau reptilien leur famille pourrait ne plus exister.
Alors quand Steve a reçu l’appel de la principale de Sunnydale, il a activé son néocortex, la partie du cerveau qui sert à contrôler ses émotions et prendre des décisions, et il a fait un choix : valoriser Cliff au détriment de sa mission pour Tim.
Il s’est dit que c’était l’occasion parfaite pour aider son cerveau à évoluer.
Sauf que ce choix raisonnable pour le bien-être de leur famille s’est révélé désastreux pour sa mission, et l’équilibre qu’il espérait retrouver en valorisant Cliff, il l’a aussitôt perdu en manquant à ses devoirs professionnels.
La perte du sac a même créé un énorme bordel.
Steve doit donc retrouver le bon équilibre initial en réparant son erreur. D’une certaine façon, il doit sacrifier Cliff et Maka parce qu’il a décidé de les sauver trop tard.
Son Alfa Romeo avance sur la route en corniche qui part de Portobello et surplombe un morceau de l’océan Atlantique. À droite en contrebas des vagues viennent taper contre la falaise. De l’autre côté la falaise monte à la verticale.
Il roule avec Maka qui est sa femme mais aussi sa collègue.
Maka lui demande s’il a regardé les enregistrements des caméras. Steve dit : ils ont été supprimés. Et ceux qui participaient au rituel ? demanda Maka. Tous morts, dit Steve. La falaise s’est effondrée. Leurs voitures sont encore sur le parking.
Maka mange jusqu’au sang la petite peau qui s’est décollée à côté de l’ongle de son pouce droit. Elle demande : on va où ?
Chez Pantone, dit Steve. C’est le seul qui peut nous aider.
Si Steve demande de l’aide à d’autres membres de l’organisation de Tim, il risque de les mettre en danger de mort. Parce que récupérer le sac et la couronne n’était pas une simple mission : c’était l’aboutissement d’une mission d’infiltration de plusieurs années.
L’Alfa Romeo se remplit de noir le temps de passer dans un tunnel.
Maka dit : j’espère qu’on a pas pris tous ces risques pour rien.
Elle regarde l’océan Atlantique.
L’eau bouge avec des mouvements bizarres. Les vagues se tordent et projettent plusieurs traits de mousse blanche qui dessinent les contours d’un visage qu’elle connaît.
Celui de Scott Pantone.
Scott Pantone est un type étrange. Il accepte les missions que personne d’autre ne veut faire, mais personne ne comprend pourquoi il les fait. L’argent ne l’intéresse pas. Il vit dans un pavillon dans la banlieue de Portobello et reste discret.
Il n’a pas d’ambition particulière.
Des fois des gens le croisent à des événements publics, ou assis sur le seul banc au bout de la pointe qui donne sur l’océan, ou au parc en train de prendre les fleurs en photo. Il a l’air de penser à des trucs.
Il vit sa vie.
Hello hello, dit Pantone avec un grand sourire. Allez-y, entrez.
Steve et Maka le suivent jusque dans son salon.
Il s’assoit dans son canapé et les invite à faire pareil dans deux fauteuils face à lui. Steve pense : je ne m’habituerai jamais à cette déco. Il s’assoit et regarde autour de lui.
Chaque élément de la décoration a une teinte Pantone différente : la tapisserie est en Tangerine Tango, le carrelage en Aqua Sky et les meubles en Sand Dollar. Pantone porte un sweat à capuche en Blue Iris, un pantalon chino en Marsala et un tee-shirt à col rond en Island Paradise.
Steve a l’impression d’être dans la maison du diable, mais décorée par un enfant.
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I – CASCA, TRISH & LE SAC DE SPORT
La plage de Portobello est grise à cause des nuages qui cachent le soleil. Toutes les maisons sur la digue sont vides et les volets sont baissés. Les gens sont rentrés pour la semaine dans leurs villas à Miami.
Des nuages bougent et laissent passer la lumière du soleil, qui tombe sur la plage avec la forme d’un halo divin.
Casca est assise en tailleur sur le sable. Elle écoute Dido chanter qu’elle aurait adoré vivre près de la mer pour voyager seule dans le monde entier. Le cercle de lumière est juste devant elle.
Elle pense : il doit faire chaud là-bas.
Le halo de lumière continue de se déplacer sur le sable. D’autres percées apparaissent et font des petits cercles un peu partout. Un chien court tout seul au bord de l’eau.
Le Samsung Galaxy de Casca sonne.
C’est Trish.
Casca sort l’iPod Classic de la poche de son manteau pour débrancher la prise jack de son casque et la brancher sur son téléphone.
Trish demande : t’es où ?
Je suis en ville, dit Casca, j’arrive. OK, dit Trish. Dépêche, c’est en train de refroidir.
Casca a 26 ans et travaillait jusque-là comme serveuse à L’Alamabra, le golf de Myriad Pro. Elle a rencontré Trish quatre ans plus tôt à l’université, et depuis elles vivent ensemble à Portobello dans un T3 au 4e étage d’un immeuble avec chauffage central, place de parking et cuisine aménagée pour 660 $ par mois.
Trish aussi a un job alimentaire pas intéressant.
Dans sa chambre il y a un lit, un bureau avec un MacBook Air, un portant et une commode pour ranger tous ses vêtements sur contres ou dans des tiroirs. Elle a laissé les murs blancs par flemme d’y accrocher des cadres.
La chambre de Trish ressemble aux chambres témoins sur les catalogues IKEA.
Celles dans lesquelles personne ne dort.
Casca n’a jamais réfléchi à la décoration de sa chambre. Elle a remis les meubles qu’elle avait déjà chez ses parents, et des souvenirs que ses amis lui ont ramenés de voyages à Panama City, Lalivero et Céladopole. Elle trouve que c’est une chambre qui lui ressemble.
Casca ouvre la porte d’entrée et voit Trish à table en train de manger devant son Lenovo.
Trish dit : tu peux te servir, la casserole est dans la cuisine.
Casca prend une portion dans un bol et la rejoint.
Trish regarde la vidéo d’une fille qui teste tous les restaurants de Miami. Chaque jour elle mange dans un restaurant différent. Trish ne pensait pas qu’il y en avait autant. Elle dit à Casca : t’imagines, il y a 500 restaurants juste dans le centre-ville.
Elle dit : c’est fou.
Casca voit que Trish a l’air d’envier le mode de vie de cette fille. Elle pense que tout ce que fait Trish dans sa vie, elle ne le fait qu’après avoir vu quelqu’un d’autre le faite sur YouTube. Rien ne vient vraiment d’elle.
Alors, t’aimes bien ? demande Trish. Elle lui montre son bol. Oui, dit Casca, c’est très bon. J’ai trouvé la recette sur Internet, dit Trish. J’avais pas tous les ingrédients alors j’ai changé deux-trois trucs, mais je pense que c’est pareil.
Trish pense que les ingrédients qu’elle a changés ne modifient pas le goût de la recette parce que ce ne sont pas des ingrédients primordiaux. Les ingrédients primordiaux sont ceux qui donnent son nom à la recette.
Dans un plat de lasagnes aux épinards, il ne faut surtout pas changer les pâtes rectangulaires ni les épinards. Mais tout le reste est remplaçable. C’est pour cette raison que la pizza est un plat aussi modulable : son nom ne contient aucun ingrédient primordial.
En fait, il n’y a que les puristes qui ne veulent rien remplacer. Les puristes des recettes sont les personnes les plus dangereuses que Trish a rencontrées sur Internet. Elles ne cherchent pas à transmettre leur passion. Elles veulent juste régner sur les recettes.
Casca débarrasse son bol dans l’évier de la cuisine et marche vers sa chambre. Tu te sens pas bien ? demande Trish. Casca dit : j’ai juste besoin de me reposer un peu. OK, dit Trish, comme tu veux. Elle relance la vidéo sur le restaurant Toro Toro.
Casca pose son iPod et son casque sur sa table de chevet et s’assoit sur son lit. Elle regarde l’armoire à sa gauche. Elle a l’impression qu’elle émet une énergie étrange. Elle se lève pour l’ouvrir.
Il y a un sac de sport Nike dedans.
L’énergie vient de là.
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8 – CE QUI FAIT UN BON DRESSEUR POKÉMON
Pantone réussit à sortir Asim de la caverne en passant par la carrière de Myriad Pro.
Il le traîne avec deux cordes tout en le faisant glisser sur des rondins.
C’est un travail de titan.
Quand les gens le voient passer avec ce truc immense en ville il dit que c’est un cosplay de Gundam pour une compétition à Miami. Il dit : c’est un costume exceptionnel.
C’est une explication qui convient aux gens.
Il le remorque avec sa Suzuki pour le stocker dans un vieux hangar abandonné à côté de la gare de Portobello. Pendant deux jours il lui tient compagnie et lui parle de plein de sujets, mais surtout beaucoup de Pokémon, qui est sa licence préférée.
Il dit : je ne comprends toujours pas pourquoi Sacha a relâché Papilusion. Je pense qu’il y avait d’autres solutions. S’ils étaient vraiment amis, ils ne se seraient pas quittés comme ça. Même si Papilusion avait des sentiments pour une autre Papilusion, il aurait dû continuer sa quête avec Sacha pour l’aider à réaliser son rêve. Sans l’amour de Papilusion, Sacha ne pouvait pas vaincre la Ligue Pokémon. Et sans l’amour de Sacha, Papilusion redevient un inconnu.
Pantone a l’air ému par ce qu’il dit.
Il dit : c’était un sacrifice inutile. Ils ne pourront jamais être heureux.
La carcasse d’Asim ne réagit pas à ce que Pantone lui raconte, mais cette absence de réaction lui semble quand même plus sincère que les gens qui font semblant de l’écouter et de s’intéresser à ses histoires.
Ou que les gens comme Steve et Maka qui ne pensent à lui que quand ils ont besoin de son aide.
Alors il continue.
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des fois tu te réveilles putain t’as le gros seum dans ton calbut’ tout te brise les yekous ta daronne qui gueule comme une pintade pour que tu te bouges le uk pour aller au bahut mais franchement ta p’tite vie c’est de la hchouma à côté de ce qui arrive à ce p’tit keumi de gregor samsa parce que le mec il se réveille le matin tu peux même pas test mais c’est un vieux cafard tout miteux, une grosse blatte dégueuli baaaah sale ambiance !
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La littérature est une terre de mirages, une femme séduite mais rétive telle une gazelle farouche qui se méfierait des lions voraces que nous sommes, nous, lecteurs. Qu’on la déchire entre nos crocs ou qu’on l’assomme de nos lourdes pattes, elle reste souriante face à son troupeau, car au-delà de la dégradation physique demeure l’amour de l’art.
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Si chacun parlait à travers les carcasses, elles ne pourraient pas le supporter. Elles sont incapables de rien écrire quand elles parlent pour d’autres. Elles ne font que propager la révolte, ce que la milice ne veut plus entendre, et ce que les propriétaires cherchent à tout prix à taire. Ceux-ci les étouffent alors. Par le passé, trop de révoltes venaient des bouches de carcasses possédées. Les propriétaires ont passé des contrats avec la milice. Les carcasses sont à risque. Leurs prophéties peuvent rendre riches, et peuvent montrer le chemin vers l’autre monde, mais les révoltes obligent la milice à détruire les hôtels. Les propriétaires peuvent se servir des carcasses tant qu’elles restent à l’hôtel, mais elles ne doivent pas dire n’importe quoi, ne doivent pas alimenter n’importe quelle guerre.
Il y a des charognards perchés sur un portemanteau à l’entrée de la chambre – leurs glapissements sont la bande-son de mes longues périodes de pesanteur.
Je ne fais rien, je n’y parviens pas. Quoi qu’on me demande, je n’y parviens pas. Je ne sais pas combien de temps j’espère gagner en me dissimulant dans les combles. Avoir tué la carcasse intruse n’a fait que précipiter les choses. Les propriétaires m’auraient eux aussi débusqué. Les traces jusque chez moi se seraient accumulées. Dès l’arrivée à l’hôtel, il faut se mettre au travail. Depuis le refuge, depuis la naissance, le processus est irréversible : carcasse à jamais. Les hôtels sont les plus à même de nous accueillir, de nous offrir le matériel nécessaire à la transformation. Ailleurs, c’est pire. Toutes les voix circulent, et aucune hôtesse ne nous aide à faire le tri. La pièce où j’écris s’écroule sur elle-même. J’aimerais crever dans la sciure. De la brique sortent des insectes.
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Bram et le chauffeur traversèrent un premier champ de blé. Ils manquèrent de se perdre à plusieurs reprises, mais Bram parvint à chaque fois à les guider dans les rangées d’épis. Le ciel était dégagé et la nuit tombait à pic sur eux. Lorsqu’ils levaient la tête, la disposition des étoiles les étourdissait. Le chauffeur vomit sur ses chaussures et imprégna ses vêtements de l’odeur. Une fois sortis du champ, ils franchirent les ronces et les orties d’un fossé de bord de route, s’écorchant là les mollets sous le tissu de leurs pantalons. Ils suivirent le tracé de la route, mais Bram ne la reconnaissait pas. Bram n’empruntait jamais les routes lors de ses promenades car il trouvait que les rares voitures qui passaient y roulaient trop vite, et il craignait les accidents. À peine eurent-ils fait quelques mètres sur la chaussée qu’il préféra attirer le chauffeur vers une forêt à proximité. Un panneau installé par la ville détaillait quelques informations à propos de la forêt. Cette partie de la forêt était la pointe, l’extrémité, d’un ensemble bien plus important qui entourait presque l’intégralité de la campagne, une forêt d’ailleurs réputée pour sa faune et protégée par diverses associations écologiques. Plusieurs circuits de randonnée étaient tracés à l’intérieur de cette immense forêt, mais les promeneurs, pensa Bram, toujours stimulés par des envies d’aventure, s’y égaraient souvent, nécessitant le déploiement des secours qui faisaient parfois de macabres découvertes tant la forêt était fréquentée par divers maniaques et autres dangereux désaxés, comme l’avait une fois confié le commissaire au journal télévisé. Bram et le chauffeur s’engouffrèrent dans la forêt.
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putain, c'est la quête de soi c'est l'amour brûlant de la fidélité et la volonté des dieux frustrés c'est l'Odyssée.
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En se projetant cinq cents mètres à l’extérieur, on peut surprendre les soldats camouflés. Ils communiquent heure par heure dans leurs talkies-walkies hors d’usage des informations inutiles. Ils rendent des comptes aux généraux (déjà morts pendus dans leurs cabinets privés). Ils parlent de nous. Parfois, ils parlent d’étrangers, mais c’est toujours de nous.
Contre la milice, il n’y a aucune résistance, et des milliers d’hôtels. Nous, carcasses, sommes habituellement tenues au silence, obligées d’inscrire sur des feuillets illisibles nos étapes vers la lumière. Ce qu’il y a pour les hommes, dans ces feuilles, c’est tout ce que la milice ne veut plus voir. C’est tout ce qu’elle ne peut plus tolérer. J’aurais pu suivre les instructions des propriétaires, craindre les avertissements de la milice, me taire, disparaître, mais j’ai préféré parler, et je me dis qu’ainsi vont les choses, qu’ainsi fondent les bruits. Je n’ai personne à protéger, personne à tenir éloigné des conséquences de ma révolte souterraine – je n’ai comme amis que l’oubli, les fissures de la terre et quelques roues en feu encore animées par le souffle d’une explosion imaginaire.
Pour finir : j’entends les carcasses répandre le vin, faisander le gibier, brûler les écrevisses dans de larges casseroles. Elles s’esclaffent comme des mouettes après un larcin – plus tard, aucune ne bronche, l’eau bouillante se répand sur le sol, tout se tait, sinon les bulles acides qui explosent et viennent brûler les insectes volants.
Plusieurs jours stagnent ainsi dans la famine et les cris (quand je dis les cris, je veux bien sûr parler du silence).
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