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Citations de Lisette Lombé (97)


Alors on relit nos anciens textes, on relit nos anciens poèmes, on relit on relit on les relit, pour ne pas se décomposer, pour ne pas capituler, pour tenir, tenir debout, tenir fierté, tenir justice, tenir.
On relit nos anciens textes, on relit nos anciens poèmes, nos premiers, nos naïfs, nos sans artifices, textes des débuts, testes des aurores, car eux seuls peuvent nous crier que nous ne sommes pas zinzins, pas ouin ouin, que nous ne sommes pas paranos, pas hystériques, que nous ne sommes pas folles

Tenir
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Collages

Ces jours-là,
Jours de énième scandale pédophile,
Énième bavure policière, énième féminicide,
Énième incident mortel dans une usine,
Ces jours-là,
Lendemains d’élections, d’attentat, de cataclysme,
Ces jours-là,
Une lave noire et visqueuse déboule dans ma gorge et carbonise toutes mes belles petites phrases humanistes qui me sauvent tous les jours sauf ces jours-là.

Jours de paires de ciseaux, d’images en noir et blanc, de précision et de silence.

Une main qui tient une paire de ciseaux
Ne peut rien faire d’autre que tenir une paire de ciseaux.

Soit tu découpes des corps dans le papier glacé,
Soit tu t’enfonces la pointe de tes ciseaux dans l’œil.

Ces jours-là.
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Qu'elle me revienne
même nue, même rampante.
La serrer tout contre moi
même dans un sac, même dans une boîte.
Qu'elle sache qu'elle avait raison
pour l'inépuisable beauté du monde
pour l'humanité qui ne renonce en personne
pour l'amour, pour la révolte
pour la magie et pour l'exil.
La serrer tout contre moi
même dans un sac, même dans une boîte.
Et lui demander, lui murmurer, lui chuchoter :
Pardon.
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MON FILS EST GAY

Mon fils est gay.
Ce matin, il portait une raie de côté, un pull cintré,
un jean serré,
Coquet, guindé, endimanché.
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo,
le piercing dans le nez :
une cravate pailletée.

Mon fils est gai.
Il aime les posters de pompiers, les sauces sucrées salées,
son moniteur d'athlé.
La vie. La poésie.
De celle qui fait vibrer, de celle qui fait trembler nos
arrière-cours d'humanité.
Et notre routine désyntaxée en une danse opiacée.
Et le Grevisse contorsionné en petits avions de papier
La vie. La poésie.

Mon fils est gay.
Il a appris que, dès le collège et au lycée,
les meneurs d'ombres, les suiveurs nombres adorent
traquer le petit gibier.
Les roux qui puent, les pauvres qui schlinguent, les grosses
qui suintent et les baltringues.
Les fiottes sucées, les folles tentées, les p'tits pédés coquets, guindés, endimanchés.
C'est le swing des charniers !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans se confier !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans balancer !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
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Mon fils est gay

Mon fils est gay.
Ce matin, il portait une raie de côté, un pull cintré, un jean serré.
Coquet, guindé, endimanché.
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo, le piercing dans le nez : une cravate pailletée.

Mon fils est gai.
Il aime les posters de pompiers, les sauces sucrées salées, son moniteur d'athlé.
La vie. La poésie.
De celle qui fait vibrer, de celle qui fait trembler nos arrière-cours d'humanité.
Et notre routine désaxée en une danse opiacée.
Et le Grevisse contorsionné en petits avions de papier.
La vie. La poésie.

Mon fils est gay.
Il a appris que, dès le collège et au lycée,
le meneurs d'ombres, les suiveurs nombres adorent
traquer le petit gibier.
Les roux qui puent, les pauvres qui schlinguent, les grosses qui suintent et les baltringues.
Les fiottes sucées, les folles tentées, les p'tits pédés coquets, guidés, endimanchés.
C'est le swing des charniers :
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans se confier !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
Etre tabassé, être humilié, être harcelé, sans balancer !
Jamais, jamais, jamais, jamais !

Mon fils est gay.
Et ce matin, exténué,
malgré, malgré, malgré, malgré,
il n'a plus pu y retourner.
Et ce matin, dans le grenier,
perdu, pendu,
mon fils portait une raie de côté, une veste cintrée, un jean serré.
Coquet, guindé, endimanché,
Imaginez sa toute dernière nouveauté, après le tatoo, le piercing dans le nez,
comme une ultime volonté :
une cravate pailletée.
Une cravate pailletée qui je crois bien m'appartenait.

Une cravate pailletée très bien nouée, trop bien serrée,
autour du cou, entortillée.
Une cravate pailletée,
de celle qui fait vibrer,
de celle qui fait trembler
nos arrière-cours d'humanité.
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Slamer , c'est juste courir, Eunice ! Tu saisis le pied de micro. Tu es une guerrière. Tu es une championne. Plus de place pour la frousse. Juste tracer, faire confiance à ta foulée. Tu es majestueuse. Tu griffes le tartan avec élégance. Tu donnes tout.

Tu cours pour ta tante, tu cours pour ta mère.
Tu cours pour Jennah.
Tu cours pour tes amies.
Tu cours pour toutes les femmes de ta famille.
Tu cours pour toutes les femmes de la planète.
Tu cours pour les vivantes et pour les mortes, pour les fragiles et pour les fortes.
Tu cours pour chaque fille présente dans la salle, là, ce soir.
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QUI OUBLIERA ?

Qui oubliera
Qu'à un Noir, on disait tu ...
Non certes, comme un ami
mais parce que le vous, honorable, était réservé aux seuls
Blancs.
Qui oubliera ?

Ils m'ont dit
Tu es une bamboula ! Une grosse guenon ! Un cancrelat!
Ils m'ont dit
Tu es sale ! Sale bougnoule !
Ta mère a couché avec un Nègre ! Tu es une bâtarde !
Ils m'ont dit
Tu devrais retourner dans ton pays ! Dans ta brousse !
Dans ta hutte !
Tu devrais remonter dans ton arbre ! Ta liane ! Tes bananes !
Tu devrais remercier la Belgique de t'avoir accueillie !
Même si tu es née ici ...

Qui oubliera ?
Qu'à un Noir, on disait tu ...

Tu devrais apprendre à passer ton chemin ...
C'est déjà loué ! C'est déjà pourvu ! C'est déjà complet !
Tu devras apprendre à te justifier ...

Je suis Belge ! Je suis diplômée ! Je suis qualifiée !
Tu devras apprendre une autre histoire aussi ...
Afrique ! Sauvages ! Sous-développé !
T'intégrer. T'assimiler.
T'encager- Te corseter.
Te faire douter. Te faire avoir peur.
Te faire avoir honte de ta couleur.
Te faire oublier tes frères et tes soeurs.
Toi, le petit oiseau exotique, la Joséphine Baker,
Gazelle-tigresse, le cul, les fesses !

Qui oubliera ?
Qu'à un Noir, on disait tu ...
Qu'à un Arable, on disait tu ...
Qu'à un Rom, on disait tu ...
Qu'à toi, mon père, on disait tu ...
Non certes, comme à un ami
mais parce que le vous, honorable était réservé aux seuls
Blancs.

Qui oubliera ?
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On raconte que là-bas,
les poètes se cognent les uns aux autres
comme une brique sur le crâne d'un ennemi.
On raconte que là-bas,
le sol est jonché de milliers de milliers de feuilles
blanches et que chacune de ces milliers de feuilles
blanches a appartenu à une personne abandonnée
par les mots.
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On peut sortir du ventre d'une femme, on peut être nourrie par elle durant près de vingt ans , on peut vivre sous son toit, dormir toutes les nuits à une cloison d'elle, et ne s'être jamais demandé qui était vraiment cette femme. Qui s'intéresse à ce que sa mère ressent en tant que femme ? Qui se souvient même que sa mère n'a pas toujours été une mère ?
Pourquoi faut - il toujours attendre de retomber sur un vieux collier de nouilles peintes en violet pour se rappeler que les mamans aussi sont mortelles ?
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Attraper un crayon, un bic, un marqueur.
Tout fera l'affaire !
Sortir calepin, cahier, carnet.
Déchirer.
Bout de nappe.
Bout de carton.
Écrire. Jeter.
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Et c'est le même système qui te demande d'être violée sans faire de vagues, le même système qui te demande de te serrer la ceinture sans faire tout un ramdam autour de ta précarité, le même système qui te demande de gerber, de vieillir, de crever sans salir la moquette, le même système qui te débaptise un tunnel Léopold II par-ci et rebaptise une place Lumumba par-là pour que tu fermes un peu ta gueule et c'est le même système qui s'accommode parfaitement des centres fermés, des jungles, des bidonvilles sous le périph et des enfants qui grelottent dans la boue et des hommes nus à ses frontières. 

Alors, oui, d'accord, on écrit de beaux poèmes pour les 8 mars mais so what ?

Oui, oui d'accord, on se casse ! 

Mais pour aller où ?
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Tu ne connais pas beaucoup de personnes qui supportent les longs silences. Après un long silence, on dit souvent des conneries. Madou n'échappe pas à la règle. Entre deux taffes sur sa clope, elle commente les funérailles. Elle te fait penser à Stéphane Bern ... C'est parfait ! Absolument parfait ! Jamais vu ça dans une église, autant de monde, autant de soutien ! Jamais entendu des textes aussi poignants, surtout celui de cette élève, la noire, la déléguée de classe ! Jamais vu des graviers aussi blancs !
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Mon fils est gay

[…]
Mon fils est gai.
Il aime les posters de pompiers, les sauces sucrées salées, son moniteur d’athlé.
La vie. La poésie.
De celle qui fait vibrer, de celle qui fait trembler nos arrière-cours d’humanité.
Et notre routine désyntaxée en une danse opiacée.
Et le Grevisse contorsionné en petits avions de papier.
La vie. La poésie.

Mon fils est gay.
Il a appris que, dès le collège et au lycée,
Les meneurs d’ombres, les suiveurs nombres adorent traquer le petit gibier.
Les roux qui puent, les pauvres qui schlinguent, les grosses qui suintent et les baltringues.
Les fiottes sucées, les folles tentées, les ptis pédés coquets, guindés, endimanchés.
C’est le swing des charniers !
Être tabassé, être humilié, être harcelé, sans se confier !
Jamais, jamais, jamais, jamais !
Être tabassé, être humilié, être harcelé, sans balancer.
Jamais, jamais, jamais, jamais !

[…]
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Accepte la tempête du silence !
L'irrésolue équation...

L'opacité et la clarté de l'eau.
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Tu te rends compte que tu n'as jamais vu ton père pleurer. L'homme de la famille ! Des taches sombres apparaissent sur ton T-shirt pourpre. Son visage à lui reste sec. Ça doit couler autrement.
Fossés.
Clapotis du passé.
Tu lui sautes au cou.
Dans le monde des morts, on peut faire ça.
Laisser son père s'effondrer en silence dans ses bras.
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Et plus tôt tu captes que la société te considère comme un produit parmi les produits, avec une date de péremption, moins tu t'exposes à cette course contre le temps aussi désespérée que vaine .
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Du sang sans noms.
Des blessures sans visages.
Des existences broyées qui tiennent en 3 lignes.
Des familles brisées résumées en quelques dizaines de signes.
Tu chiales sans bouger.
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Rupture.
Le mot n'est pas prononcé tel quel.
Détours. Périphrases. Excuses minables.
C'est mort.
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Pourquoi le tableau de chasse d'un Casanova serait-il plus prestigieux que celui d'une collectionneuse ?
Pourquoi chaudasse ?
Pourquoi actes dégradants ?
Pourquoi souillure?
Pourquoi pas semence délicieuse ?
Pourquoi pas pulsion de vie,
carpe diem,
expérimentations,
espièglerie,
jeu,
jeunesse,
récréation ?
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Que diraient des mots que des genoux qui s'effleurent ne murmurent déjà ?
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