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Citations de Franck Thomas (29)


Mais une autre main plus sèche encore me coupe brutalement l’appétit en m’expédiant à l’intérieur d’un taxi qui démarre aussitôt. Sur la banquette arrière, à mes côtés, le feutre se soulève, la gabardine s’ouvre: mon étrange inconnu est une femme d’une quarantaine d’années. Elle lance un œil rapide dans le rétro.
— Vous pouvez enlever les postiches. Le danger est écarté.
Je me retourne. À travers le pare-brise arrière, William Belhomme le vendeur de liberté lève vers nous un poing vengeur, tandis que les feuilles de mon ultime dernier recours se noient dans le caniveau.
— Vous n’êtes pas le premier qu’il essaie d’escroquer. Tous les jours, il est là, à guetter les auteurs qu’il s’apprête à racketter, à cent mètres de chez Grasset. Et moi, je guette à cent mètres derrière lui. C’est ce qu’on appelle la chaîne du livre. Parce que vous avez bien compris que tout ce qu’il vous promettait, c’est vous qui alliez le payer de votre poche, n’est-ce pas? Vous avez failli être le maillon faible, mais ne vous en faites pas, je suis là maintenant pour défendre vos intérêts.
Sous mon nez se tend une main dont j’ai déjà éprouvé la fermeté.
— Agent Smisse, à votre service. Nathalie Smisse.
La main se dégage.
— À partir de maintenant, tout passe par moi. Vous ne parlez plus à personne sans mon autorisation, vous ne signez évidemment rien sans mon autorisation et vous n’écrivez plus une ligne supplémentaire avant d’avoir touché le chèque correspondant. Je prends dix pour cent sur tous vos revenus, adaptations et produits dérivés compris, et dans tous les cas c’est vous qui payez les taxis.
Elle se tourne vers moi.
— Bon, vous me le filez ce roman, ou je rappelle Guillaume Musso pour lui dire que j’ai du temps à lui consacrer finalement?
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Il ne faut pas écrire pour espérer être connu, mais bien se faire connaître pour pouvoir être publié !
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Sylvestre roulait. Il était contrarié, donc il roulait. Il envoyait du fret, du voyageur, du wagon travaux, tout ce qu’il trouvait à portée de rail. Il roulait, c’était tout ce qui comptait, sans but et sans heurt, afin d ‘éparpiller sur le ballast la moisson de son courroux.
C’était devenu sa drogue : un tracas ? un rail. Et dès qu’il se sentait à l’étroit, il posait un aiguillage.
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- Ce n'est pas parce que c'est relié sous forme de livre que c'est de la littérature.
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Dans les salons officiels, après avoir écouté d’une oreille distraite le discours largement convenu du frère du dictateur défunt, les convives se détournaient déjà des écrans plats où la foule coréenne pleurait des rivières de sincérité au rythme synchrone des blindés en parade. Ils ne virent ainsi pas tout de suite l’adolescent qui s’approchait du pupitre pour y prendre la parole à son tour.
Ce n’est qu’en entendant l’interprète hésiter qu’ils se retournèrent :
— Euh… hé, bande de boloss ! Ouais, vous, les tocards de l’ONU et tout ce bordel. C’est pas tonton qui reprend les affaires, c’est moi ! Hé ouais, surprise. Vous vous êtes bien foutu de notre gueule, hein ? Ça vous a bien fait marrer d’assassiner mon père, bande de sales rats. Et ben, bouffez du LOL tant que vous pouvez, espèces de baltringues, parce que ça va pas durer ! J’ai un petit cadeau d’adieu pour vous : cinq cents bombes nucléaires miniatures planquées un peu partout chez vous, prêtes à vous exploser à la face. C’est pas beau, ça ? Un vrai feu d’artifices pour mon anniversaire, dimanche ! Pas la peine de venir nous envahir, j’en ai foutu chez nous aussi : hé hé, pas de jaloux ! Ah, et pas la peine non plus d’essayer de me faire tuer moi aussi : vous auriez plus aucun moyen de savoir où est le système de mise à feu que j’ai bien planqué, ni comment l’arrêter.
Puis, les yeux face à la caméra, il fit un geste du majeur largement populaire auprès des adolescents du monde entier, qui résumait avec assez d’évidence la position générale de sa famille vis-à-vis de ce même monde entier, au cas où ce dernier ne l’aurait pas encore bien saisie.

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Un être qui part de zéro, qui cherche sa place dans l'univers de la création, qui se démène comme un diable pour y arriver, qui persiste et persiste et persiste... jusqu'à retomber plus bas que terre, humilié et détesté de tous. Comment ne pas entendre l'écho qui résonne en moi, sur les parois du puits sans fond ? Par un étrange glissement, l'empathie nouvelle que j'éprouve pour Boris me ramène à Julia. J'essaie de ne pas trop réfléchir, de me laisser guider par le mouvement : quelque chose grandit dans mon corps à l'endroit des épines passées, une palpitation douce à la place des piqûres, un souffle imprécis qui m'emmène et m'envole. Je quitte alors les messages de fermeture de compte, les mails de menace, les textos d'insultes pour ouvrir une nouvelle page, blanche et vierge, aussi pure que possible, afin d'y déployer cette émotion naissante dont la fragilité porte le soupçon d'un peu de beauté inconnue.
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Tout est possible avec les mots, c'est ce qui les rend si délectables.
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Vous avez su faire la preuve de vos compétences parmi nous, et comme disait mon grand-père général : excellence mérite récompense. Il disait aussi perte de repères conduit à l’adultère et insomnie de mamie c’est pipi au lit, mais cela n’a pas vraiment grand rapport.
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Je l’ai branché et j’ai bien vu les effets que ça faisait ! Le déversoir à niaiseries que c’était ! […]
Cette télé, quand on est seule comme moi toute la journée, ça fait un peu de compagnie facile, ça délasse je dois reconnaître. Et puis même parfois, on n’en est pas fière, mais on rigole. Et quand on éteint, avec le silence et les binettes des vieux sur les murs qui nous fixent à travers les cadres, c’est comme qui dirait une solitude qui double. Oh oui, c’est pas évident, je vous dis. Parce qu’alors, y’a qu’une envie, c’est d’y revenir, à ce machin, pour oublier la mort qui vient. Mais c’est ça, la mort ! C’est juste qu’elle ne se voit plus, à force de la regarder trop en face à danser sur l’écran.
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Aujourd'hui, j'ai compris que ce qui importe dans la vie, c'est bien moins le fait d'être élu que les personnes susceptibles de nous élire.
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Maintenant que je m'apprête à être de l'autre côté de la barrière, parmi ceux pour qui on fait la queue sans sourciller, je devrais mieux saisir l'intérêt de la chose.
- Le titre non plus ça ne va pas du tout, continue Smisse. C'est comme fromage et dessert dans la formule : soit c'est Père Goriot, soit c'est Exorciste, mais ça ne peut pas être les deux. Il faut faire simple. Basique. On n'a jamais vu un bistro routier avec des étoiles Michelin, et il y a bien une raison à ça : brouiller le message est contre-productif. S'il y a des cases, c'est pour rentrer dedans. Alors il faut choisir : c'est populaire ou c'est pointu, votre truc ?
Je me dis qu'elle aura la réponse en lisant le truc en question, mais cette étape ne semble pas faire partie de son mode opératoire.
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...je reprends la route de la réussite, avec une pensée pour ces yeux émus qui verront bientôt la quintessence du roman populaire, l'alliance ultime de l'autofiction et de la comédie-romantique: L'amour à la page.
Le livre qui lancera ma carrière d'écrivain.
Enfin
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En face de nous, des meutes se dirigent d'un pas impatient vers les entrepôts Viparis accueillant ces jours-ci le Salon du Livre, ou plutôt pardon, désormais "Livre Paris". Quelques communicants ont dû penser qu'il devait être de bon ton de s'affranchir des détails inutiles de la langue pour ne conserver que le massif, le signifiant, le bon béton du discours, "Livre Paris" comme un retour aux sources primitives du langage, une réinvention contemporaine des petites annonces d'antan : hier "Vends mobylette", aujourd'hui "Livre Paris". Un endroit où l'on paie pour avoir le droit de payer des livres.... concept que je n'ai jamais vraiment bien compris, mais c'était, au fond, quand je n'étais que primo-écrivain inconnu.
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... c'est comme de traverser les premières pages d'un livre.
On ne comprend quasiment rien, à peine quelques bribes.
Ça demande du temps, de la patience. On peut se lasser, s'énerver, avoir envie d'abandonner.

(...)

Accrochez-vous, ça en vaut la peine. Une langue, c'est comme un livre : c'est un nouveau pouvoir de rencontre.


-- page 14
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Quand je regarde en arrière, je me rends compte que la majeure partie de mon existence a été tournée vers l'obtention d'une seule chose, au détriment de toutes les autres: le titre d'écrivain. Dans cette compétition sans pitié, je voulais à tout pris être élu. Et j'étais prêt à tout sacrifier pour cela. Quelle erreur. Aujourd'hui, j'ai compris que ce qui importe dans la vie, c'est bien moins le fait d'être élu que les personnes susceptibles de nous élire.
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-Tu peux me dire où est le chef-d’œuvre promis ? J’ai bien cherché, je te jure, mais crois-moi, il n’y en a pas une ligne dans cette soupe. C’est quoi, ce machin informé ? Et c’est quoi, ce pseudonyme ridicule : « Grimhal»?...
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Après s’être défoulé à loisir sur son petit monde parallèle, Sylvestre avait désormais l’esprit serein. Les troubles apocalyptiques issus de Corée du Nord n’avaient pas encore franchi le seuil de son existence, pas plus que celui de celle de la quasi-totalité des individus de la planète d’ailleurs, puisque les images du décès, du deuil et de la succession à la tête du pouvoir nord-coréen n’avaient pas encore été diffusées hors du pays par les canaux officiels du Ministère de la propagande et de l’information.
Ce ne serait que bien plus tard, c’est-à-dire au cours du dernier chapitre de cette première partie, que le reste du monde apprendrait l’effroyable nouvelle, et jalouserait alors certainement les quelques êtres d’exception que l’auteur, pour les remercier de leur confiance et de leur patience dans le lancement un peu long de cette histoire, avait choisi d’informer dès les premières lignes de ce roman.
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Et maintenant qu'ils étaient réunis, la fin du monde pouvait commencer.
- D'accord, mais certainement pas dans un foutoir pareil, lui répondit-il en lui tendant un balai.
Et il partit se faire un café.
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Cette situation, malheureusement, permet aussi un autre éclairage, en dissipant les doutes qui entourent une assertion désormais éclatante : oui, le protagoniste de cette histoire est un mufle. Qui plus est, manipulateur. Et misanthrope, voilà. Après plusieurs pages d'indécision, impossible de se voiler plus longtemps la face. C'est un peu gênant, il faut le reconnaître.
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Ce ne serait que bien plus tard, c'est-à-dire au cours du dernier chapitre de cette première partie que le reste du monde apprendrait l'effroyable nouvelle, et jalouserait alors certainement les quelques êtres d'exception que l'auteur, pour les remercier de leur confiance et de leur patience dans le lancement un peu long de cette histoire, avait choisi d'informer dès les premières lignes de ce roman.
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