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Elena Balzamo (Traducteur)
EAN : 9782878582963
94 pages
Viviane Hamy (01/06/2009)
3.33/5   6 notes
Résumé :

Le Sacristain romantique de Ranö est l’histoire d’un jeune homme pauvre, natif d’une petite ville côtière, qui monte à Stockholm pour apprendre la musique. Prodigieusement doué, il passe les épreuves, la chance lui sourit et tout augure d’un bel avenir… Mais il gâche tout et sera obligé d’interrompre ses études et de retourner chez lui. La responsable, c’est la « folle du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Petit voyage spatio-temporel avec une des oeuvres d' August Strindberg, le sacristain romantique de Ranö, composé en 1888, qui nous entraîne sur les pas de son héros Alrik Lundsted dans la Suède du 19ème siècle, à la fin du règne d'Oscar 1er (1799-1859) fils unique de Charles XIV Jean qui n'est autre que Jean-Baptiste Bernadotte, le béarnais devenu roi de Suède.

En apparence, il s'agit de l'histoire d'un jeune homme pauvre qui ayant quitté sa province pour la capitale afin d'assouvir sa passion, la musique, espère gravir les échelons sociaux grâce à son don. Mais une fois la lecture avancée, on comprend rapidement que le propos va au-delà du simple récit d'apprentissage. le lecteur pressent que la réalité, notamment ses difficultés financières, vont en quelques mois le ramener à des exigences moindres, l'obligeant à se rabattre vers des objectifs beaucoup moins ambitieux : il ne sera pas professeur de musique (malgré son talent reconnu à l'Académie de musique) mais organiste et instituteur après avoir passer un concours d'aptitude et suivi le Séminaire.

Une défaite personnelle qu'il ne voudra pas reconnaître une fois isolé comme sacristain à Ranö dans un archipel loin du tumulte de la société. Ses lectures, notamment, celles de l'oeuvre de James Fenimore Cooper lui permettront de résister et d'accepter son nouvel environnement.

Si l'histoire débute par la description réaliste des activités quotidiennes du village où Alrik Lundsted gagne sa vie comme commis chez un épicier, dans l'attente d'un départ éminent pour Stockholm, ses aspirations sont vite dévoilées alors que son passé est tu.
Ainsi ce qui apparaît être les simples tribulations d'un jeune homme, plein d'espoir et rêveur, partant à la conquête et à la découverte de la vie artistique et culturelle de Stockholm, se révèle être en fait une incursion dans une âme blessée qui progressivement nous introduit dans un univers où réalité et fantasme se mêlent abolissant la frontière entre les deux mondes grâce au talent d' August Strindberg.

Au delà des anecdotes historiques de la vie et des usages de la Suède du 19ème siècle, au delà de toutes les références culturelles et artistiques (oeuvres de musiciens, de poètes de l'époque) qui ponctuent le récit, l'intérêt de cette lecture réside à mon sens dans l'art et la manière d'amener le lecteur dans l'intimité de son héros, nous le rendant de plus en plus attachant au fil des pages, lorsqu'on comprend pourquoi ce futur jeune artiste à l'imagination fertile s'est réfugié depuis son jeune âge dans le rêve et, que l'auteur nous livre son secret.

Je peux dire que ma première incursion dans l'univers strindbergien (aussi difficile d'écrire qu'à prononcer) m'a séduite et m'a donné envie d'aller plus loin, notamment de découvrir une autre de ses oeuvres, Inferno, un récit autobiographique.
Le seul petit bémol mais Strindberg n'y est pour rien c'est que je ne suis pas musicienne et que certains passages sont emprunts d'une technicité qui m'a un peu dépassé.

Pour les lecteurs non avertis dont je fais partie, la postface d'Elena Balzamo, qui est aussi l'auteur d'une biographie August Strindberg : visages et destin, donne tous les éclairages nécessaires pour comprendre le sacristain romantique de Ranö et l'univers si particulier de Strindberg. auteur, dramaturge, peintre et journaliste à la vie tumultueuse et tourmentée.

Une oeuvre à rapprocher de Niels Lyhne  (Entre la vie et le rêve) publiée en 1880 du poète et botaniste danois Jens Peter Jacobsen  (1847-1885) qui nous emportait aussi dans une balade romantique en suivant le parcours chaotique d'un jeune homme qui lui était issu d'une famille aisée. Mais la ressemblance s'arrête là.

Une lecture émouvante et troublante entre rêve et réalité.
Mais qui est le magicien? L'auteur, August Strindberg ou son héros Alrik Lundsted...
Lundsted serait-t-il le reflet déformé de Strindberg ?

Je vous laisse le soin de supputer sur cette performance en allant mettre le nez dans son oeuvre....
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Parait-il, le chef d'oeuvre de l'auteur…

L'histoire : un jeune homme (le héros) réussit le concours d'entrée à l'académie de musique de Stockholm, et plein de fougue et de rêves exhorte son père à venir le rejoindre en vendant tout derrière lui (il fait croire qu'il vit dans le luxe, s'imaginant grand musicien) ; résultat des courses, il se retrouve avec son père sur le dos la veille de passer le concours qui lui permettrait de devenir professeur (et d'assurer son avenir). du coup il doit s'occuper de son père (payer gite et couvert) et il se retrouve sacristain dans un coin perdu.

Le fond de l'histoire : il est question ici de la source de l'art. En effet, Alrik a vécu dans sa petite enfance un drame (la mort de sa mère qui a été assassinée sous ses yeux), et tous ses efforts pour oublier ça, le rayer de sa mémoire, ont conduit à imaginer, rêver, créer. C'est ce drame qui a fait de lui un artiste. A partir de là, il ne vivra plus que dans un monde où le réel et l'imaginaire se côtoient voire s'enchevêtrent, se confondent.

Chef d'oeuvre parait-il, parce qu'à l'époque de sa création, 1888, on ne connaissait rien à la psychanalyse et que les ressorts de la personnalité du héros avaient été fort bien sentis ; l'intuition de l'auteur concernant l'essence de l'art, les blocages psychologiques ou encore la frontière entre réel et imaginaire étaient justes. Maintenant, pour être honnête, lire ce bouquin en 2009 quand on connaît tout ça par coeur…n'a pas grand intérêt, surtout quand le style un peu stendhalien nous laisse…de glace !
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Dans ce court mais étonnant roman, Strindberg nous narre la vie d'Alrik Lundstedt, un jeune homme pauvre, épris de musique, qui quitte son village et son père pour aller suivre les cours de l'Académie de musique à Stockholm. Il y découvre la beauté, tant sous sa forme artistique que sous les traits d'une mystérieuse jeune femme. Face à l'adversité, Alrik parvient à transcender la réalité en y juxtaposant une réalité parallèle, plus conforme à ses rêves. C'est ainsi qu'il parvient à supporter un quotidien décevant à bien des égards. Ou du moins le croit-on, jusqu'à cette phrase, lâchée mine de rien : "les voisins affirment qu'il n'a jamais étudié à l'Académie de musique, n'a jamais connu ses parents et n'a jamais été marié". Mais alors, Alrik se contente-t-il de se leurrer lui-même, ou le narrateur berne-t-il aussi le lecteur ? Les envolées de l'imagination d'Alrik nous valent quelques passages très jolis, notamment ceux où il juxtapose dans son esprit orgue d'église et orgues basaltiques grandioses. On retrouve condensés ici nombre des thèmes chers à Strindberg , notamment celui de l'artiste qui n'est pas reconnu, ou pire qui est jalousé, ainsi qu'il se voyait lui-même. C'est à ce titre une bonne entrée en matière pour découvrir Strindberg, même si ce n'est pas le titre que j'ai préféré.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Situé sur un promontoire de la baie Kyrkviken, le logis du sacristain offre une vue sur la mer que les tempêtes de printemps ont dégagée des glaces. Peinte en rouge, la bâtisse est spacieuse car elle abrite la mairie du village, l'école communale et le logement de fonction ; cet après-midi, elle est déserte et parait encore plus grande et désolée. M. Lundstedt parcourt l'endroit, et par les fenêtres nues et sans rideaux, qui le fixent comme des yeux creux, il jette un coup d'œil à l'intérieur : lorsqu'il s'arrête devant la salle de classe, son regard balaye l'espace comme pour chercher une compagnie, et il voit des rangées de bancs, occupés par des élèves ; il se voit lui-même en haut de la chaire, car désormais il peut voir tout ce qu'il veut. Seul habitant du lieu, il ne rencontre personne en dehors de la vieille femme qui lui apporte ses repas et fait le ménage.
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Videos de August Strindberg (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de August Strindberg
« Rares sont les auteurs suédois qui ont joué un rôle dans la littérature mondiale. Swedenborg (1688-1772) fut l'un d'eux […]. Un autre fut le Strindberg (1849-1912) des dernières années […]. » (Kjell Espmark)
« La voix de Tomas Tranströmer (1931-2015) est celle d'un homme de notre temps, un homme dont les poèmes nous apprennent qu'il a voyagé […] ; un homme qui est surtout très ordinairement père de deux enfants, qui prend sa voiture pour se rendre à son travail, dort parfois dans des hôtels, et plus souvent encore dans sa propre maison en Suède. […] Rien là qu'un lecteur de cette fin de siècle n'ait pu vivre lui-même. […] […] ses poèmes nous semblent […] un « parti pris des choses ». […] Un monde complexe s'étend sur la page : ainsi la nature suédoise, rugueuse sans être inhospitalière - des fortes profondes, des racines tortueuses, des fjords semblables à des déchirures dans la terre, des pierres partout, la neige surtout. […] Tranströmer ne se voue pas, en le recensant, à la banalité du monde contemporain. […] Trop humble, Tranströmer, c'est-à-dire trop rieur ; il déclarait discrètement éprouver ce litige en évoquant toutes ces « choses qu'on ne peut écrire ni passer sous silence » […] Qu'elle soit métaphore, analogie ou comparaison, l'image redouble la chose, la sort de cette indifférence où le langage que Tranströmer dit « conventionnel » la tient ; la sort de son idiotie en lui donnant un reflet, cette différence dont notre regard nécessairement la doue. Sans doute ce langage « conventionnel » suffit-il à désigner les objets que nous plions à nos usages : leur silence, c'est-à-dire leur façon d'être absents des mots, signale assez notre familiarité avec eux. Mais lorsque soudain nous réalisons leur présence dans son épaisseur et sa différence véritables, alors leur altérité radicale nous apparaît. Ni les noms communs ni nos usages quotidiens n'épuisent ce surplus […]. Ce surplus est l'appel auquel l'image répond […]. Réaliser, c'est prendre conscience et rendre réel ; c'est réponde à la nécessité que deux vérités s'approchent, « l'une de l'intérieur, l'autre de l'extérieur », l'une dicible, l'autre visible, et dialoguent par-delà leur séparation. […] Tel est le sens du face-à-face que crée la poésie. […] le pouvoir infini de création verbale qu'exprime l'image poétique est la métaphore de notre rapport infini au monde. Par lui, nous accédons à la conscience de ce qui nous dépasse. […] » (Renaud Ego)
« […]
Un an avant ma mort, j'enverrai quatre psaumes à le recherche de Dieu. Mais cela commence ici.
Un chant sur ce qui nous est proche.
Ce qui nous est proche.
Champ de bataille intérieur où nous les Os des Morts nous battons pour parvenir à vivre.
(Tomas, Tranströmer, Un artiste dans le nord) »
0:00 - Les pierres 0:45 - Kyrie 1:19 - de la montagne 2:03 - Sombres cartes postales II 2:20 - Haïkus I 2:31 - Haïkus X 2:45 - Générique
Référence bibliographique : Tomas Tranströmer, Baltiques, traduit par Jacques Outin, Éditions Gallimard, 2004
Image d'illustration : https://sis.modernamuseet.se/objects/83349/tomas-transtromer
Bande sonore originale : So I'm An Islander - Lonely Secrets We Had Lonely Secrets We Had by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-lovely-secrets-we-had.html
#TomasTranströmer #Baltiques #PoésieSuédoise
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