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Marianne Bouvier (Traducteur)
EAN : 9782374252919
462 pages
Rue de l'échiquier (16/09/2021)
4.75/5   4 notes
Résumé :
La nourriture ne se retrouve pas dans nos assiettes par magie. Nourrir les villes a toujours nécessité des efforts gargantuesques et entraîné des répercussions sur les lieux et les écosystèmes, a fortiori dans un système mondialisé. Nos mœurs façonnent la ville, ainsi que la campagne environnante. Carolyn Steel offre une vision fascinante de l'évolution des cités à travers le prisme de la nourriture : au cours des époques et tout autour de la planète, elle suit le t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« La nourriture a de tout temps façonné nos vies, et elle continuera toujours à la faire. » Cette phrase pourrait résumer à elle seule ce livre passionnant qui m'a permis d'ouvrir les yeux sur la place si centrale et si importante que tient la nourriture dans nos vies. Il ne faut pas vivre pour manger mais plutôt manger pour vivre, cette dernière maxime qui avait déjà retenu toute mon attention plus jeune, semble ici trouver tout son sens, car oui, qu'on le veuille ou non, c'est bien la nourriture qui détermine nos vies. L'agriculture, la pêche et l'industrie agro-alimentaire sont dominées par des géants économiques, tout comme ceux de la grande distribution qui ont placé les petits commerces de proximité en danger d'extinction dans certaines grandes villes, au point de rendre ces dernières quasi totalement dépendantes d'imports massifs quotidiens. Dans certaines villes, la nourriture qui sera mangée la semaine prochaine n'est le plus souvent pas même encore arrivée dans le pays concerné et aux Etats-Unis, il est par endroit devenu plus dangereux de manger que de fumer !
L'architecture des villes sont le reflet d'anciens flux migratoires d'animaux que l'on amenait en ville pour les vendre et les places de marchés étaient devenues des lieux politiques où l'on construisait les hôtels de ville, jusqu'au fêtes populaires (le carnaval) et religieuses (le carême) organisées autour de la nourriture, les restaurants et même les cafés, haut lieu de toutes les rencontres et tractations et l'on dit même que toutes les décisions importantes de l'histoire ont été prise autour d'un bon repas. La nourriture est le liant et le reflet de nos sociétés, la face visible, quand les déchets en sont la face caché, « un égout est un cynique, il dit tout » disait Victo Hugo.
Car tous les maux environnementaux et sociaux économiques auxquels nous nous confrontons ont des liens avec l'alimentation. Nos pratiques alimentaires, le plus souvent dictées par des stratégies marketing intrusives, ne font qu'accentuer leurs impacts. Déforestation massive au profit de l'élevage intensif, pêche industrielle minotière dévastatrice pour nourrir des poissons d'élevages, épuisement des sols et des qualité nutritives des productions maraichères, nous « mangeons » nos paysages et notre environnement, sans nous en rendre compte.
L'histoire des villes depuis 8000 ans ne fait que se répéter, les premières villes ont atteint leurs limites sur le plan des ressources et seuls les voies maritimes et plus tard le train ont permis au plus grandes cités de perdurer sur des modèles où l'épuisement et les biais d'exploitations des ressources ont été transposés ailleurs.
L'assainissement et les déchets sont le reflet des montagnes d'aliments que nous gaspillons et ingérons au point de jeter directement près d'un tiers de ce que nous produisons sans même y toucher alors que les impacts associés marqueront durablement les écosystèmes.
Alors quelle avenir à tout cela, un effondrement ? Possible, l'histoire tendant à se répéter, mais nous pouvons aussi, tous autant que nous sommes, changer notre façon de manger pour évoluer vers des villes plus écologiques. Rappelons que 75 % de la population vivra en ville en 2050. Mais pourtant, des solutions existent sur le plan urbanistique, économique, écologique voire individuel. Les impacts n'étant que des effets de masse.
Je vous laisse découvrir les solutions proposées dans les derniers chapitres, qui reprennent les écrits et projets utopistes déjà essayés par le passé afin d'en comprendre les biais et erreurs, et de proposer des pistes parfois dérangeantes mais honnêtes et clairvoyantes.
Un livre que je recommande vivement que je vais partager autour de moi, il valorise le mot terroir, que peut de langue ont la chance d'avoir.
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Dans cet ouvrage colossal publié par les éditions indépendantes Rue de l'échiquier, l'architecte britannique Carolyn Steel montre comment la nourriture façonne nos villes, dans lesquelles vivaient en 2018 54 % de la population mondiale, soit 3,9 milliards de personnes. Chacun des aspects de la nourriture a des conséquences catastrophiques sur la société, les êtres humains, les animaux et la planète : l'agriculture et l'élevage, le transport et la vente de la nourriture dans les villes, la préparation et la consommation des repas, l'élimination des restes... le travail de l'autrice permet de comprendre les paradoxes et les risques qui agitent notre société, et de prendre conscience que l'alimentation est au carrefour de toutes les problématiques depuis la nuit des temps. Une lecture édifiante !
La suite de ma chronique sur Bibliolingus : http://www.bibliolingus.fr/le-ventre-des-villes-carolyn-steel-a211433486
Lien : http://www.bibliolingus.fr/l..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
L'insatiable besoin de sucre était en passe de transformer Londres et la Grande-Bretagne en la première société de consommation. Avec le trio café-thé-cacao, il suscita un désir enivrant qui brouilla la frontière entre luxe et besoin.
L'un des premiers témoins de ce phénomène, Daniel Defoe vit que le monde autour de lui changeait. Mais il fallu attendre un demi-siècle avant que les événements décrits par lui ne fussent reconnus comme un ordre économique totalement nouveau ; le début d'une soif qui ne pourrait jamais être satisfaite. p121
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Ces tas d'ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boue cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces fétides écoulements de fanges souterraines que le pavé vous cache, savez-vous ce que c'est ? C'est de la prairie en fleur, c'est de l'herbe verte, c'est du serpolet et du thym et de la sauge, c'est du gibier, c'est du bétail, c'est le mugissement satisfait des grands bœufs le soir, c'est du foin odorant, c'est du blé doré, c'est du pain du pain sur votre table, c'est du sang chaud dans vos veines, c'est de la santé, c'est de la joie, c'est la vie. (Citation de Victor Hugo - Les misérables - p249). Cité p 374
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Désormais, la plupart des étapes de l'industrie agro-alimentaire font appel au pétrole, depuis les machines agricoles et la fabrication des engrais et pesticides jusqu'à la conservation des produits finis en passant par la transformation et le transport des aliments. Environ quatre barils par an sont nécessaires pour nourrir chaque britannique ; près du double pour chaque américain. En réalité, nous mangeons du pétrole. p73 (donnée de 2007)
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Outre l'abattage, les cuisiniers d'antan devaient dépecer, plumer, désosser et vider les animaux - ce que faisaient couramment les maîtresses de maison de la génération précédente. Dans une recette parue en 1965, la revue Elle tenait pour évident que ses lectrices sachent écorcher un lapin ; aujourd'hui, à cette seule idée celles-ci sortiraient en hurlant de leur cuisine, à supposer qu'elles y soient entrées. La cuisine est un travail brutal et sale, mais son résultat, le repas, revêt une importance culturelle incommensurable. Le cuisinier tue et nourrit, procure le plaisir ou le poison. C'est un serviteur qui détient un pouvoir sur ceux qui l'emploient. Bien que son travail soit vital, il travail en secret. La cuisine regorge de contradictions de ce type - rien d'étonnant à ce qu'elle nous laisse aussi perplexe. p228
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Ainsi, lorsqu'il s'avère, par exemple, que 81% du bœuf américain est dans les mains de quatre géants de la transformation alimentaire, qui élève la moitié du bétail des États-Unis, qu'advient-il du consommateur de hamburger ? Et les regroupements au sein du secteur alimentaire ne se limitent pas à l'Amérique du Nord : 85 % du marché mondial du thé est contrôlé seulement par trois entreprises, tandis que cinq sociétés contrôlent 90 % du marché mondial du blé. Adam Smith doit se retourner dans sa tombe. p134
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Video de Carolyn Steel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carolyn Steel
Retrouvez l'intervention de Carolyn Steel lors de la 83e édition des UP Conferences, en partenariat avec les éditions Rue de l'Echiquier, avec Carolyn Steel, Antoinette Guhl, et animée par Olivier Razemon, à l'Hôtel de Ville.
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