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Douna Loup (Autre)
EAN : 9782889276240
204 pages
Editions Zoé (04/04/2019)
3.92/5   6 notes
Résumé :
Elly veut pouvoir aimer plusieurs hommes. Danis, son mari et le père de ses deux filles – leur couple est simple et lumineux, mais menacé par le quotidien. Et l'amant, histoire opaque.

Sept livrets à lire dans un ordre aléatoire, qui racontent la relation à l'autre, le désir, le besoin de possession, la révélation qu’est la sexualité, la mort aussi : ce sont les vies d’Elly mère et amoureuse, femme aux multiples vérités. Le chant lancinant de Douna Lo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Déployer » (2019, Editions Zoé, 208 p.) de Douna Loup est une histoire de trio à cinq. Journal intime de la mère, Elly, avec Danis le mari et père de ses deux filles, Eva et Mona, avec en supplément Jonas, l'amant, Willy l'ami qui choisit de se laisser mourir de faim et de soif au fond d'une forêt. Et pour finir Danis qui la trompe avec V. Roman compliqué comme souvent lors les histoires de couples à plus d'une personne. de plus une écriture débitée en sept livrets à lire dans n'importe quel ordre, soit 5040 possibilités de lire la vie sexuelle, et quelquefois amoureuse. Pourquoi ce journal intime ? « Pour écrire des lettres qui ne seront jamais envoyées sinon à [elle-même], écrire sans honte surtout ». Ces sept livrets, d'une longueur moyenne d'une douzaine de pages, ont même chacun un titre.
- Lettres de la chambre secrète
- Souvenir Source
- Cette nuit-là
- Ici-là
- Contes
- L'île
- Vive

Cette forme de publication en livrets indépendants n'est pas nouvelle, bien que rare. La pratique a été initiée avec les Editions Quidam, qui font paraitre « Les Malchanceux » de Bryan Stanley Johnson (2009, Quidam), traduit par Françoise Marel et publié en coffret sous forme de 27 livrets indépendants. Il n'y a bien sûr, pas de pagination. Il s'agit d'un représentant de commerce, qui arrive dans une petite ville, s'y souvient de bonnes journées passées avec un ami, maintenant malade, et même plus que mal en point. « Mais je la connais cette ville ! / le vert, c'est bien cette salle des guichets, et ce long bureau en demi-cercle, cette claire-voie ironique, les carreaux de faïence bruns, et verts en dessous, rien n'a changé, même ces poutres martelées, purement décoratives, elles ne soutiennent rien, enfin au-dessus ! Je la connais cette ville ! ». Quant à son ami, Tony « Ses joues au teint cireux, on dirait qu'elles s'écroulent, des os saillants, et ses gencives rétractées et même resserrées je dirais, les dents déchaussées quand il baille » « L'abri, les taxis, oui, prendre un taxi, toujours prendre un taxi dans une ville inconnue, mais non, je la connais cette ville ! ». « Un panneau qui indique Castle Boulevard, oui, ça y est, ça me revient maintenant, les rues sont des boulevards, c'est comme ça qu'ils les appellent, dans cette ville, enfin certaines rues je veux dire, et c'est dans l'une de ces rues que se trouve l'université, University Boulevard, rien de plus logique ». Et ainsi de suite, si toutefois il y a une suite. Belle réalisation de Quidam, dont il faut lire les livres de B.S. Johnson.
Autre réalisation du couple Quidams-Johnson, dont je doute qu'ils forment un couple. « Albert Angelo » également traduit par Françoise Marel (2009, Quidam, 184 p.) dans lequel il y le fameux trou, qui permet d'aller voir ce qui se passe deux pages plus loin, pour le lecteur pressé. Evidemment cela va faire hurler les lecteurs grincheux qui payent un livre au poids du papier et non du trou auquel ils ne comprennent rien. Et que dire alors de « R.A.S. Infirmière-Chef », toujours traduit par Françoise Marel, (2003, Quidam, 208 p.) qui narre les confrontations de cette infirmière-cher, quelque peu despotique, avec les cerveaux de huit pensionnaires, quelque peu délabrés pour leur part. Un humour typiquement anglais à savourer.
Pour en revenir à Douna Loup, paradoxalement, c'est de la chambre secrète que tout part de Elly, « femme sauvage éprise de liberté », avec sa remise en question. « Je contemple mes métamorphoses. Je ne sais pas ce que je deviens. Je ne sais pas ce que la vie fait dans son chatoiement inattendu. Mais ça me plaît au fond. Ce mouvement ».
Remise en question qui n'est pas étrangère à son parcours, ni à celui de Douna Loup d'ailleurs, à travers son expérience des ONG. « J'ai voyagé dans des pays pauvres, j'ai vécu plusieurs mois à Madagascar. Mais c'est à Calais que j'ai vu la plus grande détresse humaine. Je trouve ça incroyable, dans mon pays ». bref la vie en soi avec ses malheurs « tout ce qui a pu la rendre triste dans le passé est révolu, est enfoui dessous la terre, ça ressemble à des graines, toutes ses petites histoires, des graines qui pousseront à leur tour », Ses drames « Combien de fois faut-il être secoué par la vie pour vivre? ». Ses périodes de réconfort « Un être existe et ça vous fait du bien ».
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Déployer est un livre original pour sa forme : sept carnets détachés qui peuvent se lire dans n'importe quel ordre. Pour que cela soit possible, l'auteure a du imaginer un récit qui n'a pas de marqueur temporel clair. On ne connait pas l'ordre d'apparition des événements, ou plutôt cela change selon quel livret on lit en premier, et cet ordre aléatoire n'empêche pas l'existence d'une histoire où plusieurs thématiques se mélangent. En cela, bravo à Douna Loup. Même si elle n'est pas la première à faire ce genre d'exercice, c'est plutôt bien réalisé. D'autant plus que l'écriture n'est pas « classique » : on retrouve l'exigence quasi poétique de l'auteure pour un texte qui sort des sentiers battus, qui dissèque au plus juste les émotions, mais dans une veine très différente de ce que peut faire Annie Ernaux par exemple ; chez Douna Loup on est davantage dans des élans lyriques, des images, des enthousiasmes soudains.

Les thématiques, donc : que raconte déployer ? La 4e de couverture laisse entendre un livre sur le polyamory, le couple libre… C'est effectivement un des sujets. Elly, la narratrice, le décrit explicitement : « … cette utopie que je cultive depuis des années de pouvoir vivre des amitiés avec des hommes pour lesquels j'éprouve du désir physique et que nous puissions à la fois le vivre, se le dire et passer au-delà en inventant un lien hors normes. » En fait il est surtout question d'une relation, compliquée, qu'elle entretient à coté de celle avec son compagnon. Celui-ci, d'ailleurs, après avoir été monogame longtemps, va à son tour se mettre à vivre sa liberté amoureuse – non sans heurts.

Une autre thématique est celle du deuil. Elly a perdu un ami, volontairement mort de faim, dans une quête mystique et religieuse extrême. On retrouve là un thème et une situation déjà travaillé dans L'embrasure.

Si je n'ai pas trouvé ce livre aussi puissant que Les printemps sauvages, j'ai quand même beaucoup aimé. J'ai surligné des passages qui m'ont beaucoup touché. Douna Loup a une écriture très personnelle, je suppose que tout le monde n'accroche pas. Pour ma part, je lis ces livres avec intensité, je la trouve à la fois très belle et très juste.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
“L’échec de la relation à J me fait me recentrer. Mais il n’y a pas d’échec. Ne rien regretter de mes mots, de mes gestes. Ce qui a eu lieu ne sera pas changé. Mais c’est aller à l’encontre de mon premier réflexe, de ma vieille habitude de me révolter contre moi-même et contre ce qui est.
Trouver cette grande prestance intérieure qui dit oui. Je laisse faire, c’est une vague. L’eau ruisselle et moi je vois bien que je pleure pour un rien aujourd’hui, mais ça coule.”
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Je contemple mes métamorphoses. Je ne sais pas ce que je deviens. Je ne sais pas ce que la vie fait dans son chatoiement inattendu. Mais ça me plaît au fond. Ce mouvement
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Lettres de la chambre secrète, Elly écrit

pour [s'] autoriser tout, pour écrire des lettres qui ne seront jamais envoyées sinon à [elle-même], écrire sans honte surtout. Pourquoi la sexualité serait une honte, quand elle est bien le lieu, le point émergent en tout cas de notre arrivée dans le monde, comment la nier sans nous nier?
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“... cette utopie que je cultive depuis des années de pouvoir vivre des amitiés avec des hommes pour lesquels j’éprouve du désir physique et que nous puissions à la fois le vivre, se le dire et passer au-delà en inventant un lien hors normes.”
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Ces sept livrets, d’une douzaine de pages, avec chacun un titre.
- Lettres de la chambre secrète
- Souvenir Source
- Cette nuit-là
- Ici-là
- Contes
- L'île
- Vive
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Videos de Douna Loup (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Douna Loup
avec Laure DES ACCORDS, auteure, Au bord du désert d'Atacama (Le Nouvel Attila), Douna LOUP, écrivaine, Boris, 1985 (Zoé), Maria POBLETE, autrice, La dictature nous avait jetés là (Actes Sud Junior), animé par Sonia DÉCHAMPS, éditrice, journaliste
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