Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4

Un livre sur la préhistoire qui n'est pas que « beau » ! J'ai découvert et appris beaucoup de choses en le lisant. Sa composition est originale : partir du plus loin dont nous avons connaissance (il y a 7 millions d'années avec les premiers hominidés bipèdes) et remonter le temps jusqu'à nos jours (2016 et la création du fac-similé Lascaux IV).

Sur plus de 400 pages, Marc Azéma et Laurent Brasier passent en revue les points (et mots) clefs de la préhistoire : une datation et un thème sur chaque double page, d'un côté un texte court, mais riche en contenu, avec à la fin, des renvois vers les autres articles ayant un lien avec le sujet abordé (très utile pour mesurer concrètement les différences ou évolutions) de l'autre une illustration (photos, dessins, peintures…) de très belle qualité et pertinente.

Cela peut paraître au départ un peu déroutant : pourquoi faire correspondre tel évènement à cette date et pas à une autre ? Comment être sûr de cette datation ? Mais, j'ai trouvé cette classification pertinente dans la mesure où elle nous permet d'avoir un réel ancrage dans le temps et de mettre en perspective, pour la même datation, les évolutions de chaque espèce (semblables ou différentes) en des points parfois très éloignés du globe. On découvre des pratiques similaires aujourd'hui, là où hier cela paraissait impensable : l'existence de rites funéraires, autant chez Neandertal que Sapiens, par exemple.

J'ai aussi beaucoup apprécié son objectivité : l'information est donnée en tenant compte des découvertes récentes et en n'hésitant pas à émettre des réserves, parfois, au vu des premières conclusions de recherches en cours, non encore synthétisées ou mises en perspective…

Pour exemple d'une découverte récente et assez étonnante : les jouets optiques, il y a 15 000 ans...

"Comprenant le principe de la décomposition du mouvement, les hommes du Paléolithique supérieur européen auraient inventé le "thaumatrope", un mécanisme permettant la synthèse du mouvement."

Il y a un index en fin d'ouvrage, mais je n'ai pas éprouvé le besoin de m'y référer, préférant lire au fil des pages, me laissant séduire par cette vision accélérée de l'évolution et du temps… Il sera sûrement très utile en relecture.

En conclusion, je ne peux que remercier Babelio et les éditions Dunod pour cet envoi et les belles heures de lecture que ce livre m'a procurées.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..

Sans conteste...ce livre porte bien son nom. C'est un beau livre, très beau. Je remercie donc les éditions Dunod pour leur envoi et Babelio qui l'a permis grâce à Masse Critique.

Il s'agit ici d'un ouvrage destiné au grand public, pas aux scientifiques. Les textes restent donc plutôt simples et courts mais riches en informations.
Les informations sont classées dans un ordre chronologique, ce qui est pratique pour se repérer je trouve.
C'est donc un livre, pour moi, qui se lit petit à petit, pas forcément dans l'ordre, et qui peut se relire car évidemment on ne retient pas toutes les informations du premier coup.

Et c'est aussi un livre qui se laisse regarder juste pour le plaisir tant il est riche en illustrations. Le format est pratique, on ne se casse pas les poignets, et le papier est de qualité.

C'est un livre que j'aime beaucoup !

Superbe et volumineux ouvrage de 400 pages avec de très belles photos et illustrations (sur papier couché glacé) accompagnant chaque texte en pagination de droite (impairs), soit 200 environs !
Ce très beau livre « tout public », particulièrement séduisant pour des jeunes qui s'intéresseraient à nos origines, donne un tracé de notre humanité très complet.
D'où venons-nous ?
Il couvre une grande richesse de données scientifiques qui battent en brèche bon nombre d'idées reçues ! Et il faut bien reconnaître que nos “origines” sont parfois troubles et troublantes, et d'une férocité tout aussi obscure dans sa genèse que celle de notre environnement “brut de coffrage” !
— p. 34 voir Plusieurs espèces humaines ont mangé leurs semblables (tout comme chez le chimpanzé d'ailleurs …). Les plus anciennes traces de ce comportement sont documentées chez Homo antecessor. (p . 330 cannibalisme de masse, rituels)
Cependant les comportements compassionnels semblent aussi avoir eu une réalité ... (p. 40) car eux aussi, les humains, étaient des proies fréquentes (p. 56 « Les représentants de notre lignée, fussent-ils bons chasseurs, étaient aussi des proies pour toutes sortes de prédateurs ... ! »)
Nous y apprenons également que les Néandertaliens (dont nous avons hérité d'une fraction du génome à l'exception des populations africaines) étaient bien différents des clichés culturels véhiculés depuis des décennies … !
— voir p. 96 - 180 « peuples aborigènes » et l'art extrêmement élaboré de ces peuples assujettis et quasiment exterminés en tant que peuples et cultures d'Australie, considérés lors de leur “colonisation” du monde dit “civilisé”, comme “primates” que l'on “bouffait” à l'occasion … !
— voir p. 222 les « jouets optiques » qui montrent à la fois la créativité et la fascination de l'humain pour le mouvement et sa reproduction optique qui déjà étaient marqués dans les graphismes de la Grotte Chauvet il y a 40 000 ans !
— voir p. 240 la néolithisation et premières industries des armes pour s'entretuer entre humains, et l'apparition du « guerrier » spécifique dans une institutionnalisation d'un corps d'armes de métier, une armée* … (voir p. 360 Aveyron et « Guerriers de pierre »)
— p. 348 le vin et les pays du Moyen-Orient … en clin d'oeil ! En effet la fabrication du vin a commencé à partir de vigne sauvage puis de vigne cultivée au Proche-Orient, entre le VIe et le Ve millénaire avant notre ère, dans les régions montagneuses du Taurus (Turquie), du sud du Caucase et des monts Zagros (Iran). C'est là que l'on trouve la plus grande diversité génétique de la vigne actuelle et que des pépins de raisins, des ceps ou des grains desséchés, sous leur forme sauvage ou domestique caractéristique, ont été mis au jour. Des pépins de raisins, peut-être cultivés, ont été ainsi été découverts sur le site du VIIe millénaire de Çayiinu (nord de la Turquie) ; des résidus d'acide tartrique, composant du vin, ont été retrouvés sur des poteries âgées de 7 500 ans mises au jour à Hajji Firuz Tepe, en Iran.
(La plus grande diversité génétique de la vigne actuelle se trouve au Proche-Orient.)
Quel paradoxe quelque peu ironique de l'histoire, où la religion de l'Islam interdit (officiellement) toute consommation d'alcool dans ces pays d'origine du vin !

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* Si les conflits attestés semblent être déjà pré-néolithique (+ de 13 000 ans) la structuration d'un « pouvoir politique » semble bien être lui le fait de la néolithisation.
— Pour qu'un “pouvoir politique” puisse se construire, il lui est nécessaire de prendre appuis sur un type de personnes, une population déterminée qui ne produise pas à proprement parler un “ouvrage” , un “travail utile” et productif de biens, et qui puisse être au service de ce “pouvoir”, exemples : soldats-militaires-armées, religieux et institutions cléricales, aristocraties et autres technocrates, etc …
La condition pour accéder à ce “pouvoir” tout temporel, est d'avoir à sa disposition une ou des richesses économiques suffisantes aux fins de “payer ces mercenaires” divers qui sont aux services et aux ordres dudit « pouvoir politique ».
Lien : http://www.versautrechose.fr/

On prend un grand plaisir à sauter d'une page à l'autre, de 36 000 à 12 000 ans, d'un galet peint à une flûte, bonds temporels d'un voyage à travers l'image. Et quand on s'arrête, c'est qu'un mot, une forme, a attiré notre attention et déclenché l'envie de savoir, d'apprendre, de se remémorer. Beau et lourd comme un coffret de bronze, cet ouvrage en a la richesse et la finition. Les illustrations sont d'excellente facture. Les textes concis offrent l'essentiel sans tourner le dos aux incertitudes, à la mouvance des recherches. Les grands classiques - Lascaux, le solutréen, la statuette de l'Homme-lion - côtoient des thèmes moins connus - la tour de Jéricho, la culture natoufienne ou les grandes girafes du Niger. A la fois encyclopédie de référence et porte ouverte à la curiosité, il s'offre à un large public de fouineurs de préhistoire. Dans notre maisonnée, il fait le bonheur des petits-déjeuners. On ouvre au hasard, on décille un oeil encore à moitié endormi mais attiré par la chaleur des couleurs, on écoute la lecture à voix haute du texte qui donne sa saveur au thé du matin, puis on s'en va d'un pas éveillé vers les activités de la journée, la conscience des origines accrochée au corps, de nouvelles perspectives sur sa place dans le monde voletant dans l'esprit.

[Lu dans le cadre de ces fabuleuses masses critiques]


Lien : http://versautrechose.fr/blo..