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André Jarry (Éditeur scientifique)Marcel Arland (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070320493
311 pages
Gallimard (25/05/1973)
3.68/5   70 notes
Résumé :
Les poèmes antiques et modernes sont fortement influencés par Chénier, Byron et Chateaubriand. Vigny est alors un poète débutant qui hésite entre classicisme et romantisme. L'originalité de ces poèmes est la traduction d'une pensée philosophique sous une forme épique ou dramatique. Vigny aborde les problèmes qui seront au coeur de sa réflexion philosophique, la pitié, l'amour, la solitude du génie, les rapports de Dieu et de l'humanité. Dans ces poèmes Vigny semble ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Le seul mérite qu'on n'ait jamais disputé à ces compositions, c'est d'avoir devancé, en France, toutes celles de ce genre, dans lesquelles une pensée philosophique est mise en scène sous une forme Épique ou Dramatique." Voilà ce que dit Vigny à propos de ses poèmes.

Comment parler d'un recueil de poésie? Une chose assez difficile! Comment peut-on décrire une lecture? Ce que je garde de cette lecture ne sont que des réminiscences (je l'ai lu lorsque j'avais dix-neuf ans à peine, féru du romantisme à cette époque). Des réminiscences très vagues; un sentiment emprisonné dans une bouteille et jeté dans le fleuve des années qui court. Vigny a suivi le conseil de Boileau en cela qu'il a travaillé son texte en ôtant plusieurs poèmes qu'il croyait médiocres, il n'a gardé qu'une vingtaine; mais malgré cela, on risque de tomber sur des poèmes trop ennuyeux et lourd pour un lecteur moderne (peut-être, parce que Vigny se voulait moins romantique dans ses poèmes et plus impassible; qu'on ne ressente pas de sincérité et d'intimité chaleureuse: celles justement qu'on a aimées chez un Baudelaire).

Ce lecteur moderne, peut-être, va apprécier plus ses épopées grandioses (Eloa, Moïse). Il va apprécier aussi ses poèmes modernes comme le bal, le malheur, ou les poèmes d'inspiration antique comme le bain, ou le bain d'une dame romaine (qui sont de véritables tableaux); et bien d'autres vers ça et là. Le mieux qu'on puisse faire dans cette situation est de lire le recueil en entier (et je parle seulement des Poèmes antiques et modernes), pour faire, après, une lecture fragmentaire de temps à autre pour les passages qu'il pourra aimer. Et à mon avis, il ne regrettera pas sa lecture (c'est ce qui m'est arrivé).
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Alfred de Vigny/Poèmes antiques et modernes/Les Destinées.
Alfred de Vigny est né à Loches en Touraine en 1797, mais a vécu presque toute sa vie à Paris où il mourra en 1863.
De famille noble il se verra inculqué par ses parents le culte des armes et de l'honneur et le mépris de l'Empire.
Marié en 1825 à une jeune anglaise, il s'installe à Pau, une fois réformé de l'armée et se consacre à l'écriture : c'est l'époque des Poèmes antiques et modernes.
Ce n'est que plus tard vers 1838 une fois revenu à Paris qu'il écrit ses grands poèmes comme La Mort du Loup, le Mont des Oliviers, La Maison du Berger.
Les Destinées comprennent des poèmes écrits après 1843 qui furent rassemblés après sa mort par son exécuteur testamentaire en 1864.
S'il fut un merveilleux prosateur, il fut avant tout un grand poète, un poète singulier et irremplaçable.
Les Poèmes Antiques et Modernes laissent transparaître un nette influence De Chateaubriand, Chénier et Byron. On y trouve toutefois des chefs d'oeuvre comme le Cor, Moïse, ou La Fille de Jephté. Ces oeuvres mettent en scène une pensée philosophique sous forme épique ou dramatique.
Extrait des « Amants de Montmorency » :
Ils passèrent deux jours d'amour et d'harmonie,
De chants et de baisers, de voix, de lèvre unie,
De regards confondus, de soupirs bienheureux,
Qui furent deux moments et deux siècles pour eux.
Les Destinées traduisent une poésie encore plus intimiste, moins déclamatoire, sans pour cela verser dans le lyrisme indiscret.
La Mort du Loup par exemple traduit la volonté de Vigny de rester libre quitte à connaître la solitude : il vient de perdre sa mère et de rompre avec sa maitresse Marie Dorval.
Extraits de « La Mort du Loup » :
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris.
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,

Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri. »
Le poème « le Mont des Oliviers » traduit quant à lui l'angoisse religieuse De Vigny.
Extrait :
« Alors il était nuit, et Jésus marchait seul,
Vêtu de blanc ainsi qu'un mort de son linceul :
Les disciples dormaient au pied de la colline,
Parmi les oliviers, qu'un vent sinistre incline. »
Enfin « La Maison du Berger » traduit un espoir de progrès et de bonheur, l'Homme se confiant à la Nature et à la Femme.
Extrait :
Si ton coeur, gémissant du poids de notre vie,
Se traine et se débat comme un aigle blessé,
Portant comme le mien, sur son aile asservie,
Tout un monde fatal, écrasant et glacé ;
S'il ne bat qu'en saignant par sa plaie immortelle,
S'il ne voit plus l'amour, son étoile fidèle,
Éclairer pour lui seul l'horizon effacé.
En appendice, on peut découvrir d'autres poésies De Vigny : Héléna par exemple, composé de plusieurs chants d'une grande beauté.
« Regardez, c'est la Grèce ; ô regardez !c'est elle !
Salut reine des Arts ! Salut, Grèce immortelle ! »
Un livre de chevet de plus !
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Lus avec Les Destinées il y a un an ou deux, puisque j'avais eu la chance d'acquérir une édition les regroupant, d'une librairie malheureusement désormais fermée...

Je m'étais régalé, et les deux oeuvres étaient indissociables, même si l'on sentait clairement l'évolution dans Les Destinées. Il se dégageait tout de même une magie de ces Poèmes antiques et modernes, une ambiance, une féerie... J'aime beaucoup cet auteur, un romantique un peu dans l'ombre, avec moins de fioritures, mais qui sait émouvoir.

Je l'avais découvert en cours suite à la lecture de la Mort du loup... Poème des Destinées magnifique, bouleversant, rythmé comme je les aime, et qui reste mon préféré de Vigny.
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J'ai une autre édition sans ISBN que celle ci, il y a le livre mystique, antique, moderne; philosophique et les poèmes retranchés.
Je n'ai pas apprécié ce volume: les vers sont plutôt fluides et agréables mais la plupart des poèmes sont très mystiques, parlent de la Bible ou son moralisateur: des thèmes qui ne me font pas rêver. J'ai notamment levé les yeux au ciel en lisant le poème "aux sourds-muets", qu'on transforme un handicap en force c'est une chose, que quelqu'un vienne dire qu'un handicap est une grande chance et que la personne n'a pas à se plaindre et qu'elle devrait être heureuse c'en est une autre (Je recopie le poème intégralement dans les citations).
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Revisiter les textes sacrés et certains épisodes historiques....c'est ce que ce recueil poétique se propose de faire grâce à un vers assez souple et un souffle dynamique de cette première école Romantique.

Vigny est finalement assez peu connu, vite éclipsé par Lamartine et Hugo. Pourtant ses vers sont fluides et sa musicalité indéniable, surtout dans certaines pièces courtes.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
LA NEIGE

I
Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
Des histoires du temps passé,
Quand les branches d'arbres sont noires,
Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,
Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
Comme la girouette au bout du long clocher !
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Dansez : un jour, hélas ! ô reines éphémères !
De votre jeune empire auront fui les chimères;
Rien n'occupera plus vos cœurs désenchantés,
Que des rêves d'amour, bien vite épouvantés,
Et le regret lointain de ces fraîches années
Qu'un souffle a fait mourir, en moins de temps fanées
Que la rose et l'oeillet, l'honneur de votre front ;
Et, du temps indompté lorsque viendra l'affront,
Quelles seront alors vos tardives alarmes ?
Un teint, déjà flétri, pâlira sous les larmes,
Les larmes, à présent doux trésor des amours,
Les larmes, contre l'âge inutile secours :
Car les ans maladifs, avec un doigt de glace,
Des chagrins dans vos cœurs auront marqué la place,
La morose vieillesse... O légères beautés !
Dansez, multipliez vos pas précipités,
Et dans les blanches mains les mains entrelacées,
Et les regards de feu, les guirlandes froissées,
Et le rire éclatant, cri des joyeux loisirs,
Et que la salle au loin tremble de vos plaisirs.
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« Je suis celui qu'on aime et qu'on ne connaît pas.
Sur l'homme j'ai fondé mon empire de flamme,
Dans les désirs du cœur, dans les rêves de l'âme,
Dans les liens des corps, attraits mystérieux,
Dans les trésors du sang, dans les regards des yeux.
C'est moi qui fais parler l'épouse dans ses songes ;
La jeune fille heureuse apprend d'heureux mensonges ;
Je leur donne des nuits qui consolent des jours,
Je suis le Roi secret des secrètes amours.
J'unis les cœurs, je romps les chaînes rigoureuses,
Comme le papillon sur ses ailes poudreuses
Porte aux gazons émus des peuplades de fleurs,
Et leur fait des amours sans périls et sans pleurs.
J'ai pris au Créateur sa faible créature ;
Nous avons, malgré lui, partagé la Nature :
Je le laisse, orgueilleux des bruits du jour vermeil,
Cacher des astres d'or sous l'éclat d'un Soleil ;
Moi, j'ai l'ombre muette, et je donne à la terre
La volupté des soirs et les biens du mystère.
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La bain d'une dame romaine

...
Sa tunique est livrée aux Femmes de Milet,
Et ses pieds sont lavés dan un vase de lait.
Dans l'opale d'un marbre au veines purpurines
L'eau rose la reçoit ; puis les Filles latines,
Sur les bras indolents versant de doux parfums,
Voilent d'un jour trop vif les rayons importuns,
...
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Tel retrouvant ses maux au fond de sa mémoire,
L'Ange maudit pencha sa chevelure noire,
Et se dit, pénétré d'un chagrin infernal :
"Triste amour du péché ! Sombres désirs du mal !
De l'orgueil, du savoir gigantesques pensées !
Comment ai-je connu vos ardeurs insensées ?
Maudit soit le moment où j'ai mesuré Dieu !
Simplicité du coeur ! à qui j'ai dit adieu,
Je tremble devant toi, mais pourtant je t'adore,
Je suis moins criminel puisque je t'aime encore ;
Mais dans mon sein flétri tu ne reviendras pas !
Loin de ce que j'étais, quoi ! J'ai fait tant de pas !
Et de moi-même à moi si grande est la distance
Que je ne comprends plus ce que dit l'innocence,
Je souffre et mon esprit par le mal abattu
Ne veut plus remonter jusqu'à tant de vertu.
Qu'êtes-vous devenus, jours de paix, jours célestes !
Quand j'allais, le premier de ces Anges modestes,
Prier à deux genoux devant l'antique loi,
Et ne pensais jamais au-delà de la foi ?
L'éternité pour moi s'ouvrait comme une fête ;
Et des fleurs dans mes mains, des rayons sur ma tête,
Je souriais, j'étais... J'aurais peut-être aimé !"
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Vidéo de Alfred de Vigny
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : Alfred de Vigny, _Journal d'un poëte,_ recueilli et publié par Louis Ratisbonne, Paris, Michel Lévy frères, 1867, 310 p.
#AlfredDeVigny #JournalDUnPoëte #LittératureFrançaise #XIXeSiècle
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