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Dans le dernier Tokarczuk nous sommes en pays mysogine, au début du siècle dernier en Basse- Silésie, dans « une pension pour messieurs », dont les pensionnaires sont des tuberculeux. le personnage principal est Mieczyslaw Wojnicz , un jeune aspirant ingénieur venu se faire soigner au sanatorium de Görbersdorf (aujourd'hui Sokolowsko, en Pologne), dans la chaîne des Sudètes, au coeur de la Basse-Silésie, alors germanophone.
Bien que le contexte rappelle fortement celui de la Montagne Magique de Thomas Mann, Tokarczuk ici joue sur une autre corde , celle du réalisme magique sur le support d'une prose enchanteresse.
Dès les premières pages, la femme de Wilhelm Opitz, sinistre propriétaire de la « pension pour messieurs » où loge Wojnicz, meurt. Celui-ci l'aperçoit , morte, étalée sur la table de la salle à manger, où elle lui avait porté le petit déjeuner, le matin même . Une mort mystérieuse qu'alimentent des ragots de tout genre. Suit alors à un quart du livre, la révélation de l'identité du narrateur, qui renforce l'atmosphère gothique de l'histoire, « Quant à nous, qui sommes des spectatrices assidues, nous considérons que le plus intéressant reste toujours dans l'ombre, là où prévaut l'invisible. ».Ce « nous » sont les « Empouses », sorte de vampires femelles, de succubes, qui, dans la Grèce antique, constituaient le ­cortège d'Hécate, l'infernale déesse. Ces créatures qui ne manquent pas d'humour « Nous, les empouses, nous aimons regarder les chaussures », resterons discrètes tout au long du récit, tout en cassant la noirceur d'un contexte trop masculin et empâté. Avec leur mode d'observation fantaisiste , regardant les hommes par en dessous la table, suivant le mouvement d'une chaussure, d'une main , et observant espiègles , des détails physiques et vestimentaires plus révélatrices sur un personnage que ses paroles ou son comportement, elles nous font sourire .
Quand à notre héros Wojnicz bien qu'élevé dans une ambiance mysogine ,orphelin de mère dès sa naissance, « Oncle Emil, d'ordinaire poli, avec de bonnes manières, retirait sa cuillère du potage pour l'agiter au-dessus de l'assiette : – La femme, le diable et le crapaud sont trois enfants d'un même lit. », il est loin d'être à l'aise dans son nouvel environnement . Il peine à retrouver ses repères sexuelles parmi cette faune de mâles désoeuvrés qui se soûlent d'une liqueur bizarre, voir « diabolique »😈, qui porte le nom de Schwärmerei ( un terme qui chez Kant et les philosophes du XVIIIe siècle, désigne le fanatisme à combattre par la science), en s'emportant sur La femme, quelque soit le sujet discuté , même si celui-ci ne la touche que superficiellement.

Bref une fois encore Tokarczuk nous entraîne dans son univers fantastique, dans une histoire en contrée inconnue où les femmes sont quasiment absentes, mais étrangement, continuellement présentes à travers les conversations des hommes qui semblent les connaître mieux que quiconque 😁, « Peu importe le sujet initial de leurs débats, ils finissent par parler…des femmes. » J'ai adoré ses captations cinématographiques des détails des personnages, dirigeant sa caméra de bas en haut , ses perspectives d'une nature quasi surnaturel , ses phrases inquiétantes dit avec un naturel tout aussi inquiétant. L'ensemble suscitant un suspens éloquent qui va crescendo, toujours accompagné de piques explicites à son pays , “Son père ne croyait pas que la Pologne retrouverait un jour son indépendance. Pourquoi est-ce que cela arriverait ? Seul ce qui est grand est puissant….”. Un livre intéressant, où l'auteure a choisi le négatif du féminisme radicale poussé à l'extrême à travers les conversations sans queue ni tête des machos pour souligner encore plus fort l'évolution de la place de la femme dans nos sociétés modernes.
Une lecture qui m'a cependant mise légèrement mal à l'aise avec cette compagnie de bonhommes mysogines à la sexualité douteuse, aux propos ambigus , mangeurs de “rubans blancs”😖, agrémentée de la présence de chaises avec des sangles aux accoudoirs et aux pieds qui semblent faire partie du mobilier local, et autres détails glauques . Mais ayant lu d'autres livres d'elle, tout ceci faisant partie de son univers , mon malaise s'est finalement estompé grâce à son écriture grandiose 😊et l'arrivée d'une surprise totale qui se dévoile vers la fin.
C'est une très grande écrivaine , ce dernier roman le prouve encore une fois. Si vous l'aimez, à ne pas manquer !

« Ne sont immortelles que les choses soit minuscules, soit immenses, répond-elle avec prudence. Les atomes sont immortels, les galaxies sont immortelles. Tout le mystère est là. La portée de la mort se trouve particulièrement définie, autant que celle d'une onde radio. »
“Quand une personne juge qu'elle est devenue parfaite, qu'elle s'est accomplie, elle devrait se tuer.”

Un grand merci aux éditions Noir sur Blanc et NetGalley France pour l'envoie de ce livre.
#Lebanquetdesempouses #NetGalleyFrance





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De l'identité.

Savez-vous ce qu'est une Empouse ? Vous donnez votre langue au chat ? Car dans ce livre il sera fortement question d'ingestion d'organes, vous allez être étonnés.
Les Empouses sont des créatures spectrales, issues de la déesse Hécate, qu'on devine et qu'on peut voir dans certaines conditions. Vous allez faire leur connaissance, ce sont les narratrices du livre, et qui sait, peut-être vous attacherez-vous à elles !
Olga Tokarczuk, Nobel de littérature en 2018, nous embarque dans un nouveau livre-monde, aussi envoutant qu'étrange et donc, puisque c'est le sous-titre, épouvantablement naturopathique
Si vous acceptez l'invitation, vous ferez un voyage improbable entre l'humidité moussue des sous-bois et les sommets maudits de Basse-Silésie. On y parle l'allemand, c'est important pour le récit.
Mais tout commence par le village thermal de Görbersdorf (Sokolowsko, dans la Pologne contemporaine) où les narratrices nous entrainent pour une cure un peu spéciale même si, au départ, le sanatorium est avant tout destiné aux tuberculeux.
Nous sommes à la fin de l'année 1912.
Disons-le tout net : Olga Tokarczuk reprend le schéma de la Montagne Magique de Thomas Mann. Nous allons rencontrer plus intimement une demi-douzaine de curistes, le docteur Sempeiweiss,Opitz le tenancier de la pension pour hommes, l'infirmière Sydonia, une jeune femme à large chapeau etc.
Puis, pffff, tout s'évaporera ou volera en éclat… et nous nous éloignerons radicalement de l'oeuvre de Thomas Mann.
Notre héros, c'est ce pauvre Mieczyslaw Wojnicz, polonais originaire de Lwów (l'actuelle Lviv ukrainienne) étudiant en ingénierie des adductions d'eau…
Le voilà obligé d'habiter la fameuse Pension pour Hommes au lieu des prestigieuses villas du sanatorium rouge brique (qui existent encore!) et surtout de co-habiter avec cinq hommes bavards dont le point commun est la dérive misogyne. Leur savants débats finissent immanquablement par d'horribles diatribes qui, en fait, appartiennent pour de vrai à des hommes célèbres (malicieuse Olga!) : Saint Augustin, Kerouac, Freud,Nietzche, Sartre, Shopenhauer, Swift, Yeats etc.
Et donc les femmes sont des attardées de l'évolution, au psychisme fragile et délicat, attirées par l'invraisemblable et les motifs de tapisserie, ravagées par leur utérus etc., la liste de leurs élucubrations est longues et malheureusement classiques.
Voila le décor planté, il commence à faire froid, c'est l'automne, la brume se répand et se disperse…
Les soins thermaux sont féroces: douches glacées, enveloppements humides etc.
Mais tout est plus ou moins humides et vaporeux et l'on s'ennuie ferme.
Jusqu'à ce de sordides évènements viennent bousculer les certitudes friables de notre cher Mieczyslaw. Une liqueur de psylocibes (champignons hallucinogènes dont la cueillette est interdite en France) brouille les discours et les perceptions, notre héros trouve des tuntshi ( fabriquées en mousse, bois et pierre, elles reproduisent le corps féminin et servent à assouvir les besoins sexuels des charbonniers) et tout devient flou et évanescent. Une autre histoire commence…

Les identités des protagonistes sont complexes à tout point de vue : culturellement, linguistiquement, socialement, sexuellement et le décor de la cure n'est qu'un prétexte pour déconstruire tout cela et détruire les shémes de domination.
Olga Tokarczuck va s'en donner à coeur joie et, c'est là la vraie magie du livre, va célébrer les identités multiples, un Moi « fait de strates nombreuses…comme un récif de corail, comme le mycélium dont la véritable existence se trouve sous terre ».
Nous irons de surprises en surprise avec un final d'anthologie.

Car Messieurs, Chers lecteurs, méfiez-vous : les Empouses vengeresses sont funestes aux hommes non déconstruits qu'elles charment et dévorent avec avidité lors de leur grand banquet automnal. Pour en finir avec la domination.

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Dans un recoin du monde macère une faune interlope. A l'abri du vent, sur les hauteurs de la Silésie, au sud-ouest de la Pologne, bacilles de Koch, syntaxe allemande, mousses, discours pontifiants et coutumes culinaires étranges se partagent une petite station thermale que fréquentent des tuberculeux plein d'espoir. Selon les préceptes du docteur Brehmer, on y prend des douches froides, on y fait de revigorantes balades en altitude avant de se reposer de longues heures dans des chaises longues.

« Les pensionnaires du sanatorium, quand on les voit sur le cours, semblent de taille plus haute, plus propres sur eux, avec des chemises plus blanches. Ils font penser à de la volaille bien nourrie, y compris lorsqu'ils sont aussi malades que les autres. Les femmes portent des jabots vénitiens, c'est-à-dire sur la poitrine un bouillonnement de batiste ou de soie qui donne l'impression d'avoir jailli à l'instant de la robe cintrée. Les têtes des hommes sortent de cols raides, elles sont comme apportées sur un plateau pour le thé de l'après-midi. »

Tout cela aurait un petit air de déjà vu sans cette malheureuse comparaison avicole, ces têtes mâles offertes, nouveaux Jean-Baptiste à la décollation tout juste prête pour le goûter, ce décalage que l'on peut croire imperceptible mais qui finit par raconter une toute autre histoire émergeant de ces montagnes assurément magiques.

C'est en fait une question de point de vue. Et pour ce roman, il nous faudra adopter celui des Empouses. « Spectres de la déesse Hécate », elles sont partout, au ras du sol, serpentant sans doute avec la brume grise, se faufilant dans les interstices, manifestant leur prédilection pour les chaussures habillant des pieds nerveux ou alanguis, ces mâles extrémités des dignes et respectables curistes hébergés à la Pension pour Messieurs que tient Wihelm Opitz. Silencieuses, attentives, elles se rappellent à nous au fil du récit. Cette histoire, c'est la leur. Ecoutons-la.

Elles ont choisi comme héros Miecysław Wojnicz, étudiant en ingénierie des adductions d'eau à qui ses poumons malades valent un séjour prolongé dans ce village de Sokołowsko. C'est un héros frêle et incertain, poli et effaré qui a déjà vécu bien des terreurs minuscules. Elevé par un père trop vite veuf dont la rigueur virile n'autorise pas l'expression de la moindre émotion, Miecysław se conforme aussi bien qu'il le peut aux attentes conçues pour lui. Reste que sa faible constitution et sa sensiblerie ont déjà beaucoup déçu. Et le voilà désormais quasi agonisant, obligé de prendre les eaux en compagnie d'autres souffreteux avant que commence enfin sa vie d'homme, de vrai.

Dans la pension pour Messieurs où il réside, il croisera différents individus parmi lesquels Thilo von Hahn, étudiant des Beaux-arts, spécialiste en paysage. Malgré son souffle court vite teinté de sang, malgré ses manières étranges, il faudra écouter attentivement ce jeune homme parler à Miecysław de tableau et de regard. Selon lui, la manière dont on voit habituellement le paysage transforme les lignes en éléments attendus mais il existe « une autre manière de regarder, une manière globale, totale, entière, absolue » qui rappelle assez les premiers mots des Empouses d'ailleurs, à l'incipit du roman : « La vue est obstruée par les volutes de vapeur échappées de la locomotive et qui serpentent à présent sur le quai. Il faut regarder à travers elles pour tout voir, se laisser aveugler par la brume grise, le temps que le regard se fasse acéré et omnivoyant du passé, du présent et du futur. »

Nous sommes à l'aube du 20e siècle, les premières automobiles font leur apparition avec la psychanalyse, les idéologies cimentent les existences et les nationalismes s'ébaubissent de leurs prétentions mutuelles. A table, devant un verre, et bien plus, de la locale Schwärmerei, liquide sombre au goût « vraiment particulier, sucré et amer à la fois (…) [avec] une vague saveur forestière de lichens ou de bois oublié en cave ou peut-être de pommes légèrement moisies », les curistes discutent, pérorent, ordonnent de leurs mots définitifs un monde qui, selon eux, en a bien besoin.

Dans un pêle-mêle vertigineux d'inquiétude et de thèses sur lesquelles on s'arcboute de toute son impuissance, s'accumulent croyances et systèmes : les grands mythes de la Grèce antique, Aristote, Platon, Aristophane et Plotin pour August August, phtisique spécialiste en langues anciennes et en chair fraiche ; le cours de l'histoire et la manière dont il conduit l'humanité vers une civilisation toujours plus pure de toutes les systèmes primaires polythéistes antérieurs selon l'honorable et malade Longin Lukas, professeur au collège de Königsberg ; de mystérieuses légendes locales qui expliquent l'absence quasi parfaite des femmes de ce roman. On parlera démonologie, femmes, religion. Infériorité du sexe faible, paganisme, recettes de cuisine et même matriarcat. Comme une menace insensée et folle, naturellement. Il faut compter aussi avec Sainte Emérencie, Sainte Anne et la Vierge tenant un enfant malingre, trinité de femmes représentées sur une icône cachée dans l'église orthodoxe du village. Avec la jeune femme au large chapeau qui ne dira jamais rien. Quelques macarons et le docteur Semperweiß, le bien nommé.

Le banquet des Empouses, est un livre magique, vous l'aurez compris. Parce qu'il mêle des histoires invraisemblables à des atmosphères étonnantes, parce qu'il campe des caractères typés et en révèle les failles, parce qu'il se paie des sacrifices humains avec une jubilation qui n'est même pas cruelle.

Mais aussi parce qu'il invite dans ses pages un nombre de lectures antérieures sidérant. Dans la description de Miecysław jouant avec les pions de son échiquier, j'ai retrouvé le narrateur enfant d'une Histoire d'amour et de ténèbres lorsqu'il bâtit des mondes sur le tapis du trop triste appartement où il vit avec ses parents. Les questions de paysage et de manière de regarder la réalité sont celles que traite Descola dans Les formes du visible. Emilie Hache n'est pas loin des péroraisons de Longin Lukas sur le matriarcat, le paganisme et la place d'un dieu transcendant. le sacrifice d'Abraham que traite Marie Balmary dans le sacrifice interdit a une place importante dans cette histoire. J'ai même retrouvé l'apithérapie, le fait de se soigner par les abeilles, qui m'avait été expliquée dans Les abeilles grises.

Comme si toutes mes lectures récentes s'étaient agrégées dans ce livre pour participer au magma de connaissances et de représentations qui composent l'étrange liqueur dont s'abreuvent les personnages. Comme si, avec la même fausse assurance, je communiais aux rodomontades, fière de mes savoirs, inconsciente de leur enracinement profond dans une dynamique de brume et de lichen, de mycélium et d'altérité aussi continue que mystérieuse.

Un livre magique, malicieux, insolent et érudit. Une oeuvre littéraire dense, propice aux analyses, échos et interprétations. Un renversement espiègle, cul par-dessus tête, jamais arrêté, jamais féroce, délicieusement vivant.
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En 1912 , Mieczyslaw Wojnicz , jeune homme polonais , arrive à Görbersdorf , en Silésie, pour soigner sa tuberculose .
Cette ville est connue pour son sanatorium et de nombreux curistes y séjournent.

Wojnicz est hébergé dans une pension tenue par Monsieur Opitz.
Elle n'est occupée que par des hommes, plutôt d'un certain âge en dehors d'un jeune homme, Thilo dont la maladie est à un stade avancée. C'est le seul avec qui se lie notre jeune héros.

Les journées s'écoulent paisiblement au rythme des soins, des promenades et des temps de repos en chaise longue .

Seules les soirées à la pension sont animées, les débats entre ces messieurs d'origine, de religion et d' opinions bien différentes fusent , accentués par la consommation d'une liqueur locale appelée Schwärmerei .

On discute politique, culture, religion , philosophie et souvent des femmes, qui ont toutes un caractère faible et un cerveau plus petit que l'homme, c'est une évidence.

Notre jeune ami se sent plutôt étranger à ces soirées mais apprécie également la boisson qui entraine un état au delà de l'ivresse avec un effet hallucinogène pour lui.

Il évolue entre son passé avec une enfance auprès d'un père exigeant, l'absence de sa mère défunte et une nourrice qui est la seule personne à lui avoir apporté de l'affection et un futur incertain lié d'une part à sa maladie et d'autre part à une malformation qui le confine à une fragilité qu'il ne sait pas contourner et le rend pusillanime .

Règne une nostalgie dans sa langueur qui va de paire avec sa maladie , le spleen des jeunes romantiques...

Il sent autour de lui des présences étranges qui se manifestent la nuit dans le grenier ou lors de ses balades dans les bois.

Alors, venons-en aux fameuses Empouses , spectres ou démons de la mythologie grecque , filles de la déesse Hécate .

Ce sont elles qui décrivent les personnages par leur apparence vestimentaire en commençant par les chaussures ... On les imagine comme des animalcules grouillant dans le sol plus que comme des esprits éthérés .
On les entend en choeur ponctuant le récit de leurs remarques .
"Nous, les empouses, nous les observons d'en bas, comme toujours, par en dessous; nous les voyons comme de gigantesques colonnes au sommet desquelles se trouve un petit appendice qui parle : la tête. Leurs pieds écrasent de façon mécanique le sous-bois, brisent les petites plantes, déchirent les mousses, piétinent les corps minuscules des insectes qui n'ont pas eu le temps de fuir le cataclysme annoncé par les vibrations. Sous la canopée, le mycélium tremble encore un moment après leur passage, cette vaste texture maternelle diffuse l'information de la présence d'intrus et de la direction où porte leurs pas ."
Où sont les femmes d'ailleurs dans ce récit ?
La découverte du corps de la femme d'Opitz morte alors qu'il vient d'arriver, perturbe puis obsède Woljnicz, comme il recherche à travers ses balades "la femme au chapeau" , une apparition plus qu'une présence .

Dans cette petite ville thermale de Görsberdorf, Wolnicz est alerté par un des pensionnaires de la survenue annuelle d'un meurtre d'un homme jeune , une sorte de rituel dont l'existence est cachée et les auteurs sont inconnus .

D'un rythme assez lent, le récit s'accélère en toute fin du roman .
Les monstres apparaissent mais ne sont pas forcément ceux que l'on imagine et l'épilogue prend une tournure étonnante même si certains indices peuvent orienter.

Cette langueur, allais-je dire , en pensant à l'état de notre jeune homme, cette lenteur donc, est largement compensée par la peinture ciselée que fait Olga Tokarczuk de cette société d'hommes misogynes où la femme est absente physiquement mais toujours proche dans les esprits .
L'écriture est magnifique et j'ai pris beaucoup de plaisir aux descriptions, tant des hommes que de la nature .

Le sous-titre de ce livre est : roman d'épouvante naturopathique , je ne sais pas où voulait en venir exactement l'auteure mais en découvrant les soins infligés aux malades phtisiques, on peut frémir ou sourire ....
"la faiblesse se soigne au champagne , l'insomnie au cognac avec du lait avant de se mettre au lit "
À lire en écoutant les Nocturnes de Chopin .

Avec un grand merci à NetGalley et aux Éditions Noir sur Blanc

#Lebanquetdesempouses #NetGalleyFrance
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Mieczyslaw Wojnicz retenez bien ce nom car c'est celui que vous allez devoir reconnaitre et lire à de nombreuses reprises lorsque vous allez tomber dans le banquet des Empouses.

Dans ce livre, on découvre la Silésie, une région Polonaise malmenée par l'histoire car elle a été envahie à de nombreuses reprises. L'histoire d'un petit village qui est connu pour son sanatorium car nous sommes au début du siècle et la tuberculose / phtisie fait des ravages.

Des curistes logent dans une pension pour messieurs en attendant qu'une place se libère au sanatorium principal. En attendant, c'est la femme de l'aubergiste qui libère une place en se suicidant.

Tout les clients / Gast, en Allemand, se retrouvent seuls. Et cela devrait leur plaire car quelques soient les sujets de conversation, tout finit autour des femmes et ceci pour déplorer leur absence d'âme et autres gentillesses. Car ces messieurs sont bien supérieurs mais leur supériorité consiste à rabaisser les autres…

En attendant parmi ces différents clients, il y a un catholique rigoriste, mais qui n'hésite pas à côtoyer des prostitués. Il y a un policier qui est en service mais que tout le monde a identifié. Également un professeur de latin / grec. Un jeune homme homosexuel et peintre. Et il y a Mieczyslaw Wojnicz.
C'est lui que l'on suit dans ce livre. Il nous partage ses découvertes et ses souvenirs. Et ils sont loin d'être heureux ses souvenirs. Sa mère est morte en couche. Et c'est de la faute de sa mère s'il a un caractère faible… Et oui car en mourant, elle a abandonné son fils… Bref… le père pour réparer cet abandon va essayer de rendre son fils fort…

Je ne vais pas plus loin car il ne faut pas spoiler ce livre.

Olga Tokarczuk livre encore une fois une narration qui est hors du commun. Elle montre à quel point la normalité et les normes peuvent être tyranniques.

Son livre, ancré dans le fantastique et les croyances populaires, ne plaira pas à tous ceux et toutes celles qui n'aiment que le rationnel. Mais si vous êtes prêts à vous embarquer dans cette aventure, beaucoup plus simple et courte que les livres de Jakob, alors foncez.

Je note les phrases suivantes qui m'ont beaucoup plu. Et qui me font pardonner certaines incohérences de l'histoire comme le médecin à qui va se confier Mieczyslaw Wojnicz alors que ce médecin est fort peu sympathique pendant toute la première partie du livre va devenir philosophique en un clin d'oeil me laisse pensive.

Dans tous les cas, c'est un livre duquel j'aimerais échanger avec d'autres pour clarifier certains points…

"Le sentiment d'infériorité influe sur l'ensemble de notre existence, plus particulièrement sur notre manière de penser. Vous le saviez ? Puisque nous ne sommes pas sûrs de nous, nous inventons un système très stable, rigide, capable de nous maintenir debout. Il simplifie ce que nous jugeons être des complications inutiles. Or, penser blanc ou noir, recourir à des antithèses basiques est la plus grande des simplifications. Vous comprenez ce que je veux dire ? Notre esprit se constitue un ensemble d'oppositions strictes – blanc-noir, jour-nuit, haut-bas, hommes-femmes et ce sont elles qui déterminent l'ensemble de notre perception. Il n'y a aucun entre-deux. le monde ainsi perçu est manifestement plus simple.

Il est aisé de circuler entre ces pôles, facile d'établir des règles de conduite et surtout, commode de juger autrui en se réservant volontiers pour soi-même le luxe du flou. Pareil mode de pensée protège de toute incertitude. Tchac, tchac ! et tout est clair les choses sont comme ceci ou comme cela, il n'y a pas de troisième possibilité. le nombre d'or ou le veau d'or ! … Cela nous protège de la réalité, qui se compose d'une multitude de nuances très subtiles. Celui qui pense que le monde n'est qu'un ensemble d'oppositions strictes est malade. Je sais de quoi je parle. C'est un dysfonctionnement majeur…

Et comment est le monde ? Flou, trouble, vacillant, tantôt comme si, tantôt comme ça cela dépend du point de vue."

Ces phrases résument notre monde actuel, basé sur la communication et les jugements à l'emporte pièce.

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Autour d'un sanatorium, lieu emblématique du début du XXe siècle et plus particulièrement chez Thomas Mann, Olga Tokarczuk installe son roman dans une station thermale nommée Görbersdorf (aujourd'hui la ville de Sokołowska en Basse-Silésie). Ici, au pied des montagnes, fonctionne l'un des premiers sanatoriums spécialisés au monde pour le traitement des affections de la poitrine et de la gorge.
En septembre 1913, Mieczysław Wojnicz, étudiant, vient y séjourner pour soigner une tuberculose et s'installe dans une pension de famille pour messieurs.

En proie à l'ennui des petites villes thermales, les curistes pimentent leur emploi du temps très routinier par d'incessantes discussions sur différents thèmes philosophiques, religieux, politiques tout en truffant leurs discours de citations et de références.
Comme dans " La montagne magique", l'autrice fait référence à la grande tradition littéraire des disputes et de la littérature d'idées et elle met en scène une galerie de personnages pittoresques qui se livrent à des joutes intellectuelles sans fin.
L'Europe va-t-elle entrer en guerre ? Faut-il préférer la monarchie ou la démocratie ? Les diables existent-ils ? Lorsqu'on s'abandonne à la lecture, comment sait-on si un texte a été écrit par un homme ou une femme ?

De plus en plus enivrés par la liqueur locale, ils finissent toujours systématiquement par parler des femmes.
S'ensuit alors un florilège des discours les plus sexistes et misogynes que l'on puisse entendre à l'époque, rassemblés dans un seul ouvrage.
Chacun y va de son expérience personnelle comme Opitz à propos de ses 4 femmes : "Elles commençaient toujours par lutter pour prendre le pouvoir, mais lui n'est pas homme à se laisser commander. Elles sont faibles et geignardes, ou alors elles cherchent à avoir le dessus dans le couple et à vous manipuler. Une chose est sûre, chacune d'elles l'a saigné, lui a pris une bonne part de sa vie, il a payé de son énergie vitale à chaque fois. "
Pour ensuite dérouler des argumentations les plus fallacieuses selon un principe d'autorité bien masculin.

En choisissant de reproduire longuement les déambulations bavardes des pensionnaires, Olga Tokarczuk a pris le risque d'ennuyer le lecteur d'autant plus que certaines préoccupations de l'époque sont désormais obsolètes. de la même manière, les propos sexistes sont complètement anachroniques et il serait ridicule d'y accorder le moindre crédit aujourd'hui.
L'un d'entre eux, citant Hippocrate, fait ainsi l'apologie du viol :" Mais quand il y a coït, la matrice de la femme s'humidifie et n'a plus besoin d'errer dans son corps, explique patiemment Lion-gris. Voilà pourquoi l'accouplement est pour la femme une médecine indispensable. Y compris quand elle refuse toute relation, il faut la soigner en l'y contraignant. "

Ainsi  l'intention de l'autrice reste pour moi obscure , et j'y vois davantage le désir d'un exercice d'écriture à la manière de... ces auteurs du début du siècle, dont elle reproduit par ailleurs parfaitement le style et la syntaxe.
Pour ma part, j'aurais préféré qu'elle déroule moins longuement le fil de cette vanité masculine pour accomplir plus rapidement cette pirouette qui l'emmène du côté de la littérature fantastique et queer.

En effet les narratrices, les empouses, sont d'obscures créatures, sortes de démons féminins que l'on peut comparer à des succubes ou des lamies. Mais ceux qui sont leurs proies ( les hommes) sont aussi leurs prédateurs.
" Nous, les empouses, nous les observons d'en bas comme toujours, par en-dessous ; nous les voyons comme de gigantesques colonnes au sommet desquelles se trouve un petit appendice qui parle : la tête. Leurs pieds écrasent de façon mécanique le sous-bois, brisent les petites plantes, déchirent les mousses, piétinent les corps minuscules des insectes qui n'ont pas eu le temps de fuir le cataclysme annoncé par les vibrations. "

L'inquiétante étrangeté qui émane de ces créatures contamine l'ensemble du roman qui bruisse de bruits étranges venant du grenier, d'une morte étendue sur la table à manger, d'un mystérieux tableau et d'une brume qui se répand sur le village.
On sait très rapidement que la confrontation de Wojnicz avec les empouses finira par avoir lieu tout comme on devine qu'elles détiennent un pouvoir qui devrait leur permettre de mettre un terme à la litanie des propos sexistes.

Olga Tokarczuk maîtrise la montée du suspense et réussit brillamment à démonter une pensée binaire qui s'était jusqu'alors nourrie d'hypocrisie et de conformisme.
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1913. Sanatorium de Gorbersdorf ( aujourd'hui Sokolowsko en Pologne). Nichée au fond d'une vallée des Sudètes, entourée de montagne, la pension pour Messieurs reçoit des malades atteint de tuberculose ou de phtisie. Cette pension reçoit les personnes en attente d'une chambre de meilleure qualité dans les locaux même du sanatorium.
Un jeune homme arrive dans cette pension. Il s'agit de Mieczylaw Wojnik, étudiant en ingénierie des adductions d'eaux. Dans cette pension, il va être confronté à un parterre de Messieurs parfaitement tuberculeux et misogynes.
Dans l'un des précédents roman d Olga Tokarczuk, Sur les ossements des morts, des animaux de cette même région des Sudètes se vengeaient des chasseurs en les tuant.
Dans le banquet des Empouses, ce sont les Empouses qui sont à la manoeuvre pour punir ces Messieurs.
Olga Tokarczuk fait de ces Empouses les narratrices. Des narratrices qui aiment les détails et ..... les chaussures.
Cela donne un art de la description porté au sommet.
Les premières pages du roman pour décrire l'arrivée du jeune Wojnik sont un régal. Ou comment décrire un pavé luisant sur lequel apparait la jambe gauche, puis la droite marchant vers la pension pour Messieurs et petit à petit décrire des vêtements, un personnage, un lieu, une époque .
Tout comme la description que font les Empouses d'un aéropage de chaussures sous une table. Tout est dit , physiquement, psychologiquement et socialement.

Mais qu'est ce qu'une Empouse ? Si vous êtes féru de mythologie, vous le savez. Sinon vous le découvrirez au détour de ce livre étonnant.

Donc le jeune Wojnik c'est installé à la pension. C'est lui que l'on va suivre durant tout le roman.
Il va devoir faire face à la mort de la femme de l'aubergiste de la pension. Mais aussi faire face à ces Messieurs imbus de leur supériorité et que quelque soit la conversation tout finit autour de la femme pour déplorer ses faiblesses, son cerveau différent et son absence d'âme.
Wojnik doit aussi faire face à ses propres tourments : une mère morte en couche, ou comment croire qu'elle a abandonné son enfant.
De ces situations de départ, Olga Tokarczuk va écrire un roman ancré dans le réel, le fantastique, les croyances populaires. C'est un parti pris qui peut déranger . Mais ce parti pris permet de pointer la rigidité des normalités et les bouleversements du monde à l'aube d'une guerre mondiale.
C'est aussi un roman qui nous parle de nature, de forêt, de brumes et de soleil voilé.
Enfin, c'est surtout un roman féministe, tolérant qui ouvre sur toutes les mixités , sur toutes les identités.
Par delà le roman d'épouvante naturopathique Olga Tokarczuk parle au plus profond de nos croyances.



Lien : http://auxventsdesmots.fr
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En 1913, Mieczyslaw Wojnicz est envoyé au sanatorium de Görbersdorf pour soigner sa tubercolose. Il loge avec d'autres, dans la pension pour Messieurs de M. Opitz.
Dès son arrivée, il voit le corps de Madame Opitz pendre au bout d'une corde. Cet épisode va effrayer le jeune Mieczyslaw, pourtant les autres locataires vont vite continuer leur séjour de curistes en médisant sur la gente féminine.
Première fois que je lis Olga Tokarczuk, pourtant cette auteure m'intrigue avec ses titres depuis qu'elle a gagné le prix Nobel de littérature en 2018. L'occasion m'a été donné avec ce roman avec un titre et sous-titre qui interroge. J'avoue que j'attendais à une histoire au rythme plus soutenu. La cure de Mieczyslaw lui permet de rencontrer d'autres hommes. Les sujets de conversation sont divers mais il revient souvent celui des femmes, très peu représentées pendant le séjour.
Elles ne sont que des ombres qui passent, Mieczyslaw, lui-même, n'a plus de mère depuis sa naissance. La narration alterne entre le présent de la cure et le passé du jeune Wojnicz. le mystère demeure en un fil rouge et tout se dénoue sans qu'on s'y attende vraiment.
Le banquet des empouses se passe au début du XXème siècle en Pologne, la place de la femme n'est pas la même qu'aujourd'hui, c'est sûr mais j'ai trouvé les propos misogynes très forts, dérangeants. Mieczyslaw, lui reste plutôt discret sur le sujet. J'ai aimé ce roman d'ambiance, on prend place avec ces hommes, on suit leurs discussions, on note le ton presque moqueur de l'auteure. J'avoue qu'avec le sous-titre, je m'attendais à un roman plus effrayant plutôt que le portrait d'une société encore dominée par les hommes. Les non-dits permettent de se faire sa propre opinion sur cette petite communauté.
Un roman qui a le mérite de faire réfléchir sur la nature du jeune Wojnicz mais aussi sur les rapports hommes-femmes de l'époque et de nos jours. Une auteure que je relirai !
#NetgalleyFrance #Lebanquetdesempouses
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C'est un livre fabuleux que je viens de fermer ! Il y a plusieurs jours que je suis entrée dans un monde très étrange guidée par des Empouses, un univers sombre et humide dans les montagnes de Basse Silésie où est niché le sanatorium de Göbersdorf.
Les Empouses sont des démons femelles qui séduisent les hommes pour mieux les détruire. Elles chuchotent, elles observent le jeune Wojnicz venu soigner sa tuberculose. Élevé à la dure par son père, il n'a connu la tendresse que dans les bras de la cuisinière. Il a été trimballé de médecin en médecin afin de mettre un nom sur sa maladie...
N'ayant que de modestes moyens il loge dans une pension pour hommes et non dans une luxueuse villa pour curistes. La seule femme de la maison est Mme Opitz, l'épouse du patron. Wojnicz a à peine le temps de l'apercevoir puisqu'elle se suicide le lendemain de son arrivée.
Six hommes logent dans la pension et, à l'exception du jeune et frêle Thilo, tous expriment à haute voix des propos excessivement misogynes. Leurs débats les animent surtout après les repas où leur est servi le fameux digestif du coin fait à base de champignons hallucinogènes. Ces messieurs philosophent beaucoup citant Platon, Aristote, Aristophane...et les femmes reviennent toujours au coeur des échanges... humiliées, rabaissées.
Ici on soigne à la dure, bains froids, longues promenades. Lors de ces randonnées les curistes rencontrent des charbonniers aux
mines inquiétantes ainsi que desTuntschi, sortes de poupées végétales, allongées, sur lesquelles se vautrent les hommes en manque de femmes. Tout un programme...
Dans ce village il y a des morts naturelles, et d'autres bien mystérieuses...et des rumeurs de sorcellerie circulent.
Le texte est dense, je l'ai lu lentement comme si cet univers me retenait.
La lecture est exigeante, passionnante, envoûtante.
La fin est étonnante, magnifique !
De la même auteure j'avais lu "Sur les ossements des morts" J'avais adoré, je ne tarderai pas à lire d'autres livres d'Olga Tokarczuk.

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Quelle surprenante lecture que ce roman historique de la prix Nobel 2018, lorsque l'on a seulement lu d'elle, avant, Maison de jour, de maison de nuit.

En effet, avec ce roman qui se passe dans le sanatorium de Görbersdorf - qui a vraiment existé -, dans les montagnes de Basse-Silésie, en 1912, et qu'on y suit le jeune Mieczyslaw Wojnicz, venu se faire soigner de sa phtisie, l'on est plongé dans une facture narrative et stylistique bien plus classique que dans celui précédemment cité.

Et ici, de fait, ce n'est plus la forme qui prime, mais bien le fond du récit, qui laisse encore une fois la part belle à des références historiques, culturelles... polonaises, mais aussi cette fois, plus encore, au surnaturel et au récit fantastique dans sa plus pure tradition, avec l'apparition de créatures de la mythologie grecque dans l'intrigue, tel un choeur tragique venant énoncer progressivement le dénouement, donnant la pleine mesure au discours misogyne qui point régulièrement dans le roman, comme cela était bien le cas en ce début du XXème siècle dans les milieux masculins bourgeois - voir en cela l'importance de la naissance de la psychanalyse dans ce discours, qui a davantage enfoncé le clou du mythe de l'hystérie féminine -. Et c'est dans un entre-soi masculin, qui se veut éminemment cultivé, fortuné, dans la pension à proximité du sanatorium où évoluent les principaux personnages, que l'on découvrira justement que les apparences sont on ne peut plus trompeuses.

Roman traditionnel quant à sa forme, mais particulièrement hybride et actuel quant à ses thèmes et messages, le banquet des Empouses a été une lecture plus qu'appréciable, tout autant en ce que j'ai aimé entrer dans le fantastique de cette histoire, rendant à mon sens particulièrement bien hommage aux classiques du genre, que parce que j'ai aimé être épatée par la mise en place progressive, mais ingénieuse et cohérente, du dénouement, qui permet de comprendre toute la dualité, pressentie dès les premières pages, de Mieczyslaw Wojnicz.

Je remercie les éditions Noir sur Blanc et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.
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