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Autrices tome 1 sur 2

Marie Fré Dhal (Illustrateur)Titiou Lecoq (Autre)
EAN : 9782382570630
250 pages
Hors d Atteinte (22/09/2022)
4.16/5   16 notes
Résumé :
Les femmes écrivaient-elles vraiment au Moyen Âge ? Notre imaginaire est saturé de clichés sur cette époque qu’on imagine sombre, violente, saturée de pauvreté et de famines. Pourtant, même si elles évoluent dans un monde misogyne et que leur statut est bien sûr associé à celui de leurs maris (sauf dans le cas des religieuses), les femmes jouent un rôle social dans la cité et ne sont pas cantonnées à la tenue d’un foyer. Les grandes dames sont à la fois lectrices, m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Daphné Ticrizenis, la directrice littéraire du présent livre, et qui a travaillé pour des ouvrages scolaires, a fait l'amer constat de la quasi-absence des autrices dans les manuels. L'idée de palier à ce cruel manque est née. « Autrices » est le premier tome consacré à ces « oubliées » de la littérature ; pour commencer, du Moyen Âge au XVII° siècle.

Car les femmes ont toujours écrit, certes l'exercice était plus rare que pour les hommes voire plus dangereux, et ce, depuis le Moyen Âge en commençant par les « Trobaintz », mot occitan pour désigner les femmes qui dès le XII° siècle écrivaient, chantaient et signaient de leur propre nom leurs proses et leurs vers. Les troubadours au féminin.

Titiou Lecoq, qui signe la préface et remet quelques pendules à l'heure, revient sur le vocable qui fait le titre du document. Ce terme n'est pas né d'aujourd'hui, il vient du latin « Auctrix » et est couramment employé jusqu'au XVII° siècle. C'est dans la première moitié de ce même siècle qu'est créée l'Académie française avec l'élaboration d'un dictionnaire aux bons soins d'une confrérie de petits hommes verts – et ce jusqu'à pratiquement la fin du XX° siècle soit dit en passant – qui a décidé de laisser une large place à la domination masculine dans le vocabulaire et la grammaire. Autre fait notoire et révélateur : la règle de proximité qui accorde le genre et éventuellement le nombre de l'adjectif avec le plus proche des noms. Cette règle disparait progressivement, bien que Racine l'utilise encore. Personnellement, si mon pelage se hérisse avec l'écriture inclusive, je souhaiterais de toute ma noisette que revienne cette règle grammaticale de la proximité.

Romans, sonnets, ballades… moult pages oubliées et qui méritent de revenir dans nos coeurs de lectrices et lecteurs. Ces femmes n'étaient pas seulement des artistes de la plume, elles étaient des combattantes en chantant leur féminité et en revendiquant la liberté et l'égalité.

Quelques exemples parmi la cinquantaine de portraits

Christine de Pizan, qui reste peut-être malgré tout la plus connue des autrices du Moyen Âge. Pourtant combien savent que le célèbre proverbe « Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage » vient d'une de ses ballades où elle exprime sa colère contre les mensonges des hommes et leurs « faux plumages ». Elle reste aussi celle qui se souleva contre la misogynie, l'attaque la plus virulente reste contre celle du Roman de la rose (la partie écrite pas Jean de Meun). Pour récompense elle fut jusqu'au XX° siècle méprisée et censurée !


Louise Labé – traitée de courtisane pour ses écrits poétiques et sensuels – réclamait au XVI° siècle le droit d'accès à l'écriture pour les femmes et qui deviendrait une émulation collective ; les hommes ne pourront qu'écrire mieux en lisant ce que sont capables ces dames.


Catherine de Parthenay, protestante passionnée, a mis tout son talent au service de la cause des Huguenots et tentée de faire entendre sa voix sur la scène politique comme lors de la prise de la Rochelle en 1627, en vain hélas car la famine a offert la victoire à Richelieu. Néanmoins, elle continue à défendre ses idées jusqu'à la fin de sa vie. Surnommée « La grande Catherine » dans le Poitou elle laisse des innovations féministes littéraires comme la satire politique et le ballet (face à son utilisation royale…).


Marie de Gournay, plus connue comme l'éditrice de Michel de Montaigne, elle publie pourtant en 1622 « Égalité des hommes et des femmes » et reçoit – fait exceptionnel – une pension du roi pour son travail et peut ainsi vivre de ses écrits. Cela n'empêche les sarcasmes de tomber en tempêtes sur cette femme qui brandissait l'oriflamme de l'indépendance en restant célibataire.


Madeleine de Scudery, l'une des pionnières du roman moderne qui a connu un grand succès et qui a même été reconnue, peut-être dû en partie grâce à son succès littéraire qui lui permettait d'être indépendante financièrement. Célèbre est le salon littéraire qu'elle avait créé mais qui entraîna de nombreux sarcasmes de la part de la gent masculine.


Marie-Catherine d'Aulnoy fait partie de ces autrices qui ont publié de nombreux contes de fées, bien plus que leurs homologues masculins le genre étant à cette époque quasi-exclusivement féminin. D'ailleurs Charles Perrault publie anonymement « La belle au bois dormant » en faisant croire qu'il a été écrit par une femme, une façon de « défendre la présence des femmes dans le domaine littéraire ». Pourtant, il restera immortel – dans tous les sens du terme – et Marie-Catherine d'Aulnoy n'accèdera pas à la postérité malgré avoir écrit trois fois plus de contes que le sieur Perrault.


Catherine Bernard reste bien dans l'ombre depuis le XVII° siècle et pour cause ! Après son trépas, on lui a volé son statut d'autrice – une procédure d'effacement assez récurrente dans l'histoire littéraire – La pièce De Voltaire « Brutus » est tout simplement un plagiat, on reconnait des vers entiers de la main de Dame Bernard. Voltaire se défend et « avoue » qu'il a copié Fontenelle. Fontenelle étant un homme – et de surcroit académicien – il était plus noble de le copier plutôt que d'une illustre inconnue !


Puissent ces quelques exemples vous donner envie de découvrir cette fabuleuse anthologie qui permet de revisiter l'histoire littéraire, lire des extraits et les biographies de ces femmes de lettres remises dans le faisceau de la littérature. Une chose est certaine, en dehors de la traditionnelle misogynie et de toutes les barrières posées à l'encontre des descendantes d'Eve, la question morale a joué énormément en défaveur des femmes. Les jugements sur la vie privée n'épargnaient guère les chromosome XX . Cette sempiternelle condamnation de la légèreté des moeurs ne concernait que les femmes… Cependant, ne croyez pas qu'il s'agisse d'un pamphlet contre les hommes ou d'un tribunal à charge contre la masculinité ! Simplement, remettre les noisettes en place et faire que chaque sexe puisse jouir de la même lumière sur le fil de l'égalité.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Un essai très intéressant sur les femmes autrices durant la période du Moyen-Age jusqu'au xvii siècle car si ce que l'on enseigne encore aujourd'hui dans les écoles comptent pour la plupart des auteurs masculins, les femmes ont toujours également écrit et ce à toute période.

Si pour celles-ci il était plus difficile de s'émanciper durant certaines périodes anciennes, il n'en demeure pas moins que la création sur l'écriture au féminin à toujours exister.

Une découverte pour moi sur la plupart des noms ici évoqués et j'ai trouvé cela très intéressant de pouvoir lire ces textes.

Le genre d'essai à picorer petit à petit suivant les périodes ou à scinder pour mieux pouvoir apprécier les textes évoqués, je lirai avec plaisir le second tome déjà paru et le troisième à paraitre plus tard.

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Tome 1 du Moyen Âge au XVIIeme siècle

Coup de coeur pour ce très bel ouvrage !

Comme le dit si bien Titiou Lecoq dans la préface, nos souvenirs scolaires des grands noms de la littérature sont masculins. Cela signifie t-il que les femmes n'écrivaient pas ? Si oui, par choix ou par obligation ? Quand ont-elles commencé à prendre la plume et sous quelle forme ? N'y avait-il vraiment que des auteurs masculins ? Ce très beau livre nous prouve le contraire !
J'ai découvert de très beaux textes, accompagnés d'explications historiques et contextuelles.
Des poèmes, des chants, des pièces de théâtre, des nouvelles, des contes, des fables, des ballades, des essais, des romans aux thématiques variées et riches telles que l'histoire, l'égalité, la politique ….
Les femmes étaient bien présentes !
J'ai lu avec beaucoup de plaisir les beaux textes de Marie-Anne Barbier, Catherine Bernard, Marie de France, Marguerite de Navarre, Marie de Romieu, Marie Dentière, Christine de Pizan, Marie de Sévigné…..
Des textes touchants, passionnants et forts qui m'ont fait découvrir ces grandes dames oubliées mais bien présentes dans l'histoire de la littérature.

Un grand coup de coeur à lire, relire et offrir !
Hâte de découvrir le tome 2 du XVIIIe au XIXe siècle.
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Ce livre est organisé en 3 grandes parties : la première le moyen Âge, la deuxième la renaissance et la troisième le XIIe siècle.
Chaque partie présidente le contexte historique ce qui permet une meilleure compréhension des sujets que ses femmes abordent dans leurs textes et ceux pourquoi elle milite.
Une autre partie présente des femmes en expliquant leur parcours même si parfois il n'est pas toujours connu notamment leur parcours d'actrices parce que beaucoup de récit était anonyme quoique certaines ait signé leur texte afin que des hommes ne s'approprient pas leur travail. Il y est ajouté des extraits de leur récit (toutes les références y sont inscrites). Avant l'extrait, il y a une petite introduction afin de donner un complexe à cette oeuvre. Donc cela aide énormément la compréhension et rend ses extraits plus accessibles.

Je recommande ce livre et j'ai hâte de lire les prochains tomes :
- le deuxième tome paraîtra en septembre 2023 sur les autrices du XVIIIe - XIXe siècles
- le troisième tome paraîtra en septembre 2024 sur les autrices du XXe siècle à nos jours
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Connaissez-vous Azalaïs de Porcairagues, Beatrix de Dia, Anne de Graville, Catherine Bernard, Marguerite de Navarre ou encore Marie de Gournay ?
Qui a dit que les femmes qui ont écrit au fil de l'Histoire ne se comptent que sur les doigts de la main ?
Si aujourd'hui, on commence à connaître et reconnaître des figures comme Louise Labé, Christine de Pizan et Madame de Lafayette, combien encore demeurent inconnues, jamais étudiées ni même citées alors même qu'elles ont existé et créé ?
Combien dont l'oeuvre est encore aujourd'hui minorée, dépréciée et reléguée aux oubliettes sur le simple prétexte de leur genre, qui serait moins digne d'intérêt ?
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